2E Les médias d'information doivent être libres, politiquement et économiquement

Le pouvoir des médias d’information sur les citoyens est devenu immense et c’est nouveau (cela date de la télévision).
À ce titre, comme les autres pouvoirs, il devrait donc voir ses objectifs et ses limites définis au plus haut niveau du droit, par les citoyens eux-mêmes, dans la Constitution.


En France, nous avons des médias nationaux, ce qui nous permet de savoir quel est l’état de l’opinion, ce qui nous permet de rallier cette opinion ou de chercher à la modifier.

En Europe, pour faire émerger une opinion européenne, il nous faut des médias européens, traduits dans toutes les langues, un peu comme Arte (la télévision franco-allemande), ce qui impose qu’ils soient financés par l’Union : une télévision européenne, un journal européen, une radio européenne et un site Internet européen, avec forums, sondages, mailing lists…

En France comme en Europe, il faut considérer ces outils médiatiques comme des institutions qui nous protègent. En effet, sans nos médias, nous sommes divisés, donc affaiblis.

En laissant acheter et vendre nos médias comme des marchandises, nous les exposons à l’accumulation, à la concentration et, progressivement, à la confiscation par les plus riches.

La « liberté » actuelle des journalistes qui sont salariés d’entreprises privées, dont l’intérêt privé passe évidemment avant l’intérêt général, est une mystification, une liberté de façade évidemment entravée par le lien de subordination.

Ce n’est sûrement pas au marché d’organiser ces médias politiquement formateurs, c’est à l’État de le faire et à lui seul.

Mais le danger de la télé ou de la radio d’État est qu’elle peut devenir un outil de propagande si c’est l’exécutif la contrôle. OK, on sait ça. Connaissant ce risque, on peut s’en protéger en évitant à la fois la propagande patronale et la propagande d’État : la Constitution devrait prévoir des médias d’État, financés par l’État mais fermement protégés contre la censure d’État.

Un CSM, Conseil Supérieur des Médias, organe indépendant mais lui-même contrôlé (par le Parlement ?), devrait être doté de pouvoirs importants. Son rôle serait de garantir la liberté d’expression et la pluralité des médias : c’est lui qui devrait veiller pour éviter la concentration des médias dans les mains d’un petit nombre d’organisations privées. C’est aussi le CSM qui pourrait garantir qu’aucune entreprise d’armement n’a de participation significative dans un grand média (danger immense et évident pour la paix).

En fait, on devrait probablement interdire à toute entreprise de contrôler un grand média d’information : les citoyens, pour se protéger contre les manipulations, devraient mettre leurs médias hors marché.

De plus, [b]l’indépendance financière de tous les médias par rapport à la publicité devrait être garantie par l’État[/b] : nous, citoyens conscients de l’importance de l’enjeu au niveau de l’information, au moins aussi stratégique que la santé, devrions prendre en charge, avec nos impôts, les frais que les médias ne peuvent pas assumer avec le prix de vente au numéro. Par rapport au budget de l’État, c’est une goutte d’eau, et en revanche, l’enjeu est vital, pour la démocratie et pour éviter la guerre.

Cette prise en charge publique partielle permettrait d’interdire la publicité et de libérer ainsi les médias de la tenaille de l’audimat.


Par ailleurs, l’État devrait se porter garant du pluralisme et de l’ouverture des médias à tous les citoyens parce que personne d’autre ne peut le faire à sa place. La Constitution devrait imposer que soit réservée gratuitement aux associations de citoyens :

  • soit une part de la grille de chaque média, (bonne formule),
  • soit une part des espaces, fréquences hertziennes et canaux satellitaires…

Lire la suite de cet argumentaire sur ce point à : Grands principes d’une bonne Constitution, point IIE.

Synthèse des arguments échangés :
(que je devrais normalement tenir à jour en fonction de nos échanges)
Vous pouvez sans doute m’aider en me proposant une nouvelle synthèse de temps en temps.

Parties de la Wiki-Constitution liées à ce fil :
• L’information des citoyens doit être rendue totalement indépendante, à la fois des industriels et des exécutifs
http://etienne.chouard.free.fr/wikiconstitution/index.php?title=Principes_fondateurs#L.27information_des_citoyens_doit_.C3.AAtre_rendue_totalement_ind.C3.A9pendante.2C_.C3.A0_la_fois_des_industriels_et_des_ex.C3.A9cutifs
(avec un bouton ‹ modifier › à droite du titre et un onglet ‹ discussion › en haut de la page).

Ne rédigez pas de commentaire directement sur ces pages wiki : utilisez plutôt ce forum ou l’onglet ‹ discussion › des pages wiki.

Par contre, si un article wiki a besoin d’être complété, corrigé ou reformulé, faites-le (en nous expliquant ici pourquoi c’était nécessaire).

Si vous n’êtes pas d’accord avec un article actuel du wiki et si vous voulez proposer une alternative, utilisez l’onglet wiki ‹ modifier › la page, tirez un trait en bas et ajoutez votre proposition, avec un lien vers le message du forum qui explique votre point de vue.

Merci pour votre travail et votre patience.

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TRANSFERT DES MESSAGES DU BLOG


  1. Le lundi 16 janvier 2006 à 11:00, par Jacques Roman
D'accord que les médias constituent un quatrième pouvoir qu'il faut organiser un peu sur le modèle du pouvoir judiciaire, en faisant attention à laisser sa part à l'initiative citoyenne individuelle.

Je crois néanmoins que l'Internet modifie considérablement les données du problème, dans le bon sens.

Jacques Roman, coordonnateur provisoire CIPUNCE

  1. Le lundi 16 janvier 2006 à 12:20, par François

    Si l’internet modifie la situation, ce média permet hélas des formes de censure, en témoigne les dernier évènements concernant la censure exercée par MSN et Yahoo qui suppriment des messages de certains internautes notamment en chine pour ne pas contrarier le pouvoir…
    La vigilance est plus que jamais nécessaire sur ce média comme sur les autres
    La maitrise démocratique des outils de communication sur l’internet s’impose!


  1. Le lundi 16 janvier 2006 à 19:14, par karine

    Le vrai problème est que les journalistes sont très liés aux hommes politiques. Ils font les mêmes études, s’intéressent aux mêmes domaines, ont besoin les uns des autres, sont copains (quand ils ne se marient pas ensemble).
    Sous De Gaulle, la censure était claire et il n’hésitait pas à téléphoner à un journaliste pour le prier de ne pas aborder telle ou telle question. Aujourd’hui, c’est plus subtil : les journalistes s’autocensurent. Comment faire autrement ? Quand A. Sinclair interviewait Fabius à propos de l’affaire du sang contaminé, elle l’interrogeait avec sérieux, c’est une professionnelle. Mais elle s’est interdit de lui poser certaines questions. Ils ont fait Sc Pô ensemble,ils sont amis !
    Aucun homme politique aujourd’hui n’oserait demander à un journaliste de taire tel ou tel sujet ou aspect d’une question. Mais finalement, la censure est pire. Quand elle était claire, les informations circulaient sous le manteau. Maintenant, elle est tuée dans l’oeuf.


  1. Le lundi 16 janvier 2006 à 22:28, par guillou alain

    Maintenir un journal d’opinion non conforme à l’idéologie dominante est une épreuve rendue de plus en plus difficile par l’hypocrite biais des coûts et du marché :

    La guerre des financements par la pub est une « guerre froide » que le moins riche est sûr de perdre, même si son tirage augmente, même si ses lecteurs sont « accros » et le soutiennent par des souscriptions, et même s’ils constituent des associations amicales de lecteurs pour cela :

    L’ordre en place fait déferler ses « chars » : la presse « gratuite », dont le rôle est de tuer l’ennemi :

    le pluralisme de la presse d’opinion…


  1. Le mardi 17 janvier 2006 à 17:46, par danyblog

    Il faut véritablement organiser une guérilla médiatique en pilonnant tout les médias bien pensants de mails contradictoires et argumentés.

    Tous au clavier et résistons en envoyant des contre-propositions et en étant très sévères à l’encontre des jounalistes de déférence.


  1. Le mardi 17 janvier 2006 à 21:27, par Merome

    Je vous invite à consulter le blog de Jean Michel Aphatie : blog.rtl.fr/rtl-aphatie
    Il a la bonté de répondre régulièrement quand on l’interpelle directement dans un commentaire. J’ai tenté de lui faire comprendre qu’il devait inviter des gens avec des idées vraiment différentes (Comme Étienne Chouard, par exemple!), mais il a répondu que ce type d’idées n’était pas assez représentatif de la population française. Bref, il ignore parfaitement le résultat du référendum, ou l’interprète de travers… Ce matin, on a eu droit à Giscard comme invité :

    Si nous postons régulièrement sur son blog des commentaires bien sentis, il va peut-être comprendre que nous sommes nombreux.

    J’ai aussi réussi à attirer l’attention de Dominique Strauss Kahn lui-même, via les commentaires de son blog : dsk.typepad.com/

    Toute l’histoire ici : http://merome.net/dotclear/index.php?2005/09/12/125-la-democratie-internet-dominique-strauss-kahn-et-moi

    Faites des blogs, commentez, participez aux forums, il en restera toujours quelque chose…


  1. Le mercredi 18 janvier 2006 à 07:52, par thom

    « J’ai tenté de lui faire comprendre qu’il devait inviter des gens avec des idées vraiment différentes (Comme Étienne Chouard, par exemple!) »

    les idées de Étienne ne sont pas vraiment différentes, elles existent depuis des lustres sauf que Étienne est en dehors du pouvoir…

    À mon sens, le pouvoir du blog est limité, si tu veux réellement essayer de changer les choses, il faut fonder un mouvement actif, il faut AGIR et c’est seulement à l’épreuve de l’action que tu sauras ce que valent tes principes et tes idées (problème de l’applicabilité au concret ).

    Quant DSK te répond pour reconnaître qu’il ne faut pas s’entretenir qu’à la croissance (et je te rejoins la dessus), il est démagogue (d’ailleurs, il t’invite à le rejoindre) : il est économiste et il connaît très bien cette revendication qui existe depuis fort longtemps.

    « Il ignore parfaitement le résultat du référendum ».

    Le non? Qu’ a-t-il changé ? Crois-tu que ceux qui ont voté « non » (comme le « oui ») ont produit un vote très réflèchi ?

    Crois-tu que deux mois de débat intense suffisent à éclairer le peuple sur les enjeux de l’UE quand la manipulation est l’instrument de l’explication (des deux côtés) ?

    Quand les réponses apportées sont inapplicables ou inadaptées aux réalités ?

    Quand le TCE s’appelle Constitution et n’en est pas une ?

    Quand certains disent qu’il n’y a pas d’avancées sociales alors qu’il y en a ?

    Quand d’autres n’offent que des avancées symboliques pour un parlement muselé en réalité ?

    Pourquoi ne pas créer un mouvement actif et nouveau acceptant des êtres de tout horizon ?


  1. Le mercredi 18 janvier 2006 à 08:49, par Merome

    Thom : les idées d’Étienne sont différentes de celles qu’on entend à la radio. C’est ce que je voulais dire. Je sais qu’elles ne sont pas neuves.
    Je ne me fais pas d’illusion non plus sur le commentaire de DSK, mais grâce aux blogs (le sien, le mien), j’ai pu attirer son attention. Ce que jamais je n’aurais pu faire dans d’autres contextes.
    Agir dans un mouvement, je ne suis pas sûr de le souhaiter. J’ai peur de m’y compromettre. L’internet donne la possibilité d’avoir tous une voix individuelle qui compte pour de vrai. Quelqu’un qui a suffisamment de talent, comme Étienne, peut par la simple publication de ses idées faire avancer les choses. S’il était passé par un « mouvement », une association quelconque contre le TCE ou pour une meilleure démocratie, il n’aurait pas eu plus de poids (à mon avis moins), et il aurait surtout dû se ranger à l’avis du groupe, et parfois aller manifester en trainant les pieds…

    L’internet permet techniquement de s’affranchir de la notion de « groupe de pression » organisé. C’est ainsi que Mozilla parvient à diffuser Firefox, c’est comme ça que Wikipédia devient une source d’information neutre et intéressante.


  1. Le mercredi 18 janvier 2006 à 09:20, par thom

    Mérome,

    « J’ai peur de m’y compromettre. »

    Mais c’est justement ce que tu dois comprendre, tu es en dehors de l’action, tu ne prends pas de risques… Si tous les citoyens font comme toi …

    Ceux qui agissent doivent composer et surtout prennent conscience des réalités.

    Quand tu dis « se ranger à l’avis du groupe », c’est justement le principe de la démocratie, il faut quand même bien que cela fonctionne… et de toute façon tu peux très bien garder ta position et te détacher de la synthèse lorsque cela touche des principes ex. Montebourg au PS.

    Un conseil : si tu as des idées, si tu veux faire bouger : AGIT.


  1. Le mercredi 18 janvier 2006 à 09:52, par guillou alain

    Je pense que l’émergence des blogs fait partie d’un phénomène nouveau plus ample et plus « innattendu » encore :

    Le NON au TCE fut porteur de « non-dits » accumulés depuis plusieurs années par les citoyens de « la vieille Europe ».

    L’emprise du pouvoir médiatique et de la « PUB », a saturé l’espace disponible au « DROIT D’EXPRESSION ».

    En France, en tous cas, je le crois, « le peuple de gauche » et « le peuple de droite » ne se reconnaissent pas dans « la gauche », ni dans « la droite », ni dans « le centre », ni dans « les extrêmes ».

    80% des français ne se sentiraient pas « propriétaires » de la politique, et cela est grave pour la « res publica » (ce chiffre n’engage que moi…).

    En tous cas, il y a comme une « schizophrénie » de la société, où, selon tous les sondages (qui n’engagent que les instituts), 60 à 66% des français déploreraient les conséquences du capitalisme et rejetteraient ses dogmes idéologiques tels qu’ils sont aujourd’hui résumés par l’expression.

    « Une concurrence libre et non faussée »…

    Je rappelle cela simplement pour suggérer que les citoyens en ont marre d’être tantôt convoqués pour encenser ce système mal aimé, tantôt raccolés par ceux que les médias dominants présentent comme les « forces de satan » :

    Si je conteste, je suis un « communiste », et si je suis un communiste, je mérite de subir un « régime totalitaire ».

    Les gens ne veulent pas demeurer prisonniers des idéologies de la « guerre froide » :

    voilà ce qui émerge, à mon avis.


  1. Le mercredi 18 janvier 2006 à 13:39, par karine

    Ce qui me gêne, c’est l’étendue du débat : au départ, ce blog concernait le traité de la constitution européenne. Et les atteintes à la démocratie. Et les propos d’Etienne Chouard étaient originaux, pertinents et passionnants.
    Mais maintenant, on est à remettre en cause la propriété privée… Quelle déception !
    En mai dernier, l’influence d’Etienne sur mon vote a été déterminante. Il m’a convaincue de voter contre le TCE (et je ne le regrette pas). Mais si, à présent, il dérive vers la critique du capitalisme, j’adhère moins.
    J’ai l’impression de retomber dans un débat politique classique, droite-gauche. Il me suffit d’allumer la radio ou la TV ou d’ouvrir mon journal pour avoir le même avec les mêmes arguments mille fois rabachés et qui ne me semblent pas convaincants.


  1. Le mercredi 18 janvier 2006 à 14:17, par Fred. de L.

    Il y a donc un média de masse où il est possible de débattre de la suprématie de la propriété sur les autres droits ? Je ne l’avais pas vu. Peut-être pouvez-vous me l’indiquer ? TF1 sans doute ? Leurs débats de société sont connus pour être gauchisants en effet. L’autre jour d’ailleurs, en regardant la Star’Ac’, je me suis surpris à être étonné de découvrir que Nikos tenait des propos anarchistes…

    Ceci dit, je comprends votre dégoût pour toutes ces idées qui rendent d’un coup questionnables nos confortables vies de rentiers.


  1. Le mercredi 18 janvier 2006 à 14:21, par Fred. de L.

    Réponse moins cynique :
    L’objet n’est pas tellement de remettre en cause le droit de propriété en tant que tel et de prôner la collectivisation. Je crois que l’objet du présent débat est plutôt de remettre en cause la préséance du droit de propriété sur les autres droits, et donc de revoir les priorités entre ces droits.

    Si ce débat vous semble inepte, c’est à mon avis votre droit. Mais de là à compléter votre réponse d’une remarque aussi sordide que « c’est le genre de thème politicard qu’on voit à la télé tous les jours », je trouve que c’est inutilement méprisant, et surtout parfaitement faux.


  1. Le mercredi 18 janvier 2006 à 14:38, par Elgnon

    Je suis aussi convaincu des possibilités d’internet mais il ne faut jamais oublier que moins de 50% des français y ont accès (à l’échelle mondiale, je n’ose y penser…) :
    http://www.inegalites.fr/article.php3?id_article=205

    Ca suppose aussi un minimum d’autonomie intellectuelle (lecture, synthèse, curiosité…).


  1. Le mercredi 18 janvier 2006 à 16:02, par karine

    Mais croyez-vous que remettre en cause la préséance du droit de la propriété sur les autres droits fait avancer le débat sur la démocratie ?
    À mon avis, il s’agit d’un autre débat et, si sur ce blog, on remet tout en question, on se perdra et n’arrivera à rien.


  1. Le mercredi 18 janvier 2006 à 16:08, par guillou alain

    Bien sûr, le débat sur une Constitution amène au débat sur une constituante,
    et même si nous avons pris l’habitude d’avoir un flic dans la tête, il peut nous arriver d’avoir des sursauts « politicards »…

    Moi, ce qui m’a fait m’inviter sur le forum d’Etienne, c’est sa question :

    « Notre rêve… servirait-il à son contraire ? » (on peut lire sa véritable phrase sur l’accueil du site)

    Je peux "avoir ma religion ", et ne pas la renier, tout en respectant la « laïcité ».

    Je peux être anti ceci ou pro cela, sans me renier, tout en réfléchissant sur la neutralité nécessaire d’une Constitution.

    Pour rester neutre face à ce que représentent les formes mondialisées de « la propriété », il faut pouvoir penser leurs limitations par des lois qui protègent aussi d’autres « droits fondamentaux ».

    Si Karine pense que mes propos sont hors sujet, qu’adviendrait-il d’un forum qui serait le club fermé de quelques personnes prétendant ne se poser que des questions qu’on ne pose « nulle part ailleurs » ?

    D’ailleurs, je vais désormais aller voir ailleurs, en attendant que ce forum décante, car il est vrai qu’il ne faut pas monopoliser le débat.

    À plus tard, chers amis.


  1. Le mercredi 18 janvier 2006 à 18:15, par karine

    Il ne s’agit pas de poser des questions qu’on ne pose nulle part ailleurs, de se retrouver entre happy few excluant les autres. Mais il faudrait, à mon avis, débattre sur la démocratie qui est menacée au lieu de remettre en cause le droit à la propriété qui me semble hors sujet.


  1. Le jeudi 19 janvier 2006 à 10:30, par guillou alain

    Ce qui est hors sujet, en effet c’est de décider à la place des citoyens et à l’avance, dans une Constitution, quelles formes ils choisiront pour concrétiser le respect des droits de l’homme, par exemple :

    Si l’un des droits est contradictoire avec d’autres, il n’est pas question de le supprimer, mais il faut prévoir « la place de chaque droit » :

    Cela suppose des « limitations ».

    Or, le droit de propriété est « TABOU » : il ne faudrait donc pas y toucher, à priori et définitivement, tandis que le droit à l’eau potable, lui, …

    Je ne vous ferai pas l’insulte d’insister !

    Ce qui est fort de café, à propos de « Constitution », c’est de décréter que les citoyens n’ont pas le droit d’être assez « irréalistes », pour remettre en cause un système économique, car la « réussite » économique d’un entrepreneur est définie de façon unilatérale comme l’accroissement de sa propriété, et s’il ne peut "réussir " ici, il a le droit de délocaliser :

    Rien ne dit que tous les peuples n’ont pas le droit, aujourd’hui ou plus tard, de changer d’avis là-dessus :

    Il faut donc qu’une "Constitution " digne de ce nom évite de trancher cette question à priori à la place des citoyens :

    Ce qui semble peu crédible pour « la pauvre France », peut devenir le sujet numéro 1 de préoccupation de tous les peuples de la planète :

    Le premier esclave qui a pensé s’affranchir n’était pas de ce « réalisme » conservateur là !

    Au contraire, une Constitution doit ouvrir des possibles, surtout quand on prétend mondialiser « les droits de l’homme ».

    Si j’ai voté NON le 29 mai, c’est parce que le projet de TCE préjugeait et décidait pour les peuples européns de figer ce choix que l’Histoire n’a pas fini d’attendre de nous.

    Est-ce « politicard » que de vouloir garder dans une Constitution le droit à "la politique " d’intervenir sur « l’économie » ?


  1. Le jeudi 19 janvier 2006 à 10:48, par guillou alain

    Excusez-moi, j’insiste !

    Et si j’insiste, courant de forums en forums pour cela, c’est que je suis justement sur la lancée du 29 mai, en colère contre la connivence des médias dominants, qui organisent un véritable bétonnage pour mettre cette question « irradiante » dans un sarkophage néoconservateur :

    C’est vrai, la directive Bolkestein le confirme, nous sommes dans un système dont profitent ceux qui jouent avec les inégalités salariales pour « réussir ».

    Mais le couvercle sur la marmite, il est de moins en moins « réaliste » de s’y fier : la vérité fuit de partout, et cela c’est la « réussite » de la pensée libre.


  1. Le jeudi 19 janvier 2006 à 15:40, par Merome

    Thom : je vois dans les derniers commentaires l’illustration de ma crainte. Nous sommes tous à peu près d’accord sur les propos d’Étienne Chouard, ce qui nous fait tous venir ici. Dès que l’on s’écarte du sujet, qu’on élargit le débat au droit de propriété par exemple, l’union éclate. Cela n’a rien de grave ici : chacun avance ses arguments, fait le tri et se fait une opinion PERSONNELLE. Et non pas une opinion COMMUNE. Bref, dans l’action, si nous étions tous membres d’un quelconque groupe associatif, politique … Nous aurions le plus grand mal à nous coordonner.

    Oui, on peut trouver les propos d’Étienne Chouard intéressants, et voter à droite, ou à gauche. On peut souhaiter ardamment le RIC, mais défendre aussi le droit de propriété. La droite, la gauche, et plus généralement n’importe quel groupe politique n’a plus de sens ni d’intérêt aujourd’hui. On n’a plus besoin de représentant, plus besoin d’adhérer à un parti, ce sont les idées qui nous intéressent. A nous de faire notre marché à droite ou à gauche ou les deux, et de nous faire notre opinion personnelle.

    D’où l’idée de voter pour des idées et non plus pour des hommes. Voter pour un homme (ou une femme), c’est déjà faire un compromis dangereux, c’est prendre un risque.


  1. Le jeudi 19 janvier 2006 à 18:30, par jérome

    "le NON au TCE fut porteur de « non-dits » accumulés depuis plusieurs années par les citoyens de « la vieille Europe ».

    Vous surestimez le « non » au TCE, un non, reflet de positionnements variés et contradictoires, un "non " souvent glissé dans l’urne pour des raisons qui n’avaient rien à voir avec le TCE.


  1. Le vendredi 20 janvier 2006 à 11:48, par Elgnon

    …« Vous surestimez le « non » au TCE »…

    Et si, au contraire des « élites » dominantes, on faisait confiance aux gens en les incitant à se tirer vers le haut et à argumenter, affiner leurs positions à partir de ce NON hétéroclite ?.. Pour le resservir à 82% la prochaine fois et façonner un outillage citoyen à notre mesure !


  1. Le vendredi 20 janvier 2006 à 13:17, par Étienne

    Jérôme,
    Que pouvons-nous savoir, les uns et les autres, des RAISONS qui ont déterminé les électeurs ?
    Est-ce que prétendre connaître ces raisons (pour les autres), ce n’est pas, mécaniquement, forcément, faire un procès d’intention ?
    Or faire un procès d’intention, c’est tuer le débat, il me semble : quand je dis «Jérôme dit cela, mais il ne le pense pas, il pense sûrement ça et ça», je disqualifie son discours, mais à bon compte, c’est trop facile et c’est finalement bien peu convaincant pour les lecteurs de bonne foi.
    Autant les acteurs politiques ont des INTÉRÊTS PERSONNELS qui permettent de deviner des raisons inavouées pour comprendre leurs choix, autant c’est beaucoup plus hasardeux et douteux à propos des électeurs. Entre nous, nous devrions faire le pari de la bonne foi pour permettre un débat qui dure et pour vraiment progresser.
    Faire comme si le NON était disqualifié par la diversité de ses motivations (et ainsi laisser entendre que le OUI n’était pas lui-même aussi varié et discutable), ce n’est pas assez respectueux pour que nous nous rapprochions : peut-être que vous avez raison Jérôme, je le dis et j’y crois vraiment, mais peut-être aussi que vous avez tort, et peut-être avons-nous tous un peu raison et un peu tort (c’est le plus probable à mon avis), mais de toutes façons, nous ne pourrons tous progresser qu’en écoutant bien, honnêtement, les idées et les peurs des autres.
    Il faudrait qu’on arrive à se parler sans s’accuser d’être d’extrême gauche (sourire) ou de cacher ‹ volontairement › un élément déterminant.
    Je suis sûr que vous n’aimeriez pas qu’on vous traite de partisan d’extrême droite, vous auriez raison, et il faut qu’on fasse tous attention à ne pas s’injurier, même involontairement.
    Pardon d’être ainsi un peu moralisateur, je ne veux donner aucune leçon, mais je sens que le débat peut être rendu impossible pour une simple inattention, alors qu’il est important que des gens d’avis très opposés puissent confronter (calmement) leurs arguments pour mettre en évidence la meilleure position commune (puisque la Constitution s’imposera finalement à tous).
    Merci de votre patience et de votre bienveillance.
    Étienne.


  1. Le vendredi 20 janvier 2006 à 19:18, par jérome

    Étienne,

    Je ne disqualifie pas le « non », j’affirme qu’il est le reflet de positions très variées et contradictoires.

    Chacun pouvait dire « non » je respecte cette position.

    Mais ce « non » ne propose rien de cohérent comme alternative puisque si une fraction du « non » propose quelque chose (comme vous par exemple), il sera souvent aux antipodes d’une autre fraction du « non ».

    Vous parlez de position commune, mais c’est essentiellement ce que n’ont pas compris les opposants au texte proposé.

    Le débat sur la laicité en France ou en UE en à été l’illustration.

    Pour ce qui est des extrêmes (gauche ou droite), je les range dans le même panier


  1. Le vendredi 20 janvier 2006 à 22:11, par jérome

    « Est-ce que prétendre connaître ces raisons (pour les autres), ce n’est pas, mécaniquement, forcément, faire un procès d’intention ? »

    Je suis très surpris par votre question.

    Connaître les raisons du vote « non » permet de comprendre ce « non » et certainement pas de faire un procès d’intention.

    S’opposer est constructif et reconnaître un argument relevant de l’extrême gauche ou de l’idéologie me paraît essentiel pour démasquer ceux qui se prétendent indépendants d’esprit pour en réalité faire de la propagande.

    Je le dis sincèrement le « non » a été motivé par une multitude de positions souvent contradictoires et surtout par une lecture dirigée et relayée par les médias qui l’ont beaucoup servi (même si parmi les journalistes beaucoup penchaient pour le oui, par professionnalisme ils ont bien relayé le non).


  1. Le vendredi 20 janvier 2006 à 22:26, par jérome

    Étienne ,

    Vous avez beaucoup oeuvré pour dynamiser le « non » au TCE en remettant en cause le système et je constate que votre approche ne varie pas, même dans des domaines précis comme l’informatique pour lequel vous écrivez :

    "Il est urgent de BLOQUER LA DÉRIVE de l’enseignement de l’informatique "

    Alors, ou tout va mal, très mal, ou vous surdimensionnez les problèmes et avez un besoin incommensurable de vous valoriser à tout remettre en cause (sourire).


  1. Le dimanche 22 janvier 2006 à 01:05, par Étienne

    Jérôme,

    Viser l’homme, c’est renoncer au débat d’idées.

    C’est le degré zéro de l’argumentation.

    J’ai réfléchi, débattu et écrit pendant des milliers d’heures sur l’enseignement de la Bureautique en France qui est effectivement maltraité. Que savez-vous de la question ? Voulez-vous que j’ouvre un billet sur le sujet ?

    S’il vous plaît, évitez les procès d’intention et les accusations d’arrières pensées, ce n’est pas bon pour l’échange, c’est agressif et pas constructif.

    Merci d’avance.


  1. Le dimanche 22 janvier 2006 à 19:43, par jérome

    « Viser l’homme, c’est renoncer au débat d’idées. »

    Oh! Je ne vise pas l’homme, mais une attitude très répandue et assez française.

    Si vous avez écrit, débattu des milliers d’heures sur l’enseignement de la bureautique, celui-ci a-t-il beaucoup évolué grâce à votre investissement ?

    Si vous débattez, écrivez des milliers d’heures sur les institutions, vont-elles évoluer vers plus de démocratie pour autant ?

    Depuis des siècles, les citoyens ont réfléchi et, sur ce forum, nous répètons ce que d’autres ont dit depuis longtemps !

    Pourquoi croyez-vous qu’il y a encore à dire ?

    Les idées paraissent belles tant qu’elles n’ont pas été appliquées, c’est lors de la mise en oeuvre de celles-ci que l’on s’aperçoit réellement des difficultés.

    Nos institutions connaissent des dérapages, mais elles ne fonctionnent pas si mal que les interlocuterus veulent bien le dire.

    Ceux qui changent les choses mouillent la chemise et ne restent pas assis à critiquer.

    Les discussions entreprises ici ne concernent que les internautes et laissent de côté une écrasante majorité de citoyens.


  1. Le dimanche 22 janvier 2006 à 20:11, par Jérome

    Pour finir, Étienne, je ne vais pas t’importuner plus longtemps (ouf, dit Étienne lol ), ce que je trouve dommage dans votre combat tient à deux constats :

    • D’une part, vous faites preuve d’alarmisme et vous exagérez le soi-disant état de délabrement de nos institutions.

    • D’autre part, comme pour le TCE, je remarque que l’idéologie et notamment celle qui nous vient de l’Est (brrrr) guide un bon nombre de nos concitoyens constestataires.

    Je vous souhaite donc une bonne continuation et surtout un beau projet plus beau que le TCE…


  1. Le lundi 23 janvier 2006 à 08:35, par Fred. de L.

    Jérôme,

    Vous êtes caricatural et insultant, et finalement hors sujet.

    Caricatural et insultant : la façon d’évacuer tout débat par une référence au grand Est est nulle. Parfaitement nulle.

    Hors sujet : que vous estimiez que nos institutions vont bien, c’est votre opinion (j’ai bien écrit opinion, avec tout ce que cela peut avoir de méprisant). C’est aussi votre droit, d’avoir une telle opinion (de bistrot).

    Mais c’est faire bien peu de cas de votre intelligence que de croire qu’en étalant votre mépris de la sorte pour tout ce qui ressemble à de la réflexion « gauchiste », vous convaincriez qui que ce soit que l’ensemble de ce débat est inutile.

    Et pour finir… Vous racontez tout et son contraire… Vous commencez par admettre qu’Étienne a agi en faveur du Non avec efficacité… Puis, voyant qu’il vous répondait sans brosse à reluire, vous finissez par lui asséner les poncifs sur l’huile de coude et les mains dans le cambouis, en estimant que tous ces débats et toutes ses gesticulations étaient vaines et ne relevaient finalement que d’orgueil mal placé…

    Non, vraiment, ce n’est pas très cordial tout cela.


  1. Le lundi 23 janvier 2006 à 10:44, par michel974

    Le débat n’est-il pas le contrôle des médias d’information par la Constitution ?

    Mon avis ?
    Laissons à la Constitution son rôle de protection des citoyens et le contrôle des institutions qu’elle met en place pour le représenter.
    Pourquoi lui conférer (à la Constitution) un droit de regard et de contrôle sur un pan tellement vaste de l’économie, mouvant et en permanent développement ? Comment définir un média d’information (le dico, c’est un média d’infos, comme les news de l’équipe.fr) ? La loi doit suffire pour cela.
    Je suis néanmoins partisan d’un renforcement de l’esprit critique des auditoires vis-à-vis des médias afin que ceux-ci évoluent vers plus de qualité.


  1. Le lundi 23 janvier 2006 à 14:07, par jérome

    Fred : « 'avoir une telle opinion (de bistrot). »

    C’est vous qui parlez de mépris ?

    Il n’y a pas de contradiction (et je ne recherche pas la brosse à reluire, mais si vous l’évoquez. Essayez de comprendre avant de réagir : Étienne a agi avec efficacité puisqu"il a largement aidé le « non ».

    Ce qui ne signifie pas que cela débouchera sur du concret !


  1. Le lundi 23 janvier 2006 à 15:38, par jérome

    « Hors sujet : que vous estimiez que nos institutions vont bien, c’est votre opinion. »

    C’est bien ce que je veux affirmer et je ne suis pas Hors sujet :

    Les institutions vont mieux (pas bien dans l’absolu, c’est améliorable), l’égalité a progressé (remontez donc depuis deux cents ans… C’est évident, et même au bistrot ils le savent et raisonnent aussi bien que vous : le peuple est aussi au bistrot) ;

    Voulez vous que je vous cite la liberté syndicale, de la presse, le droit de grève, le droit de vote des femmes, la reconnaissance des homosexuels, le droit d’asile, la liberté d’association… et j’en passe… À part cela, ça ne va pas mieux ?

    Et c’est le système démocratique tel qu’il existe qui a permis toutes ces avancées formidables.

    Alors Mr Fred de L.,revenez sur terre deux minutes car le mépris, c’est vous qui en faites preuve, surtout vis à vis des politiques qui, globalement, exercent un travail difficile et le font plutôt bien malgré le minage dû aux idéologies extrêmes, cf. le non au TCE qui a empêché des avancées incroyables… tant pis pour nous !


  1. Le mardi 24 janvier 2006 à 07:28, par Fred. de L.

    Je retiens donc que la liberté syndicale est en progrès, que celle de la presse aussi, et que le droit de grève l’est aussi plus qu’avant. Il faut en fait, j’imagine, définir le « avant ». Si on compare à 200 ans en arrière, il se peut que vous ayez raison, Jérome. Si l’on s’en tient à notre temps historique à nous, c’est-à-dire une petite génération, je crois que vous vous montrez exagérément optimiste, voire manifestement dans l’erreur d’appréciation…

    Et dire que le TCE proposait des avancées incroyables, c’est en fait carrément se foutre de la gueule du monde. Mais j’imagine que, là encore, cela dépend du point de vue dans lequel on se place.


  1. Le mardi 24 janvier 2006 à 10:46, par Corentin

    Bonjour,

    Pour répondre à Michel, oui le débat est bien le contrôle des médias !

    Le pouvoir des médias est reconnu par tous, il me semble. Il me semble aujourd’hui nécessaire que la consitution le reconnaisse également.

    Par principe, un pouvoir s’appliquant à l’ensemble de la société doit être détenu par l’ensemble de la société. Autrement dit, les médias ne doivent en aucun être détenu par une catégorie de citoyens.

    Partant de ce constat, il faut donc définir dans la constitution des règles garantissant leur indépendance. Il me semble assez simple en premier lieu d’interdire à une personne, physique ou morale, de détenir plusieurs médias. À interdire également : le cumul de la direction d’un média avec toutes autres entreprises et avec certaines fonctions (élus, hauts fonctionnaires). Mais ce ne sera pas suffisant si le contenu des médias reste influencé par les annonceurs.

    Ma deuxième mesure serait donc d’interdire le financement des médias par la publicité. La solution d’Étienne pour financer les médias par la collectivité et par la vente des supports me semble la meilleure. De plus, on peut s’interroger sur l’utilité de la publicité en général pour la société. Elle constitue en effet un média surreprésentant les grandes entreprises, leurs intérêt et leurs idées.

    Cependant, il me semble que les médias doivent continuer d’être dirigés par des professionnels indépendants qui n’auront de comptes à rendre qu’à leurs lecteurs et à leurs collaborateurs.


  1. Le mardi 24 janvier 2006 à 12:48, par Samuel

    À Jérome, deux choses pour vous prier aimablement mais fermement de ne plus perturber le débat avec des interventions ici hors sujet :

    1. Ce BLOG a été fondé par Étienne après le 29 mai, dans le but précis d’élaborer un projet de CONSTITUTION, non pas de continuer à discuter (il y a assez d’endroits pour le faire) du projet déjà rejeté le 29 mai par les français. Le projet que NOUS avons rejeté (1) ne proposait PAS une Constitution au sens propre du terme (2), et il apparaît non seulement que ceci va à l’encontre de la volonté de majorité populaire européenne (3) mais que c’est bien ce que lui reprochent les individus qui souhaitent contribuer au projet lancé par Étienne. En s’unissant, ils reconnaissent être DÉJÀ, dans le contexte de la construction européenne lancée depuis 1945, dépourvus de ce fondement démocratique spécifique et essentiel, tant au niveau européen (2) ou même mondial (ce qui serait sans doute un idéal) qu’au niveau de la nation, du fait d’un transfert de pouvoirs à l’union économique européenne, qui dépossède les nations de leur souveraineté et compromet la capacité des États membres à rester garant du droit pour les nations qu’ils représentent (4), sans qu’un État démocratique européen digne de ce nom ne soit fondé. Comme l’a précisé Étienne, il ne s’agit pas nécessairement de proposer ici une CONSTITUTION pour l’Europe, mais de définir une constitution pour un État démocratique pouvant être reconnu comme tel, dans le contexte présent. Les attitudes « oui-ouistes », telles l’entretien du postulat d’une entente entre citoyens et dirigeants s’agissant de définir le rôle d’une Constitution moderne, la suffisance vis-à-vis de l’état des institutions actuelles, en nombre et en nature, le contentement d’« avancées significatives » par rapport à des simples traités, ne font ici que diviser et perturber ceux qui n’ont PLUS l’intention de s’en tenir à répondre, dans un débat de sourds né d’un problème mal posé, à des questions imposées d’en haut par une classe politique et médiatique en place, classe déjà reconnue impuissante et réduite à une action « pragmatique » parce qu’esclave des pouvoirs économiques (et à ce titre, inapte à proposer elle-même une définition satisfaisante des institutions). Il importe justement de décrire ici ces pouvoirs économiques, au sens large et dans le contexte moderne, pour pouvoir proposer des moyens de les séparer, et de prémunir la scène politique comme la Presse et les médias plus généralement, ajoutant au besoin de nouvelles catégories d’institutions à définir et à mettre en place.

    2. Cette page est consacrée à la définition des pouvoirs et conflits de pouvoirs sur le périmètre « médias ». L’intérêt qu’il y a à se pencher sur ce périmètre est reconnu et exprimé avec insistance par nombre de citoyens à la pensée suffisamment tournée vers les enjeux de la société actuelle. En une phrase, et sans trop réduire l’enjeu du débat sur cette page, il s’agirait de donner un écho à la sentence de Pierre Bourdieu :« Il faut lutter contre l’Audimat au nom de la Démocratie ». D’après le cadre posé par le responsable de ce BLOG, les citoyens qui viennent discuter ici reconnaissent le secteur des médias comme un secteur mettant en jeu une NOUVELLE catégorie d’institution. Cette catégorie, qui n’était pas prise en compte dans le T"C"E, il est vital de la définir, et j’ajouterais, même si c’est à titre personnel, qu’il est vain d’attendre que sa création soit revendiquée par les responsables politiques les plus rompus à la gestion des affaires publiques, et de ce fait, eux-mêmes les plus esclaves de la pression tyrannique de l’Audimat.

    (1) De deux choses l’une :

    * soit vous reconnaissez que le référendum du 29 mai était démocratiquement admissible, et avez la correction de ne pas faire ici la promotion a posteriori d'un projet déjà rejeté  ;
    * soit vous reconnaissez que ce référendum posait lui-même problème, et avez alors la correction de reconnaître que les peuples européens devaient être consultés en premier acte (avant désignation de la Convention et définition de la problématique constitutionnelle), sans quoi vous admettez déjà implicitement que le texte proposé n'était pas une Constitution. Si l'élaboration par voie populaire d'une véritable Constitution ne vous intéresse pas, merci de laisser travailler ceux qui y accordent assez d'importance pour y consacrer, depuis des mois, parfois plusieurs heures quotidiennes de leur temps libre.
    

    (2) Au sens de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789. L’Europe actuelle ne peut être reconnue comme une nation, ce qui entend que l’autorité ne peut émaner qu’au niveau des nations membres, qui restent souveraines (cf. article 3) ; l’Europe proposée à ce jour (sans l’avis des peuples, voire contrairement à l’avis de la majorité des européens, qui souhaitent une véritable Constitution européenne - cf. (3) -) n’est pas un État, mais une alliance de nature juridique originale entre États, et ne peut à ce titre avoir de Constitution (article 16 - cf. aussi la recommandation faite en conclusion du contre-rapport joint en fin du document officiel de remise des travaux de la Convention).

    (3) Voir notamment p40 du bilan du sondage commandité par la Commission européenne, effectué en juin et octobre 2003, et visant à évaluer la perception qu’avaient les européens des travaux - déjà en cours - de la Convention.

    (4) Au sens de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 (notamment le Préambule et l’article 16) une Constitution est naturellement périssable : elle n’est pas simplement un texte, adopté à une date donnée par une nation, mais la « Constitution de la nation » implique la capacité de ses citoyens et de ses élus à maintenir ses fondements et à revendiquer ceux-ci au travers de propos simples.


  1. Le mardi 24 janvier 2006 à 14:38, par Samuel

    À Karine, en réponse à votre message du lundi 16 janvier 2006, 19:14 :

    On ne peut pas aborder la question en considérant comme une fatalité le fait que les journalistes ayant le plus voix au chapitre sont ceux qui sont le plus en collusion avec les pouvoirs politiques, et/ou ceux qui furent auparavant leurs collègues de promo, ou leurs compagnons de jeu des beaux quartiers.

    Ce phénomène de collusion entre cadres des grands médias et responsables politiques n’est pas indépendant de la logique de concentration médiatique, et c’est bien cette logique qu’il s’agit - ENTRE AUTRES (1) - d’analyser pour pouvoir proposer des mesures en termes d’institutions nouvelles.

    À l’instar des managers de l’industrie moderne, les journalistes des grands médias, concentrés dans les mains de quelques uns, sont soumis - par un cadre structurel combinant précarisation des salariés de presse et maintien d’un faible nombre de postes à hauts revenus - à une sélection nette, liée à leur adhésion à certaine idéologie dominante, disons à tendance néo libérale (2). Idéologie que portent largement les Lagardère, Bouygues, Dassault (qui n’a pas de scrupules à parler de sa conception du "bon journaliste, bien que cette conception soit fortement révérencieuse vis-à-vis des grands pouvoirs économiques, et très éloignée de la déontologie du métier)…, idéologie dans laquelle l’Économie personnifiée entendrait appliquer ses règles (3).

    (1) Si les travaux de S. Halimi notamment (il vient de publier une nouvelle version de son livre « Les nouveaux chiens de garde » - 6 euros seulement) sont précieux, il faut veiller à ne pas focaliser uniquement sur le pouvoir qu’ont les médias sur le public, mais penser également à protéger les médias d’un pouvoir tyrannique associé au public, dans une logique marchande de la culture. La « dictature du public » qui, d’après Bourdieu, tyranise les médias, implique un problème plus vaste que la seule logique de concentration industrielle. C’est globalement la livraison des médias aux lois du marché qui pose problème (même si, hors des lois de l’économie d’autres problèmes, plus naturels, se posent). La notion proposée par Bourdieu est fortement liée à l’image qu’ont les acteurs culturels du pouvoir économique du public (Audimat), et c’est cette image, tyrannique pour les acteurs culturels, qui conduit à l’autocensure et à l’uniformisation de la pensée.

    (2) Je n’ai pas parlé de « libérale ». Bien qu’étant de gauche, je reconnais le modèle libéral comme celui qui est revendiqué par un large consensus populaire. Je ne suis pas a priori libéral, mais à l’instar de nombreux altermondialistes notamment, je me suis approprié le modèle, au nom du consensus, afin de voir surtout ce qui fait qu’il n’est pas applicable - et est dévoyé - dans le contexte présent. Je distingue bien les notions de modèle (libéral), de cadre structurel (ultra libéralisme, ou Économie émancipée du pouvoir politique des États) et l’idéologie (néo libéralisme), au sens propre du terme, qui n’est pas à prendre comme un courant politique au sens conventionnel, ni surtout comme courant marginal, mais comme la rationalité économique dominante, prégnante notamment dans le discours « pragmatique » des élus des partis « de gouvernement » (dynamique social-libérale, annoncée depuis Maastricht comme la mauvaise « 3e voix » dans laquelle s’engouffreraient les politiques du centre). Je considère par ailleurs que l’opposition pro / anti libérale ne peut plus être assimilée, depuis bien longtemps, du moins depuis 1991, pour l’Europe de la paix, à une opposition droite / gauche. Enfin, je suis disposé à répondre à vos questionnements concernant ce que vous percevez, dans le projet proposé par Étienne, comme une remise en cause du droit fondemental de la propriété privé. Il me semble que les sources de malentendus sont multiples, et que les lever demande de bien distinguer, et ce dans le contexte présent : libéralisme, ultra libéralisme, néo libéralisme, droite…

    (3) L’Économie fait le Travail ; le marché fait la culture,… ; l’esprit gestionnaire s’étend à toute la sphère publique, tandis que les idées générales (et les élites culturelles, les « vraies ») en sont maintenues éloignées ; les citoyens sont assimilés systématiquement à des consommateurs avides, à des actionnaires immoraux, délibérément abstraits, apatrides et désimpliqués des intérêts de l’entreprise, à des citoyens « pressés » qui entendraient exiger des actions toujours plus rapides des dirigeants,… et maintenant revendiquer eux-mêmes un allègement du poids de l’État au nom de la guerre économique. Cette guerre économique devrait pourtant sous-entendre à un quelconque niveau, un patriotisme économique, mais celui-ci n’est jamais explicité, « justement ». La négation de ce paradoxe encourage la dissolution de l’État en même temps qu’elle entretien la rationalité justifiant l’intérêt des puissants, soit de ceux qui profitent le plus du primat de l’économie mondialisée sur le pouvoir politique des États, à savoir ceux qui bénéficient de l’accroissement des inégalités au sein de chaque nation.


  1. Le mardi 24 janvier 2006 à 17:46, par Jérome

    « Et dire que le TCE proposait des avancées incroyables, c’est en fait carrément se foutre de la gueule du monde »

    Pour l’UE et l’ensemble de ses citoyens ! OUI, des avancées que vous avez interdites en lisant les textes idéologiquement.

    Il ne s’agit pas de regarder à courte vue, mais d’évaluer les progrès de l’histoire sur une longue durée, il faut du temps, et le temps nous a apporté des droits, des garanties, le TCe en apportait d’autres que vous avez rejetés par manque de lucidité Mr Fred de L. Vous pensez avoir bien agi ? L’histoire nous le dira ! Irons-nous vers un autre traité ? À 25 ? Un traité sous l’impulsion des français ? Vous rêvez et le mieux est l’ennemi du bien dans le cas présent. Mais personne n’a voulu l’entendre, les oeillières c’est terrible lol

    C’est vrai que j’en veux à ceux qui, comme vous, ont manipulé les citoyens.


  1. Le mardi 24 janvier 2006 à 18:08, par Fred. de L.

    Et voilà le comble du mépris : nous (les nonistes) avons été manipulés.

    Je serais chez moi, j’aurais abandonné le « parlé bien »…

    Les différents traités européens des 50 dernières années ont apporté une mise en concurrence de nos situations économiques nationales avec les différents moins-disants mondiaux. Les seuls organismes sur-protégés et qui ont le droit de l’être encore sont les institutions financières. Le reste doit être soumis à la concurrence. ÇA, c’est de l’idéologie. Et ÇA, ça figure dès les premiers articles du TCE, et partout dans tout le texte.

    Mais nous ne referons pas le débat… et ce n’est pas en continuant à affirmer vos trucs en les saupoudrant de mépris autain que vous convaincrez. Mais ça, je l’ai déjà dit. Aussi, voilà, je me tais.


  1. Le mardi 24 janvier 2006 à 21:01, par jérome

    « Les différents traités européens des 50 dernières années ont apporté une mise en concurrence de nos situations économiques nationales avec les différents moins-disants mondiaux. » Depuis que la France a adhéré à l’UE, elle réalise l’essentiel de ses échanges avec ses partenaires européens (imp/exp), elle y a bcp gagné. Ce ne sont pas les traités qui mettent en concurrence avec les soi disants moins mondiaux. « Les seuls organismes sur-protégés et qui ont le droit de l’être encore sont les institutions financières. Le reste doit être soumis à la concurrence » La concurrence n’est pas forcement une mauvaise règle ! Ensuite, la finance est soumise à la concurrence. l’UE fait aussi du protectionnisme.

    Les nonistes, pour grand nombre, ont été manipulés, je l’affirme, manipulés par des lectures fausses et indignes… Par les sondages qui sortaient tous les deux jours…

    N’oublions pas le détournement d’intérêt (allez voter contre Chirac…), et Le Pen / le Villiers qui pataugaient en pleine gloire… (nous Français et vas -y donc), et Besancenot contre le grand capital.

    l’UE, ce n’est pas la construction d’un monde autour d’égoïsmes, de racisme, l’UE est une construction de la paix, de l’amitié entre les peuples, de l’aide aux amis de l’EST pour se développer plus vite, une protection de nos femmes et de nos enfants

    La référence aux moins disants pour la France, allez donc en parler au tiers monde, aux citoyens de l’EST qui auraient bcp gagné à un oui !

    Le mépris n’est pas là ou vous croyez Mr Fred L.

    L’UE ne se contruit pas à partir du modèle français, mais ensemble à 25, c’est justement un moyen d’enlever la poutre dans l’oeil de certains français qui pourraient ainsi évoluer, n’est ce pas !


  1. Le mardi 24 janvier 2006 à 21:27, par michel974

    J’entends les arguments de Corentin et de Samuel. Mais n’entrons-nous pas dans une vision restrictive des libertés individuelles ?
    Où finit la Constitution qui régit les grands principes, et où commence la loi, orientée par les politiques choisies par le peuple souverain, de manière cyclique et en fonction de ces aspirations du moment ?
    Quelle sera la lecture d’une Constitution qui érige en principe « le contrôle des médias » dans une société où l’idée même du média évolue en permanence ? Un média n’est-il pas, par définition, une source d’information ? Par information, devons nous entendre uniquement la notion politique ? La politique n’est-elle pas dans la culture, le tourisme, le sport, en plus de la finance, de l’économie, la justice… etc. ?
    Devons-nous réécrire une autre Constitution tout aussi illisible que celle rejetée en mai dernier, qui mélangera grands principes er réglementations ?


  1. Le mardi 24 janvier 2006 à 22:11, par Laurent_K

    Effectivement, il y a un risque de réaliser un texte illisible à force de vouloir tout prévoir. Je crois me souvenir qu’Étienne avait parlé de faire un texte court.

    Néanmoins, les médias (« le quatrième pouvoir ») jouent un rôle majeur dans la façon dont les électeurs orientent leurs choix. Si les médias perdent toute indépendance sur une question (par exemple le choix de la politique économique…), un problème grave de liberté d’expression effective se pose.

    Vu les risques possibles pour la démocratie, je pense que la question de l’indépendance des médias doit donc bel et bien être abordée dans la Constitution, mais uniquement sous forme de principes généraux. Par exemple : « les médias doivent refléter la diversité des opinions de la population. Toute tentative de s’opposer à l’expression de cette diversité est contraire à la constitution ». Je suis conscient des limites d’un tel article dont les modalités d’application seront du ressort de lois et pourront donc être changées par une majorité ou une autre, mais si nous allons plus dans le détail, nous finirons par définir dans cette Constitution des choses aussi essentielles que la date des récoltes du maïs transgénique en Patagonie du sud-est ou le taux de glucose dans la patée pour chats.

    Qu’en pensez-vous ?


  1. Le mardi 24 janvier 2006 à 23:27, par Étienne

    Chers amis,

    Ne renoncez pas trop vite à réfléchir sur un point à partir de la seule crainte que l’ensemble devient trop compliqué : déterminez d’abord les principes vraiment essentiels, ceux que nous devons définir nous-mêmes parce que nos représentants ne le feront pas : il faut observer les sujets sur lesquels la loi a échoué, les points sur lesquels les parlementaires n’ont pas été capables de nous défendre et où il faut que les représentés imposent eux-mêmes leurs volontés à leurs propres représentants.
    Il faut aussi que ce soit des principes acceptables par tous les citoyens du monde, au moins tous les Européens, puisque ce texte devra susciter l’adhésion populaire.

    Jérôme, arrêtez de ressasser qu’on aurait dû dire oui : on a dit non.

    Il faut préparer la suite, on voudrait ici réfléchir nous-mêmes à ce que doivent être nos institutions, selon le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

    Allez Jérôme, ça va bien se passer :o)

    (N’y a-t-il pas d’accents à Jérôme ?)


  1. Le mercredi 25 janvier 2006 à 07:27, par jérome

    Étienne, Non pas d’accent sur le « o ».

    Préparez bien la suite , donnez vous à fond, j’ai hâte de voir le résultat !

    Pour le « non », il n’y a que deux pays sur 15, pour l’instant le « oui » l’emporte, ne l’oubliez pas.

    Attendons les 10 autres pays pour voir.


  1. Le mercredi 25 janvier 2006 à 15:42, par Jacques Roman

    Trois pays, pas deux !

    Pas deux pays, Jérome : trois pays ont dit non. Le Royaume-Uni, par l’intermédiaire du renardeux M. Blair, a de fait rejeté le TCE en décidant de ne pas tenir le référendum annoncé « puisque le Non français excluait la possibilité de son entrée en vigueur » : les résultats auraient probablement été plus négatifs au Royaume-Uni qu’en France ou aux Pays-Bas.

    Supposons que les 22 autres membres ratifient le traité : ils pourront toujours « se saisir de la question » novembre prochain (Déclaration 30 du TCE). Pensez-vous qu’ils décideront d’appliquer le TCE sans la France, le Royaume-Uni et les Pays -Bas?

    D’ailleurs, il n’y a pas 24 heures que l’Allemagne vient de se déclarer prête à négocier un traité raccourci.

    Lentement mais sûrement nous approchons de la vérité.

    De toute façon, pour son entrée en vigueur, le TCE envisageait l’unanimité, pas la majorité (voir article IV-447-2).

    Cordialement. JR


  1. Le mercredi 25 janvier 2006 à 16:38, par Jérome,

    « Plus négatifs au Royaume-Uni qu’en France ou aux Pays-Bas. »

    Certes, et les motivations des anglais auraient été très loin des motivations françaises de gauche et très proches de ceux des P.

    Ce qui montre l’incohérence du « non ».


  1. Le mercredi 25 janvier 2006 à 19:13, par Étienne

    Jérome,

    Vous dites : « Pour le « non », il n’y a que deux pays sur 15, pour l’instant le « oui » l’emporte, ne l’oubliez pas ».

    Ne faites pas comme si les parlementaires avaient le droit de transmettre (définitivement) la souveraineté qu’on leur délègue (temporairement) : leur voix en la matière ne vaut RIEN.

    En matière de transfert de souveraineté, je considère l’action politique des parlementaires nationaux comme une forfaiture, une trahison.

    Les parlementaires qui construisent l’Europe sans les peuples font comme des locataires qui vendraient la maison louée, sans rien dire au propriétaire.

    Alors Jérome, si vous êtes un démocrate, les mots ont un sens : comptez donc plutôt LES PEUPLES qui se sont exprimés : combien de oui, combien de non ?

    Et n’oubliez pas de compter aussi les scandales des pays où les représentants n’imaginent même pas de consulter directement leur peuple sur un sujet aussi capital que la transmission de la souveraineté populaire et où on prétend pourtant, sans rire, être en « démocratie ».

    Sans compter que, si l’on exigeait au départ l’unanimité (ce qui est souvent la règle pour se marier, admettez-le ;o), il est foncièrement malhonnête, après avoir échoué, d’invoquer subitement les règles de la majorité.

    Vous vous autoproclamez, dans chacun de vos messages, le « porte-parole de ceux qui ont voté non », vous qui avez sans doute voté oui, pour nous expliquer, avec un aplomb amusant, leurs (nos) « mauvaises raisons » qui rendent bien sûr leur (notre) vote nul… Quelle est donc votre légitimité à affirmer que vos opposants ont voté pour de mauvaises raisons. Ces procès d’intention, toujours eux, sont vraiment pénibles, on n’avance pas.


  1. Le vendredi 27 janvier 2006 à 18:15, par Guillaume

    Bonjour,

    Je me suis un peu perdu dans la lecture des multiples commentaires de cette note et risque donc de revenir sur un sujet déjà abordé, je m’en excuse le cas échéant.

    Il me semble que votre démarche de réflexion sur les médias oublie de faire la distinction entre la production de contenu et la [/b]diffusion[/b] de ces contenus.

    Vouloir unifier ces deux problématiques sous le terme générique de médias, parce qu’aujourd’hui ceux qui possèdent les médias sont aussi ceux qui produisent les contenus, c’est oublier que Dassault ne possède pas d’imprimerie, que TF1 ne possède pas de fréquence hertzienne (c’est une propriété de l’État) et RTL pas de portion de la bande FM.

    Autant vouloir réguler la production de contenu me paraît dangereux, autant proposer des mesures pour démocratiser (dans le sens d’autoriser un contrôle citoyen) les moyens de diffusion me paraîit être un chemin à explorer.

    Pour en reparler j’espère, Guillaume


  1. Le samedi 28 janvier 2006 à 09:22, par jérome

    « je considère l’action politique des parlementaires nationaux comme une forfaiture, une trahison. »

    Ce passage à le mérite de situer votre position !

    « des locataires qui vendraient la maison louée »

    Sauf que les locataires paient un loyer, j’ai du mal à comprendre votre analogie qui ne tient pas debout.

    « Quelle est donc votre légitimité à affirmer que vos opposants ont voté pour de mauvaises raisons. »

    Les arguments du « non » sont connus, il est donc possible de les discuter (seraint-t-ils à l’abri des critiques ?).

    Le « non » repose sur des arguments tellement variés, et surtout souvent contradictoires, qu’il est normal d’évoquer son incohérence.

    Enre le « non » libéral et le non de gauche, puis le « non » souverainiste, quel amalgame dans la tête des électeurs.

    "je ne veux pas du TCE , il est trop libéral , je ne veux pas du TCE , il est trop social

    etc. Il faut vous rendre compte, Mr Étienne.

    Quant au transfert de souveraineté (partiel), le peuple l’a voté à Maastricht, c’est le peuple qui l’a prononcé, pas les parlementaires.

    De plus, si le système représentatif ne vous convient pas, vous le remplacez par quel système ?

    Le mandat impératif ? Des mini référendums sur tout ?

    Dans ce cas, vous n’êtes pas au bout de vos surprises, surtout à l’ère de la manipulation médiatique et technologique.


  1. Le samedi 28 janvier 2006 à 09:26, par jérome

    Étienne, " si vous êtes un démocrate" : Être pour le régime représentatif est il équivalent à « ne pas être démocrate » ?

    Lorsque le parlement se prononce, il le fait au nom de la Nation tout entière.

    Le député n’agit pas au nom de ses propres électeurs, mais au nom de la Nation, il est le représentant de cette Nation.

    Ce qui représente des garanties : lisez Rousseau.


  1. Le samedi 28 janvier 2006 à 13:35, par michel974

    Il faudrait créer un thème sur les dernières européennes, ça fait fait un peu brouhaba au milieu du débat.

    Sur le contrôle des médias, une idée : Établir un code de déontologie et un ordre professionnel ayant vocation à autorisation d’exercice et contrôle du bon exercice de la profession (comme les médecins, pharmaciens, experts-comptables… etc). Ce code de déontologie couvrirait tant la pratique professionnelle que l’environnement juridique des sociétés de presse. Ainsi, toute création d’entreprise de presse, toute opération de transfert de parts sociales, ne pourrait se faire que sous l’égide dudit conseil, respectant lui-même le code de déontologie.
    À chaque conseil régional pourrait être adjoint une ‹ cellule de l’usager › composée de personnes de la société publique.
    Qu’en pensez vous ?


  1. Le samedi 28 janvier 2006 à 15:39, par Copas

    Bon, libre aux quelques partisans du OUI de continuer de mettre en cause un verdict populaire précis et indiscutable, d’en nier la validité au motif qu’eux-mêmes en estimeraient les raisons sous-jacentes floues (on se demande d’ailleurs pourquoi ils ne remettent pas en cause systématiquement toutes les élections et encore + celles qui sont plus imprécises car indirectes, en élisant des représentants…).

    Cela me peine profondement, la furie anti-démocratique de quelques ouistes en France.

    Sur les Médias :

    Je pense qu’il nous faut distinguer trois catégories :

    1. Ceux qui relèvent de concessions du domaine public, télés ou radios classiques, espaces limités dans leurs débits et qui nécessitent donc de ne pas servir de canaux de propagande uni-polaires ou possessions d’intérêts privés.

    Il n’y aurait pas de limite de largeur pour ces canaux (tout le monde pouvant alors faire une radio ou une télé), qu’il n’y aurait pas lieu de légiférer particulièrement sur la question du partage des contenus. Ceux-là doivent pouvoir être mis en cause quand ils ne respectent pas, en utilisant l’espace public (les ondes), les opinions des autres, en faisant en sorte d’en interdire de fait l’expression. Ainsi, ces derniers mois, il est frappant de constater qu’une série de débats politico-economiques, traitant de questions européennes, ont réuni d’écrasantes majorités d’invités et de présentateurs poussant des idéologies favorables à ce qui fut l’essence du TCE (discours permanents contre les droits sociaux, contre les services publics, dévaluations des principes démocratiques, etc), parfois au travers de discours haineux. Les expressions majoritaires sur ces questions ont été tues et censurées. C’est bien donc de cela qu’il faut traîter, des médias de concessions d’État. L’État, sur ces questions de délégation d’espace public, doit permettre et obliger (quand celles-ci ne sont pas respectées) à la diversité des expressions culturelles et politiques. Nous sommes infiniment loin du compte actuellement. Nous avons vu, sur ces médias, au travers de la campagne du TCE, combien il ne suffisait pas d’avoir une instance chargée de controler l’équité des expressions quand cette instance était déjà convaincue qu’il était juste et normal d’introduire une inégalité entre les citoyens. On ne peut tourner autour de la question des instances de vérification et de pouvoir pour rétablir, en force si nécessaire, l’égalité de traitement des opinions des citoyens, de la même façon que la démocratie est contrainte de disposer en permanence d’un glaive pour combattre ceux qui l’attaquent concrètement.

    Je souhaiterais, sur cette question, qu’on réfléchisse sur ces médias de concession d’espace public pour trouver des moyens respectueux des diversités culturelles et politiques, sans que ces moyens conduisent à un succédané d’ORTF sous contrôle exclusif du pouvoir politique majoritaire à ce moment.

    D’emblée il me semble mal adapté que des intérêts privés puissants (donc non régis par des fonctionements démocratiques) possèdent quelque chose qui ressort de l’espace public.

    1. Les médias nécessitant des moyens financiers non négligeables pour exister, comme les journaux, revues, hebdos ou quotidiens.

    Tout le monde ou presque qui a abordé, même de loin, la question de pouvoir créer un journal, une revue, un mensuel, etc, sait combien la puissance financière sur ces terrains fait toute la différence pour survivre. Bien des journaux, obligés de passer sous des fourches caudines d’actionnaires privés puissants, y ont perdu leur indépendance (voire leur honneur). La question de la presse est pourtant essentielle encore dans nos sociétés car s’y exprime là une partie de la chair de la démocratie. Sans débats d’idées, pas de véritable démocratie. Et pour l’instant, la presse demeure en grande partie un de ces canaux essentiels d’échange d’idées. Pourtant on a vu, ces dernières dizaines d’années se réduire considérablement la diversité des opinions exprimées (la plupart du temps pas par censures directes mais par le fait que ceux qui possèdent les journaux ont « leur » idéologie particulière); Il faut donc considérer que l’État doit avoir obligation de faire en sorte que les expressions les plus diverses puissent s’exprimer à égalité et en liberté. Ça inclut donc de mettre à disposition des ressources financières à cette fin.

    1. les Médias qui ne nécessitent pas de capitaux considérables (comme le net). Dans cette dernière catégorie, en devenir le média principal dans le monde, l’État doit avoir une tout autre logique, qui est de mettre à disposition des moyens, des tuyaux les plus gros possibles, gratuits, partout (jusqu’aux coins les plus reculés), ce qui implique de développer ses propres solutions (Wimax gratuit et public partout, WIFI gratuit et partout, câbles , etc), d’aider les citoyens à se doter de ce nouveau moyen de communication (matériellement et en termes d’apprentissage)…

    L’état, sur la question du net, doit se positionner donc sur trois créneaux : * Fournir les tuyaux les plus gros possibles, partout et gratuitement, obligation de moyens donc (sur la lancée, c’est bien la gratuité du téléphone, mobile ou fixe, qui sera également enclenchée, c’est bien également des télés et radios, ou mixs de tout cela, sites télés, radios et sites internets classiques, à très faibles coûts qui se multipliront à une échelle incroyable,…). * Protéger les libertés sur le net (interdictions brutales des espionnages privés, des systèmes d’espionnages, des DRM de toutes sortes, encadrements judicaires très stricts des espionnages publics, garanties larges des libertés d’expression, libertés complètes des programmes servant à l’échange comme les programmes peer to peer, etc.). * Favoriser la création sur le net, par les apprentissages des citoyens (et dans les établissements scolaires) à la maîtrise des outils du net, des outils de création sur le net. Aides aux créateurs d’outils de partage. Programme de la décennie en faveur de recherches sur des systèmes de traduction universels gratuits afin que les frontières de la langue tombant, l’échange des savoirs, l’échange entre les personnes, fasse un bond gigantesque en avant, qui s’abstraie (un prof corrigera la conjugaison…) des obstacles de la langue.

    Le coût de tout cela ? Moins important que la redevance télé.

    Une dernière chose : Nulle part ailleurs, sur aucun autre média, ne peut exister un débat tel que celui mené ici. Sans le net, ce type de débat aurait été forcement médié, pris en charge par des intermédiaires qui auraient nécessairement confisqué une partie du sens et de l’expression (et sans forcément avec volonté en ce sens). La question donc des médias classiques ne se pose plus exactement comme avant. Aider à la montée en puissance du net (dans les sens que j’ai proposé) permet de dépasser en partie le dilemme posé par la partialité et la surpuissance des médias unipolaires.

    La question européenne, en ce sens et sur la question du net, n’implique pas d’outils, sites européens centralisés, au contraire (sauf pour ce qui est des outils de décision), il n’y a pas raison de centraliser là, mais de permettre l’accès à tous…

    Ah, mon Étienne, si ce site là avait un système puissant et efficace de traduction automatique en 25 langues !

    Amitiés à tous…

100% d’accord avec vous

http://vaugirard.hautetfort.com/

L’Internet

Je suis d’accord moi aussi avec l’analyse de Copas (52).

En ce qui concerne le système puissant et efficace de traduction automatique en 25 langues, nous n’en sommes peut-être pas si loin que ça. Pas question bien sûr d’obtenir dans les 30 secondes une vraie traduction : mais les systèmes de TAO (traduction assistée par ordinateur) permettent déjà de savoir (probablement dans toutes les langues officielles de l’UE) à quoi s’en tenir sur le contenu d’un texte, et donc de décider s’il y a lieu d’aller plus loin - et c’est, je crois, le principal.

Sans compter que la traduction automatique est une source constante d’amusement. Par exemple la fameuse traduction (en anglais) « us airplanes », correspondant à l’original français « nous avions », ou bien « reprocessed translator », pour « traducteur retraité » (dans un de mes textes - mais était-ce tellement loin de la vérité?)

Je m’écarte du sujet.

Cordialement. JR

Je pense que le pouvoir médiatique, qui n’a aucune légitimité, exerce une puissance d’autant plus grande que le pouvoir du peuple lui-même est diminué :

Plus le peuple (excusez-moi d’utiliser ce mot dangereux…) est éloigné des commandes, via une représentation tordue (pas de représentation proportionnelle, etc.), plus les pouvoirs tombent entre les mains de manipulateurs « intéressés ».

Le juge est soumis à la pression médiatique, laquelle lui intime certaines « injonctions »… ce que les mots « tolérance zéro » signifient et toute l’idéologie qui rampe derrière les paravents populistes, cela est possible grâce à ce pouvoir médiatique non officiel mais effectif.

Sur internet, les rumeurs peuvent aller aussi bon train, mais on se parle, et la vérité se fraye son chemin malgré l’anonymat, car les gens sincères sont l’immense majorité.

Il n’empêche, je pense que nous devons rester vigilants et critiques : il n’y a qu’à voir combien de malentendus peuvent surgir.

Je pense qu’il est précieux de pouvoir réfléchir avec autrui.

Ce forum tiendra la route !

La protection des médias face aux pouvoirs économiques n’entend-elle pas justement que c’est aux pouvoirs politiques, seuls pouvoirs légitimes, de légiférer SUR LE MODE DE FINANCEMENT des médias ?

La liberté de la presse, initialement, se conçoit par opposition à la censure politique.

Aujourd’hui, nous savons que la censure économique est devenu un fléau terrible, un générateur de « pensée unique », mais même, que l’asservissement des médias de presse aux lois du marché conduit à affaiblir leur capacité à remplir leur rôle de contre-pouvoir politique.

Mais je souligne le concept de propagande patronale énoncé par Étienne, pour dire qu’IL NE FAUT RÉDUIRE À CETTE SEULE NOTION LE PROBLÈME DE LA DÉPENDANCE DES MÉDIAS DE PRESSE AUX POUVOIRS ÉCONOMIQUES.

Distinguons déjà ce qui peut l’être :

  • Collusion directe entre pouvoir politique et médiatique :
    Interdire la possession simultanée de pouvoirs politiques, économiques, et de médias de presse.

  • « Propagande (et censure) patronale » (comme je l’interprète) :
    Interdire la concentration de médias de presse aux mains d’une seule entité économique, d’un faible nombre de possesseurs et/ou de firmes transnationales, qui ne sont pas soumis au droit national.

* La question des marchands d’armes détenteurs de médias de presse était déjà posée depuis 1945. On a recommencé les plus grosses âneries… :

[i]- M. Dassault est maire, marchand d’armes, pilleur de bien publics (le Rafale est un gouffre qui dépasse de loin celui du Crédit lyonnais), qui n’a aucun scrupule a vouloir créer une presse « libérale », pour combattre les journalistes qui « ne savent pas quels sont les vrais enjeux » et ne songeraient qu’à mettre des bâtons dans les roues des manitous de la finance.

  • M. Lagardère est 3e éditeur mondial, employeur de cadres de presse néolibéraux, (toujours ?) président du directoire d’EADS, entreprise que le gouvernement Jospin, alors qu’il instaurait des mesurettes (déjà oubliées et largement contournées) plafonnant les parts d’industriels dans les médias de presse, a refourgué pour pas cher au groupe de celui-là même dont Jospin se plaignait encore, cet été (« Le monde comme je le vois », chap. ‹ de la nouvelle aristocratie ›) qu’il était, en tant que magnat de la finance, détenteur de nombreux organes de presse français…[/i]

Il faut être très clair en la matière : À PROSCRIRE COMPLÈTEMENT.

Qui vend du choc des civilisations et du retour à l’Ancien Régime ?

Mais globalement, qu’y a-t-il de plus vendeur, en audimat, que la haine, l’ignorance, de la bêtise, la peur ?

Il ne faut pas arrêter la question de l’indépendance des médias face aux pouvoirs économiques au problème de la « propagande / censure patronale » dont parle Étienne.

Il ne s’agit pas de négliger le phénomène, mais c’est un danger courant que de tomber dans cette simplification. Et en ce sens « il faut se méfier de la critiques des médias » (pour citer P. Bourdieu, je crois - je confirmerai).
(Repris du blog) Les travaux de S. Halimi, P. Carles, Actimed,… sont précieux[b] mais ne concernent qu’un aspect de la question du couple médias / pouvoirs économiques.

  • Les phénomènes de concentration industriellesont en eux-mêmes une plaie pour la qualité et la diversité de l’information.

Ils entraînent une logique de compression des ressources / réduction des coûts / précarisation du personnel.

En particulier :

  • Il faut réfléchir aux moyens constitutionnels de combattre la généralisation de la précarité du travail des journalistes. Notamment celle du pigisme.

  • Il faut partir des codes déontologiques de la profession, pour réfléchir aux moyens de protection. Mais je dirais même qu’il faut les faire reconnaître par la Constitution, et les citer.

Plus généralement, il faut veiller à ne pas focaliser uniquement sur le pouvoir qu’ont les médias sur le public, mais penser également à [color=purple]protéger les médias d’un pouvoir tyrannique associé au public, dans une logique marchande de la culture.[/color][/b]

[b]C’est bien une « dictature du public » qui, d’après Bourdieu, tyrannise les médias. La notion proposée par Bourdieu est fortement liée à l’image qu’ont les acteurs culturels de l’Audimat, et c’est cette image, tyrannique pour les acteurs culturels, qui conduit à l’autocensure et à l’uniformisation de la pensée.

« Il faut lutter contre l’Audimat au nom de la Démocratie » (Bourdieu) est une sentence qui parle d’elle même.[/b] Et qui renvoie à l’idée d’une confusion progressive, vu d’un journaliste, de l’Audimat et de l’Opinion publique…

Si le problème implique d’autres facteurs, plus naturels, [color=blue]c’est globalement la livraison des médias aux lois du marché qui pose problème.[/color]

Le premier facteur, au sens propre, semble bien être la nécessité d’un système de financement par répartition.

Il faut réfléchir également à la question de la PUBLICITÉ dans le contexte général. Et combiner notamment à cette réflexion celle du financement des médias de presse.

La réflexion que je propose en la matière (placée à l’heure actuelle sur le volet « rendre certains services publics indépendant du pouvoir exécutif ») vise à limiter les investissement en publicité des enseignes en fonction de leur niveau de « morale économique » (management inhumain, inégalités salariales, exploitation à l’étranger, niveau de collusion avec des actionnaires désimpliqués et avides) ce qui a priori conduirait (entre autres) à soumettre d’autant moins les médias de presse à la pression des anonceurs que ceux-ci ont « des choses à cacher » aux défenseurs des droits et des libertés.

Globalement d’accord avec Copas (52). Pour revenir sur le blocage des langues :

Comme spécificité européenne, du fait de la diversité des langues (qu’il faut préserver tout en remédiant aux blocages que cela crée) : il faut réfléchir aux moyens constitutionnels de favoriser voire prescrire des chaînes européennes, traduites dans toutes les langues. Des chaines qui permettent de développer une culture européenne « d’unité dans la diversité ».

Des peuples qui parlent à des peuples, pour que l’UE ne soit plus réduite à Bruxelles, aux Chefs d’États, aux têtes d’affiche des FMN vaguement domiciliées en Europe, et aux cadres-journalistes pseudo politologues dont ils sont les interlocuteurs privilégiés.

En particulier, pour ce qui nous est cher ici, il faut songer à ce que l’aspect langues et médias nationaux (je n’ai pas dit « nationalisés ») crée de blocage pour le processus constitutionnel.

Forts de (abatus par…) l’expérience du débat référendaire français, dans des médias qui ne montrent de l’UE que Bruxelles, et ne font entendre des voix des peuples que celles de leurs représentants, d’un tableau où on a vu des cadres de médias dont le parcours n’est pas spécialement celui d’européistes convaincus, mais qui se mettent à vendre de l’Europe depuis que la voie royale au néolibéralisme est tracée, de pseudo économistes, politologues ou sociologues agitateurs (en positif ou négatif) d’absurde patriotisme économique qui ont passé leur temps à diaboliser le souverainisme de peuples présenté comme ringuard, récationnaire, alors qu’il est parfaitement légitime dans le contexte : les seules Constitutions qui existent sont nationales, jusqu’à nouvel ordre.

Bref, il faut voir que les mêmes qui ont monté les peuples européens les uns contre les autres (même si cela est d’abord affaire de pouvoir d’audimat) sont ceux-là qui ont souvent appuyé le projet de T"C"E. Diviser pour mieux (faire) régner (qui règne).

Si Étienne est intéressé par un passage en .org à moyen terme, ne peut-on pas se charger, chacun, de traduire en anglais (si un pour deux s’y colle, c’est déjà suffisant) ?

Je découvre cette longue discussion et ne répond pas forcément.

La question des médias peut-elle être institutionnelle sans tomber dans les travers de la propagande étatique ?

La liberté de l’information doit passer par la multiplication des canaux locaux (TV, Internet). Il faut imaginer une libération législative qui permette un saut quantitatif comparable à celui des radios libres en 1981, mais concernant la télévision.

Concernant l’accès de tous à Internet, ne peut-on imaginer l’accès via la télévision aux pages webs ?

L’évolution des moyens techniques fait que chacun devient à terme un média. Ce qui est évidemment bénéfique, mais pose aussi un problème à terme : peut-il encore exister des médias fédérateurs, des lieux de pensée en commun ?

Il me semble donc que l’intervention constitutionnelle en terme de médias doit se limiter au minimum : accès des associations, des quartiers, des popualtions aux médias modernes, interdire la censure sur internet (sauf cas définis par la loi comme aujourd’hui).

Dernier point : toute institution type CSA (ou CSM) me semble illusoire, sauf à revoir non seulement son fonctionnement mais aussi et surtout son mode de nomination.

Le problème vient aussi des journalistes eux-mêmes qui ne font plus le travail qui consiste à recouper les sources, mais qui « éditorialisent » et commentent donc partialisent le contenu de leur enquête au moment même où ils disent la livrer de façon "objective " au public.

Dès lors, ils ne se conduisent plus comme des journalistes, mais bel et bien comme des politiques.

Sur la partie ‹ blog › de ce site, Kazoo relève très justement (http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2006/04/05/33-prisonniers-du-gouvernement#c603) une difficulté importante et il me demande :

« Comment veux-tu représenter institutionnellement le pouvoir médiatique ?
Ensuite, comment le diviser ? »

Il me semble que c’est ici qu’il faut en parler.

Pour l’instant, je ne suis pas sûr qu’il faille absolument identifier chaque média pour les contrôler tous.

On peut sans doute contraindre tous les médias ensemble en créant des contraintes de service public, une espèce de [bgcolor=#FFFF99]cahier des charges de l’information des citoyens[/bgcolor] que TOUS les médias devraient respecter.

Encore une fois, on trouvera dans la Constitution du Venezuela (http://etienne.chouard.free.fr/Europe/ConstitutionVenezuela.pdf) des idées passionnantes : objectifs généraux d’émancipation des citoyens rappelés partout, obligation générale pour les télévisions de réserver des plages horaires aux associations, etc.

Le marché et l’élimination des élites culturelles (l’idéologie contre l’autorité) - 1

"[i]Le problème vient aussi des journalistes eux-mêmes qui ne font plus le travail qui consiste à recouper les sources, mais qui "éditorialisent" et commentent donc partialisent le contenu de leur enquête au moment même où ils disent la livrer de façon "objective " au public.

Dès lors, ils ne se conduisent plus comme des journalistes, mais bel et bien comme des politiques[/i]."

(Psydoc13 - message n°496)


Je suis tout à fait d’accord. Et je trouve surtout que le propos dénote deux problèmes entremêlés : d’une part, le bâclage du travail ; d’autre part, la révérence politique, dévoiement et inversion du rôle de contre-pouvoir.
Et l’union des deux phénomènes constitue un parfait exemple d’application de l’idéologie néolibérale : dans l’idéologie (lorsqu’elle règne), vous avez à la fois : la marque culturelle de la domination des règles des puissants ; l’élimination de l’opposition dans la sphère publique ; la confusion du pouvoir politique et de l’autorité politique. En l’occurrence (le néolibéralisme n’est pas comme le nazisme ou le stalinisme), « la marque culturelle de la domination des règles des puissants » ce sont les lois du marché. En particulier : les lois de l’audimat, d’une part ; les divers phénomènes engendrant la précarisation du travail, d’autre part (restructurations, compressions, travail à temps partiel, flexibilité croissante - bien sûr, le pigisme forme un problème considérable) qu’on trouve dans toute entreprise.

Or, ni la dictature de la majorité (lois de l’audimat) ni la précarité du travail ne sont choses supportables dans le domaine journalistique. En substance, la servitude économique des médias d’information a pour conséquence inéluctable la perte de la capacité du journalisme à assurer son rôle. Ce seul fléau, déjà résumé dans le titre du volet, suffit à tuer le journalisme, à le mater vis-à-vis du politique.

  • Concernant le travail bâclé : si on laisse de côté le processus de sélection des directeurs d’information en fonction de leur adhésion idéologique, processus similaire à celui qu’on trouve depuis plus longtemps dans la sélection des cadres sup. de l’industrie (puis peu à peu, celle des cadres moyens et même des salariés « exécutants ») on sait que ce problème dépend essentiellement de la précarisation du travail, non pas du fait que la profession est infestée d’incapables, de mauvais journalistes dénués de scrupules et de curiosité.

Etienne vient d’écrire :

« Il reste encore beaucoup de journalistes honnêtes et généreux : j’en ai rencontré plein ! Ce qui les bride, c’est souvent qu’ils sont précarisés, dominés, parfois carrément muselés par une direction malhonnête, et il faut peut-être les aider à nous donner la parole en la réclamant avec plus d’insistance, non ? »

(Etienne - n°1213 - volet « aidez-moi à vous aider ») - http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=1213#p1213

Je reprends justement ici la discussion tenue sur le volet « aidez-moi à vous aider », parce que ça devient hors sujet là-bas. Et je me suis promis de venir mettre les bouchées doubles ici, c’est si important.

« On se fait voler la démocratie par les marchands. » (Etienne - 1213)

« les marchands », c’est le mot. Au présent, il existe un réel processus d’élimination des intellectuels de la sphère publique, élément essentiel de l’imprégnation idéologique et de la dictature… du marché, et justement, les lois du marché remplacent très efficacement l’élimination physique des individus.

La base du problème est extrêmement simple à comprendre : la Vérité ne fait pas recette ; l’ignorance, la peur de l’autre, la haine, la violence, … sont très vendeuses. En un mot, la culture doit être protégée de la dictature de la majorité.

Le marché et l’élimination des élites culturelles (l’idéologie contre l’autorité) - 2

La position des médias est déterminante : ils sont ce qui nous lie au culturel comme au politique, à l’autorité comme au pouvoir. Bourdieu a expliqué (Sur la télévision) que la corruption de ce champ par les lois du marché engendre la corruption des divers champs culturels. Le champ politique y compris.

Ce qui est plus grave encore, c’est que parmi ces champs se trouvent des communautés intellectuelles qui incarnent l’autorité. Or, ces champs constituent une protection capitale pour la société, la société doit en retour les protéger.
Ce qui fait que les communautés scientifique, philosophique, littéraire, sont, doivent être garantes - et ne peuvent plus l’être au présent, et peu à peu depuis le début du XXe siècle - de l’ « autorité culturelle », c’est que leur structure interne elle-même a des règles précises, avec lesquelles on ne saurait transiger sous peine de conséquences dramatiques pour la démocratie :

  • une de ces règles est la continuité historique :

    • la démarche scientifique « bâtit sur du roc », et on construit avec les briques laissées par les travaux des prédécesseurs (l’einsteinisme lui-même est un mythe, il s’agit avant tout de l’héritage direct ou indirect d’un grand nombre de gens - la théorie d’Einstein n’aurait jamais vue le jour sans Bohr, Schrödinger, … et même Newton.)
    • la philosophie est tellement axée sur l’héritage des prédécesseurs que non seulement, les « maîtres » de l’époque de la Renaissance tiennent une place considérable dans l’enseignement comme dans la recherche, mais que ceux de l’antiquité, Platon en tête, sont omniprésents. Leur production trouve une reconnaissance énorme chez tous les philosophes. Cela peut surprendre, mais le mythe catholique du paradis et de l’enfer constitue une… prescription de Platon lui-même ! [1]
  • une autre est la reconnaissance des pairs, la reconnaissance mutuelle de la valeur des productions des uns et des autres. L’autorité ne se commande pas. Un individu, dans ces champs, incarne une autorité précisément parce que l’assemblée interne à ces champs (non pas la multitude des citoyens, et leurs intuitions) leur reconnaît une autorité. Ce sont des champs où l’on fait ses preuves, dans les règles de l’art.

La religion constitue historiquement un de ces champs, et répond plus ou moins à ces deux critères.
Mais il est illusoire de croire que l’autorité est morte avec l’élimination de la religion du domaine politique. Les philosophes des Lumières, les fondateurs des démocraties occidentales (« 2.0 ») ne sont pas les responsables de ce terrible phénomène que constitue la destruction de l’autorité. [1] C’est illusoire, mais surtout affreusement dangereux pour la démocratie. Bien entendu, cela arrange les néo conservateurs de le marteler, à maints égards. Et force est de dire qu’ils sont en position de distiller cette idée. Entre le début du XXe et aujourd’hui, il s’est passé beaucoup de choses. Et un siècle de régimes caractérisés par la domination idéologique. Mais le spectateur a la mémoire courte. De « Voyez le résultat, à présent qu’on a tué Dieu » à « la démocratie, finalement, n’est pas une bonne chose, on en revient », il n’y a qu’un pas (la démocratie, c’est bien sûr ce qu’on est supposé avoir sous les yeux…) Il n’y a qu’un pas lorsqu’une idéologie règne. Qui plus est une « idéologie pure », c’est à dire que ses prémisses sont elles-mêmes essentiellement de nature économique.

Ce qui a tué l’autorité, c’est la soumission des champs culturels à la dictature de la majorité liée aux lois du marché.
Et celle-ci a elle-même été largement engendrée par la soumission des médias à ces lois.

Il faut lire Bourdieu : [u]Sur la télévision[/u] ne coûte quasiment rien, se lit en deux heures, et parle à tous. Ajouter ses deux courts volumes de [u]Contre feux[/u], petit manifeste anti-néolibéral, où il revient un peu sur le sujet (et la réaction des journalistes à son oeuvre précédente).
Bourdieu fut un pédagogue énorme. Et un des grands initiateurs du mouvement social européen. Il a plaidé pour un mouvement des communautés d'intellectuels, de scientifiques, de philosophes, qui ont un rôle d'éducation populaire considérable. À peine dix ans plus tard, on sent le poids que ce très grand monsieur a eu. R.M. Jennar explique en introduction de son [u]Europe, la trahison des élites[/u], que ce livre est en quelque sorte une commande de Bourdieu, qui mourut peu après. Mon frangin m'a parlé de l'effet incroyable qu'a eu sa mort parmi la communauté des philosophes (qui a essuyé de nombreuses pertes, ces dernières années). Mais voilà, toute cette réalité n'a pas d'existence dans [s]nos[/s] les médias du grand marché.

[1] Hannah Arendt, La crise de la culture, Qu’est-ce que l’autorité ?

Le marché et l’élimination des élites culturelles (l’idéologie contre l’autorité) - 3

Etienne a évoqué la constitution du Venezuela. Pour mémo, j’en ai rappelé (par extraits et résumé) certains articles concernant les domaine social – culturel - économique. http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=1151#p1151.

Voir notamment les articles : 100, 101, 108 ; plus largement : articles 99 (culture), 109 (autonomie des champ scientifiques universitaires), 110 (Etat et financement de ces derniers), 113 (interdiction généralisée des monopoles).

En conclusion de ce long message, que j’ai découpé au mieux en trois volets…, je tiens à répondre au problème soulevé (tel que formulé) repris dans le message d’Etienne - 604 - http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=604#p604) :

"[i]Comment veux-tu représenter institutionnellement le pouvoir médiatique ? Ensuite, comment le diviser ?[/i]" (Kazoo - blog)
NON, les médias ne sont pas des pouvoirs publics. Il n'y a pas à les "organiser" et les "séparer". Il y a à les protéger des pouvoirs politiques et économiques. L'intitulé de ce volet fait déjà une ébauche d'article essentielle, sinon suffisante.

Voir ma conclusion.

[i]On peut sans doute contraindre tous les médias ensemble en créant des contraintes de service public, une espèce de cahier des charges de l'information des citoyens que TOUS les médias devraient respecter[/i]. (Etienne - 604)
[b][color=red]Une bonne chose, une vraie garantie, serait déjà qu'une ou plusieurs charte(s) de la déontologie journalistique édictées et adoptées au XXe siècle soit reconnues et affirmées par la constitution.[/color][/b] On en trouve plusieurs - voir liens sur le site d'ACRIMED.

Pour le reste, ajoutez des éléments qui ne concernent pas le fonctionnement du champ journalistique, son organisation, mais son INDEPENDANCE juridique et financière. On touche à plusieurs aspects qui ne consiste pas en une ingérence dans l’organisation sociale de la presse, mais les « interfaces » juridique et économique de ce champ. En particulier :

  • la protection de l’Etat au plan juridique : garantie de l’indépendance, de l’autogestion de la presse, du droit particulier à la protection des sources (traiter aussi la question du secret de l’instruction) ;
  • la protection de l’Etat au plan financier : cela concerne déjà la reconnaissance de la culture comme un bien essentiel de la société, et l’engagement de l’Etat à soutenir financièrement sa production ;
  • des règles d’attribution des fréquences, espaces de diffusion, sur le « territoire », de la production d’information.
  • Un exemple : je considère en particulier qu’il faut étudier la question de l’interdiction pure et simple du pigisme. Mais pour abolir un phénomène, on peut aussi prendre le problème « par les bords ». De quoi relève ce problème ?
  • si j’ai bonne mémoire, le travail précaire (et même, le pigisme) a dû être décrété inacceptable dans au moins une charte déontologique du journalisme. Je vérifie ça rapidement.
    Je sais en tous cas qu’il est dit qu’un journaliste doit avoir assez de revenu pour n’être pas tenté de dépendre de « dons » de gens susceptibles d’être mis en cause par son enquête. C’est un autre aspect, mais le problème des revenus du journaliste est posé.

    Comment ces champs serait-ils amenés à se choisir comme cadres des mauvais ouvriers, des arrivistes, ou des productivistes, des gens qui font l’apologie de la précarité ou encouragent celle-ci :

    • si l’Etat protège financièrement ces champs culturels (en particulier, en imposant un système de financement par répartition) ? Le pigisme, c’est quand le journaliste ne travaille plus à la commande, mais doit convaincre son éditeur. Le problème n’est pas tant la morale de l’éditeur, mais que l’éditeur, au présent, doit vendre.
    • si l’autorité d’un individu journaliste ne tient qu’à la reconnaissance de ses pairs, et non à des facteurs économiques, d’une part, et au jugement de toute la société d’autre part ?
    • si ces communautés culturelles protégées / protectrices de journalistes décident elles-mêmes de l’organisation du travail, non pas en s’en remettant à des cadres de production industrielle, de pros de la com’ ou autres, mais à des gens du métier, quelque soit leur poste dans la production ?
  • La question de la concurrence pour le scoop vendeur est aussi un fléau. Bourdieu a montré que paradoxalement, la lutte pour le scoop est un facteur important d’uniformisation de l’information des divers médias : déjà, vous êtes esclave du critère d’audimat (sujet « vendeur / pas vendeur »), mais pire, pour savoir ce que les autres n’ont pas fait, il faut passer son temps à regarder ce qu’ils font… Pour un scoop, combien d’imprégnation bien compréhensible (sans doute en bonne part inconsciente) et à peu de frais ?
    C’est là une des raisons - les autre sont le manque de moyens et l’urgence permanente de l’info - qui fait que les médias consacrent le gros de leur production à se recopier les uns sur les autres.
    À l’analyse de Psydoc13 (message n°496), il n’est pas inutile d’apposer celle-ci.

S’il y a à réglementer les médias d’information, je dirais - tout cela doit être creusé, développé - que :

  • sur le plan strictement financier, il s’agirait presque de considérer les médias comme un service public.
    D’un point de vue général, celui du statut privélégié de la culture, voir la formulation de l’article 110 de la constitution du Venezuela.
    Il me semble essentiel de discuter de modes de financement par répartition, à divers niveau : subvention directe de l’Etat, des collectivités locales ; redistribution du produit des ventes ; critères pour garantir la diversité, critères de répartition ; question de la publicité …

  • hors de l’aspect financier, il s’agirait essentiellement de garantir l’autonomie de ce champ et de le protéger sur le plan juridique. Il me paraît est essentiel de laisser à la communauté des journalistes leur autonomie, leur souveraineté dans la désignation de leurs élites, cadres et représentants, ce en contrepartie de la reconnaissance de leur charte déontologique, qui vaut pour les droits mais surtout les devoirs de la profession.
    Même si le journalisme n’est pas une structure incarnant l’autorité (il ne constitue pas une communauté scientifique, littéraire, philosophique) mais une qui nous lie à ces structures, il faut tout à la fois protéger / compter sur la protection de ce champ culturel tout comme il faut le faire pour les champs culturels dont on attend qu’ils incarnent l’autorité.
    Voir à ce sujet la formulation de l’article 109 de la constitution du Venezuela, concernant l’autonomie des universités.

[color=purple]Menaces sur « Là-bas si j’y suis »

Cette émission chère à Étienne (entre autres) risque fort d’être quasiment muselée en septembre…

http://www.la-bas.org/petition/index.php?petition=5

http://www.acrimed.org/article2389.html

Réagissons ![/color]

Le marché ne s’est pas (encore) totalement substitué aux bonnes vieilles règles de l’élimination des intellectuels

Merci beaucoup à Candide (encore une fois) pour les fraîches nouvelles du front.

Ce qui arrive à France inter (depuis 2 ans bientôt, je crois, mais là c’est le pompon) est assez effrayant.

Pour ce qui concerne plus globalement ce volet je constate que mon (long) triptyque précédent, sans - j’espère - trahir les propos de Pierre Bourdieu, ne suffit pas à décrire les fléaux qui touchent la presse.

Je me suis exclusivement axé sur la seconde partie de l’intitulé de ce volet (la protection contre les pouvoirs économiques). Et sur une partie seulement de la question. Pour parler d’un processus d’élimination des intellectuels de la sphère publique, dans lequel les lois du marché remplacent efficacement l’élimination physique des individus.

La limite, pour ce qui concerne mon analyse-, c’est que Là-bas si j’y suis est une émission tout à fait rentable, semblerait-il… (500 000 auditeurs en moyenne). Bien sûr, je ne veux faire d’insulte à personne en ne retenant que cette « qualité » dont je me fiche bien.

En parlant de rentabilité, un extrait que j’ai pioché sur le site de l’ACRIMED - dans le même dossier, France Inter - (http://www.acrimed.org/article1630.html) :

"Stéphane Paoli, responsable de la tranche horaire de 07h00-09h00, rend un hommage appuyé à son directeur : « Puisque Jean-Luc Hees s’en va, je veux lui dire mon estime et mon amitié, parce que c’est un grand directeur sous le mandat duquel (…) nous avons connu les meilleures audiences de l’histoire de France Inter. » "

Je pense que cela se passera de commentaires. Maintenant, il est bien évident que le chiffre d’audience de Là-bas si j’y suis ne dit rien de la capacité de nuisance - sans doute terrible - qu’a cette émission au regard de pouvoirs économiques… qui brassent énormément plus d’argent que le budget de ladite émission, et bien plus que celui de tout France Inter, de Radio France, du « service public » audiovisuel… et même, potentiellement, celui du service public tout court. (Je me rappelle cette phrase de Dominique Voynet, il y a quelques années, lue dans Charlie Hebdo (de mémoire) : « On râle constamment sur les Parlementaires en matière de décisions économiques. N’oublions pas que le budget, c’est seulement 3% du PIB de la France »…)

Donc je tiens à préciser que jusqu’ici, je ne me suis penché, concernant le problème de la dépendance aux « pouvoirs économiques », que sur divers phénomènes liés à la gestion de la Presse comme une simple industrie du grand marché. Pas sur les orientations politiques des décideurs de l’économie, en termes de censure et de propagande.

Il y a ce que Jospin appellerait les « alliances objectives d’intérêt » entre décideurs économiques et décideurs politiques. Celles qui se passent de petits ou grands complots, de communication, même. Et puis il y a des choses qui commencent à faire flipper sérieusement. Il y a ces réunions secrètes de l’association Bilderberg, par exemple (voir l’article "La rencontre des leaders mondiaux dont la presse ne vous parle pas » - http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=2464 – signalé par Étienne dans les « Liens et docs »).
Il y a un article du Monde Diplomatique (de janvier 2006, je crois) intitulé « Ecodémocratie ou écofascisme » qui fait état de discussions… voir le titre de l’article, 2e partie… dans un de ces cercles, celui-là même, peut-être.

Pour en revenir à nos moutons, sans insinuer que j’explique tous les maux de la Presse, avec mes précédentes interventions, je n’enlève pas ce que j’ai écrit. Pas même ceci : « […] la servitude économique des médias d’information a pour conséquence inéluctable la perte de la capacité du journalisme à assurer son rôle. Ce seul fléau, déjà résumé dans le titre du volet, suffit à tuer le journalisme, à le mater vis-à-vis du politique. »

Mais je tiens à poursuivre avec la première partie de la problématique de ce volet, la protection des médias de Presse contre… les pouvoirs qu’ils ont justement vocation à contrer, les pouvoirs politiques.

J’entame donc un peu plus vite que prévu ce que je voulais faire depuis quelques temps. Voir mon message suivant.

Les médias de presse doivent (aussi, toujours) être indépendants des pouvoirs politiques

[i]Extrait du numéro 2 de [/i]Plan B[i] (ex- [/i]PLPL[i]), page 19 :[/i]

"En 1928, Léon Blum avait exposé son programme pour un service public de l’information généraliste, sans s’attarder toutefois sur les détails précis de sa mise en œuvre :

« [i] Les journaux seraient publiés par les soins et sous la responsabilité des partis politiques. Il suffirait qu’un parti fût représenté au Parlement pour participer de droit au service. Le service public fournirait les locaux, le matériel d’impression, des budgets de rédaction équivalents. Il centraliserait la publicité commerciale et la perception de toutes autres recettes de publicité. Toute intrusion d’intérêts quelconques dans la rédaction serait frappée des mêmes peines que le trafic d’influence et la corruption de fonctionnaires. Le service assurerait également le transport, la distribution, la vente au détail des journaux. Bref, le handicap entre les journaux n’aurait d’autres éléments que la qualité de la rédaction, l’originalité de la présentation, et surtout la force de rayonnement du parti auquel il se rattache.[/i]»"


Concernant le problème de l’indépendance des médias face aux pouvoirs économiques, l’idée de Léon Blum est plutôt alléchante.
Le problème – de taille ! - : il me semble extrêmement choquant que le droit d’assurer le service public de Presse soit laissé (plus exactement réservé exclusivement) aux… partis politiques
.

Il y a deux types de raisons pour lesquelles cette idée me hérisse le cheveu.

1) Les partis sont des organisations politiques qui élisent parmi leurs membres des candidats aux pouvoirs politiques. Il y aurait tout bonnement collusion potentielle (mais potentiellement constante…) entre pouvoir et contre pouvoir politiques ! En somme, et sans trop faire de raccourci, la proposition de Blum n’a de sens que :

a) si l’on se berce d’une vielle illusion et [b]si l’on croit que la concurrence des partis suffit à assurer l’équilibre des pouvoirs.[/b]

b) [b]si l’on n’est pas trop exigeant sur la diversité politique, et qui plus est, si l’on prie très fort pour qu’à l’instant t, la majorité parlementaire soit de droite quand le gouvernement est de gauche, et inversement[/b]… Et qu’advient-il si le Gouvernement émane du Parlement ?… Cette question touchant à la diversité des médias de Presse se trouverait liée… à un choix de base sur les institutions ! 
Extraits de la [i]Déclaration des devoirs et des droits des journalistes[/i], dite « [i]Charte de Munich [/i]» (1) :
  • « Reconnaissant le droit en vigueur dans chaque pays, le journaliste n’accepte, en matière professionnelle, que la juridiction de ses pairs, à l’exclusion de toute ingérence gouvernementale ou autre.

  • « Le journaliste ne peut être contraint à accomplir un acte professionnel ou à exprimer une opinion qui serait contraire à sa conviction ou à sa conscience. »

(1) Voir sur le site de ACRIMED – lien direct ? ; les citations sont trouvés séparément : http://www.acrimed.org/article2329.html - Charte signée les 24 et 25/11/1971 par les représentants des fédérations syndicales de journalistes de la Communauté européenne, de Suisse et d’Autriche, ainsi que par diverses organisations internationales, comme la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) et l’Organisation Internationale des Journalistes (OIJ).


Voyons l’article 3 de la Charte de Munich, soit la 2e citation de l’encadré ci-dessus…

… tiens donc. À présent, quelques extraits du message de Frédéric Bauer, dans le volet qu’il a ouvert (« 18 Pour une République civile » - message n°1166 - (http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=1166#p1166).

Tout d’abord, Frédéric a eu la bonté de nous rappeler ceci :

« [i][color=purple]Que s'est il passé dans le cas du CPE ? Le premier ministre a fait usage du 49.3 […] Apparemment, les députés ont trouvé ce genre de méthodes tout à fait normales, vu que le projet est tout de même passé... Ensuite seulement 3 députés UMP ont voté contre le texte sur les 300... Aussi peu de diversité politique, même au sein d'un même parti, est inquiétant, d'autant qu'a priori, le CPE n'est pas le type de texte à faire l'objet d'un tel consensus, même à droite, vu les reculs qu'il représentait... Cela doit bien faire longtemps qu'un projet d'un gouvernement ayant majorité à l'assemblée n'a pas été refusé par cette dernière. Nos députés voteraient-ils pour un projet juste parce que le gouvernement qui le propose est du même parti qu'eux ?[/color][/i]»
Ensuite, Frédéric fait une proposition que je trouve formidable, même si elle mérite sans aucun doute pas mal de travail et de débats pour se concrétiser. Extraits de son message, que je tiens à donner ici pour la continuité du propos :
« [i][color=purple] […] [b]remplacer le Sénat par une instance, la Chambre des Citoyens, constituée de personnes appartenant à la société civile[/b] ayant la possibilité de proposer des lois à l'Assemblée au même titre que le Gouvernement, de s'assurer de la tenue des promesses électorales par le Gouvernement et également, comme c'est le cas aujourd'hui pour le Sénat, de voter les lois passées à l'Assemblée. […] Afin d'éviter l'utilisation des Chambres par une organisation quelconque, [b]les membres d'une Chambre, excepté ceux ayant une loi à proposer, seront choisis par tirage au sort dans une liste de personnes s'étant préalablement portées volontaires[/b]. [/color][/i]»
J’ai déjà trouvé d’autres raisons – et pas des moindres - d’appuyer cette géniale initiative… Et bien ma foi, j’ai eu la chance de lire son message peu après avoir lu la citation de Léon Blum (et m’être abonné à [i]Plan B[/i]).

[b]Le tirage au sort de ces nouveaux Parlementaires présente un avantage considérable pour ce qui nous concerne ici. Mais le problème subsiste qui est que ces Chambres de citoyens ont vocation à contribuer à l’écriture des lois

Cela ne me paraît pas être un problème insoluble pour autant : il suffirait peut-être que les citoyens tirés au sort pour voter les lois ne soient pas les mêmes que ceux tirés au sort pour, comme l’écrivait L. Blum, « participer du droit au service » « public de l’information généraliste ».[/b]

Rappelons, pour finir sur ce point, deux éléments importants de la proposition de Frédéric, quand à la fonction qui nous concerne ici :

  • la diversité régionale. Ces nouveaux Parlementaires seraient issus des régions, à l’instar du Sénat, qu’ils remplacent, et sans aucun doute, plus représentatif des citoyens de ces régions ;
  • la diversité tout court, du fait du tirage au sort, ainsi que du fait du grand nombre : il n’y a pas de limitation au nombre de « députés citoyens », donc dans la même idée, on peut supposer que ceux qui décident de la répartition des budgets, des antennes, … pour les médias d’information soit assez nombreux.

[b]Quant à l’idée que les journaux soient « publiés par les soins et sous la responsabilité » de Parlementaires, fussent-il des citoyens (volontaires) tirés au sort, elle est tout aussi inadmissible.

Le journalisme est un métier. Et j’ai assez insisté sur un point : ce champ doit être protégé de l’anarchie de l’opinion publique : il ne s’agit pas d’abolir la dictature de la majorité exercée par le biais des lois de l’Audimat pour la recréer par ailleurs.
Voir aussi à ce sujet le premier point de l’encadré sur les extraits de la Charte de Munich.

Le rôle de « nos » Parlementaires tirés au sort ne saurait dépasser la stricte définition des règles de financement de ces médias de Presse (ajoutons certains points d’organisation matérielle).[/b] Et sur ce plan, il est admis, dans l’esprit de mon message, qu’ils ont le pouvoir de favoriser tel ou tel journal, même indépendamment de raisons de pure perception qualitative, d’ailleurs (pourquoi les journaux devraient-ils bénéficier tous des mêmes aides ? Ils ne sont liés à aucun parti ; ils peuvent bien avoir un personnel plus ou moins nombreux, des missions plus ou moins coûteuses, selon ce qu’ils couvrent ; des projets différents ; …) Ainsi pourrait-on dire que la qualité des parutions est jugée non pas dans le feu de l’action, mais a posteriori, mettons…

une fois l’an, peu après qu’on ait renouvelé l’équipe parlementaire dont c’est la charge. (Ce qui évitera toujours qu’ils aient eu du temps de se faire des amis dans un cercle où personne ne tient à ce qu’ils s’en fassent…)

Ne laissons pas tuer « Là-bas si j’y suis » :
Si on prenait la Maison de Radio-France comme on a pris la Bastille,
et si on en expulsait tous les médiacrates ?!

Mes amis,

Mon sang en est à bouillir de la forfaiture, cette estocade contre l’homme à terre, que serait la déprogrammation de « Là-bas si j’y suis »

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2006/06/10/43-manifeste-pour-la-vraie-democratie#c856

À la place des médiacrates, voleurs de pouvoir médiatique, on désignerait les directeurs de chaînes au sort parmi les journalistes ou on les élirait comme des responsables politiques sous contrôle.

Bah ! On ne sera jamais assez courageux pour faire ça…

ON A JUSTE CE QU’ON MÉRITE, VOILÀ.

Bonsoir Sam,

J’aime les "regards croisés " et les « revues de presse pluraliste »:

-Il y a des choses intéressantes dont on approche avec ce « sénat » …(croiser le regard des sénateurs « tirés au sort » dans les territoires avec celui des députés élus nationalement à la proportionnelle ?).

-Quant à la presse, elle souffre de dépendance économique, et c’est bien son pluralisme authentique qui est menacé… par le biais des surcoûts et du jeu des gros annonceurs publicitaires, c’est-à-dire une classe sociale « intéressée » qui espère ainsi que les journalistes vont lui manger dans la main.

Un journal qui dénonce la politique sociale ou environnementale d’un tel « gros » est immédiatement puni…

Les flux financiers dus à la publicité sont du même ordre d’importance que ceux du commerce des armes, ou des mafias de la drogue, avec une « déontologie de la loyauté » comparable…

Pourquoi ne pas taxer les gros flux financiers engendrés par la PUB?..Et pourquoi ne pas prévoir dans une Constitution que l’ETAT assure une juste répartition de ces « ressources » vers la presse, au prorata du tirage de chaque titre, ce qui libèrerait la presse de tout assujettissement ( voir Libé face à son nouveau propriétaire!)

Si je suis lecteur quotidien de La Croix, qui est actuellement en difficulté faute de « manne publicitaire », je consomme comme tout autre citoyen les merveilles dont la Publicité fait la promotion, et je paye donc comme le lecteur du Figaro la PUB qui ne profite qu’au Figaro! (c’est toujours nous qui payons quoi que nous lisions).

Or, il y a plusieurs courants de pensée , et le travail du journaliste est justement de porter un regard qui n’est pas neutre: un regard critique, d’un certain point de vue, c’est ce qui rend le PLURALISME gage de démocratie.

Le jour où on prétendra produire du « journalisme neutre et objectif », ce sont ceux à qui appartient la « vérité » , c’est à dire le pouvoir dominant qui fixera quel est l’axe de cette prétendue « neutralité ».

Si L’Huma recevait une aide financière proportionnelle à celle que reçoit le figaro, au prorata du nombre de ses lecteurs, elle continuerait à faire le bonheur de ces derniers, et le dialogue entre les diverses rédactions continuerait d’enrichir la réflexion citoyenne: en plus ce serait juste!

Article proposé: " L’Etat est garant de la liberté de la Presse quotidienne d’opinion, il veille au maintien de son pluralisme et de son indépendance économique en y affectant équitablement la taxation des profits engendrés par la publicité, dans le respect des divers lectorats".:cool:

Chers amis,

Pensez à lire l’excellent texte d’Hervé Chaygneaud-Dupuy que je signale en tête de ma page ‹ Liens › :
[bgcolor=#FFFF99]« Proposition iconoclaste pour des citoyens législateurs : des députés tirés au sort »[/bgcolor] : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/messages_recus/HCD_deputestiresausort.pdf

C'est une sacrée bonne idée, un cocktail très astucieux : [color=green][b]une assemblée [u]élue[/u] pour conduire [u]une politique donnée[/b][/u] [/color](droite, gauche, centre, écolo ou autre) ; cette assemblée élit (et contrôle) elle-même le patron, Président de la République, et [b][color=purple]doit sans cesse débattre avec [/color][color=red][bgcolor=#FFFF99]une deuxième assemblée à convaincre[/color] : cette deuxième assemblée, [color=red]tirée au sort[/color], reproduit [color=red]notre société en miniature [/b][/color]car, au sort, il va y avoir des femmes, des noirs, des pauvres, des jeunes, etc.[/bgcolor]

Et cette micro société française devra être d’accord avec toutes les lois pour que les lois passent…


Le débat et le consensus rendus nécessaires avant de forcer le peuple à se plier à une loi.

La démocratie, la vraie ?

À flying_MogWai (1522 - changeant de volet) :

  • La Presse et les journalistes

Je ne vais pas vous contredire sur le fait que bien des salariés (à haut niveau de rémunération) de la Presse, au présent, ne méritent ni notre respect, ni notre tolérance ni leur nom (compétents ou pas, ils dévoient leur rôle).
Mais aussi odieux que soient ces comportements et ces trusts de lécheurs de puissants surpayés (j’ai reçu le Plan B hier matin…) je pense que c’est globalement un débat stérile, surtout dans le contexte de ce forum, et que c’est un sujet qui distrait… En vertu de la règle d’or du magicien (« t’as vu l’avion ? »), comme le maniement du fait divers est précieux pour la propagande, discuter de ces « drôles », c’est perdre un temps précieux et une attention nécessaire.

Ce qui nous importe ici (sur ce forum) n’est-il pas essentiellement de savoir comment, au niveau de la constitution, on peut contribuer à rendre leur rôle, leur efficience, aux médias de Presse, et leur parole aux innombrables précaires de ces organes ?

« Un combat collectif est avant tout une somme de résistances individuelles. »

Là, vous ne parlez pas des odieux, mais bien de ces précaires, dont on se demande où ils sont passés tant on ne les entend pas.

  • Manifestement, il n’y a pas de résistance. Manifestement… Comme dans le peuple.
    Il y a un niveau de caricature à partir duquel on doit se dire que la machine est verrouillée complètement : il est inconcevable que tant de journalistes entrant dans les écoles par vocation soient à ce point dénués de volonté d’opposition une fois au travail. La raison principale de cette absence d’indignation et d’opposition perceptible est donc à chercher ailleurs : assurément, il y a que la machine elle même fait taire ce qu’il faut faire taire, et monter vers l’estrade ceux qui jouent le rôle qu’il faut jouer.

  • Quand vous commencez dans un travail, c’est là que vous avez le plus la fougue, la volonté de faire les choses dans les règles de l’art… et c’est là que vous êtes le plus précaire. À l’extrême de la précarité qui vous fait jouer profil bas, vous avez sans doute le débutant, le stagiaire, supposé être assez jeune (…), mais aussi le pigiste, qui ne l’est pas nécessairement.
    Quand les salariés vieillissent, on peut supposer que ceux qui ne sont pas restés précaires, sont restés tout court, ou ont pris du galon et de la stabilité de l’emploi sont précisément ceux qui ont « convenu à leur hiérarchie ».

    Dans un milieu professionnel sans pouvoir politique tangible, le statut de précaire est un état où, au mieux, on ne fait pas de vagues, au pire on fait du zèle parce qu’il faut (ou qu’on se dit qu’il faut) faire ses preuves, et les « manoeuvres » pour la promotion sont déjà, avant de chercher plus loin, les « bons et loyaux services ».

    Mais la Presse n’est pas ce genre de milieu. Les lois de la précarité et de la promotion y sont sans aucun doute les mêmes, mais « ne pas faire de vagues », « faire du zèle », et rendre des « bons et loyaux services », cela prend à l’évidence une connotation politique, idéologique, à ces règles de la servilité du salarié qui veut assurer sa place, ou même avoir, garder un boulot, et les conséquences de ces agissements rayonnent loin au-delà de ce milieu et des individus qui le composent.

  • Quand le frère d’un ami est entré à l’école du journalisme, le discours d’accueil du Directeur a employé cette tirade : « je vous préviens d’entrée : ici on ne fera pas de vous des Halimi ou des Pierre Carles ».

    Ce qui me trouble, c’est que la teneur de cette tirade suppose d’une part que les élèves arrivants connaissent largement ces noms, d’autre part que le parti pris et le ton ne suscitera pas de mouvement d’indignation trop voyant.

    Passé un niveau, « consentement sans consentement » est un euphémisme. Je pense que c’est bien plus grave : comme je savais à quoi m’attendre en entrant chez les cadres - le changement de mentalité de certains est clairement perceptible, et surprenant, dès les deux dernières années d’école d’ingénieur ; les autres… se voient monter la barre, ils comprennent d’une manière ou d’une autre que ceux qui font spontanément les crétins dynamiques heureux ont une idée plus claire de ce qu’est la réalité du milieu qui nous attend à la sortie. C’est le moment décisif où certains changent de voie, d’autres, peut-être ceux qui ont moins le choix, apprennent à savoir à quoi s’en tenir.

  • J’ai écrit des choses sur le volet « médias », ce mois-ci. Je serais ravi que le débat sur ce volet avance (sinon commence). Il est si important. Je ne vous apprends pas que la place des médias de Presse lui confère un rôle, un pouvoir, très important, et donc que la maladie qui ronge ce champ se répercute sur toute la sphère publique, la culture, la politique, … la démocratie.