3 Extension des moyens de la résistance

La longue nuit des petits économes.

Je suis un piètre parolier, mais le jour où je fais une chanson engagée… je sais le titre que je lui donnerai…
Je ne sais pas comment on dit « épluche-légumes » en anglais (potato peeler, peut-être…) « Econome », c’est treasurer, je crois. (Candide et JR sauront nous dire.) Je pense que ce titre est intraduisible dans cette langue. Ce n’est pas plus mal.

Je voulais dire @ (…) tous ceux qui tiennent aux symboles que je tiens beaucoup à ce que nous puissions nous même créer les choses, y compris au plan symbolique et dans l’action culturelle.
J’ai dit déjà tout le mal que je pense du choix - imposé d’en haut, une fois de plus - de l’Hymne à la Joie, comme hymne européen.
Le drapeau, je me proposais de lui offrir une mort dont la mise en scène est on ne peut plus universellement (en Europe) parlante…
Mais au delà de ça, discuter du choix d’une chanson, d’un dessin, … existants, cela m’importe peu : je n’en veux pas… C’est pour moi dans l’esprit même de ce forum, de son titre, que de produire nous-mêmes des… faits culturels.

Cela dit, j’avoue Guillaume : je n’ai rien contre les messages calins mais je trouve que ce forum a beaucoup de symboles plus spécifiques à mettre en avant. Certes, les institutions, ce n’est guère plus poétique que le marché. C’est peut-être pour ça que j’ai tant de mal à faire un bon parolier… Je tiens trop à concilier le fond et la forme, les idées et la poésie.

« Michel Onfray fait une percée et lui, c’est un véritable ennemi du néolibéralisme, un costaud… » (Etienne - 1213)

Toujours pas eu le temps de lire son Traité d’athéologie… que mon frangin, passionné de philo, m’a tant vanté, et qui constitue, je crois, un de tes grands coups de coeur. Je m’y colle dans le mois.
Mais bon, disons que je me serais interdit de poster ici mon message n°1209 si je n’avais pas lu (dans l’article de presse que tu nous a signalé il y a peu) cette… « profession de foi ».

Frankencat est né.

Nous disions donc… symboles et médias.

Levé ce matin encore avec la gerbe : promis, j’arrête France inter aux heures où la sociocible est dominée par le cadre émergeant…

Il y a quelques semaines, ATTAC - qui a quelques problèmes de trésorerie, et est passé de 30 000 à 25 000 adhérents environ ces deux dernières années, et a besoin de retrouver un écho et de nouvelles bonnes volontés - a décidé de publier un recueil de nouvelles écrit par deux membres : « Transgénial ».
Dans cet excellent recueil (aussi poignant que réaliste - c’est de l’anticipation version « polar des champs »), on trouve une toute petite nouvelle qui doit s’appeler « Le chat ». Elle raconte en deux pages les dernières minutes de l’attroce agonie de l’équivalent animal du fameux « Terminator » (maïs OGM, je crois. Je ne suis pas spécialiste des OGM, mais en gros, la métaphore tient à ça.)

J’apprends ce matin sur radio-caca, donc, qu’on a créé - aux USA - un chat génétiquement modifié, qui est supposé ne plus provoquer d’allergies (type éternuement et larmes).

« Frankencat » n’est pas de moi, il a déjà obtenu ce sobriquet (parmi d’autres).

Notre chère radio-inter-cacalactique - comme chacun sait, ancienne gloire française résistante à l’idéologie du grand marché, mais tout cela est bien fini (Mermet diffuse à une heure où moi je bosse, les profs beaucoup moins…) - nous informe qu’on attend 2000 produits an ou dans ces eaux là, que telle c…sse américaine, mère de famille, attend avec ses fillettes et impatience la venue de Atchoum, commandé deux ans en avance. À peine une allusion aux défaillances possibles des premières séries… et hop ! À vous Paris !

Vous ne rêvez pas. On vient de vous le dire, même : vous êtes d’ailleurs un c…rd d’ingénieur ou autre esclave - esclavagiste consentant du marché à l’heure ou le devoir vous appelle (j’ai d’ailleurs subi un sondage téléphonique de 17 minutes, il y a moins de trois semaines, relatif aux pratiques consuméristes dans le créneau des produits radio).

Nouvelles du front : erratum et toutes mes excuses

J’ai appris ce matin même, toujours sur radio-inter-cacalactique que Pascal Lamy n’est plus Commissaire européen (sauf si le cumul des pouvoirs - tyranniques - a fini de dépasser les bornes), du moins qu’il est tout bonnement le Directeur de l’OMC.

C’est pas que je perds la boule, la mémoire, c’est que le marché, c’est impossible à suivre.

J’ai le plaisir de vous annoncer - sans la moindre intention prosélyte - que je suis nouveau membre du PS…
Pascal, prie Mammon de ne pas croiser mon chemin, j’ai la gueule grande ouverte, et pour les révérences, je suis un désastre.

Allez, je libère le mike (on est bien chez toi, Etienne…)

Réponse à Frédéric, message 1221

Pour « poser des questions », c’est pas difficile, il y a le téléphone. Dans notre Institut, les images sont par video, la transmission du son est par téléphone, le technicien fait cela facilement. La communication téléphonique avec un des centres est quelquefois rompue, on rebranche et on reprend.

La télé fait ça aussi, les gens téléphonent et on leur répond en direct.
Il faut trouver une solution simple. En mettant nos idées en commun on trouvera des solutions.

J’ai rencontré un ancien camarade qui publie le journal « Morpheus » site Internet www.morpheus.fr . Il a envoyé une série de questions très pertinentes à Governatori, qui va lui répondre. Très intéressé par Etienne dont j’ai parlé, je peux lui demander de rajouter à « l’entretien avec Governatori », une mention pour le site d’Etienne, qu’il pourrait peut-être mettre aussi comme lien sur son site.

Du côté des campus et des tracts, il va en falloir des millions… là il faut carrément qu’on utilise un imprimeur !!!
Jusque là j’utilisais une boite spécialisée en repro qui est à côté de chez moi, mais pour les grosses quantités, c’est pas viable…:confused:

Pour les T-shirt, on peut aussi faire sweet-shirt. C’est pas difficile de faire imprimer une image sur tissu. J’ai ça encore … à côté de chez moi. C’est d’ailleurs pour ça que je vis ici, j’ai tout à côté de chez moi, depuis le RER direct pour Paris, que la forêt pour me promener…:slight_smile:

À Guillaume :

je voulais simplement dire que je ne vois pas pourquoi il faudrait récupérer des symboles, des emblèmes, déjà existants et utilisés.
Je ne veux bien sûr pas dire que je ne veux pas de symbole. Juste pas en copier coller des qui ont déjà servi, ou qui servent, qui plus est un quelconque pouvoir déjà établi.

En l’occurrence, c’est le drapeau à douze étoiles jaunes sur fond bleu que je voudrais voir détruit, certainement pas le drapeau européen…
D’ailleurs, s’il faut lui chercher des noises par les arguments, le choix de 12 (ni plus ni moins) est ennuyant…

KENT, comme des milliards d’autre, ne fait pas partie des contributeurs de ce forum.
J’avais un peu compris le sens des paroles, et par « câlins », je voulais surtout dire que c’était peu explicite, très vague comme ode à l’humain.
Si vous saviez le nombre de chansons qui me bottent et que j’aimerais coller sur un étendard.
J’ai même décidé de supprimer l’avatar que j’avais pris, ici, tant j’ai trouvé nul d’en choisir un plutôt que mille autres.

Des tas de chanteurs, même le sarkozyste Patrick Bruel (qui a ses paroliers, autant dire qu’il n’a rien à créer) ont chanté des trucs pour nous dire que l’humain n’a pas de prix, qu’il peut tout mais, …
Le bande-à-part Goldman a beaucoup donné dans le genre, et chanté « la liberté »… et un tas de groupies sont prêtes à s’enchaîner à lui. J’ai une bigote dans ma famille qui lui prête des messages chrétiens. Sa chanson avec l’armée rouge, avec ses références vaseuses et plutôt très à côté de la plaque (vu la tête des vainqueurs du moment) à la Fin de l’Histoire, elle y voit des paroles d’apocalypse (je veux dire, au sens chrétien, voire au sens des courants adventistes-évangéliques - bien sûr, elle en est)…

Sinon, je n’ai rien contre le contenu de ton message 1225 (j’irai voir à l’occasion le lien que tu indiques).

Ouf, je me sens mieux…J’espère qu’Etienne a bien dormi, et que ce soir il a le moral…

L’atmosphère…c’est important:

j’interviens sur ce forum tel que je suis, et sans pseudo…et Sam , si clairvoyant , a deviné que je suis un des méprisables élements de ce « peuple » qui est incapable d’écrire une Constitution, vu qu’il n’est pas ingénieur en tout…Capitaine au long cours, lieutenant de vaisseau dans « la royale », j’aime le paradoxe, et j’adhère en conséquence au « parti des fusillés » (pas des « fusillers marins »), car c’est « mon parti pris ». Mon but était bien , il y a 43 ans, de « subvertir le PCF », avec d’autres jeunes petits bourges imbus de leur supériorité…Mais ce que j’y ai découvert pendant toutes ces années est une autre histoire, une histoire d’amour!

Je vous en prie, Sam, pour la bonne gouvernance de ce forum, déchirez devant nous votre fraiche carte du PS !

…Et essayons ensemble , vous, l’ingénieur, et moi « le peuple », d’inviter des matelots du bord à vider leur sac, et à écrire avec nous un nouveau règlement de bord!

Bien sûr, avoir lu Lévinas, c’est utile pour comprendre que notre démarche est tournée tragiquement vers « autrui »…Mais n’obligeons pas le peuple de gauche qui s’est fait insulter par le NOBS à fréquenter cette « mer des Sargasses »!

C’est moi qui n’ai plus le moral, ma femme me hurle que je suis un MACHO qui l’abandonne pour des hallucinés du net…Bonne nuit! Merci à ceux qui « se laissent aller » avec des chansons d’espoir…Merci Guillaume, ca vallait la peine, c’est extrêmement sympa!

Ah, au fait: donner une note à chacun des 52 principes énoncés par Etienne, voila qui est à ma portée, et il me semble que le peuple serait capable de le faire: pour moi c’est déjà « écrire une constitution ».

Bien sûr, les relevants de Bourdieu seront déçus, mais je ne suis pas sûr que Bourdieu lui-même le serait ( déçu)…(capable de noter les 52 principes? …imaginons!):frowning:

À Alain :

« j’interviens sur ce forum tel que je suis, et sans pseudo…et Sam , si clairvoyant , a deviné que je suis un des méprisables éléments de ce « peuple » qui est incapable d’écrire une Constitution, vu qu’il n’est pas ingénieur en tout… »

Mes nom-prénom (Schweikert, Samuel - probablement ni juif (presque tous les frères et soeurs portons des prénoms bibliques) ni allemand - plutôt alsacien d’origine -, bien que mon père, orphelin, soit né en 1944…) et la ville où j’habite et travaille (Lyon) sont renseignés dans mon profil.
Et j’interviens ici comme je suis aussi. Je suis globalement très peu fort pour les mensonges, pour ne pas dire que j’ai la langue assez pendue. Donc dans la vie je suis casse-c…les aussi. Pour vous servir…

Concernant l’ingénierie :

  • je ne snobe pas les ouvriers, c’est pire, j’en côtoie très peu (je bosse en bureau d’études) ;
    Par contre, je fréquente personnellement surtout des artistes, des gens de l’EN et divers « travailleurs sociaux » comme on dirait dans les milieux où on n’aime pas le social… Pas mal de jeunes coco, aussi, généralement des gens très intéressants. J’ai eu plus d’une fois le plaisir de taper la manche avec ma guitare et de joyeux lurons, et j’ai à mon compte au bas mot 15 000 bornes d’auto stop.

  • je ne me sens aucune solidarité de classe avec les cadres : ce sont pour la grande majorité des illettrés, des prétentieux (comme moi), des impolis, qui laissent leur vague conscience sociale sur le paillasson avant de rentrer au bureau, qui manient un double langage que je ne me résoudrais jamais à supporter (j’ai observé qu’à partir de BAC+3, de plus en plus d’étudiants ingénieurs se mettent à causer comme au JT)…

Ai-je songé que les communistes étaient incapables d’écrire une constitution ?
Staline en avait fait écrire une… Blague à part, je crois que c’est une question d’être démocrate ou pas.
Et je n’ai jamais eu le sentiment que vous ne l’êtes pas, démocrate.

Ce qui m’intéresse, c’est que vous soyez résistant. Ce que vous dites de votre rapport avec un parti me plait.

« Je vous en prie, Sam, pour la bonne gouvernance de ce forum, déchirez devant nous votre fraiche carte du PS ! »

Je ne pense pas avoir des dispositions très différentes avec le PS, sinon que moi, jeunot, je souhaiterai surtout contribuer à le débourgeoiser… Le PS et le PC, qui tous deux devraient chnger de nom depuis des lustres, n’ont pas les mêmes problèmes.

Etienne, tu ajouteras peut-être ce message au déménagement…

Merci d’avoir répondu, Sam…La provoc n’était pas à visée destructrice!

La place des partis dans une démarche « constituante » pose problème.

Cela concerne notre souci initial d’écarter « les hommes au pouvoir » de la fixation des règles du pouvoir.

Dans la mesure où ces partis sont porteurs d’une volonté de puissance politique, ils peuvent être les chevaux de troie du pire, dont aucun parti ne peut être « blanchi »: chaque parti est le laboratoire du meilleur comme du pire.(vous me diriez « surtout s’il est Stalinien », je vous répondrais « vaccin »…).

Je crois que la vigilance des citoyens commence à se manifester à l’intérieur des partis eux-mêmes, car on assiste , après une « dépolitisation », à un regain d’intérêt, et aussi à une certaine « désobéissance de bon aloi » dans les rangs: pas pour détruire, mais parceque c’est la revendication oubliée qui s’exprime enfin:

Au cours de la campagne du NON, j’ai rencontré des gens qui ne m’auraient jamais serré la main avant, et qui furent peut-être de ces électeurs qui ont osé « l’infidélité à Jospin » le 29Mai…

Je ne leur demandais pas de divorcer de leurs « convictions », que je n’ai jamais envisagées sous le jour défaitiste des « illusions » ni des « certitudes à dépasser », et je crois qu’il ont osé penser par eux-mêmes, dans la certitude de ne pas être récupérés par « un autre parti que le leur ».

Je ne demande pas à un socialiste d’abandonner sa façon de voir, je lui expose la contradiction devant laquelle nous sommes tous convoqués , entre la pensée « en magasin » chez les uns et les autres, d’une part, et l’immensité des besoins de « pensée en marche » , laquelle pensée n’appartient à aucun parti, d’autre part.

Il y a une course de vitesse entre « l’opinion populaire » entrain de se libérer des tutelles, ce qui peut être dangereux, (on le sait), et « les prêt-à-porter » proposés par les partis, qui…(le sait-on?).

…Mais je pense indispensable la confrontation démocratique entre elles, car il s’y produit la rencontre entre la pratique et la théorie, nécessaire aux deux.

Il est important que « le peuple », dans ses rencontres informelles quotidiennes comme sur internet, en vienne à exprimer « sa revendication constituante » avant que les partis soient entrain de leur « vendre un projet ficelé ».

Bien sûr, aujourd’hui c’est qui « le peuple »? s’il sort d’un site internet un projet , l’essentiel me semble qu’il porte une « revendication inattendue » inattendue au moins par les tenants du néoconservatisme…(de mon point de vue).:cool:

Merci Guillaume, pour votre video super sympa. Bien sûr je connaissais la chanson, je la réécouterai pour le plaisir. :slight_smile:

J’ai été chercher mon inspiration dans le parc au milieu des fleurs, on a un parc magnifique, très bien entretenu.

Voilà le résultat de ma cogitation : puisque Guillaume peut le faire, pourquoi Etienne n’enregistreriez-vous pas dans un joli cadre en plein air - j’ai une amie qui a fait cela au Canada au bord de la mer - par exemple un entretien avec un personne de votre choix. Vous dites qu’en une heure vous pouvez convaincre quelqu’un.

Il y aurait 3 usages possibles pour cette video :

1 - qu’elle soit disponible sur Internet comme Guillaume l’a fait avec sa chanson, accessible à tout le monde, il faut qu’on fasse de la pub pour votre site.

2 - l’imprimer en CDRom et DVD. C’est ce qu’a fait mon amie canadienne, uniquement avec des bénévoles.
C’est pas cher en prix de revient, et on les vend - au prix coûtant - sauf si on a besoin de sous pour autre chose, comme document pédagogique à tous ceux qui peuvent s’intéresser à ce problème de changement de société qui passe par une mobilisation massive des citoyens, qui, comme le dit Guillaume n’y connaissent rien.

Partout où il y a du public, je peux mettre un CDRom ou DVD dans mon ordinateur portable ; ça attire l’attention des gens, et ils peuvent acheter le CD s’ils ne peuvent pas le copier à partir d’Internet.

3 - Le confier, effectivement à des TV locales. Il y a aussi des radios locales qui peuvent le diffuser, sans l’image. L’image c’est simplement plus sympa.

Une fois que ça, c’est fait, on peut reproduire pour tous les entretiens que vous voudriez voir faire avec telle ou telle personnalité. Une fois que les gens ont compris l’intérêt, ils seront motivés à aller plus loin.

C’est comme ça qu’on va générer un mouvement de réflexion culturelle. Pour ma part, je serai très heureuse de disposer de votre enregistrement comme document pédagogique, au moins, c’est une base fiable !!!

Sam va être content, on fait « par nous-mêmes », ça lui donnera le temps de composer à tête reposée paroles et musique qui lui chantent… et qui NOUS représentent. :smiley:

Bonsoir mes amis,

J’ai mis sur ma page ‹ Liens › (menu ‹ Documents › ci-dessus, mis à jour quasiment tous les jours) un enregistrement sonore de 20 minutes (c’est un début :))

Je serai peu présent les prochains jours car on m’envoie au loin faire passer des oraux tous les jours.

Merci pour tout :confused:

L’adresse de l’enregistrement si vous ne trouvez pas dans les Liens :wink: :
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/messages_recus/Interview_Radio_France_Bleu_29mai2006.mp3

Je ne partage pas les sensations de Guillaume après avoir entendu l’entretien avec Etienne. :expressionless:

Je ne l’ai entendu qu’après son commentaire : avant, j’avais reçu l’avis que « le fichier ne pouvait pas être transféré » :mad:. Je me suis creusé la tête pour comprendre Pourquoi pcq je suis nulle en informatique. Un autre essai a été fructueux hier :). Et je me suis demandée d’où Guillaume tirait ses conclusions.

Personnellement j’ai trouvé la voix agréable, et déjà c’est un premier point. Je suis très sensible à ce qui passe par la voix, qui est parfois contradictoire avec les paroles prononcées. Là, tout était homogène, simple, tranquille, et, si je n’avais déjà connu la personne, cela aurait été un premier pas dans la confiance. :):slight_smile:

La nuit des temps ne m’a pas fait bondir ;). Et je n’ai pas cherché à prendre de notes :P. J’en ai d’ailleurs très peu pris pendant les cours de politique, pcq j’avais besoin d’être entièrement disponible à « l’écoute » et ce qu’elle sollicitait en moi à des niveaux très profonds. J’écoute comme cela depuis 1971, càd que ça ne date pas d’hier. A l’époque, il n’y avait pas ces moyens sophistiqués d’enregistrement qui permettent de réécouter plusieurs fois, et donc d’assimiler postérieurement de nouvelles données du « contenu ». Il n’y avait donc que « l’instant » et la personne.

Que reste-t-il après l’entretien avec Etienne ? La sérénité. Il avance droit son chemin, dit ce qu’il fait et pourquoi il le fait, sans emphase, sans prétention. :):):slight_smile:

Personnellement si je m’engage, ce n’est pas pour après ma mort, c’est pcq il y a urgence. Pcq si je mourais demain, je me dirais que j’ai fait ce que j’ai pu pour ne pas laisser ceux qui me succèdent dans la m…
Et croyez-moi, il y a eu une époque ou j’étais tellement dégoûtée que je n’aspirais qu’à une chose, un accident qui me fasse disparaître… en laissant tout le monde dans la m… :lol: Et j’ai pris des risques considérables, d’autant plus que je n’avais plus rien à perdre. Le ciel n’a pas voulu de moi, ma famille en a conclu que j’avais encore des choses à faire ici. Donc je les fais, avec vous.

Je persiste dans l’idée de [bgcolor=#FFFF99]qq CDRom ou DVD qui feraient passer un message « de motivation »[/bgcolor] pour ceux qui veulent mais doutent encore des possibilités. Chacun est responsable de sa démarche personnelle d’approfondissement à laquelle on ne peut pas se substituer, mais savoir qu’on se situe dans un faisceau déjà animé d’une « puissance » peut entrainer dans le sens de la marche plutôt que de rester dans l’inertie.

Seconde année consécutive où je ne prendrai pas de vacances pcq les enjeux sont trop importants. Besoin d’être centrée, de mettre toutes les chances du bon côté. Pendant que la masse roupille béatement, les ceusses qui ont des contre-projets profitent hardiment du manque d’attention pour déplacer leurs pions :o. Il y a des champions pour cela, qui font passer leurs lois en douce pendant qu’il n’y a personne pour s’opposer. C’est comme cela qu’est passée la « loi » aberrante qui agite actuellement le monde des psys, et que le ministère s’entête à vouloir prolonger de « décrets d’application » qui sollicitent très activement certaines catégories qui veulent s’emparer du pouvoir à leur profit. Les figures se dessinent…

Résultat des courses dans quelques mois.

Merci Guillaume pour cette analyse critique, je vais y répondre aussi brièvement que possible (une page ?) :confused:

Tu me demandes : [color=black]« Qu'est-ce qu'il en reste après audition : t'es-tu jamais demandé ce qu'il reste de ton discours après audition ? Si, certainement ! Puisque ton métier, c'est prof, tu dois donc t'être posé la question. As-tu imaginé ce que laisse dans les esprits un cours sur lequel on ne revient pas ? sur lequel on ne fait aucun exercice ? »[/color]
Guillaume, [b][color=red]il faut ARRÊTER de me lire comme un prof qui ferait un cours à des élèves.[/color][/b] Tu parles sans arrêt d’"apprenants" qu’il faudrait conditionner pour les convaincre : nous ne sommes pas, toi et moi, dans le même registre de pensée, nous ne parlons pas (encore) la même langue : je ne suis supérieur à personne et je ne fais pas un cours. Nous sommes dans un échange égal où chacun peut apporter des idées essentielles. S’il te plaît, arrête ce mauvais procès qui pollue profondément notre échange. Oublie que je suis prof et n'essaie pas de voir en moi un chef. Merci de me comprendre, là.

D’autre part, je dois vivre trois ou quatre vies en une et je sais bien que ça me rend négligent, par force, sur bien des points, mais il faut comprendre et intégrer une fois pour toutes que je manque de temps sur tout et que [u]je fais ce que je peux[/u] : donc, par exemple, je n’ai pas relu cette interview en en faisant l’exégèse minutieuse pour pronostiquer ce qui va en rester, pardonne-moi, cela n’est simplement pas possible.

Quant aux « exercices » et aux « retours » après le « cours », qui te manquent et que tu regrettes, ce forum est bien un exercice parmi d’autres pour approfondir et débattre, un point après l’autre, tout ce qui t’intéresse, n’est-ce pas ?

Enfin, pendant cette émission, je n’ai évidemment pas tout dit, ni tout démontré, ni tout étayé :

  1. parce que l’émission ne dure que 20 minutes alors que j’ai de quoi débattre pendant des jours et des jours sur des sujets dont personne ne parle jamais à la radio (et, donc, où beaucoup de gens « débarquent », presque sans aucune habitude de pensée ou repère préalable),

  2. que je ne suis pas un professionnel rompu à l’échange avec des journalistes : le mode de « l’exposé oral improvisé et parfois interrompu » incite à perdre le fil de sa pensée. Dans ce contexte, ce n’est pas si simple de ne rien oublier.

Mais, ce que je dis à propos de l’irresponsabilité des acteurs (en France et en Europe) et qui te fait dire que j’exagère, je le démontre par écrit, et longuement, et face à une virulente (mais finalement fragile) contradiction : relis mon texte « Une mauvaise Constitution…", ainsi que l’échange avec Bastien François, et tu verras, preuves irréfutables à l’appui (irréfutées à ce jour en tout cas), que ce n’est pas moi qui exagère, ce sont tes soi-disant « représentants » et leur Union européenne en « déficit démocratique » chronique.

Mais là, je ne peux que t’inviter à me suivre, article après article (et à l’écrit, je cite précisément toutes mes références, tous les auteurs, tous les textes, car cette forme-là me donne la possibilité de le faire), dans mes documents. Ne pas demander à la radio ce qu’elle ne peut pas donner.

Enfin, pour ce qui est de l’importance de croire en l’avenir, j’ai l’impression que nous ne parlons pas du même avenir : tu parles de l’infini, assez théorique à mon goût, où nous serons tous morts et face auquel tout est effectivement vain, alors que je parle de demain (où j’ai l’intention, pour ma part, d’être encore un peu vivant ;)).

Or je prétends, et c’est un peu fanfaron, je le reconnais, que [b]nous pouvons construire demain[/b] [u]en cessant de nous en remettre aveuglément à des représentants[/u] qui ont comme principale caractéristique, "depuis toujours" (je ne sais plus comment dire, sans te contrarier, pour évoquer une période qui remonte aux débuts de l’antiquité grecque, et même aux sociétés primitives), presque consubstantiellement, de s’affranchir des contrôles et tendre à ne représenter qu’eux-mêmes au mépris, finalement, de l’intérêt général.
Bon, je m’étais donné une limite d’une page, donc j’arrête :/

La voix du père Chouard - 1

Après audition de l’interview d’Étienne sur Radio France Bleu, le 29 mai 2006 :

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/messages_recus/Interview_Radio_France_Bleu_29mai2006.mp3

À Étienne :

Pourrais-tu ajouter le lien (que je viens de copier ici) dans ton message n°1248 ?
J’ai passé au moins 42-43 secondes (comment ça, tu as 50 ans ? …) à le chercher dans les « documents », dont la liste s’est déjà nettement allongée depuis. J’imagine que d’ici quelques semaines, il sera très dur de le trouver.

À qui / quoi doit-on le choix du terme « père » dans « l’interview du père Chouard pour l’anniversaire du 29 mai » ? …

Ton interview est excellente, merci aux journalistes de t’avoir ménagé 20 minutes, ce qui est déjà énorme dans le contexte présent, et pour leur comportement tout à fait digne (à ce sujet, voir ma réponse à Guillaume, ci-après).

Je n’y ai rien appris de neuf sur le fond, et je pense que tu as surtout très bien réussi à donner les grandes lignes de ta démarche, pour t’adresser à un auditeur qui n’en connaîtrait rien. Quand à la sentence (projetée sur le « stéphanéophyte » (*)) que fait Guillaume, « Étienne exagère », je répondrais à Guillaume.
Le mythe de la caverne n’a pas fini de trouver ses échos. Je songe à Chomsky, et je me dit que oui, 20 minutes, c’est bien…

(*) J’emprunte le terme au nom des habitants de la ville de Saint-Étienne…

J’ai un aveu et un énorme compliment à te faire : je te prends moi aussi pour un « prof ». Ce n’est pas que cela s’impose à moi, même si tu fais sans doute les frais d’une déformation professionnelle… (Grand Ford merci, tu n’es pas ingénieur) mais parce que ça répond à la notion que je me fais moi-même, librement, du « ce monsieur [i]force /i le respect ».
J’ai donné dernièrement ma définition de l’autorité : la faculté de donner du sens. Il est bien évident que je n’accorde pas le label « bon prof » à qui manque d’autorité. Le deuxième élément essentiel pour ce label tient à la capacité à « enseigner la liberté » (à susciter l’esprit critique face au champ de connaissances que l’on enseigne).
Dernier point, mais cela ne dépend sans doute ni de toi ni de moi : ton timbre de voix, sans parler d’autres qualités d’orateurs, est très agréable. C’est une chance, pour un prof (c’est drôle, on dirait que ton spectre n’appartient pas à la grille de signatures sonores du monde de la politique professionnelle…)

Allez, j’arrête, je mais me faire mettre à la porte de la classe… (j’ai bien connu ça, et souvent avec des bons profs).

Irrévérencieusement…

La voix du père Chouard - 2

À Guillaume:

Votre réponse (n°1253) est très intéressante, par la richesse des éléments d’interrogation que vous apportez. Ce qui me fascine, c’est qu’il y ait tout à la fois, entre nous, une telle convergence sur la manière de développer la problématique, et une telle divergence sur les réponses.

Je pense que vous y faites assez largement allusion, notamment dans votre 1/, au mythe de la caverne.

  • L’exagération

Savez-vous – chose que l’on ignore souvent – qu’à la fin le « gêneur » du mythe de la caverne se fait tuer par ses semblables-ombres ?
Je crois sincèrement que la démocratie a déjà bien vécu, c’est à dire que la parabole de la caverne y est effectivement devenue un mythe : sa morale y est largement connue de tous.
Et au delà des fléaux de « l’âge de pierre » qui se sont greffés sur notre « démocratie réelle », parmi lesquels les vecteurs de propagande, qui surpassent de loin en ingéniosité ceux des tyrannies, ne sont pas des moindres, il y a un point très positif : M. Mme Lambda ont pris l’habitude, confrontés à la « pensée unique », de songer sérieusement qu’on les prend pour des imbéciles.
Il suffit de discuter avec des gens de tous niveau d’éducation politique, en les considérant comme des égaux – il y certain avantage, sur ce point à n’être pas engagé dans un parti – pour s’en rendre compte.
Dans son excellent Le monde d’hier, S. Sweig vous explique très bien comment la 1ère guerre mondiale a marqué la fin de la confiance des citoyen en les hommes politiques. Parce la provocation de cette guerre, loin de répondre à une idée populaire d’opposition entre nations, a été orchestrée de bout en bout par l’impuissance politique, par le laisser faire des politiciens face au pouvoir de plus en plus grand des industriels de l’armement. En un mot, ce fut la fin de l’autorité dans le domaine politique, une sorte de mort du politique (H. Arendt situe cette date au début du siècle dernier) qui annonçait le début d’une ère où allaient régner les idéologies, et leur applications : les totalitarismes.

Or, ce sentiment de M. Mme Lambda d’être pris pour des ânes par un orateur jouissant d’une renommée déjà avérée, je crois justement qu’il ne se produit pas lorsqu’ils lisent du Chomsky, par exemple. Quand vous lisez ou écoutez Étienne (et pas mal d’autres) c’est un peu pareil. Ce qui est singulier n’est pas qu’ils ne vous donnent pas le sentiment de vous prendre pour un crétin, mais que cela s’observe alors même que l’orateur a une célébrité certaine, un pouvoir médiatique.
Pensez-vous qu’un citoyen Lambda, pas même un qui soit très intéressé par la politique, ait l’impression que l’interviewé se moque de lui ? Alors que cette impression, il l’a tous les jours en écoutant les politiciens, ou les politologues de révérence.
En fait, lorsque vous écrivez « [autrui, ce bêta, va penser :] Étienne exagère », vous diagnostiquez ce phénomène assez rare au présent chez un individu « public » qu’est l’autorité… Et si votre projection sur Lambda, le pas éclairé, celui qui bouffe la propagande, est largement fausse, c’est parce que vous situez l’époque présente, sa culture politique, comme si nous étions au XIXe siècle.
C’est pardonnable : la grande majorité de nos politiques et des politologues de révérence font exactement la même chose. Ce qui serait une erreur stratégique si cela n’était pas justement un élément essentiel du maintien de la domination idéologique… En d’autre termes, la plupart de ces individus étant plus cultivés qu’il y paraît, adoptent ce parti – celui de prendre les citoyens pour des cons - tout à fait consciemment, délibérément. Mais concernant le citoyen Guillaume, qui n’a pas, que je sache, de poste politique à garder où à convoiter, c’est sans doute une simple erreur, qui s’explique peut-être par trop d’immersion dans les effluves de la presse à caca, ou pas assez de confiance en sa propre faculté critique (nul besoin de vous ranger derrière l’aura d’Étienne, ni d’expliciter vote « confiance » en lui, je pense qu’il est dans l’esprit de ce forum d’agir comme êtres libres). Voilà. Ne voyez dans mon propos rien qui ne se veuille pas constructif. J’ai la manie de vouloir faire avancer ceux avec qui je tiens à bâtir. Et la flatterie hypocrite, ou même le silence (sage), ne sont pas mon genre.

Si je rappelle de plus que ledit Lambda s’est donné la peine d’écouter une émission politique à la radio, et pas Duhamel, El-Kabach ou Okrent, je pense que même le profil type de celui sur qui porte votre projection est caricatural.

Il y a enfin une autre erreur – consciente ou non – qui consiste à faire l’amalgame entre le rapport gouvernant-citoyen, d’une part, et le rapport parent-enfant, d’autre part. Hannah Arendt (La crise de l’éducation – La crise de la culture) a très bien résumé la différence, en écrivant que c’est l’éducation (des enfants) qui doit être conservatrice, pas la société (des adultes). En d’autres termes, et pour ce qui nous concerne, il s’agit de dire qu’alors que l’autorité d’un parent se perd lorsque celui-ci passe son temps à critiquer ouvertement, devant son enfant, la société dans laquelle il l’a fait naître, pour un adulte, l’autorité ne vient pas du maniement du dogme, mais de la capacité réelle à donner du sens, sans se refuser à affronter la réalité. C’est ainsi que s’incarne l’autorité dans la sphère publique (à laquelle les enfants ne doivent justement pas être livrés).

En somme, l’ami Étienne a plus d’autorité qu’Alain Duhamel… c’est un peu surprenant. Surtout parce qu’on ne leur donne pas le même temps de parole. Non, on ne s’y fait pas, jamais… Tout le temps, ça nous force à nous poser la question. Ce qui est très sain…

(À suivre).

La voix du père Chouard - 3

À Guillaume (suite) :

  • Défier les idées reçues en un temps limité

Les gens de la caverne prennent le « gêneur » pour un fou : il titube, et après avoir été aveuglé par la lumière du jour, il l’est à nouveau par l’obscurité de la caverne.

Je n’oublierai jamais ce pourquoi j’ai éprouvé une confiance instinctive dans la démarche d’Étienne. Dans son envoi, avant le 29 mai 2005, il a plusieurs fois écrit des choses que jamais un communicateur professionnel n’aurait écrites. « Je n’en dors plus la nuit / j’y passe tout mon temps » ; « n’est ce pas le rôle des professeurs que de… » (en conclusion de ses chapitres).
Plusieurs de mes amis ont relevé ces « bourdes » de communication, en disant qu’elles dénotaient l’œuvre d’un amateur. Je ne contredis pas, mais ce fut précisément, pour moi, un gage de confiance.
C’est drôle, mais je n’avais pas du tout en tête, à l’époque, ce leitmotiv « ce n’est pas aux hommes du pouvoir d’écrire les règles du pouvoir ».

J’ai retrouvé, dans l’interview, quelques saines « bourdes » de ce genre. Je pense notamment au moment, juste après la pub (…) [16,30’’ – 17,10’’] où Étienne hausse assez brusquement le ton et que son ton se fait peu « professionnel » (« c’est incroyable de ne même pas leur avoir posé la question… » puis « c’est pas à eux de faire ça … c’est à nous… Vraiment. »)
Au passage, Étienne emploie une autre « petite phrase mémo » que celle que vous relevez : « vous épouseriez une femme dont c’est le père qui a dit « oui » ? », au sujet du fait que nous avons eu un référendum, contrairement à la plupart des autres pays. (Contrairement à l’autre petite phrase, je ne suis pas sûr que l’idée soit d’Étienne. En tous cas, moi j’ai beaucoup apprécié le ton, comme la teneur du propos. L’inflexion de voix, et même le fait de sortir un peu – poliment - de ses gons, c’est important je trouve.)

En tous cas, le propos n’était pas bredouillant. Le discours passe très bien, je trouve. Il est clair, concis, infléchi sur certains passages, …

Sur le fond, rien de ce que dit Étienne dans son interview (1) n’apporte d’information nouvelle par rapport à son projet, par rapport à ce qu’on peut rapidement lire sur son site. Le contenu de son interview est à l’évidence conçu pour toucher qui ne le connaît pas. Pour aller à l’essentiel. C’est à dire – étant donné ledit projet – susciter habilement par quelques points de réflexion ce qu’un simple « Mais ouvrez les yeux le ciel est rouge », lancé à la va vite, sans doute par simple manque de temps de parole, ne permettrait pas de produire.
Chomsky a insisté sur une idée : quand, dans un débat médiatique, vous posez un argument qui va contre la propagande, le problème essentiel est le temps de parole. Parce qu’on ne peut pas et aller contre les idées reçues, et en plus étayer son propos au minimum (pour le reste, les citoyens sont généralement intelligents, sinon éclairés).
Voyez-vous, 20 minutes c’est beaucoup. Et Étienne bénéficie d’évidentes qualités d’orateur (de prof), ce qui compte beaucoup.

Remarque sur le comportement des journalistes.
Vous écrivez : « C’est comme si un locataire vendait l’appartement ». Dans l’interview, on se rend compte que cette phrase fait « pouffer » de rire les journalistes qui t’interrogent.
Je tiens à contredire votre remarque : le rire des deux journalistes n’a rien de méprisant. Il salue au contraire le fait que le parallèle est frappant. Je conviens que le rire (ou autres interventions de ce genre ; les mimiques, à la TV) des journalistes, sur les plateaux, n’ont pas souvent cette fonction.

(1) Sinon un vague oui à la question de savoir s’il a la cinquantaine – je croyais qu’il en avait 42 l’an passé, au moment de l’envoi de son fameux email – sûr qu’à 3h / nuit, on doit vieillir un peu plus vite que la normale…)

La voix du père Chouard - 4

À Guillaume (suite et fin) :

  • Penser à l’avenir en contribuant à sa construction

Sur la remarque - essentielle - d’Étienne, qui consiste à dire que c’est en faisant soi-même l’expérience de l’écriture de bouts de constitution que l’on mesure la puissance de cet outil.

L’auto-congratulation n’a pas grand chose d’important : c’est bien de la prise de conscience de son propre esprit critique, dont il s’agit. Pas nécessairement celle de son propre génie… parce qu’il s’agit bel et bien d’une épreuve de réalité… (je sais, vous n’admettez pas l’idée qu’on peut juger de la qualité d’une constitution indépendamment de son expérimentation réelle par la société). L’idée, je crois, est de dire que pour tous, cette expérience est un formidable moyen de s’élever – Étienne le conseille à tous - ; moi qui en a un peu fait l’expérience, je n’ai pas attendu qu’on me fasse la remarque pour me le dire. C’est, je crois, une expérience dans laquelle se mêlent la liberté et l’autorité : l’apprentissage et le goût de la première, et le rapport à la seconde, la critique spontanée que l’on fait des puissants : celle du sens qu’ils donnent à leur action, celle de leur discours, face à l’idée que l’on apprend peu à peu à se faire du sens de l’action politique.

Savez-vous que le mythe de l’enfer et du paradis est une invention de Platon ? Inutile de s’étendre sur la fonction politique de celui-ci, je pense.

Vous parlez de notre « « problème » psychanalytique avec la mort » - encore une note passionante. Vous évoquez la question du « croire en l’avenir en contribuant à sa construction »
Vous écrivez « Puisque dans cet avenir, NOUS… n’existerons plus, NOUS SERONS MORTS !!! Alors quelle importance ? Il y a dans cette locution « croire en l’avenir » un mysticisme ou une spiritualité qui s’ignore, mais que nous, humains, trouvons « important » (c’est comme ça) car c’est une manière de nous projeter au-delà de NOUS-MÊME et de nos petites personnes. »

Déjà, j’ai un enfant. Voilà un évènement qui a changé mon rapport à la politique. Non pas que j’en fais moins, mais sans rogner sur les heures que je lui consacre, et sans lui faire partager mes angoisses et critiques (elle a 5 ans à peine), j’ai décrété que le nihilisme, je n’y ai plus droit.

Mais si j’ai parlé du mythe de l’enfer et du paradis, c’est pour une raison bien précise. Le fait que l’ « autorité » de la religion se soit nettement perdu dans nos sociétés occidentales (et plus encore en France – où nous comptons le plus grand pourcentage d’athées et d’agnostiques au monde) ne change pas la réalité qui a conduit Platon à vouloir diffuser ce mythe : la recherche de la vérité est un sacerdoce que ne peuvent se permettre qu’une minorité de gens. Parce que les gens croulent sous les obligations matérielles, le travail comptant pour beaucoup ; Marx et sa « boulangère » (assez qualifiée pour se charger de politique) ne disait pas autre chose, si l’on considère qu’il songeait à l’idéal d’après demain, par opposition à la réalité du temps présent.

Demandez-vous donc ce qui pourrait (peut) remplacer ce mythe, en assurer la fonction sociétale positive, sans lui associer tous ses aspects néfastes.
Je sais bien une chose, pour avoir été croyant longtemps, et être devenu athée : l’idée reçue « si Dieu n’était pas là, alors tout serait permis » est un pur contresens (comme l’écrit Michel Onfray - Traité d’athéologie) : c’est bien parce qu’on a inventé Dieu que l’on peut à ce point mépriser la vie, et justifier le pouvoir établi. Quand j’étais croyant, j’adoptais tout à fait cette idée. (J’avais précisément la religion de G.W. Bush… et je vous affirme qu’elle répand la persuasion que les choses de ce monde n’ont aucune importance, et que tous les autre, qui ne sont pas « born again », sont « dans le monde », pervertis et condamnés). Quand je suis devenu athée, non seulement je me suis rendu compte que la bonté n’est pas du tout l’apanage du croyant… mais c’est alors seulement que j’ai commencer à me cultiver et à m’investir dans la réflexion sur les affaires publiques.
Alors il m’arrive de réfléchir à cette question : qu’est-ce qui pourrait remplacer ce mythe du paradis et de l’enfer, à supposer que l’ignorance continue d’être si répandue, et la vérité (sa recherche) si peu « vendeuse » ?

Or qu’est-ce que l’idée de la vie éternelle, outre le déni de notre « « problème » psychanalytique avec la mort » ? Ce déni relève de la psychologie de l’individu, je parle ici de la sphère publique, de la fonction sociale que remplit l’entretien de ce mythe.

Ma réponse est que les gens vivent dans la mémoire des générations futures. Celui qui dans le domaine public a fait quelque chose de grand, comme celui qui a mal agi, vit d’autant plus longtemps dans la mémoire des humains, affublé de gloire ou de mépris. En un sens, c’est ça et ça ne saurait être que ça, la vie éternelle.

Du temps de Platon, comme du temps de la naissance de la religion catholique et de son établissement dans le domaine politique, il se trouve que l’Histoire n’existait pas. Du moins pas dans le domaine public. On contait les légendes des héros guerriers, mais le traitement « scientifique » de l’Histoire n’est apparu qu’à l’ère moderne. Et si la pensée de certains survivait, cette pensée n’a pas d’âge, elle peut vivre en dehors de la mémoire de l’individu qui l’a produite.

Les accidents de l’Histoire font que cette règle de la survie des gens – de leur action et de leur production intellectuelle - dans la mémoire des autres est toute théorique. Et bien je dirais que croire en l’avenir, en la démocratie, et s’employer à contribuer à ce que cet avenir soit meilleur, c’est s’appliquer à ce que cette règle théorique se vérifie le plus possible.

Je suis même assez convaincu que la démocratie.2 ou .3 … aura besoin de revoir notamment une chose essentielle : sa manière de gérer publiquement (par l’éducation, par la culture) le « culte rationaliste » des ancêtres (non pas l’entretien de dogmes, mais la critique post mortem, positive ou négative, de ceux qui ont vécu). De même, au niveau de la sphère privée, la société contemporaine à un problème évident avec le respect des anciens. Mais cela n’est pas sans rapport avec la mort de l’autorité, et l’envahissement de la sphère privée des enfants par le déluge critique et les horreurs de la sphère publique.

Mille excuses à Étienne et à tous : j’ai hésité à envoyer ce très long message à Guillaume seulement, par email, afin de ne pas noircir ce volet…

Peut-être qu’il ne relève pas forcément du sujet de ce volet de commenter l’interview d’Étienne.
J’ai songé que si. Et puis, je tenais à répondre au message intéressant de Guillaume.

[color=purple]Le rôle d’Étienne en tant qu’« Auteur/Autorité »

Bonsoir à tous,

Je n’ai pas eu le temps d’y participer récemment, mais je continue à suivre les débats avec beaucoup d’intérêt et la plus grande assiduité (acidité ;)) possible…

J’ai également beaucoup apprécié la prestation radiophonique d’Étienne. Très « soft », elle constitue une bonne introduction pour les néophytes…

Suite à la lecture du message n° 1298 de Sam (que je salue au passage), le littéraire que je suis à trouvé ce lien, très intéressant…[/color]

http://www.fabula.org/compagnon/auteur4.php

[color=purple]Bon dimanche à tous…

Bien amicalement.

Candide[/color]

[color=purple]Menaces sur « Là-bas si j’y suis »

Cette émission chère à Étienne (entre autres) risque fort d’être quasiment muselée en septembre…

http://www.la-bas.org/petition/index.php?petition=5

http://www.acrimed.org/article2389.html

Réagissons ![/color]

Merci infiniment à Sam, Guillaume, Etienne et Candide pour leurs commentaires autour de l’interview d’Etienne. :):slight_smile:

Après un pareil début, il faut cibler les thèmes qui peuvent aller au coeur de nos concitoyens.
Daniel Mermet privé d’émission ? C’est assez symptômatique…
On en revient à cela : [bgcolor=#FF66FF]créer nos propres medias d’information, pour lutter contre la désinformation de plus en plus criante.[/bgcolor]

Etienne, ne culpabilisez pas sur ce que vous n’avez pas le temps de faire. Je suis admirative de ce que vous réussissez à faire. Restez à l’essentiel. Il n’y a pas de temps à perdre sur ce qui est de moindre importance.
Accepter et faire respecter ses limites. Guillaume avait bien vu cela dans son texte de 2005.

Chaleureusement à tous.