2E Les médias d'information doivent être libres, politiquement et économiquement

Là-bas si je n’y ai jamais été…

Le cas de l’idéologie néolibérale a quelque chose de particulier, dont je crois de plus en plus qu’il est essentiel pour nous de mesurer le double caractère. D’apprendre à voir ce que c’est une doctrine avant tout économique, mais qui devient bel et bien la prémisse d’un nouveau totalitarisme.

L’affaire « Là-bas si j’y suis » est, je crois, un exemple frappant, un cas d’école pour nous qui essayons d’apprendre.
Il y a un comportement qui semblerait bien virer au mode totalitaire, au sens où la domination idéologique commence à se ressentir vraiment dans le fait que celle-ci crée sa réalité, et le fait de manière odieusement visible, affichée.

Dans le cas précis de l’idéologie néolibérale, la « bonne adhésion », c’est en particulier la croyance affichée à la « bonne gouvernance ». C’est-à-dire à la rentabilité, dans le cadre d’une lecture très parcellaire du bilan comptable.

L’argument officiel, celui du directeur de la radio, pour le déplacement de « Là-bas si j’y suis » de 17h à 15h a été : il s’agit de redresser l’audience de la tranche horaire précédente… Le directeur ajoute : ceux qui aiment cette émission la regarderont quand même, … plus tôt.

Or, quel va être la conséquence de cette manoeuvre ? Une chute de l’audience de l’émission, assurément.

La prochaine étape, aussi assurément, sera la suppression de l’émission, parce qu’elle ne fait pas assez d’audience (et le licenciement de son animateur, pour la même raison). On aura créé la raison tangible…

Tout cela est gros comme une maison, d’une fourberie d’un niveau de mensonge hallucinants.

Mais c’est justement ainsi, le totalitarisme : cette franchise dans la méchanceté, accompagnée de l’inversion des causes et des conséquences (ou des coupables et des victimes), cela fait partie non seulement de l’instrument politique, de l’utile, mais également de l’instauration de la terreur.

Arnaud Montebourg a lancé, fin avril une pétition / appel « Pour une télévision au service de la démocratie ».

Voir sur le site de « Rénover maintenant » : http://www.renover-maintenant.org/blog/index.php/2006/04/25/41-appel-au-csa-pour-une-television-au-service-de-la-democratie

« Déjà signé par une trentaine de députés, cet appel […] a besoin du soutien le plus large de tou(te)s les citoyennes et citoyens pour qui la télévision doit être mise au service de la démocratie. »

La médiocrité aussi cela se combat, mais avec quelles armes?

Gavroche ne serait pas tout ce qu’il est sans Victor Hugo.

Comment se produisent les « prises de conscience »?

Il nous faut des élites, des journaux, des partis, des religions, des philosophies, des écoles de peinture, des courants musicaux…La musique folklorique ne suffira jamais à combler notre attente de choses géniales.

Le populisme consiste à flatter la médiocrité pour qu’elle lâche le fromage de « la renommée »…

Bien sûr, c’est le peuple qui doit écrire son histoire, etc…Mais comment le peuple se constitue-t-il?

Il faut bien une « éducation populaire », des différenciations, le regard croisé des anciens et des jeunes, celui des habitants des cités et celui des belles demeures familiales…

Les clivages sont utiles, si non, rien de culturel ne se passe à l’horizon, la « vérité pure » sort du tirage au sort…

Voilà une nouvelle dictature de pensée unique qui se profile, et qui prétend faire encore table rase, plutôt que de travailler sur les dynamiques existantes, et la confrontation respectueuse des différents points de vue:

« Le peuple » est une masse indifférentiée, glauque, qui s’exprime par référendum et produit forcément ainsi la démocratie?

Le journaliste est celui qui relate « la vérité » qu’il suffit de piocher au hasard dans le tas des « informations »?

Il n’y a pas de parti pris, pas de point de vue initial, pas d’angle d’attaque: seule existe l’exactitude bien centrée du vis-à-vis de ce peuple glauque avec « la vérité pure »?

NON! mille fois NON! je préfère râler en lisant un article « empoisonné » (il faut avoir des contre-poisons!) du Figaro dénonçant l’esprit frondeur du français !

Car il est nécessaire aux médiocres (pour s’émanciper de leur « médiocrité »), de prendre conscience de ce qui fait d’eux des médiocres, et pour cela ils doivent être confrontés à des élites, quite à devoir ensuite faire prendre conscience à ces dernières de leurs limites, et du « génie populaire » comme potentiel à venir.

Je souscris donc à l’idée d’un Sénat de représentants des collectivités locales partiellement tirés au sort face à une Assemblée Nationale élue au suffrage universel (dont l’un des groupes représentant le vote blanc , serait tiré au sort), car il y aurait dans ce cas, confrontation interne aux deux assemblées et confrontation externe entre les deux assemblées.

Il faut multiplier les grilles de lecture avant de prétendre au consensus.

Salut Alain,

excusez ma question bête : à qui et à quoi (dans les messages précédents) dites vous « NON ! mille fois NON ! » ?

Avez-vous un avis sur mon message #16 18-06-2006 21:33:33 (désolé, je ne comprends rien au nouvel affichage… j’ai plein de trucs qui ont sauté).

J’y cause d’un « Sénat de représentants des collectivités locales (entièrement) tirés au sort », mais en ce qui concerne ma proposition, d’un qui aurait pour seule et unique mission de voter la répartition du financement du service public de presse.

Cela n’empêcherait absolument rien en matière de contenu des parutions (et de celles qui souhaitent avoir le statut concerné, rien ne les y forcerait).
Il y a juste que ces citoyens - volontaires tirés au sort pour un mandat unique - détermineraient librement le niveau de subvention (répartition) accordé à chaque média de presse, suivant la taille et les besoins de ce média, mais aussi, selon leur libre arbitre, s’agissant de juger a posteriori de la qualité de la parution, de son sérieux, du travail plus ou moins bon de ses journalistes, … de son niveau de brossage du gouvernement dans le sens inverse du poil, de son respect de la diveristé en son sein, …
… et bien sûr, de sa faculté à causer de choses importantes, pas faciles à aller pêcher, et pas vendeuses.

Salut Sam,

Les réflexions en cours, les votres , au sujet d’un statut de la presse, je les trouve intéressantes et nécessaires, et je ne dis pas non à ces tentatives de solution juste.

Je ne dis non à personne, ce qui suscite mon refus, c’est la prétention à touver des politiques « consensuelles », sans saveur et sans portée, et donc finalement suffisamment « neutres » pour contourner les vrais enjeux, comme si « la solution intelligente » était déjà tout simplement à aller cueillir dans « le peuple ».

Personne ne possède la vérité toute cuite, mâma pas le peuple, car cette « vérité une fois pour toutes » n’existe pas: elle bouge, et c’est un travail toujours à recommencer, à refonder sans trève.

Ce rêve angélique , tant pis si je suis le vilain canard, moi, je n’y crois pas. Si tout le monde est d’accord, c’est que quelqu’un se trompe ou est trompé, en l’état historique de notre Ere, où les problèmes à résoudre recouvrent des contradictions d’intérêt dont personne ne doit être dupe.

Je dis, personnellement non, et mes raisons sont que « le peuple n’a raison que confronté à ses maîtres »: , tant que ces « maîtres » existent, et on n’est pas encore entrain d’écrire la Constitution « sans dieu ni maître », (y a encore du chemin à débroussailler avant d’en arriver à cet ordre du jour là !)…

En attendant , dans ma petite tête de « révolutionnaire », aujourd’hui, il serait démagogique de ne pas avouer que l’on apprend aussi des « dominants » et que ce n’est qu’ainsi qu’on pourra s’en affranchir, et je vois cet "affranchissement "comme un processus passionnant, la résolution d’une équation à plein d’inconnues, quelquechose de « dynamique », complexe, humainement enrichissant si l’on garde cette constante de l’humanisme au centre de toutes les variables (avis de tempête !)

Je pense que le peuple ne peut pas être un excellent partout, équivalent d’un professionnel spécialiste en toute matière, et donc, il est nécessaire de produire des experts, en prenant soin de les fabriquer dans des « moules » de conception différente afin de les confronter et de s’y confronter.

Le professionnalisme politique n’est pas bon, mais le rangement, le classement, le positionnement différent est bon, c’est ce que permet la politisation partisane, mais respectueuse ( je ne suis pas scandalisé par la buvette de l’Assemblée Nationale) où l’on peut demander son avis aux quatre coins de l’échiquier, pour se faire son opinion personnelle, (forcément personnelle!)

Bien sûr, tout cet avantage s’effondre avec le bipartisme , lequel tend vers le parti unique" blanc bonnet-bonnet blanc".

Pour que du pluralisme se manifeste, et soit source de pensée critique productive, il faut un système qui lui permette de se dessiner , or le tirage au sort exclusif ne donnerait que des débats de café du commerce : un bon reflet de la non pensée moyenne du brave dormeur moyen, que nulle alerte ne tient en éveil, pourquoi donc s’embêter?

Pourquoi ne pas voir que si le peuple est mécontent de « la classe politique », le vote blanc devrait lui permettre d’accroître le poid du groupe « tiré au sort », et donc, si la représentation est trop « tordue », une complète redistribution du paysage politique peut être obtenue par la puissance du vote blanc?

La bas si j’y suis

J’ai signé la pétition, je soutiens les journalistes , qu’ils soient de Libé , de france-soir, du Monde…

Je vous invite de même à signer la pétition commune de « l’Humanité » et de « La Croix », pour une juste répartition des aides publiques et pour le pluralisme de la presse écrite…

Il faut mobiliser avec « les moyens du bord », et ne pas commencer par les jeter par-dessus bord, même quand on les trouve tordus: les partis, les associations, les clubs philosophiques, les religions, avec un code de conduite qui est bien celui de la laïcité:

A la rentrée, il serait important de mettre cette question des médias d’information au premier rang des revendications, car on peut rassembler très largement pour cette cause plurielle.

Je souscris à la proposition d’assemblée qualifiée (nécessairement elle-même pluraliste, that is the question…), veillant au pluralisme de l’information et dotée d’un pouvoir en la matière: elle entendrait aussi bien les associations de lecteurs et téléspectateurs, que les syndicats professionnels concernés, elle représenterait « la société civile » , et serait confrontée aux lobbies (mieux vaut prévoir comment: transparence oblige).

Cela concerne autant à droite qu’à gauche, car il y a des débats préférables aux non-dits ou aux amalgames sommaires, de tous bords.

Une revendication commune à certains milieux de droite et certains milieux de gauche, peut trompeusement « disparaître » si la diversité de pensée est gommée: sans préjuger de la valeur de telles revendications (droit à la différence, solidarité de proximité, minorités, etc…), elles doivent s’exprimer, être confrontées.

Ce dont je veux parler là n’a rien à voir avec une neutralité " ni droite ni gauche", cela a à voir avec la complexité , l’honnêté intellectuelle et donc le respect des uns et des autres, sans confusion ni illusion.

Par exemple, j’ai besoin de savoir à quoi je dis non quand je récuse le « communautarisme », et à quoi je dis oui quand j’en extrais une revendication « utile » (pour résoudre un problème social concret)…idem pour le « souverainisme » ( ah que ces tiroirs sont nécessaires à ouvrir!).

Alain et Sam, je rejoins vos propos.

Alain, j’aurais regretté … que vous partiez définitivement. :slight_smile:

Je passe sur tous les détails. Et bien oui, on a tous à apprendre les uns des autres, que l’on soit « dominant » ou « dominé ».
Pour ma part j’apprends énormément des échanges sur ce site, même si on est pas « de visu ». Cela me laisse le temps du recul, de faire des liens dans ma petite tête, faire la part de ce qui me plait ou pas, autrement dit « j’affine ma pensée ». Vous m’apportez des éléments… auxquels je n’avais jamais pensé…

Dommage que Fanfan la bergère n’y ait pas trouvé de quoi abreuver son troupeau.
Quant au taux de participation, je ne le considère pas comme « un noyau dur », on peut apprendre très bien en restant silencieux, et j’espère que les lecteurs font profit de ce qu’ils trouvent ici.
Le fait que vous ayez envoyé X fois plus de messages que moi ne m’offense pas :smiley:

Je ne me mets en concurrence nulle part, … et ça me fait rire parce que ça me rappelle un échange très vif avec mon maître d’arts martiaux qui a voulu me f… à la porte, pcq, devant témoins - ses élèves gradés au Portugal - j’ai contesté son attitude, physique et mentale : « Il ne faut pas vouloir entrer en concurrence avec moi - Je ne cherche pas à entrer en concurrence avec toi, c’est toujours toi qui place les choses dans ces termes-là, pas moi ». Il m’a confié plus tard qu’il a pensé cela : « elle me gifle, je la vire », puis, il est devenu admiratif : « quelle ténacité, quelle persévérance…! »

Bon, ben cette ténacité, cette persévérance, qui persistent toujours, je la mets au service de notre Cause Citoyenne… on va bien finir par faire émerger quelque chose de neuf, ça fait plus d’un quart de siècle que j’y consacre ma vie…

Alain et Sébastienp,

Vos deux messages (1626 et 1627), très intéressants l’un et l’autre, ne relèvent pas de ce fil sur les médias, je crois.

Je les ai déplacés vers la discussion « 07 Propositions pour une action pour les présidentielles 2007 (par magneticpole) »
(http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?id=50).

Cela vous convient-il ? Si vous avez une autre préférence, dites-le moi, je ferai le nécessaire. :confused:

• Un site bien intéressant sur le thème de ce fil :
[bgcolor=#FFFF99]« les États Généraux pour le pluralisme »[/bgcolor] : http://www.etats-generaux-medias.org/
(j’avais publié un extrait de l’appel en février, sur ma page « Liens et documents »)

• Appel renouvelé par Dukénois, sur un fil intéressant du Bib Bang Blog (BBB) :
[bgcolor=#FFFF99]"France Culture, la fin du « Premier pouvoir »[/bgcolor] : http://www.bigbangblog.net/breve.php3?id_breve=204

Bonjour,

Le site sur les « États Généraux pour le pluralisme » n’apporte rien de plus qu’un condensé d’alternovlangue. Je cite :

« Nous en appelons à tous les citoyens attachés à une information indépendante et pluraliste, aux journalistes, créateurs et salariés des médias, aux acteurs des médias associatifs, aux intermittents et précaires de tous les métiers de l’information et de la culture, aux militants et responsables des mouvements syndicaux, associatifs et politiques, aux mouvements d’éducation populaire, à toutes celles et à toux ceux qui entendent résister à l’information et à la culture mercantiles… »

Ben, ça en fait du monde. Ok, est-ce que le MEDEF (syndicat) a été invité pour préserver la diversité de la presse ? Si on pouvait m’expliquer ce qu’est un « mouvement d’éducation populaire » (une mouvance khmer rouge ? je plaisante, mais je ne sais pas ce que c’est.)

« Résister à l’information et à la culture mercantile », est-ce que cela veut dire : refuser de faire des bénéfices comme le Monde Diplo qui utilise une organisation uber-libérale basée sur l’utilisation de pigistes ultra-précaires et d’un minimum de salaries fixes ?

Est-ce que la remise en cause des privilèges de la CGT aux NMPP qui étouffent littéralement la presse francaise. En effet, ce monopole d’un autre âge oblige les journaux à payer des taxes exorbitantes pour la distribution de leurs exemplaires et est néfaste au pluralisme de la presse.

J’aime beaucoup aussi les répétitions du genre :

« Acteurs de la mondialisation libérale et de la dérive ultralibérale de l’Europe, la plupart de grands médias en sont, par éditorialistes et chroniqueurs interposés, les propagandistes. »

Ils sont donc des acteurs de la mondialisation libérale, propagant la dérive ultralibérale de la mondialisation libérale de l’Europe libérale, etc… je baaaaiiiilllee.

Être pour la pluralité, c’est être libéral. On ne peut pas être pour la pluralité et être contre le libéralisme. En effet, être libéral, c’est être pour le choix, le respect des opinions.

Bonjour Citrouille, et bienvenue :slight_smile:

C’est vrai qu’il y a une ambiguïté sur le mot « libéral », car c’est l’excès de libéralisme qui est incriminé par tous : il me semble que tout le monde, ou presque, est libéral au sens des Lumières, non ?

Il vaudrait mieux n’utiliser que le mot « néolibéral » pour désigner ceux qui détournent les valeurs du libéralisme en imposant une liberté totale, dérégulée, qui profite mécaniquement à la caste des plus forts, non ?

À propos du pluralisme, je suis sûr que vous sentez qu’il est en danger, non ? 60% de la presse appartient déjà à deux industriels de l’armement et la concentration continue, la normalisation s’installe partout : les débats politiques ont disparu des écrans et les clowns prennent toute la place, la dépolitisation des citoyens est organisée à tous les étages, les médias sont rendus dépendants des ressources publicitaires et donc des annonceurs, la pensée unique est omniprésente, les outils de résistance sont détruits un à un…

Vous n’êtes pas inquiet ?

À Alain

« ce qui suscite mon refus, c’est la prétention à trouver des politiques « consensuelles », sans saveur et sans portée, et donc finalement suffisamment « neutres » pour contourner les vrais enjeux, comme si « la solution intelligente » était déjà tout simplement à aller cueillir dans « le peuple ». »

J’ai essayé pour ma part de m’en tenir à discuter des règles du pouvoir, pas de définir une politique, consensuelle ou pas.
Celle-ci se fait d’affrontements, d’imprégnation, de réactions, …
L’important est que ces choses puissent se faire, déjà. Concernant le contre-pouvoir que constitue la Presse, tout ce qu’on peut demander c’est qu’il puisse faire son boulot. Quelle que soit la chapelle du reporter ou du rédacteur.

« Pour que du pluralisme se manifeste, et soit source de pensée critique productive, il faut un système qui lui permette de se dessiner, or le tirage au sort exclusif ne donnerait que des débats de café du commerce : un bon reflet de la non pensée moyenne du brave dormeur moyen, que nulle alerte ne tient en éveil, pourquoi donc s’embêter ? »

Ici, je ne pense qu’à la question du contre-pouvoir (ou nième pouvoir) politique qu’est la Presse.
C’est uniquement pour la mission de voter son financement que je propose le tirage au sort. Il n’y a pas à parler de débats de café, ni même de débats d’ailleurs, si ce n’est sur des faits, qui sont les besoins respectifs des diverses parutions : moi Lambda « député-presse » tiré au sort, à même niveau de besoin, je décide de filer plus d’argent à Toto-soir qu’à Tata-matin, parce que. Et mon confrère tiré au sort jugera lui aussi en son âme et conscience.

Le « bon reflet de la non pensée moyenne du brave dormeur moyen, que nulle alerte ne tient en éveil »…

… et la loi de l’Audimat, c’est quoi si ce n’est ça ? C’est ce qu’on a déjà. Et on peut difficilement trouver plus injuste : c’est le règne de la bêtise et de l’info vendeuse parce que consensuelle pour un troupeau de dormeurs consommateurs.
Et j’ai bien du mal à croire que ma proposition puisse atteindre de pareil sommets d’injustice et de fabrication automatique de pensée unique.
Et des volontaires pour le tirage au sort ne seront pas aussi souvent de mauvais citoyens que l’auditeur virtuel qui fait régner virtuellement la dictature de la majorité là où elle n’a pas à régner, et fait la pensée unique, purée d’ailleurs même pas « consensuelle ».

Bonjour Etienne et merci pour votre accueil,

Ok, on est tous des liberaux des Lumiere, mais j’observe parfois un peu de flottement (vouloir controler les medias, n’est pas specialement liberal).

Je suis inquiet, mais pas pour les meme raisons. Comme vous, je regrette le manque de debats sur Inter ou sur F2 ou dans la presse. Par contre je ne mets pas cela sur le compte d’une logique « neo-liberale » (capitaliste?) Je m’explique: je trouve que la mediocrite actuelle des journalistes francais, n’est pas une consequence de l’economie capitaliste mais la faute a des raisons culturelles francaises plus profondes. On peut en effet avoir de tres bons debats sur Sky News entre des « neo-liberaux » et des « altermondialistes », pourtant Sky appartient a Murdoch, le plus grand magnat des medias dans le monde. On peut avoir une presse de qualite dans un systeme capitaliste derregule: le Guardian est plus interressant a lire que Liberation, le Financial Times est beaucoup plus precis que Le Monde (je vous recommande la lecture de son edition du samedi qui explore - presque toujours - les debats sur « comment reduire la pauvrete dans le monde » et offre des vues contradictoires). Donc on peut avoir une presse pluraliste, des medias de qualites dans un univers derregule et economiquement ouvert.

Pourquoi la presse et les medias britanniques sont de meilleures qualites que ceux que l’on trouve en France?

  1. Je pense qu’il y a tout d’abord une culture du debat au RU que l’on ne retrouve pas en France. Regardez la Chambre des Communes avec ses MPs face a face et un Gouvernement un Premier Ministre qui rendent reellement des comptes aux citoyens et il n’y a pas de questions gentilles, elles sont toutes tres mechantes. Les universites britanniques entretiennent aussi une culture du debat avec des tournois de debats (ca existe vaguement dans les facs de Droit en France, mais cela reste confidentiel).

  2. Du fait que l’economie a ete derregulee, qu’il n’y a pas de monopoles de distributions (comme les NMPP en France), la presse est bien moins chere et on y trouve son compte quand on l’achete (je pense que le Guardian est au moins deux fois plus lourd que Liberation).

  3. La place de la BBC. Elle est toujours la reference, tenez de 17-18h30 sur BBC Radio 4 (au meme moment on se tape Daniel Mermet sur Inter) on a la suite l’emission « PM » qui est un grand journal du soir suivie des " News at six". Le tout est de tres bonne qualite, le presentateur a un charmant accent ecossais (on entend souvent de l’accent lillois ou marseillais sur Inter?), les questions sont precises et le tout est tres dynamique.

Pourquoi les medias francais sont si mediocres? Je trouve en effet que les journalistes francais sont moux de la plume et du micro. Copinage? Facilite? Suivisme? Mauvaise formation? Corporatisme?

  1. Pas de culture de debats (ou alors a sens unique): on trouve d’une maniere generale peu de debats en France, les journaux tv et radio sont tres courts et surrimportance des « faits de societes » (Tele Matin en etant la quintessence de cette betise, aucune reference a l’economie, nouvelles de la veille, etc…) En elargissant, on peut voir ce manque de debats en France avec la faible capacite de la gauche altermondialiste a s’engager dans les debats: il est impossible d’avoir un debat sur le site d’Acrimed, sur le site d’ATTAC, sur Bellaciao, etc… et il faut aller sur les sites de droite pour avoir un vrai debat (ou ici, merci encore).

  2. La presse est trop chere et n’offre rien de plus que ce que l’on a deja. Pourquoi les gens achetent le Guardian? Car c’est bien ecrit, il y a plein de photos, plein d’articles d’opinions parfois un brin extravagants mais souvent distrayants. Et pourtant tout est en ligne et toutes les archives sont gratuites le journal fait des benefs et les journalistes sont bien payes…

3)La culture du service public francais fait que des emissions sont ‹ indeboulonnables › sur certaines chaines publiques (suivez mon regard), que les changements se font toujours dans la crise, etc…

Sam,

Nous sommes d’accord, il faut impliquer les gens pour leur presse, et le tirage au sort est la forme idéale pour pratiquer la démocratie directe, toujours dans le même but qui n’est pas la démocratie directe en soi, mais bien pour une meilleure « efficacité culturelle » : il faudrait à mon avis avoir une instance pour écouter la profesion elle-même, ainsi que les lectorats en tant que tels (ils existent, et c’est une chance pour le pluralisme ).

D’une façon générale, je pense qu’à chaque fois qu’on « invente » une solution , il faut aussi faire l’inventaire de ce qui existe (à jeter, à garder, àadapter…) et qui ,dans certains cas, non seulement ne rentre pas en contradiction avec l’innovation , mais était « en attente » de participation…(liens entre démocratie(s) délégataire, participative, et directe).

C’est dans cet état d’esprit, aussi, que je « critique » le dogme d’une Constituante tirée au sort , qui n’aurait aucun lien avec son contraire (les représentants des pouvoirs constitués, des partis, des associations, ainsi que les "comités consultatifs " divers:populaires ou experts):

Je suis pour cette Constituante, à la fois « autonome souveraine », et confrontée aux propositions ainsi qu’aux critiques des assemblées élues, donc du "personnel politique " ayant son propre regard sur son propre travail, tout comme on écoute les syndicats professionnels…Il s’agit d’une démocratie en boucle, avec retours critiques et effet régulateur, il s’agit d’un copilotage « assisté » , où le mot de la fin serait bien entendu réservé à la Constituante.

Dire que si l’on écoute les élus on sera bernés, c’est « le tous pourris », et çà revient à refuser de monter dans un bus parceque le chauffeur ne vise qu’à rentrer chez lui…( ne soyons pas paranos!)

Citrouille,

Vous avez le droit de trouver la presse britannique parfaite du point de vue qui nous intrigue, et qui n’est pas « la qualité, les photos, l’agrément du produit, etc », mais bien l’efficacité quant au droit d’expression des pensées non conformes au pannel autorisé (le « pluralisme », c’est difficile: il peut y avoir pluralisme plaisant quant à la forme, et pas de pluralisme réel quant au fond.)

Je reproche au système mondialisé de l’information de s’être mis en place avec la globalistion ultralibérale:

Les mensonges de Blair et de Bush auraient été dénoncés dés l’origine si le pluralisme que je réclame avait existé…Or, cette « dénonciation », ce sont les veuves qui ont du la faire… Et personne d’autre que des militants pacifistes ne les relaient , ou quelques génies de la création cinématographique.

Comment nier que la presse française est étranglée par les critères exclusivement financiers ?

Quant à la critique de la France « parce que les français ceci et nia-nia-nia… », il faut toujours la superposer à la leçon que Pétain donna aux français qui avaient tant péché par leurs folies de 1936 : la superposition est stupéfiante, Sarko en use et en abuse, et c’est un argument jaunâtre très ancien, c’est la fuite de Louis XVI vers l’étranger… Quant à désigner le monopole de la CGT comme cause des maux de la planète, excusez-moi, mais ça ne peut marcher qu’entre « amis », loin du regard de tout le monde !

Non à la presse modèle anglo-saxon! (c’est « l’avenir » trouvé pour France-soir…!)

Alain,

Pas d’accord sur la presse britannique et Bush/Blair: le Mirror/Guardian/FT/BBC/Channel 4 etaient ouvertement contre la guerre (tout comme la majorite des britanniques.)

Pardonnez moi, mais m’envoyer a la figure Petain, Sarkozy et Louis XVI, c’est un peu pauvre.

Trouvez-vous que le monopole des NMPP est juste et incite au pluralisme?

Si vous etes contre le capitalisme, bon courage pour creer un systeme alternatif.

Bonjour Citrouille,

si j’ai bien compris le message dans les grandes lignes… ravi d’avoir ici un libéral.

Laissons donc la Presse au journalistes, et ce volet à son sujet…

… et songeons qu’il nous faut ici aboutir sur des propositions en termes d’institutions. Cela ne veut pas dire ne pas réfléchir aux applications, mais garder cette finalité en tête.

"Le site sur les « États Généraux pour le pluralisme » n’apporte rien de plus qu’un condensé d’alternovlangue.

Je trouve le terme « novlangue » mal choisi pour l’opposition mondialiste, bien mieux pour les bases du discours néolibéral. Passons.

La jolie tirade que vous citez dénote par contre une impuissance manifeste, typique d’une bonne partie des alters, qui ne croient plus qu’à l’addition de « gouttes d’eau » et semblent souvent oublier qu’on ne combat pas une machine avec des mots.

Bref, ici je crois qu’on s’attache à chercher des outils pour redonner aux divers acteurs politiques un pouvoir face aux pouvoirs économiques.

« Si vous êtes contre le capitalisme, bon courage pour créer un système alternatif. »

Pour revenir sur les amalgames ô combien ennuyants entre libéralisme, capitalisme, … je ne saurais conseiller mieux que la lecture de quelques extraits du libéral, français, économiste et prix nobel Maurice Allais. http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=487#p487

Maintenant, pardonnez d’avance mon insolence : bon courage pour créer un système alternatif… je prends la chose au pied de la lettre.
Que croyez-vous qu’il nous reste d’autre à faire, pour 90% des occidentaux et 99% des autres ?
Comme la grande majorité de nos concitoyens, je me dis que tôt ou tard, tôt si possible, il faudra bien trouver une alternative au capitalisme financier et gestionnaire qui, bien loin du modèle libéral, s’affranchit des nations, crée des monopoles, oligopoles, et du management moderne qui vire au stalinisme (même chez les cadres, je ne vois plus aucune place laissé à la fonction du travail comme facteur d’émancipation de l’individu).
Et j’ai décrété qu’après tout, je ne suis pas plus con qu’un autre, et malgré de longues réflexions, lectures et échanges, je m’en tiens à l’objectif : trouver des outils constitutionnels.

Déjà, ne mélangeons pas le modèle et le dogme : si le modèle libéral est un modèle de calcul dédié aux entrepreneurs voulant fixer le prix idéal de leurs produits, bien avant d’être une base de réflexion pour un courant politique, le néolibéralisme nous dit clairement que toute intervention de l’Etat, faussant ces calculs, est mauvaise et dangereuse. Le second crée sa réalité avec lui, des dizaines de symptômes en attestent. C’est une idéologie d’essence totalitaire. Le fait que des floppées de libéraux tirent à présent la sonnette d’alarme en voyant à quel point le capitalisme s’autodétruit (même les grandes firmes en sont à 6 mois à peine de visibilité) ne fait que confirmer que plus rien ne contrôle cette machine.

Ensuite, commençons par prendre en compte tout ce qui est apparu depuis A. Smith, et voyons ce qui fait que le libéralisme est devenu intenable, plus exactement inapplicable, même (et « néo- » si on veut).

La bourse, la spéculation internationale (apatride) 60 fois plus importante que le commerce réel, la mondialisation gérée sous la seule tutelle des grands actionnaires, les retraites des uns faisant les esclavagistes anonymes des autres, des « patrons » qui sont devenus duos « actionnaires » - « cadres dirigeants », des rémunérations de ceux là qui évoluent hors de toute mesure, logique ou contrôle, les intérêts des actionnaires devenus directements antagonistes avec ceux de l’entreprise, des petits patrons condamnés à être des ordures eux-mêmes ou à crever dans le jeu de la compétition, et même à se tirer une balle dans le pied pour pouvoir continuer une année de plus, 85 multinationales comptant, au côté des plus grand Etats, dans les premières entités économiques au monde, …
Globalement (si on laisse de côté un autre fléau qu’est la spéculation sur les monnaies) cela s’appelle l’abstraction du capital. Phénomène qui en bien des aspects n’a rien à voir avec le libéralisme. Et chose qu’un libéral digne de ce nom ne cautionne pas, je crois, et qui mériterait qu’on se penche dessus.

Rendre lisible l’activité économique (mondialisée) à l’échelle où s’exerce le pouvoir politique (Etat, Europe), voilà, je crois, une base incontournable.

http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=213#p213

Un libéralisme équitable, un commerce équitable généralisé, institué (non pas dans le sens de gouttes d’eau désespérées dans un océan d’anarchie économique), voilà tout simplement (…) ma proposition… Parce que je n’en vois guerre d’autre… qui soit susceptible de combiner avec la mondialisation, l’économie déjà très largement supposée et voulue, sinon effectivement, libérale.

http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=261#p261

Réfléchir à ce que la mondialisation a bouleversé dans la mise à contribution équitable au financement des services publics et à la compensation des effets de la main invisible (entreprendre a toujours créé de l’inégalité, et il parfaitement normal que cela se compense).

http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=1041#p1041

Bienvenu au club. Et sur les trois volets « économie » du forum, en particulier.

Bonsoir Sam17 et merci pour votre accueil,

Ouh la, ouh la, ca part un peu dans tous les sens,

Et oui, vous avez bien compris, vous avez effectivement a faire a un liberal, libre :wink: a vous de voir si j’ai des cornes…

Sans rire, c’est novlangue contre novlangue. Il m’arrive de temps a autres de lire de la profondeur chez ceux qui tentent de creer un autre monde (je pense a Oxfam par ex) mais dans ce cas des « Etats Generaux » c’etait quand meme du charabiat super pompeux.

Pas sur d’avoir saisi votre metaphore des « gouttes d’eau », je vais m’atteler a lire vos contributions pour en comprendre le sens. De meme que voulez-vous dire par « on ne combat pas une machine avec des mots », cela veut dire que l’on combat une machine avec une cle a molette?

Sur Maurice Allais, je vais vous repondre (si ce n’est pas trop anachronique) dans le fil que vous indiquez.

Je ne vois pas en quoi c’est mal que le capitalisme financier s’affranchisse des nations; les nations etant une construction bourgeoise comme le disait justement Marx :wink:

Si vous etes contre les monopoles (comme moi et comme tous les liberaux), inscrivez dans votre Constitution qu’une organisation comme les NMPP ne peut avoir le monopole de la distribution des journaux (qui explique - en partie - le fait que les journaux soient si cher en France).
En passant sur les monopoles, j’ai toujours trouve le travail de la Commission efficace dans sa lutte contre les monopoles, je viens de relire des passages sur la lutte entre Mario Monti et Jack Welch, vraiment impressionant. Alors ok, je suis d’accord avec vous pour etendre les prerogatives de la Commission sur les monopoles des medias.
Je ne suis pas contre le management moderne qui prend en compte les individus, contrairement au management passeiste qui etait base sur le machisme et le mepris des travailleurs.

Le travail est ou n’est pas une source d’emancipation, je ne vais pas rentrer dans le debat (sinon, je vous invite direct a manger mes Corn-Flakes avec moi). Simplement, les politiques protectionnistes ou eco-souverainistes produisent du chomage: on ne peut ‹ s’emanciper › - ou du moins ca rend les choses un peu plus complique - si on est au chomedu.

Vous ecrivez que « le capitalisme s’autodétruit »

C’est marrant Marx avait « remarque » la meme chose, et ca fait maintenant un bail, et le capitalisme est toujours la.

Si j’ai un peu de temps, je vais lire en detail vos contributions auxquels vous me renvoyez, mais cela va peut-etre me prendre qques jours,

Bien a vous,

Citrouille

Citrouille,

Sur la question des médias :

Je ne vois pas trop l’intérêt de pondre un article sur les monopoles de médias, l’information n’étant pas une marchandise.
C’est en amont qu’il faut traiter le fléau mercantile qui pourrit la Presse, et culture et le politique, même, au travers d’elle.

Il me semble vraiment urgent de rendre les médias de Presse indépendants des pouvoirs économiques, donc ET de la menace de concentration industrielle, ET de la logique industrielle, ET des lois de l’Audimat, … Bref, au plan économique, il s’agirait d’en faire une sorte de service public, mais en garantissant par contre que les pouvoirs politiques ne mettent pas leur nez dans le contenu.

Ce dilemme, je propose de le résoudre dans mon message n°1320 - http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=1320#p1320.

Pour le reste, je vous réponds sur le volet « Principes constitutionnels relatifs à l’économie ».

Sam 17,

Je viens de tomber de mon ordi apres avoir lu votre message, je ramasse mes doigts pour vous repondre:

Pourquoi l’information ne serait pas une marchandise? Pourquoi un photographe n’aurait pas le droit de vendre ses photos au meilleur prix? Pourquoi n’aurais-je pas le droit de vendre un journal et d’en tirer un profit? Quel est votre legitimite pour interdire le libre echange entre ceux qui vont chercher l’information, la transmettent, l’analysent et ceux qui la consomment?

Comment allez-vous financer ce « service public »?

Pas de publicite?

Allez-vous m’interdire l’acces a des medias etrangers?

Citrouille