Une personne qui m'est chère, pour n'en citer qu'une, à 30 ans passé, ne sait pas ce qu'est la gauche et la droite, ne lit jamais la presse, excessivement peu de littérature, a très peu de notions en histoire, ne connait strictement rien en économie, en géopolitique, en géographie tout court, ne sort quasiment jamais de sa ville,... elle n'a pas de voiture, n'a jamais pris l'avion, n'est jamais partie à l'étranger,... Elle est complètement a-politique. Autant qu'on peut l'être. Dans la vie, elle enseigne la musique à des enfants. Elle n'est dans aucune association, pas plus de consommateurs que politique ou de d'aide bénévole quelconque.En l’état actuel des choses, je me refuse à croire qu’elle a le « devoir de voter ». Pourtant, elle vote. On nous a appris que c’est un devoir.
Ma mère, dit qu’elle n’y entend rien à la politique. Elle vote comme mon père. Est-ce mal ? Et elle écoute aussi mon point de vue, depuis un dizaine d’année.
J’accepterais l’idée du vote obligatoire à la seule condition que l’on instaure un régime dans lequel tout individu a le devoir de prendre part à une association, d’intégrer un parti, de choisir son camp, de se cultiver, de s’informer, et subit des contrôles réguliers permettant de vérifier qu’il se cultive et est au courant de la vie politique…
Autant dire que je suis CONTRE le devoir de voter. Point.
Je ne vois pas non plus la nécessité de rendre le vote obligatoire, surtout si l’on considère que la prise en compte du vote blanc devrait permettre de diminuer suffisamment le taux d’abstention en redonnant sa force et son sens à l’acte de voter.
Je comprends également l’analyse de sam17 que je cite ci-dessus et j’y souscris. Pourtant, j’aimerais y apporter certaines nuances, sous forme de boutades qui sont autant de questions ouvertes (certes schématiques, mais je manque de temps), d’incitations à la réflexion, au risque de paraître politiquement incorrect, voire carrément provocateur… À prendre avec des donc…
« Une personne qui m’est chère, pour n’en citer qu’une, à 30 ans passé »…
• ne sait pas ce qu’est la gauche et la droite : Ah bon, il y a une différence ? Depuis quelques temps, je n’avais pas vraiment remarqué…
• ne lit jamais la presse : Ennuyeux. Car comment se forger une opinion un tant soit peu objective si l’on n’a pas devant les yeux cet étonnant filtre déformant, polarisé 50 % dans un sens et 50 % dans l’autre sauf lorsque ledit filtre se fait le champion d’une cause, telle que le TCE, en perdant tout sens critique…
• excessivement peu de littérature : La littérature présente-t-elle un lien si significatif avec la politique ?
• a très peu de notions en histoire : Dommage, car chacun sait que l’étude de l’Histoire a permis à l’humanité d’éviter de répéter ses erreurs, surtout les plus récentes…
• ne connait strictement rien en économie : Dans la mesure où une compréhension complète des mécanismes économiques est devenue impossible, des connaissances parcellaires sont-elles indispensables ?
• ne sort quasiment jamais de sa ville : À quoi bon ? Si l’on en croit les sondages, un petit échantillon de la population est représentatif de l’ensemble du pays…
• elle n’a pas de voiture : L’environnement l’en remercie.
• n’a jamais pris l’avion : Est-ce mal de préférer prendre son temps… et le train ?
• Elle est complètement a-politique. Autant qu’on peut l’être. : Fait-on encore beaucoup de vraie politique en France ? Quand on enlève les rivalités d’hommes, les querelles de partis, les promesses aussi lénifiantes qu’intenables, les propos démagogiques destinés à se maintenir en place, etc., il règne dans la Cité un silence assourdissant.
• Dans la vie, elle enseigne la musique à des enfants. Elle n’est dans aucune association, pas plus de consommateurs que politique ou d’aide bénévole quelconque. : Je croyais qu’elle enseignait la musique à des enfants… Si elle appartient à l’éducation nationale, elle est bel et bien dans une grande et belle “association”, et son salaire frise le bénévolat. Sinon, sa contribution artistique ne constitue-t-elle pas une forme d’aide à une partie de la population dont l’avenir actuel n’est vraiment pas rose ?..
Qu’on ne se méprenne pas : je tiens à le répéter, je comprends l’analyse de sam17 et j’y souscris. J’ai néanmoins voulu relativiser un certain nombre de choses en questionnant certaines idées actuelles et certains critères de jugement un peu trop absolus et incomplets à mon sens. Il me semble en effet qu’une forte implication dans le monde d’aujourd’hui n’est pas nécessairement un gage de bonne compréhension et d’efficacité, et qu’un certain recul permet souvent de juger les choses de façon plus simple et plus juste. Chacun a, à sa manière, un rôle à jouer dans l’équilibre du monde. Encore faut-il que les mécanismes inhumains qui sont en train de nous broyer, et auquels nous tentons ici de faire échec, nous laissent une chance de nous exprimer.
Je nous souhaite bonne chance.