[font=Geneva]Suffrage universel direct et indirect[/font]
(Il y a une discussion sur ce sujet dans un autre fil ; dsl pour les redites)
Bonjour Etienne, mon commentaire portait sur votre post 2037, lu et compris hors du contexte des grands principes du forum ; mon incompréhension vient peut être de là. Réprouver l’accaparement illégitime du pouvoir des citoyens par les hommes de pouvoir (dont parlementaires), pour ensuite envisager de les laisser désigner entre eux le chef de l’Etat, ça me semble contradictoire.
Je crois que personne ici n'a [i]remis en cause[/i] le suffrage universel, radicalement.
dsl pour le malentendu alors, j’avais en tête le [b]suffrage universel direct[/b]. [b]Faire élire un chef de gouvernement (qui remplacerait le président de la république) par ses pairs revient à exclure le peuple du choix de son plus haut représentant.[/b] Ou bien c'est le parlement qui concentre le pouvoir politique, le chef de gouvernement n'ayant pas un role important (post d'AJH ci dessous) ? Les parlementaires ont-ils bien représenté la majorité et les intérets du peuple pour le TCE… C’est ce qui m’est venu à l’esprit en lisant votre post.
En ce qui concerne l’élection –et seulement l’élection-, le suffrage universel direct en est le mode le plus démocratique, je pense que vous etes d’accord là-dessus : le peuple exprime sa souveraineté en choisissant ses dirigeants, et ne laisse pas ce soin à une « caste de politiciens ».
Ce qui est clair aussi (il me semble), c'est que [b]le suffrage universel emporte partout des effets pervers déplorables qui se traduisent toujours par la création d'une caste de politiciens professionnels et par l'éviction des autres citoyens de toute participation politique (autre que l'élection, qui n'est qu'une partie de la démocratie, une vision minimaliste et rabougrie de la citoyenneté).
Les [b]effets pervers du suffrage universel[/b] ne rendent pas compte à eux seuls du carriérisme des hommes politiques et des stratégies de pouvoir. On peut meme penser qu’il viendrait plutôt les [b]limiter par l’affirmation du pouvoir de la majorité. La caste de politiciens professionnels existe qu'il y ait suffrage direct ou non,[/b] sauf si le tirage au sort devient la règle et remplace totalement l'élection. Cette idée de tirage au sort est curieuse, au delà des obstacles pratiques : on ne choisit plus un individu/groupe pour son programme ou un type de politique, il nous est imposé ; Jacques Roman est plus clair « Quant au tirage au sort de la représentation nationale, je vois mal comment on peut être démocrate et se fier au hasard plutôt qu'à un choix libre et éclairé du peuple, autrement dit à des élections » http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=124#p124..
Vous déplorez aussi le manque actuel de participation politique, mais en meme temps était-ce différent sous la 4ème, parlementaire, alors que les rapports de classe étaient certainement plus conflictuels, et les engagements plus forts ? Et je ne crois pas que l’interventionnisme citoyen soit si développé en dehors des régimes à suffrage universel.
Et puis, déprécier un bon principe parce qu’il a des effets pervers me gêne. Ca me fait penser à un article reprenant (pour l’appliquer au CPE) la « rhétorique des effets pervers » largement utilisée par les libéraux sur le droit du travail notamment : à force de trop protéger le salarié (on part d’un bon sentiment), les entreprises ne sont plus incitées à embaucher (effet pervers) et on crée du chômage. Ce qui leur permet de dire qu’il faut sensiblement réformer ce code…
Associer une chambre élue et une autre tirée au sort me semble une combinaison extraordinairement séduisante et stimulante pour le débat entre ceux qui font la loi (élus) et ceux qui vont l'appliquer (tirés au sort).
Tirage au sort d’une partie des parlementaires, d’une partie du gouvernement ? Oui, c’est une très bonne idée, ainsi que le système hybride, mais y a-t-il besoin d’un changement de république pour ça ?
Il n’y a pas d’incompatibilité entre la Vème et des innovations citoyennes, comme le RIC ou une dose modérée de tirage au sort, qui ne peuvent que renforcer le dialogue du peuple avec ses dirigeants et sa participation aux décisions nationales. Surtout, notre constitution et notre tradition démocratique ne sont pas si mauvaises, puisqu’elles ont permis aux Français de faire un choix sur le TCE différent de celui « des hommes de pouvoir », et ce malgré la collusion des grands partis (plus verts etc.) en sa faveur. Dans les autres pays, ce sont les parlements qui ont validé le tce.
PS sur http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?id=79
Sur le tirage au sort et la « préselection de citoyens de valeur » : d’abord accoler citoyen et « de valeur » me parait etre un non sens : quelle valeur à partir du moment où il y a stricte égalité des citoyens entre eux. Et puis qui décide de la valeur, qui en définit les critères ? De valeur morale, économique, ayant des compétences particulières ?
Bonne journée