12 Place des partis dans la vie politique

[bgcolor=#FFFF99]« Plus efficace que le parti unique : Les oppositions complaisantes et les partis fantoches »[/bgcolor]
par Jean-Yves Crevel, sur Decap’Actu :
http://www.decapactu.com/spip/article.php3?id_article=386

[bgcolor=#66FF00]L’humoriste italien ne fait plus rire les politiques
Élus et partis s’inquiètent du succès du combat de l’acteur Beppe Grillo contre leur «caste».
[/bgcolor]
par Éric Jozsef, dans Libération, lundi 24 septembre 2007 (Rome, de notre correspondant)
http://www.liberation.fr/actualite/monde/280388.FR.php

« Depuis la rentrée, le gouvernement de Romano Prodi doit chaque jour batailler au Parlement pour espérer obtenir une majorité de voix. Mais c’est celle de l’humoriste Beppe Grillo qui, depuis le 8 septembre, fait trembler l’ensemble de la classe politique.

Expulsion. Ce jour-là, à travers son blog (1), l’acteur a mobilisé pas moins de 50 000 personnes sur la grande place de ­Bologne pour un sonore «Vaffanculo day» (journée du va-te-faire-foutre) visant à [bgcolor=#FFFF99]réclamer «une politique propre» et «détruire les partis qui sont le cancer de la démocratie»[/bgcolor]. Dans le reste du pays, plus de 250 000 citoyens se sont ­déplacés pour signer sa pétition réclamant, entre autres, l’expulsion du Parlement des élus condamnés par la justice (actuellement au nombre de 24) et la limitation des mandats à deux législatures.

Jusqu’à présent, la classe politique avait ignoré les interventions et les provocations de l’acteur qui depuis des années dénonce «la caste» politique et ses incroyables privilèges. Le rassemblement du 8 septembre a changé la donne. Les professionnels de la politique craignent désormais que le «V-day» se répète le jour des élections, même si la vague ­antipartis risque de toucher prioritairement la gauche et le gouvernement Prodi, crédité dans les sondages de 68 % d’opinions négatives. À l’inverse, 43 % des citoyens déclarent partager les propositions de Beppe Grillo.

Danse. Celui-ci a annoncé qu’il donnera sa bénédiction à des listes civiques aux élections administratives partielles du printemps prochain. Et accordera un «certificat de transparence» aux candidats n’ayant ni passé pénal ni carte d’un parti. Depuis, il renchérit, provoque et mène la danse avec un succès croissant y compris à la fête de l’Unità, le quotidien proche des démocrates de gauche, où il a été plébiscité, s’en prenant non seulement au «psycho-nain» Silvio Berlusconi mais aussi aux leaders de la gauche, dont Romano Prodi, traité de «Valium».

« La terre tremble sous les pieds de la caste », s’est félicité, mercredi dans le Corriere della Sera, le très respecté professeur de droit constitutionnel Giovanni Sartori. « Je confesse qu’un coup de vent qui balayerait les miasmes de ce marais putride [de l’actuelle classe politique, ndlr] me procurait à moi aussi un soulagement. » »

(1) www.beppegrillo.it


Sur le même sujet :
« En Italie, un « Vaffanculoday » contre la classe politique »

[bgcolor=#CCFFFF]Beppe Grillo : le poil à gratter de l’Italie[/bgcolor]
LE MONDE | 18.09.07

C'est Méduse ! Cet homme a une tête de gorgone, visage rond grimaçant, auréolé d'une tignasse bouclée et mangé par une barbe poivre et sel. Il en a aussi le pouvoir légendaire, ayant, semble-t-il, hérité sa capacité à pétrifier l'adversaire. Depuis le 8 septembre, c'est toute la classe politique italienne que Beppe Grillo a figée d'effroi. Gauche et droite sont restées interdites devant le succès de son Vaffanculo Day. Une manifestation au titre plutôt grossier - "La journée va-te-faire foutre" - qui exprime un ras-le-bol destructeur dans un pays en pleine crise du politique.

Ce jour-là, tandis que 50 000 personnes acclamaient la harangue du comique sur une place de Bologne, partout dans le pays on faisait la queue pour signer sa pétition en faveur d’une « politique vraie et propre ». [bgcolor=#CCFFFF]En 24 heures, sa proposition de loi a recueilli plus de 330 000 signatures, beaucoup plus qu’il n’en faut pour être soumise au Parlement. De quoi s’agit-il ? Un, interdire à un homme ayant été pénalement condamné de se présenter aux élections. « Il y a 24 parlementaires dans ce cas actuellement », rappelle Beppe Grillo. Deux, limiter les mandats à deux législatures : selon ce critère, un parlementaire sur trois perdrait son siège. [/bgcolor][bgcolor=#FFFF99]Trois, instaurer un « vote direct par les citoyens » au lieu de la représentation par listes « fabriquées par les fonctionnaires des partis ».[/bgcolor]

On comprend que les responsables des Chambres ne se précipitent pas pour mettre la « loi Grillo » à l’ordre du jour. Elle aura d’autant moins de chances d’être adoptée que, pour faire bonne mesure, l’artiste appelle à la disparition des partis, « une conception morte de la politique ». Il leur préfère des « listes civiques », comme celles qu’il va lancer, sous son label, pour les municipales de 2008.

Le V-Day a provoqué quelques autocritiques de dirigeants politiques, mais on a surtout crié à la « démagogie » et au « populisme ». Dénoncé comme le chantre de l’« antipolitique », Beppe Grillo est devenu un dangereux « gourou », un « barbare ». La droite ménage cet homme de gauche qui s’acharne sur « cette gauche pire que la droite ». La gauche est embarrassée, car le « peuple de Grillo », comme on appelle désormais le pan de société civile révélé par le V-Day, constitue une part de son électorat.

« Je ne suis pas un leader, mais un détonateur, se défend Beppe Grillo. Le problème vient d’en bas, je n’y suis pour rien, c’est un virus, c’est Ebola et la grippe aviaire réunis, mais ils ne comprennent pas. » « Ils », ce sont les hommes politiques italiens, accusés de vivre hors de la réalité. Il est allé le leur répéter de vive voix, le week-end dernier, à la fête du quotidien de gauche L’Unità. Puis, l’homme de spectacle a repris sa tournée, qui le conduit de théâtres en salles polyvalentes à travers la Péninsule.

Chaque soir, il poursuit ses monologues déchaînés, distribuant des baffes de gauche à droite, faisant rire du « nain » Berlusconi comme de Romano Prodi, le chef du gouvernement italien, rebaptisé « Valium ». Désormais, il souhaite « faire silence radio », mais il résiste mal au micro qu’on lui tend. La voix est cassée, elle déraille dès qu’il s’emporte, c’est-à-dire en permanence. Il s’en excuse auprès de son interlocuteur : « Cela fait cinq jours que je hurle. » Faux, cela fait trente ans que ce petit homme rond de 59 ans hurle et fait hurler de rire les Italiens.

Il a d’autant plus de mérite qu’il est depuis longtemps interdit à la télévision. C’était le 15 novembre 1986, sur la première chaîne publique dont il était, grâce à son émission « Fantastico 7 », l’un des piliers d’audience. Le socialiste Bettino Craxi, alors président du conseil, n’a pas digéré sa blague sur une délégation italienne visitant la Chine : « S’ils sont tous socialistes ici, alors qui volent-ils ? » Exit de la RAI, où son humour corrosif sévissait depuis le milieu des années 1970.

Originaire de Gênes, Giuseppe Piero Grillo, arrivé dans le show-business un peu par hasard, avait rapidement grimpé les marches du succès, connaissant même la gloire d’animer en 1978 le festival de San Remo, la très institutionnelle référence de la variété italienne. Après la disparition du pouvoir craxien, Beppe Grillo n’a retrouvé le chemin du petit écran qu’à de très rares exceptions. Son « Beppe Grillo Show » a été retransmis deux fois sur la RAI, en novembre et décembre 1993. Son « discours à l’humanité », parodie de l’adresse présidentielle du 31 décembre, diffusé en clair de 1998 à 2001 par Telepiù, version Canal+, ne survivra pas au rachat de la chaîne cryptée par Rupert Murdoch. Trop corrosif, le petit artiste de variétés devenu pourfendeur de toutes les dérives du pouvoir. Et surtout trop crédible.

À la cocasserie et à la férocité des mots, il a peu à peu ajouté une connaissance profonde des dossiers qu’il aborde. Plus qu’à un Coluche, avec lequel il a tourné dans Le Fou de guerre, de Dino Risi, c’est à Michael Moore que s’apparente le satiriste italien. Sa verve est parfois prophétique, comme pour le krach du géant agroalimentaire Parmalat, qu’il est le seul à prédire, avec des semaines d’avance sur les banques et les experts financiers. Est-ce dû à sa formation de comptable ? Il n’a pas son pareil pour décortiquer les bilans, éplucher les comptes d’exploitation, transformer les assemblées générales d’actionnaires en happenings délirants : il tenta « une OPA à la génoise » sur Télécom Italia à la tête de petits porteurs. En guérilla permanente, Beppe Grillo est sur tous les fronts : des scandales bancaires aux combats écologistes, en passant par le travail précaire qu’il stigmatise dans un livre, Schiavi moderni (Esclaves modernes).

Pour être sûr d’être lu, il a mis le bouquin en ligne gratuitement. Il est vrai que, depuis trois ans, l’artiste comique a découvert l’arme de communication massive par excellence : son blog. Avec 160 000 connexions quotidiennes, il est le 12e site le plus consulté de la blogosphère mondiale. Le « peuple de Grillo » navigue sur Internet. C’est ce qui fait, selon lui, la différence avec Nanni Moretti, le cinéaste qui lança en 2002 les girotondi (rondes citoyennes) contre Silvio Berlusconi : « Il était le produit des moyens de communication, aussi quand les caméras de télévision se sont éteintes, son mouvement s’est arrêté. Moi, je suis le produit du réseau », estime Beppe Grillo.

Ne risque-t-il pas de perdre de son efficacité en changeant de posture, passant du rôle d’observateur critique à celui d’acteur de terrain ? « Je suis pour une politique joyeuse et allègre, lance-t-il. Avant tout, je suis un professionnel du sourire. »

Jean-Jacques Bozonnet

PARCOURS 1948 Naissance à Savignone, en Ligurie, la province de Gênes (Italie). 1977 Débuts à la télévision dans l'émission de variétés "Secondo voi". 1986 Exclusion de la RAI après une satire de Bettino Craxi, chef du gouvernement. 1993 Retransmission du "Beppe Grillo Show". 2004 Création de son blog : www.beppegrillo.it 2007 Organisation du "Vaffanculo Day", le 8 septembre, dans 20 villes.
Moi, j'ai peur qu'on l'assassine, tout simplement. Il y a si peu d'humains courageux comme ça qu'il suffit de les éliminer physiquement... et comme ceux qui restent ne sont pas si courageux, le "problème" est réglé (pour les pourris).

C’est désespérant.

Je rappelle que les Italiens bénéficient d’une institution que nos partis politiques nous refusent malhonnêtement depuis des siècles : [bgcolor=#FFFF99]le référendum d’initiative populaire[/bgcolor]. C’est ce rouage essentiel du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes qui leur permet d’envisager de changer vraiment les choses sans être totalement utopique.

Il nous faudra sans doute arracher ce droit élémentaire et fondamental que les politiciens de métier ne nous donneront JAMAIS spontanément.

:expressionless:

Ce n’est pas à eux d’écrire la Constitution. Tout est là.

Étienne.

[bgcolor=#FFFF99]« Constitution utopique d’un parti des sans parti : statuts à discuter en WIKI »[/bgcolor]

http://etienne.chouard.free.fr/wikiconstitution/index.php?title=Constitution_d'un_parti_des_sans_parti_(statuts)

C’est une idée que je développe doucement, de changer la pratique générale de la politique
en essayant de changer les partis de l’intérieur, en prenant le problème, là aussi,
par le processus constituant.

Les statuts d’un parti étant sa « constitution », on pourrait faire du parti un exemple pédagogique, un laboratoire d’expériences…

Ce n’est qu’une piste, peut-être une mauvaise idée… Vous me direz ce que vous en pensez, n’est-ce pas ? :confused:

Étienne.

Présentation de mon idée sur le wiki :

Quand on cherche les causes de la crise politique des prétendues "démocraties", on tombe forcément sur le rôle des partis et sur celui de l'élection, qui porte dans son génome la victoire des partis sur les individus.

Or, les partis ne sont pas du tout indispensables pour que les hommes fassent librement de la politique, au contraire même : les Athéniens ont fait plus de politique que tout autre peuple au monde et ils… interdisaient carrément les partis politiques.

Par ailleurs, l’organisation interne de nos partis semble présenter exactement les mêmes vices que nos institutions, qu’elles soient nationales ou européennes : les règles supérieures y sont écrites par les hommes au pouvoir, qui s’en servent évidemment pour se protéger de l’éviction et même de la contestation.

L’idée m’est donc venue d’imaginer un parti qui donne l’exemple,
un parti qui, en interne, ne permet pas de rechercher le pouvoir,
un parti qui ne permet pas de garder le pouvoir,
un parti qui n’impose pas de ligne politique (économique et sociale) et qui permet à ses membres d’en changer à tout moment,
un parti qui impose la rotation des charges en utilisant largement (mais pas forcément) le tirage au sort,
un parti qui protège l’isègoria (droit de parole pour tous) et le référendum d’initiative populaire au-dessus de tout,
un parti qui garantisse l’indépendance économique et politique de ses propres médias (télévision, instituts de sondages et de statistiques, Cour des comptes…),
un parti qui ne laisse pas ses propres chefs toucher une ligne de sa Constitution (ses statuts),
un parti qui protège les opinions dissidentes comme des trésors et qui met en scène les conflits pour les dédramatiser correctement, rationnellement,
un parti qui protège l’essentiel (séparation du pouvoir constituant et des pouvoirs constitués, rotation des charges, responsabilité des acteurs, initiative individuelle, honnêteté de l’information…) dans une partie intouchable de sa Constitution (intouchable sauf à l’unanimité),
un parti dont tous les membres surveillent quotidiennement le respect et l’intégrité de leur constitution en la considérant comme le texte principal, celui qui est à l’origine de tous les remparts contre les abus de pouvoir,
un parti qui donne l’exemple en s’inspirant d’Athènes sans en faire un modèle ou un exemple, mais en voyant cette histoire comme un germe, le germe de la vraie démocratie,
démocratie dont les excès éventuels seraient pourtant modérés,
mot-clef de modération qui n’est possible que par un réel contrôle des pouvoirs,
et donc une réelle séparation des pouvoirs,
et donc un processus constituant honnête,
et donc des délégués constituants désintéressés,
donc pas élus mais tirés au sort, parmi des « valeureux » désignés librement par les citoyens,
« librement » c’est-à-dire SANS la contrainte des partis imposant leurs candidats (hommes de pouvoir non désintéressés)…

Je vous propose cette première mouture, juste une trame très grossière, pour que chacun puisse y réfléchir et apporter sa contribution.

La suite…

[bgcolor=#FFFF99]Turquie: le procès d’interdiction contre le parti au pouvoir est lancé[/bgcolor]

http://www.afp.fr/francais/news/stories/newsmlmmd.8cc963377473edeb9ff7580c7a336ed5.431.html

31/03/2008 17h14

ANKARA (AFP) - La Cour constitutionnelle a donné suite lundi à une requête visant à obtenir l’interdiction du Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir, une procédure qui pourrait menacer la stabilité politique et les aspirations européennes de la Turquie.

La plus haute instance judiciaire du pays a jugé recevable le recours déposé le 14 mars par le procureur en chef de la Cour de cassation, Abdurrahman Yalçinkaya, qui estime que l’AKP, qui gouverne depuis 2002, menace les fondements laïques de la république turque.

Le vice-président de la Cour constitutionnelle Osman Paksüt a déclaré devant une myriade de caméras, au terme d’une réunion, que la décision avait été prise à l’unanimité des 11 juges.

Une majorité des juges a par ailleurs décidé d’inclure dans le procès le chef de l’Etat Abdullah Gül, un ancien cadre de l’AKP, a dit M. Paksüt.

Cette décision lance formellement le procès à l’encontre de l’AKP, créé en 2001 sur les cendres de partis islamistes dissous.

Dans son réquisitoire, le procureur a réclamé cinq années d’interdiction de politique à l’encontre de 71 responsables de l’AKP, dont M. Gül et le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan.

Le parti réfute ces accusations et affirme que la plainte répond à des motivations politiques. L’AKP, qui a été confortablement réélu lors des dernières élections législatives en juillet 2007, affirme avoir rompu avec l’islam politique et se définit comme un parti « démocrate conservateur ».

Les milieux pro-laïcité, très influents au sein de l’armée et de la magistrature, l’accusent néanmoins de vouloir islamiser la Turquie, officiellement à 99% musulmane mais au régime strictement laïc.

Le porte-parole du gouvernement, le vice-Premier ministre Cemil Cicek, a semblé minimiser la décision de la Cour constitutionnelle. « Nous nous soucions plutôt de questions comme les réformes, le développement économique et le processus d’adhésion à l’Union européenne », a-t-il dit à l’issue d’un conseil des ministres.

L’AKP dispose d’un délai d’un mois, extensible, pour présenter sa défense. Un verdict devrait prendre plusieurs mois.

M. Yalçinkaya accuse l’AKP d’être devenu un « foyer d’activités allant à l’encontre de la laïcité ». Son initiative a alimenté les tensions entre les défenseurs de la laïcité et les partisans du gouvernement.

Le procureur cite aussi dans son recours la récente libéralisation du voile islamique à l’Université, dont l’application est toujours suspendue à une décision de la justice.

Cette procédure insolite contre un parti au pouvoir en Turquie - même si une vingtaine de partis ont été interdits depuis les années 1960 - pourrait menacer la stabilité politique du pays et perturber ses négociations d’adhésion à l’UE, qui n’avancent qu’au ralenti depuis leur ouverture en octobre 2005.

La Commission européenne a appelé samedi par la voix de son commissaire européen à l’Elargissement Olli Rehn, la justice turque à prendre en compte « l’intérêt à long terme » du pays.

Le cadre de ces négociations stipule qu’en cas de « violation grave des principes démocratiques » par la Turquie, « la Commission est obligée de regarder quelles ramifications cela pourrait avoir sur les négociations », a-t-il déclaré.

Pour éviter une interdiction, l’AKP, qui domine le Parlement turc, a préparé en catastrophe une révision constitutionnelle - qui n’a pas encore été présentée - qui rendrait plus difficile la fermeture de partis politiques.

« Un changement est devenu une nécessité », a affirmé lundi Nihat Ergün, vice-président du groupe parlementaire de l’AKP.

Il a estimé que le système actuel de dissolution pouvait amener à l’arrêt des travaux législatifs, rappelant qu’un autre parti, le DTP pro-kurde (20 sièges sur 550), était également menacé de dissolution.


On commence à manquer d’un fil de discussion sur la laïcité, non ? :confused:

Étienne

Turquie : le gouvernement des juges

Je ne sais pas (Étienne 3456) si nous avons besoin d’ouvrir un sujet « laïcité », mais un sujet « la place du pouvoir judiciaire dans un régime démocratique » pourrait être utile dansle présent contexte.

Voici mon point de vue :

Les régimes (comme l’américain, le turc et le thaïlandais) qui font prendre des décisions politiques par des organismes juridictionnels ont une mauvaise conception de la séparation des pouvoirs. Les juridictions sont faites pour appliquer la loi à des cas particuliers, pas pour prendre des décisions politiques.

Par exemple, je trouve inacceptable qu’aux États-Unis la Cour suprême décide tous les vingt ans si la peine de mort est légale ou non.

De même, l’interdiction d’un parti politique ne relève pas de l’application de la loi à un cas particulier : elle représente une décision politique qui doit revenir à des organes politiques. On décrédibilise la justice et les principes de l’état de Droit quand on fait prendre des décisions de ce genre par des tribunaux.

Autre principe : le droit pénal doit s’appliquer aux responsabilités individuelles et pas aux personnes morales. La dissolution d’un parti politique, quand elle est prononcée par une juridiction, ressemble beaucoup à une décision de droit pénal qui viserait une personne morale.

Le gouvernement des juges est contraire aux principes démocratiques et de la souveraineté nationale : en effet, les juges décident indépendamment, en leur âme et conscience, sans rendre compte de leurs décisions à personne sauf à d’autre juges. Ils n’ont donc pas qualité pour prendre des décisions exprimant la volonté générale - surtout politique : celles-ci relèvent du législateur.

C’est pourquoi il me semble approprié que l’interprétation de la Constitution soit confiée en France à un « Conseil constitutionnel » et non à une « Cour » (comme en Allemagne ou aux États-Unis). Le Conseil constitutionnel (n’en déplaise à beaucoup de juristes) est un organe constitutionnel sui generis - pas un tribunal : on peut donc attendre de lui des décisions d’ordre politique, mais pas des décisions « judiciaires », et c’est très bien comme ça.

Quant à la laïcité, je suis pour à 100 %. JR

[bgcolor=#FFFF99]« Des effets pervers de la partitocratie »[/bgcolor]

Un document passionnant, de Robert STEUCKERS :

http://be.altermedia.info/culture/des-effets-pervers-de-la-partitocratie_6714.html

(Ne ratez pas les analyses d’Ostrogorsky et de Gonzalo Fernandez de la Mora)

« Très tôt, la science politique ou les observateurs des mécanismes de la politique dans les démocraties parlementaires occidentales ont été conscients des dérives potentielles de ce système.
  • [bgcolor=#66FF00]Montesquieu[/bgcolor] insistait sur la séparation des pouvoirs, idéal à atteindre pour garantir les libertés citoyennes. Pour Montesquieu, la démocratie est le régime qui garantit justement ces libertés citoyennes: on ne peut les atteindre optimalement qu’en garantissant une séparation aussi nette que possible entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. En abattant toutes les cloisons entre ces pouvoirs, la partitocratie a annulé la démocratie au sens où l’entendait Montesquieu. Par rapport à l’idéal démocratique, la partitocratie constitue donc une régression. Et non, comme elle le prétend trop souvent, son accomplissement définitif.

  • [bgcolor=#66FF00]Tocqueville[/bgcolor], en observant les mécanismes électoraux aux États-Unis dans la première moitié du XIXième siècle, constate, en fait, que la liberté d’entreprendre et de créer de la nouveauté, de penser, de vivre selon ses désirs et ses convictions, risque à terme d’être mise en danger par la démagogie égalitaire des partis et par l’action sans scrupules de démagogues irresponsables, regroupés en sociétés, en lobbies, en groupes de pression ou en patronnages divers, ne s’adressant quasiment jamais à la raison, mais toujours aux sentiments les plus troubles ou aux sens les plus veules, empêchant ainsi le citoyen moyen de regarder les réalités politiques avec lucidité. En principe, Tocqueville ne s’oppose pas à l’égalité, mais estime qu’elle ne doit jamais menacer l’exercice de la liberté.

  • [bgcolor=#66FF00]Max Weber[/bgcolor], en prenant le relais de Tocqueville, écrivait dans Le savant et le politique que le système politique anglo-américain, en dépit de son étiquette démocratique, était “une dictature, reposant sur l’exploitation de l’émotionalité des masses”. Weber a d’abord plaidé pour un fonctionnariat d’État complètement détaché des partis car il craignait par dessus tout les dérives d’un spoil system à l’américaine, qu’avait déjà entrevues Tocqueville. Weber était cependant fasciné par les grandes machines politiques américaines du début de notre siècle, bureaucratisées à l’extrême mais plus honnêtes que leurs futures imitatrices européennes, dans la mesure où à chaque élection, les fonctionnaires nommés par le gouvernement précédent sont irrémédiablement démis de leurs fonctions si leur parti perd la partie : ils sont renvoyés à la société civile, quitte à recommencer leur quête politique, en se “rebranchant” à nouveau sur la vie réelle de la population, en partageant ses efforts et ses déboires face aux conjonctures économiques ou aux pratiques du pouvoir. Weber aura une position ambivalente : d’un côté, il admire la neutralité axiologique des fonctionnariats permanents et non partisans, sur le mode prussien ; de l’autre, il admire la sélection impitoyable exercée par les “bosses” des partis américains qui se choisissent à chaque élection un personnel dévoué, qu’ils installent dans les rouages de l’État (mais pour quatre ans seulement, si la fortune politique ne leur sourit qu’une fois ! Accepter le verdict électoral est honnête, en dépit des magouilles politiciennes ; refuser le verdict des urnes est une malhonnêteté foncière, même si les magouilles sont mieux contrôlées !). La pratique de nommer définitivement les fonctionnaires des cabinets provisoires, en dépit des aléas électoraux, est notamment une perversion du système belge.

  • Toujours dans Le savant et le politique, Weber a eu ces mots durs, pour les premières manifestations de partitocratie en Allemagne, qu’elles émanent des socialistes ou des démocrates-chrétiens : « [Les constitutionalistes révolutionnaires du pays de Bade] considèrent […] l’État et les emplois administratifs simplement comme des institutions destinées à procurer uniquement des prébendes. […] le parti du Zentrum (ndlr : d’obédience chrétienne-démocrate) […] inscrivit même à son programme l’application du principe de la répartition proportionnelle des emplois selon les confessions religieuses, sans se soucier de la capacité politique des futurs dirigeants ». Aberration aux yeux de Weber, car « …le développement de la fonction publique moderne […] exige de nos jours un corps de travailleurs intellectuels spécialisés, hautement qualifiés, préparés à leur tâche professionnelle par une formation de plusieurs années et animés par un honneur corporatif très développé sur le chapitre de l’intégrité. Si ce sentiment de l’honneur n’existait pas chez les fonctionnaires, nous serions menacés d’une effroyable corruption et nous n’échapperions pas à la domination des cuistres. En même temps, il y aurait grand péril pour le simple rendement technique de l’appareil d’État… ». Quant aux révolutionnaires les plus radicaux : « Ils abandonnent la direction de l’administration à de véritables dilettantes, tout simplement parce qu’ils disposent de mitrailleuses ». Weber a dénoncé clairement l’esprit partisan, tant chez les pseudo-démocrates aux discours soft que chez les ultra-révolutionnaires annonçant l’avènement d’un système totalitaire.


[bgcolor=#66FF00]Marco Minghetti[/bgcolor][bgcolor=#CCFFFF], les partis politiques et leur ingérence dans la justice et l’administration[/bgcolor]

Marco Minghetti (1818-1886) était un homme politique italien du XIXième siècle, qui a vécu l’unification italienne et a assisté à l’émergence de la culture politique particulière de son pays. Très tôt, il a perçu les dérives potentielles de la partitocratie à l’italienne (et à la belge). [bgcolor=#FFFF99]Deux secteurs de l’appareil d’État sont principalement menacés par les démagogues de la partitocratie selon Minghetti: la justice et l’administration.[/bgcolor] Ces secteurs sont soumis à toutes sortes de pressions, afin d’édulcorer toute sévérité éventuelle des magistrats à l’encontre des démagogues. La partitocratie, dès son émergence dans l’histoire, tente d’abolir toutes les cloisons entre les pouvoirs, non pas pour rendre le pouvoir au peuple, mais pour le confisquer entièrement au profit d’états-majors occultes, qui ne veulent laisser aucun espace neutre dans l’appareil d’État.

Minghetti s’oppose à ce processus pour garantir les droits et les libertés de ses concitoyens. Dès lors, la lutte contre l’utilisation partisane de l’administration et de la justice a pour objectif de protéger les citoyens contre toutes interventions arbitraires, émanant d’une administration ou d’une justice ayant perdu et leur indépendance et leur objectivité, qui se montrent simultanément juge et partie, ce qui est une hérésie sur le plan du droit. [bgcolor=#FFFF99]Minghetti veut préserver la séparation des pouvoirs, afin d’éviter une trop grande concentration du pouvoir entre les mains de la majorité, qui contrôle déjà de droit le gouvernement. Il faut dès lors qu’au sein des assemblées législatives, les députés puissent conserver un maximum d’indépendance d’esprit et de vote ; ensuite, que l’administration et la magistrature puissent, le cas échéant, résister efficacement à l’exécutif.[/bgcolor]

Entre les partis qui émergent au temps de Minghetti et les partis d’aujourd’hui, il y a une différence de taille. L’État n’était guère interventionniste du temps de Minghetti: il demeurait cantonné dans ses attributions classiques (battre monnaie, faire la guerre, organiser l’armée, assurer la diplomatie, maintenir l’ordre intérieur, etc.). Aujourd’hui, les attributions de l’État se sont considérablement étendues : elles englobent des pans entiers de la sphère sociale, du domaine de la santé, de l’enseignement et interpellent beaucoup plus étroitement la vie économique.

L’État a donc été amené à multiplier les contrôles de nature formelle et de tolérer le développement de pouvoirs de fait, vastes, arbitraires et largement capillarisés dans la société. Cette évolution n’est nullement condamnable en soi, mais elle implique une technicité accrue des interventions, que le personnel habituel, fauteur et bénéficiaire de la démagogie, n’est pas en mesure de prester, puisqu’il n’a pas été sélectionné pour ses compétences mais pour sa fidélité à des slogans, des doctrines simplistes et boîteuses ou une camaraderie de mauvais aloi avec des ténors sans scrupules. La complexification et la diversification des administrations auraient dû aller de pair avec une formation toujours plus poussée du personnel administratif et des fonctionnaires. Depuis une centaine d’années, constatent les admirateurs italiens actuels de Minghetti, malgré l’ampleur continue du processus de complexification des interventions de l’État, peu de choses sinon rien n’a été entrepris [en Italie, je pense. ÉC] pour améliorer les qualifications professionnelles des fonctionnaires. Les décisions arbitraires d’un personnel inqualifié (sinon inqualifiable) sont effectivement condamnables et inacceptables, tandis que les décisions réfléchies d’un personnel bien écolé garantiraient efficacité et correction pour le bénéfice de tous. Un fonctionnariat qualifié constitue une garantie de liberté pour les citoyens. Un fonctionnariat non qualifié, recruté par démagogie partisane, constitue une menace permanente et inacceptable pour la masse des citoyens.

Minghetti et ses disciples actuels énumèrent quelques tares majeures de ce système de partis :

• Première tare: Les “démocraties” multipartites ont œuvré pour que soient exclues de l’administration toutes les personnalités compétentes. Celles-ci se sont recyclées dans le secteur privé, affaiblissant du coup les pouvoirs réels de contrôle de l’administration étatique.

• Deuxième tare: le personnel administratif est recruté trop exclusivement parmi les juristes, dont la tendance est de vénérer le formalisme juridique au détriment de toutes les autres démarches de l’esprit. Depuis Minghetti, peu de choses ont changé en ce domaine.

• Troisième tare: le personnel administratif, recruté par les instances partisanes, se ligue désormais en syndicats, qui interviennent lourdement dans les mécanismes de la décision politico-admininistrative. Ou bloquent la machine étatique pour obtenir des avantages de toutes sortes, salariaux ou autres. Le risque est patent: aucun correctif aux dysfonctionnements ne peut plus être apporté, s’il égratigne, même très partiellement, les intérêts immédiats et matériels des fonctionnaires syndiqués.

• Quatrième tare: l’indépendance des juges risque de devenir lettre morte. Les collusions entre élus de la classe politique et magistrats entraînent des alliances fluctuantes entre les uns et les autres, au détriment des simples citoyens non encartés et non politisés.

Face à ces déviances, Minghetti suggère:

  • Une réduction de l’aire d’intervention de l’État (c’est une option libérale classique);

  • Une décentralisation administrative;

  • De développer des méthodes de contrôle de l’administration;

  • D’assurer une meilleure formation des fonctionnaires, en limitant le juridisme de leur formation antérieure et en créant de bonnes écoles de sciences administratives, où le savoir empirique est mis à l’honneur, au détriment des savoirs trop abstraits (ce vœu de Minghetti n’a quasiment pas été exaucé);

Conclusion: Minghetti a plaidé [bgcolor=#FFFF99]pour une déconstruction des appareils partisans[/bgcolor], auxquels il reprochait de représenter un “catholicisme étatique” ou “un catholicisme des partis”.


[bgcolor=#66FF00]Moiséï Jakovlevitch Ostrogorsky[/bgcolor][bgcolor=#CCFFFF] (1854-1918), critique des démocraties partisanes[/bgcolor]

  • Russe de confession israëlite, Ostrogorsky a étudié et enseigné à Saint-Petersbourg, à Paris (à l’Ecole libre des sciences politiques) et aux États-Unis.

  • Ses références sont Montesquieu et Tocqueville; sa pensée est influencée par Roberto Michels et Max Weber (qui, à son tour, tirera profit de son œuvre).

  • Il participe activement à la vie politique russe et en 1906 il est député à la Douma pour le parti constitutionnel-démocrate (les “Cadets”).

  • En France, son œuvre, rédigée en français, influence Charles Péguy et Charles Benoist (tous deux sceptiques à l’égard du suffrage universel).

Pour Ostrogorsky, [bgcolor=#FFFF99]les partis ne sont au départ que de simples associations privées, des regroupements de citoyens qui demandent éventuellement, sur le mode de la pétition, au pouvoir politique de légiférer dans tel ou tel sens. Au titre d’associations privées, les partis ne sauraient être considérés comme des agents institutionnels permanents.[/bgcolor] Mais comme ils le sont devenus, on peut légitimement admettre que la démocratie parlementaire n’est plus qu’une façade, derrière laquelle se déploie un système de décision occulte, arbitraire, orchestré dans les états-majors des grands partis.

[bgcolor=#FFFF99]Ostrogorsky ne réclame pas la suppression des partis, mais prône le dépassement voire le démantèlement des “partis permanents” et leur remplacement par des “partis ad hoc”, c’est-à-dire des regroupements politiques qui se constitueraient à intervalles réguliers et sous la pression des faits, pour obtenir telle ou telle réforme concrète et disparaîtraient de la scène une fois celle-ci obtenue). Ostrogorsky nommait “ligues” ou “initiatives à projet unique”, ces “formations ad hoc”, destinées à soutenir des candidats prêts à voter ou faire voter un projet.[/bgcolor] Bien qu’il ne l’ait jamais dit explicitement, le modèle d’Ostrogorsky semble avoir été les ligues françaises de la fin du XIXième siècle: Ligue des Patriotes (1882), Ligue des Droits de l’homme (lors du procès Dreyfus), Ligue d’Action Française (Maurras et Daudet).

[bgcolor=#FFFF99]La permanence des partis indique qu’ils ne sont pas là pour réaliser des réformes concrètes, utiles et urgentes pour la communauté populaire, mais pour promouvoir des “chefs” (des “bosses”) ou des oligarchies fermées[/bgcolor], à l’aide d’une idéologie préfabriquée, irréaliste et démagogique, incapable d’appréhender les ressorts du réel, excitant une fraction des masses d’électeurs, utile seulement au recrutement de voix qui seront comptabilisées pour maximiser l’influence du parti et de ses chefs dans la société en général, en s’emparant d’autant de postes de commande que possible, afin d’amorcer la pompe à finances via les recettes fiscales.

Ostrogorsky constate que la fonction des masses dans la démocratie moderne n’est pas de gouverner, comme l’affirme la théorie démocratique, car elles n’en seraient de toute façon pas capables, même si on leur donne tous les instruments constitutionnels et juridiques pour le faire (législation directe, référendum, etc.). Dans tous les cas de figure, ce sont de petites minorités qui accèdent au gouvernement des pays. Ces minorités agissent pour concentrer le maximum de pouvoir autour d’elles: c’est ce qu’Ostrogorsky appelle “la loi de gravitation de l’ordre social”. Les masses servent de réservoir de voix pour des minorités alternatives, qui concentrent petit à petit du pouvoir autour d’elles. Les masses les servent pour intimider les gouvernants, qui risquent de perdre des plumes dans les “loteries électorales”, s’ils ne vont pas à l’encontre des désirs divers et souvent incohérents du gros de la population.

[bgcolor=#CCFFFF]Face à ces minorités, les individualités non encartées, non inféodées aux formations de masse sont écrasées et tyrannisées par le biais de la police ou surtout de l’impôt. Dans cette société civile se cristalisent des contre-poids, qui ne sont toutefois pas assez puissants pour abattre tout de suite les oligarchies dominantes. Les citoyens non encartés doivent louvoyer entre les obstacles dressés par les oligarchies, parier sur les innovations techniques (cf. Schumpeter) pour contourner les interdits imposés par le régime en place, ou en appeler aux anciens résidus religieux, forces morales établies et avérées, éventuellement mobilisables contre le régime en place.[/bgcolor]

Finalement, le citoyen isolé n’a que très peu d’influence sur la désignation des candidats figurant sur les listes qu’on lui présente à chaque élection. Il peut créer l’opinion, en pariant tantôt sur l’héritage du passé tantôt sur les espoirs d’avenir, mais cette opinion qu’il exprime ou formule sera filtrée par les états-majors des partis, qui désigneront des candidats qui voteront selon les injonctions du parti et non pas selon les intérêts des citoyens qui les ont élus.

Le gouvernement est donc aux mains d’une classe politique, certes relativement ouverte —elle n’est pas une caste fermée— mais qui constitue néanmoins un groupe en soi. Elle gère le pays face à l’indifférence et la passivité des masses. Celles-ci ne sont pas davantage actives que du temps où toute opposition était absente et où il n’y avait pas de “démocratie”. Le droit de vote est considéré comme une évidence, mais on ne lui accorde par une grande valeur, on ne comprend pas clairement l’enjeu et le sérieux de ce droit. Cette ignorance générale des masses laissent aux minorités actives une large marge de manœuvre.

Ostrogorsky dénonce enfin le “formalisme politique” ou [bgcolor=#FFFF99]le “formalisme partisan”. C’est, dit-il, un ennemi de la raison, il oblitère la conscience individuelle et le courage civil.[/bgcolor] L’organisation de tout parti est toujours trop rigide, la doctrine idéologique est trop simpliste, les rituels annihilent les volontés et l’esprit critique. Certes, admet Ostrogorsky, toute forme culturelle implique organisation, doctrine et rituels, mais, dans le cas des partis politiques modernes, le degré d’organisation, le poids de la doctrine et des rituels ont dépassé la limite acceptable. Le parti ne sert plus à faire passer de l’innovation dans la société, à y injecter un surplus d’éthique, à restaurer des valeurs estompées, mais à couvrir d’un “voile de bienséance” les turpitudes et les corruptions des oligarques.

Ce formalisme, explique Ostrogorsky, est le nouveau visage de la tyrannie, qui a toujours, au fil des temps, changé sa face pour mieux se dissimuler aux naïfs et les tromper. La tyrannie est une hydre à mille têtes: inutile d’en trancher une, il en repoussera d’autres, sans discontinuité. La liberté est un idéal qui a du mal à s’implanter dans les têtes, alors que les hommes acceptent benoîtement la tyrannie, sous quelque forme qu’elle se présente. Vouloir changer ces dispositions de l’âme est un travail de Sisyphe.


[bgcolor=#66FF00]Panfilo Gentile[/bgcolor][bgcolor=#CCFFFF] reprend le flambeau de Minghetti[/bgcolor]

Panfilo Gentile (1889-1971), politologue et célèbre journaliste italien, n’hésitera pas à parler de déviances mafieuses du système des partis. Les démocraties partitocratiques sont pour lui des “démocraties mafieuses”. Il écrit: « Quand le pouvoir est exercé au profit du parti […] tout scandale est couvert par un vaste réseau de complicités. La responsabilité remonte très haut, implique les leaders et les sous-leaders du parti, les hommes du gouvernement […] Les faits scandaleux sont alors ignorés et si des adversaires les dénoncent, on trouve le moyen de les minimiser ». Ou encore: « Les oligarchies mafieuses, que les démocraties modernes tendent à produire, sont des oligarchies de petits bourgeois sans occupation fixe, imbus de cléricalisme idéologique, portés à l’intolérance et à l’esprit sectaire ». « Mais les idéologies ne sont en réalité que de vieilles idées, devenues populaires […]. Des schémas doctrinaires ont été créés qui trouvent tout à coup une codification intangible. Chaque parti a sa Torah, ses docteurs, ses pharisiens et ses zélotes. L’idéologisme porte à la cléricalisation des esprits. Les démocraties modernes reposent sur le dogmatisme universel, même si l’on admet théoriquement la concurrence entre une pluralité de dogmatismes ».

Le tableau est planté. Panfilo Gentile, disciple de l’école élitiste italienne (Gaetano Mosca, Vilfredo Pareto, Roberto Michels), a dénoncé, vingt-cinq ans avant les scandales politiques italiens du début des années 90, les mécanismes corrupteurs de la partitocratie. Ceux-ci se développent à partir des linéaments idéologiques suivants:

  1. Le marxisme intellectuel, religionnaire, considéré comme l’ersatz d’une eschatologie ou d’une sotériologie religieuse (==> PCI). Les formations politiques qui se réclament de cette sotériologie laïque sont prêtes à mobiliser toutes les ressources sans hésitation pour accéder au pouvoir, prélude à l’avènement d’un modèle social, posé d’emblée comme définitif.

  2. L’ingérence constante des ecclésiastiques dans la politique, dans l’espoir de forger un “parti unique des catholiques” (==> DC). Ce parti unique devra barrer la route à tous les autres et s’étendre à toutes les strates de la population.

  3. L’engouement pour les programmations économiques et le planisme irresponsable, conduisant à énumérer toutes les choses désirables à réaliser, … sans couverture financière réelle. Une fiscalité lourde étant censée alimenter le financement de ces projets fabuleux.

  4. L’infiltration par les partis, mus par les idéologèmes que nous venons d’énumérer, de tous les rouages de l’État.

Dans l’Italie des années 60, la partitocratie, disait Gentile, est un “clérico-marxisme”, ou, disait Augusto Del Noce, un “catho-communisme”. Elle a conduit à “une politique purement démagogique qui a accumulé déficit sur déficit et a fragilisé l’économie”. C’est le “système de la carte du parti qui a pollué l’appareil bureaucratique et les pouvoirs de l’État. Un régime ainsi stratifié et consolidé semble aujourd’hui pratiquement impossible à modifier et à restructurer”. Dans un interview accordé en 1969, Panfilo Gentile précise sa pensée: [bgcolor=#FFFF99]« En d’autres mots, les démocraties mafieuses sont des régimes basés sur la détention de la carte du parti, tout comme dans les véritables régimes totalitaires. La différence entre les deux systèmes, c’est que dans les régimes totalitaires, il n’y a qu’un seul type de carte, tandis que dans les “démocraties mafieuses”, on consent à l’existence de plusieurs types de carte; mais il s’agit de cartes finalement “confédérées” au sommet et, en définitive, cela revient au même, c’est comme s’il n’y avait qu’une carte unique; celle au singulier du régime totalitaire ou celles au pluriel des régimes partitocratiques, sont toutes génératrices de privilèges, octroyés par ceux qui sont au pouvoir […]. Alors, quand de tels régimes se constituent, les oppositions n’ont plus de place […]. Les oppositions sont reléguées dans une espèce de ghetto invisible. Les détenteurs du pouvoir détiennent également le monopole des moyens de propagande et de persuasion occulte. Les éditeurs, la presse, les prix littéraires, les subventions aux théâtres et aux cinéastes sont invariablement soumis à une insupportable discrimination politique ».[/bgcolor]


[b][bgcolor=#CCFFFF]Les seize tares majeures de la partitocratie selon [/bgcolor][bgcolor=#66FF00]Gonzalo Fernandez de la Mora[/bgcolor][/b]

Pour Gonzalo Fernandez de la Mora, ancien ministre d’Espagne, philosophe du politique de réputation internationale, directeur de la revue Razon española (Madrid), jette un regard critique sur les pratiques des partitocraties et y décèle seize contradictions majeures :

1. Les partis de la partitocratie subissent un processus d’oligarchisation interne.

Selon la loi mise en exergue au début du siècle par Roberto Michels, c’est-à-dire la “loi d’airain des oligarchies”, les partis tendent à se fermer sur eux-mêmes, à se hiérarchiser et à renforcer la puissance de leurs appareils. Ce processus relègue les bases à l’arrière-plan, celles-ci ne sont autorisées à voter que pour un délégué désigné par la direction. L’impulsion est donc autoritaire et non populaire. L’ensemble des adhérents aux partis en compétition n’excède jamais 5% de la population. Les partis sont donc de toutes petites minorités qui prennent arbitrairement en charge la totalité des électeurs.

La contradiction est donc flagrante: les partis ne sortent en aucun cas du cycle des oligarchies qu’ils avaient prétendu abolir au nom de la démocratie.

2. Les partis de la partitocratie impliquent une professionnalisation de la politique.

Les membres des oligarchies partisanes se transforment rapidement en professionnels de la lutte pour le pouvoir. Mais ces professionnels ne se cantonnent pas dans un domaine précis, pour lequel ils auraient effectivement des compétences dûment sanctionnées par l’université ou une grande école. Les “professionnels de la politique”, au contraire, ne sont spécialistes de rien et se retrouvent tour à tour présidents d’une banque publique, directeurs d’un réseau ferroviaire, d’un service hospitalier, d’un service postal, d’une commission de l’énergie nucléaire ou ambassadeurs dans un pays dont ils ne connaissent ni la langue ni les mœurs. Nous nous trouvons dès lors face à un personnel non spécialisé, dépourvu de compétences, mais posé arbitrairement comme “omnivalent”.]

La contradiction est également flagrante ici : les partis se présentent comme des agences efficaces, capables de placer au poste ad hoc les citoyens compétents, sans discrimination d’ordre idéologique, mais ne casent finalement que leurs créatures, en excluant tous les autres et en n’exigeant aucune compétence dûment sanctionnée.

3. Les partis provoquent une crise de l’indépendance.

L’idéal démocratique, c’est d’avoir des assemblées de notabilités capables de juger les choses politiques en toute indépendance et objectivement. Le système des partis coupe les ailes à ceux qui souhaitent se présenter en dehors de toute structure partisane. En effet, le parcours du candidat-député indépendant est plus long et plus difficile. Même s’il réussit à se faire élire, il aura des difficultés à faire entendre sa voix, face aux verrous placés par les partis dans la sphère des médias et de la presse.

La contradiction est une nouvelle fois patente : les partis annoncent qu’ils sont démocratiques, qu’ils défendent la liberté d’expression de tous indistinctement, mais, par leur action et leur volonté de tout contrôler et surveiller, il semble de plus en plus difficile de se porter candidat en dehors de leurs circuits.

4. Les partis provoquent l’appauvrissement de la classe politique.

[bgcolor=#FFFF99]Les oligarques des partis tendent à recruter des adjoints fidèles et naïfs incapables de leur porter ombrage ou de les dépasser.[/bgcolor] Conséquence: le niveau intellectuel et moral du parti s’effondre. Les ficelles sont tirées par des démagogues conformistes et peu compétents. Les quelques talents qui s’étaient perdus dans les coulisses des partis sont progressivement mis sur la touche ou quittent le parti, dégoûtés.

La contradiction est nette : les partis ne sont nullement des agences qui assurent la promotion des meilleurs, mais, au contraire, qui sélectionnent et propulsent aux postes de commande les plus médiocres et les plus corrompus.

5. Les partis éclipsent le décor politique.

Les états-majors des partis sont tenus à une certaine loi du secret. Ils ne dévoilent jamais entièrement leurs batteries. L’information qu’ils fournissent aux citoyens est souvent mensongère et biaisée.

Contradiction : l’électorat, censé choisir clairement ses dirigeants, ne reçoit que des informations tronquées et maquillées. L’électorat n’est pas informé mais désinformé. Ses choix sont dès lors peu raisonnables.

Le décor politique devient flou, vu les dissimulations et la polysémie de langage dont usent et abusent les oligarchies politiciennes. On ne sait plus qui défend quoi.

6. Les oligarchies partisanes spolient l’électorat.

Si de larges strates de l’électorat ne se retrouvent pas dans les principaux partis, si les candidats indépendants n’ont pratiquement aucune chance de faire passer leur programme, l’électorat n’a plus d’autre possibilité que [bgcolor=#FFFF99]l’abstention. Mais celle-ci, par la magie électorale, se transforme en appui à la majorité.[/bgcolor]

Contradiction : non seulement les oligarques partisans cumulent les voix de leur propre clientèle (ce qui est logique), mais ils “rackettent” celles des opposants silencieux qui s’abstiennent. La démocratie partitocratique, qui avait claironné qu’elle serait plus représentative que les formes antiques et médiévales de la représentation populaire, constitue de fait une régression. Le citoyen n’a plus la liberté de ne pas être client, de vaquer tranquillement à ses occupations professionnelles, à ses devoirs familiaux, avec l’assurance d’être traité en toute équité en cas de problème. Il n’est plus perçu comme un homme libre, capable de faire un choix judicieux, qu’il s’agit de respecter, mais comme le réceptacle docile de propagandes simplistes, distillées par les bureaux des partis.

7. La partitocratie est un réductionnisme d’ordre éthique.

Sur le plan éthique, le système des partis constitue également une régression dangereuse :

a) [bgcolor=#FFFF99]Tous les adversaires de ce système sont dénoncés comme des “ennemis de la démocratie”, dénonciation qui équivaut à celle de “satanisme” dans les procès de sorcellerie au moyen-âge.[/bgcolor] Or comme le terme de démocratie recouvre un océan de définitions divergentes, on peut condamner même la personne la plus innocente, en la désignant comme “ennemie de la démocratie”. Les partitocraties montrent par cette pratique qu’elles ne respectent aucune opinion qui serait susceptible de leur porter ombrage.

b) Les partis, pour fonctionner dans les partitocraties, pompent énormément de deniers publics, y compris auprès de ceux qui n’ont pas voté pour les formations du pouvoir. Si ceux-ci émettent des protestations, ils sont accusés de ne pas être “solidaires”. Les oligarques utilisent le réflexe de l’éthique de la solidarité pour justifier une spoliation, dont les victimes ne peuvent se défendre ni par le biais des tribunaux politisés ni à travers le travail des chambres qui sont muselées.

c) Les partis ont fait voter des lois qui leur permettent de récupérer en dotations publiques leurs frais de fonctionnement ou de propagande. Le procédé est malhonnête car ces sommes ont été levées par coercition, sans qu’aucun contribuable ne puisse y échapper. Pour Gonzalo Fernandez de la Mora, « c’est, assurément, la forme la plus répugnante de rapine à main armée que celle qui s’exerce par les armes de l’État et en marge de la légalité comme dans le pire des féodalismes, mais en proportions incomparablement supérieures ».

8. L’instrumentalisation des parlementaires.

La discipline qu’imposent les partis-machines aux députés qui ont été élus sur leurs listes est telle que le parlementaire ne peut plus émettre, dans les assemblées, un vote divergent de celui qu’ordonne le parti. Sinon, il est marginalisé voire exclu des prochaines listes électorales. La liberté individuelle du parlementaire est ainsi annulée.

9. Le paradoxe des transfuges.

Le transfuge, qui, à la suite d’un désaccord ou par pur opportunisme, change de liste ou de parti, conserve son mandat et commet une double fraude: à l’égard de ses anciens dirigeants et à l’égard de ses électeurs. Mais la partitocratie admet ce genre de procédé, montrant ainsi la dépersonnalisation totale du député, qui devient un pion interchangeable.

10. les partis provoquent la dévaluation intellectuelle des chambres.

Les projets de la majorité sont présentés au parlement. L’opposition minoritaire n’a que quelques minutes pour préparer ses réponses ou suggérer des amendements. Il est donc impossible, de cette manière, de lancer un débat de fond et de développer des arguments approfondis, raisonnables et cohérents. Les chambres déchoient ainsi en fictions rhétoriques, en spectacles.

11. Les partis provoquent la dévaluation politique des chambres.

Comme l’exécutif procède de la majorité parlementaire, et que celle-ci est composée de députés dociles, dont le vote est parfaitement prévisible, [bgcolor=#FFFF99]les chambres perdent leur rôle politique : celui de critiquer l’exécutif, de lui imposer des amendements, de le faire tomber le cas échéant. [/bgcolor]La partitocratie confisque aux chambres leur rôle dans le fonctionnement de la démocratie.

12. Les partis dévaluent le rôle des chambres sur le plan fiscal.

Les chambres sont nées justement pour limiter le pouvoir du souverain et surtout pour freiner ses appétits économiques. Les chambres sont là pour défendre les citoyens, faire en sorte que ceux-ci ne paient que le strict nécessaire en matière d’impôt. Dans les assemblées d’origine, les chambres s’opposent aux exagérations du Prince.

[bgcolor=#FFFF99]Dans les partitocraties, au contraire, elles se transforment en assemblées dociles qui entérinent les décisions de l’exécutif et ne défendent plus les intérêts des citoyens.[/bgcolor] Ce qui est une entorse supplémentaire au principe de la représentation démocratique.

13. Les partis dévaluent le rôle législatif des chambres.

Les chambres ont été créées pour contrôler le Prince ou le pouvoir exécutif en exerçant leurs compétences légiférantes. Les lois devaient ainsi être forgées pour le bénéfice du peuple, en le soustrayant à tout arbitraire du Prince ou de l’exécutif.

[color=black][bgcolor=#FFFF99]Dans les partitocraties, ce rôle de légiférant-protecteur est annulé, dans la mesure où la majorité parlementaire entérine formellement les textes que l’oligarchie partisane a décidé de transformer en lois. L’idée inspiratrice de ces textes vient du chef ou de l’état-major et de leurs conseillers et non pas des membres de l’assemblée, qui n’ont même pas l’obligation de les lire !![/bgcolor] les chambres déchoient ainsi en un espèce de notariat collectif qui accorde une sorte de caution publique à des textes composés et décidés ailleurs.

Conclusion : la capacité législative des chambres dans les partitocraties décroît, jusqu’à atteindre le point zéro.[/color]

14. Le pouvoir des partis dans une partitocratie conduit à l’irresponsabilité du gouvernement.

En théorie, le gouvernement est responsable devant les assemblées.

[bgcolor=#FFFF99]Dans les partitocraties, où il y a une majorité stable, il a les mains absolument libres et n’est même plus obligé de tenir compte de l’opposition.[/bgcolor] Il s’accorde l’impunité et compte sur la mémoire courte des électeurs, qui oublieront ses trafics avant les nouvelles élections.

15. La partitocratie conduit à la politisation de l’administration.

On peut parler d’une politisation de l’administration, dès que les fonctionnaires agissent dans le sens que leur dicte leur parti, ne cherchent plus à appliquer l’ordre juridique en place et ne respectent plus le principe de l’équité. L’oligarchie partitocratique peut ainsi politiser l’administration, en limitant son accès à ses affiliés ou ses sympathisants ou en octroyant des récompenses et des promotions à ses seuls féaux. Nous avons assisté à l’émergence d’une sorte de népotisme collectif. Toute administration politisée est par définition partiale et donc injuste.

16. La partitocratie conduit à la fusion des pouvoirs.

L’idéal démocratique de Montesquieu, repose, pour l’essentiel, sur la séparation des pouvoirs. Depuis des temps immémoriaux, les hommes savent que l’on ne peut être à la fois juge et partie. Gonzalo Fernandez de la Mora écrit: « Pour faire en sorte que l’indépendance du pouvoir judiciaire ne soit pas diminuée ou annulée par des normes que le pouvoir exécutif fabrique à son bénéfice exclusif, il faut que le pouvoir législatif soit indépendant du pouvoir exécutif […] [bgcolor=#FFFF99]b dans les partitocraties […] le pouvoir exécutif assume de fait le pouvoir législatif et tend à influencer aussi l’interprétation et l’application des lois […]. Le mode le plus efficace pour atteindre de telles fins est d’intervenir dans la nomination et le placement des magistrats ».[/b][/bgcolor]

Conclusion

Le constat de Gonzalo Fernandez de la Mora est simple: [bgcolor=#FFFF99]la partitocratie tend à confisquer à son profit tous les pouvoirs, en noyautant l’administration par placement de ses créatures, en intervenant dans la nomination des magistrats, en annulant l’indépendance des parlements et des députés. Elle est ainsi la négation de l’État de droit (qu’elle affirme être par ailleurs), parce qu’elle désarme les gouvernés face aux erreurs et aux errements de l’administration et face aux abus d’autorité. La fusion des pouvoirs, au bénéfice d’un exécutif de chefs de partis, correspond à ce que les classiques de la science politique nommaient la tyrannie.[/bgcolor] Même la dictature provisoire à la romaine respectait l’indépendance des juges et garantissait ainsi l’équité. Outre l’anarchie et la loi de la jungle, l’installation de tribunaux partiaux et partisans est la pire des choses qui puisse arriver à une communauté politique. Les événements de Belgique l’ont prouvé au cours de ces dernières années. »

Bibliographie :

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  • Alessandro CAMPI, «La critica alla partitocrazia nella cultura politica italiana: 1949-1994. Una rassegna storico-bibliografica», in: Futuro Presente, n°4, Perugia, 1993.
  • Ramon COTARELO, «¿Son necesarios los partidos politicos en la democracia?», in: Razón Española, n°53, mayo-junio 1992.
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  • Hans-Helmut KNÜTTER, «Staats- und Parteienverdrossenheit - Ursache und Konsequenzen», in: Mut, 1994.
  • Hans-Helmut KNÜTTER, «Man weiß nicht mehr, was man will, sondern nur, was man ablehnt», in: Junge Freiheit, n°6/1994 (Interview réalisé par Peter Boßdorf).
  • Klaus KUNZE, «Der totale Parteienstaat», in: Junge Freiheit, Januar-Februar 1992.
  • Klaus KUNZE, «Der Weg der Parteiendemokratie in den feudalen Parteienstaat», in: Staatsbriefe, 3/1992.
  • Klaus KUNZE, «Plebiszite als Weg aus dem Parteienstaat», in: Junge Freiheit, Okt. 1992.
  • Angel MAESTRO, «La partitocracia en crisis», in: Razón Española, n°54, jul.-aug. 1992.
  • Marco MINGHETTI, I partiti politici e la loro ingerenza nella giustizia e nell’amministrazione, Prefazione di Carlo Guarnieri, Societa Aperta, Milano, 1997.
  • Wolfgang MOMMSEN, Max Weber. Gesellschaft, Politik und Geschichte, Suhrkamp, Frankfurt a. M., 1974.
  • Vincenzo PACIFICO, «Marco Minghetti: il padre della “destra storica” italiana e la sua opera. Spirito de patria», in Percorsi, n°4, mars 1998.
  • Karl PISA, Alexis de Tocqueville. Prophet des Massenzeitalters. Eine Biographie, DVA, Stuttgart, 1984.
  • Caspar von SCHRENCK-NOTZING, «Die verdeckte Krise des Parteiensystems», in: Junge Freiheit, Juli/August 1991.
  • Caspar von SCHRENCK-NOTZING, «Das Grundübel unserer Demokratie liegt darin, daß sie keine ist», in: Junge Freiheit, Dezmber 1993.
  • Robert STEUCKERS, Partitocratie et polyarchie: le cas belge, manuscrit non encore publié.
  • Helmut STUBBE-da LUZ, «“Nicht die Formen studieren, sondern die Kräfte!”. Moisei J. Ostrogorski (1854-1919), ein Pionier der Parteienkritik», in: Criticón, n°148, pp. 193-198, München, 1995.
  • Juan VALLET de GOYTISOLO, «¿Democracias no partitocracias?», in: Razón Española, n°54, jul.-aug. 1992.
  • Alberto VANNUCCI, Il mercato della corruzione. I meccanismi dello scambio occulto in Italia (Prefazione di Alessandro PIZZORNO), Sociéta Aperta, Milano, 1997.
    -Max WEBER, Le savant et le politique (Préface de Raymond ARON), UGE-10/18, Paris, 1963.

Le pire des « partis » c’est celui qui prétend les interdire !

Bonjour Alain :slight_smile:

Vous dites : Le pire des « partis » c’est celui qui prétend les interdire !

C’est une formule, ça, mais qui reste à démontrer, non ?

Parce que là, c’est un peu court, comme argumentation :confused:

Y aurait-il des pensées interdites ?
Pour moi, il est essentiel de pouvoir tout critiquer, par principe.
Même les partis :wink:

Que pensez-vous de cette analyse, cher Alain ?

"Ostrogorsky ne réclame pas la suppression des partis, mais prône le dépassement voire [bgcolor=#FFFF99][b]le démantèlement des “partis permanents” et leur remplacement par des “partis ad hoc”, c’est-à-dire des regroupements politiques qui se constitueraient à intervalles réguliers et sous la pression des faits, pour obtenir telle ou telle réforme concrète et disparaîtraient de la scène une fois celle-ci obtenue.[/b][/bgcolor]

Ostrogorsky nommait “ligues” ou “initiatives à projet unique”, ces “formations ad hoc”, destinées à soutenir des candidats prêts à voter ou faire voter un projet."


Chaque citoyen resterait ainsi libre de sa pensée thème par thème, au lieu de devoir adopter en bloc le paquet complet de l’idéologie intégrale d’un parti, ce qui, pour moi, est rigoureusement incompatible avec la plus élémentaire liberté de penser.

Amicalement.

Étienne.

Cher Etienne,

Il y a en effet beaucoup à gagner à critiquer les partis de l’extérieur, mais aussi à y exercer « librement » son esprit critique, « de l’intérieur ».

J’ai tendance à penser que les "critiques de l’extérieur " tendent vers leur destruction, tandis que les « critiques de l’intérieur » visent leur « dépassement ».

Par rapport à l’UMP, et au FN, je ne peux exercer qu’une « critique de l’extérieur » , si je veux, en effet, rester libre.

Par rapport aux autres partis, il me semble devoir et pouvoir choisir l’un d’eux comme « porte d’entrée » dans le monde de la « construction politique durable », même si « de l’extérieur » les défauts communs de « la forme parti » me sautent aux yeux.

« Construire une cohérence politique à long terme » c’est un défi bien plus porteur de « sens » que simplement donner des pitchenettes selon les jeux et les enjeux bidons que s’évertuent à nous proposer les « médias durablement dominants »…

Avouez que la question de « la liberté » relève de conquêtes qu’on espère « durables »:

je n’aime pas les rasoirs jetables, ni les emplois kleenex, ni les luttes sporadiques, peut-être n’ai-je pas fait ma « révolution libérale » ? (pour moi, les « initiatives à projet unique » peuvent mobiliser « transversalement » associations, partis, syndicats et « électrons libres » « tous ensemble », mais elles peuvent aussi faire « bling bling » sur une longueur d’onde trés courte au regard de la « houle dominante »…puis plouf: le « trou dans l’eau glacée de l’oubli » !)

Bien fraternellement.

En tous cas ce n’est pas forcément être « conservateur des formes anciennes » que de vouloir participer à leur évolution, voire à leurs mutations, (si affinités, bien sûr!)…

Pas de vie politique sans partis durables

Étienne (3462) cite Ostrogorsky, qui "prône le dépassement voire le démantèlement des “partis permanents” et leur remplacement par des “partis ad hoc”, c’est-à-dire des regroupements politiques qui se constitueraient à intervalles réguliers et sous la pression des faits, pour obtenir telle ou telle réforme concrète et disparaîtraient de la scène une fois celle-ci obtenue."

Voilà une conception minimaliste de la politique, et pour tout dire une conception a-politique.

Le rôle d’un parti politique est de réunir les citoyens autour d’idées politiques générales et d’organiser la confrontation de ces idées en vue de dégager une opinion majoritaire autour des idées jugées les plus importantes - ou du moins de clarifier ces idées et d’en faire mieux appréhender la nature et les conséquences.

Les partis non permanents prônés par Ostrogorsky ne sont rien d’autres que des groupements d’intérêts, des lobbys ou des machines à élire. Ils ne permettraient pas aux citoyens de réfléchir aux grandes orientations à donner à la société - ce qui devrait constituer l’essence de la politique.

Par conséquent, autant je suis opposé aux dictatures partito-parlementaires style IVe République ou régime royaumunien actuel, autant j’estime que des partis politiques permanents, idéologiques, sont la condition nécessaire d’un vrai débat démocratique.

Mais quand ces partis permanents (je ne donnerai pas de noms) n’ont plus d’idées générales à défendre, ils peuvent disparaître sans inconvénient.

Incidemment, le manque d’idées générales me semble caractériser la vie politique française depuis pas mal d’années déjà. JR

Cher Jacques,

Vous dites : « Le rôle d’un parti politique est de réunir les citoyens autour d’idées politiques générales et d’organiser la confrontation de ces idées en vue de dégager une opinion majoritaire autour des idées jugées les plus importantes - ou du moins de clarifier ces idées et d’en faire mieux appréhender la nature et les conséquences. »

J’accepte cette définition, mais je ne vois pas de contradiction avec la proposition d’Ostrogorsky : il me semble que ce noble objectif serait aussi bien atteint — et même beaucoup mieux si la thèse est valide — avec des regroupements et débats focalisés [bgcolor=#FFFF99]par dossier[/bgcolor] plutôt que par idéologie intégrale.

Ça donnerait de la souplesse à la pensée et de la liberté aux hommes (de s’associer différemment selon les sujets).

Je rappelle que la façon de « faire de la politique » prônée par Ostrogorsky n’est pas une utopie : elle a été testée, et avec succès, et pendant deux siècles, il y a 2 500 ans, chez les Athéniens ; or, ce peuple a probalement été le plus politisé de toute l’histoire des hommes, alors que les partis y étaient simplement… interdits.

Et si, plutôt que d’en rester à des généralités assez difficiles à étayer, on essayait de reprendre (contester, débattre) les 17 reproches majeurs formulés par Gonzalo Fernandez de la Mora, point par point ?

Amicalement.

Étienne.

J’ai parcouru avec intérêt ce fil sur les partis politiques et les nombreux documents sur leurs tares. Bien évidemment, je partage ces critiques mais quelques réflexions en vrac.

  1. je ne comprends pas le souci d’Etienne de vouloir alors faire un parti ( même un parti des sans partis…") Pour quoi faire? pour faire avancer le projet ( objectif central du parti) de nouvelle contituante ou nouvelle constitution ?? Une association suffit, et dans une association on peut structurer l’organisation comme on l’entend. C’est pas clair. Qui dit parti dit engagement politique lors des échéances politiques et donc combat pour le pouvoir. Si on ne veut pas le pouvoir pourquoi faire un parti ou un mouvement politique ? On peut se satisfaire d’organiser un groupe de pression constitutionnelle ou même d’organiser des actions collectives sans même avoir d’association. C’est le mélange des genres qui tue ATTAC.

  2. je m’interroge sur votre pratique de la vie associative. Dans le projet de statuts , on affirme , "pas un chef mais seulement un porte-parole " ; C’est exactement la même chose; Celui qui a la parole est le leader. C’est plus qu’évident surtout dans notre société hyper médiatique. Et si vous croyez qu’un porte parole peut se complaire longtemps avec « un mandat impératif » vous vous trompez lourdement. Ensuite l’égo naturel du porte parole intervient, ou les envies ou les orgueils d’autres. etc… Créer une association, c’est aussi naturellement vouloir la faire vivre, et donc la pérenniser, même si pour celà il faut changer d’objet, le compléter. Il est très difficile et d’ailleurs très rare de suicider une association qui a un noble but civique. À l’origine, GE et les Verts étaient aussi considérés comme partis biodégradables. Euh, l’agonie de GE est très très longue et pour les Verts, moins on a de militants plus on a d’élus, donc on ne voit pas bien pourquoi ça disparaîtrait. Voir le parti Radical de gauche.

De plus, on critique les partis, et c’est bien, mais dans toutes les associations humaines (associations, syndicats, organisations diverses et variées…) les mêmes jeux de pouvoir sont à l’oeuvre. Même le cercle familial n’est pas exempt de ces jeux. D’ailleurs, c’est bien souvent les relations familiales qui permettent l’accès à un poste, un emploi, une fonction…

En un mot, la question fondamentale reste la question du pouvoir. D’ailleurs nous on voudrait bien avoir le pouvoir de contrecarrer les pouvoirs en place, de les limiter, de les contrôler…

Cordialement.

Je ne sais pas si c’est la bonne section pour en discuter, donc désolé d’avance :wink:

Concernant les campagnes, les candidatures et les élections, voilà quelques propositions :

  • toute candidature à une responsabilité politique locale, nationale ou européenne doit recueillir au moins un soutien de X habitants
    X restant à définir en fonction des différents mandats et en fonction du nombre d’habitants auquel il correspond, de manière à exclure les possibles candidatures inutiles, mais à permettre à tout le monde de pouvoir se porter candidat même hors parti politique

  • chaque candidature bénéficierait ainsi d’indemnités de l’état d’un maximum de Y euros pour mener leur campagne
    Y étant à définir en fonction des mandats et du nombre d’habitants auquel ils correspondent

  • le candidat devra déposer en même temps que sa candidature un projet de campagne, énumérant ses possibles dépenses, accompagné de tous les documents et les informations nécessaires pour permettre à l’état, par l’intermédiaire des administrations locales, de lancer un appel d’offre et de voir avec le candidat quelles modifications il veut apporter si son projet n’est pas réalisable dans la limite du financement envisagé

il serait interdit à tout candidat d’avoir recours à d’autres sources de financement pour mener leur campagne

tout ceci afin d’éviter le moindre abus, dans un souci d’équité aussi afin que personne ne soit désavantagé du fait de ses origines sociales, et enfin pour supprimer la main mise des partis sur les élections

Primaires

Sandy (5001).

En fait, vous proposez d’instituer des « primaires » auxquelles les candidats se présenteraient individuellement avant l’élection à proprement parler.

Je serais assez d’accord, sauf qu’une campagne des primaires ne me paraît pas vraiment nécessaire : il faudrait que les candidats soient connus ou se fassent connaître avant de se présenter aux primaires, dont l’objet devrait être d’écarter les candidatures fantaisistes ou inintéressantes. JR

En fait, vous proposez d'instituer des "primaires" auxquelles les candidats se présenteraient individuellement avant l'élection à proprement parler.
Non pas dutout, je parle de l'élection elle-même

Sandy,

Pardonnez-moi mais il me semblait que vous parliez de « soutien des candidatures » et non de l’élection elle-même.

Si vous parlez de l’élection elle-même, la question a été déjà abondamment discutée sur ce site et des propositions très détaillées ont été faites : voyez 3A1 et 2A2f.JR

POUR UN STATUT DES PARTIS POLITIQUES;

la renovation démocratique se passe avant tout dans les détails.

L’ élection au sein du PS à l’occasion du congrès, a été l’occasion de manquements graves à la démocratie. Des pratiques douteuses et quasiment inadmissibles ont été mises à jour. Bien sûr tout le monde le savait, comme tous les politologues qui se taisaient jusqu’à maintenant, mais aujourd’hui, c’est dans « le journal » et dans « le poste » en plus.

La liste des fraudes, erreurs, manipulations, est longue, et tout y passe. la crédibilité démocratique du parti socialiste est fortement atteinte, comme d’ailleurs celle de tous les partis politiques, parce que bien entendu ça se passe plus ou moins de la même façon dans tous les mouvements politiques.

Cette élection a été une véritable leçon de chose pour les citoyens français, sur l’organisation des partis politiques.

A « C dans l’air » sur frane 5 aujourd’hui, les politologues se retrouvaient pour affirmer à juste titre que si des adhérents portaient plainte pour non respect du code électoral, cette élection serait annulée. Il est clair que les associations et organisations doivent respecter les règles minimums , à fortiori les partis politiques. Je rajoute moi, que même peut être des citoyens, simples et non adhérents aussi, pourraient porter plainte, parce qu’il faut quand même savoir que ces partis politiques vivent avec de l’argent public.

Un débat doit s’ouvrir sur cette question dans les partis et plus particulièrmeent au PS pour crédibiliser la vie politique.

Il faut corriger de nombreux détails évidents outre des règles sur l’émargement et autres habitulles dans les bureaux de vote, comme par exemple;

- imposer l'isoloir,
  • imposer l’urne transparente ( voir des caisses en carton entouré de papier scotch ) qui ne permet même pas de savoir si l’urne est vide avant le vote etc…)
    De fait il est nécessaire d’appliquer les règles et procédures de vote normales pour des élections enfin conformes au droit électoral.

Dans les propositions citoyennes pour réformer la vie démocratique et politique du pays, on hésite beacoup à traiter de la question des partis politiques, de leur vie interne, en considérant à tort qu’il s’agit d’une affaire qui ne concerne que les partis et leurs adhérents.

Or en raison des financements publics importants qu’ils reçoivent, les partis politiques doivent se plier aux règles normales d’un pays civilisé et dit démocratique. Il est donc nécessaire de rappeler les règles et obligations qui leur sont appliquées.

Il faut un vrai statut public des partis politiques, qui pourrait être constitutionnalisé.

http://changerlarepublique.over-blog.com/


[color=red][b][size=15]pour complément [/size][/b][/color]; je rappelle ici le post d'Etienne mesage N° 2370 [url]http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?id=84[/url] citant un ouvrage de Simone Weill sur les partis politiques [color=red][u][b] extrait ; [/b][/u][/color]
Pour apprécier les partis politiques selon le critère de la vérité, de la justice, du bien public, il convient de commencer par en discerner les caractères essentiels.

On peut en énumérer trois :

- a) Un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective.

- b) Un parti politique est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres.

- c) La première fin et, en dernière analyse, l’unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite.

Par ce triple caractère, tout parti est totalitaire en germe et en aspiration. S’il ne l’est pas en fait, c’est seulement parce que ceux qui l’entourent ne le sont pas moins que lui.

[bgcolor=#FFFF99][/bgcolor]35è congrès du PCF

« Les forces de gauche sont désormais face
à un immense défi : [bgcolor=#FFFF99]ouvrir avec et pour le peuple français une nouvelle ère politique[/bgcolor] de
changements structurels et durables(…) »

« Nous souhaitons que des femmes et des hommes engagés, des personnalités du
mouvement social et populaire, du monde de la création, des intellectuels, qui ne sont pas membres
d’une des forces du Front de gauche, puissent [bgcolor=#FFFF99]ès qualités être totalement partie prenante[/bgcolor] de la
démarche et des combats du Front de gauche, de la co-élaboration du [bgcolor=#CCFFFF]pacte d’union populaire[/bgcolor] »(…:rolleyes:)

@Orbi, je partage votre avis :

« Il faut un vrai statut public des partis politiques, qui pourrait être constitutionnalisé ».

…Parceque je ne partage pas tous les « à priori » d’Etienne contre les partis, excepté celui-ci:

« Un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective. »

Il n’est pas « naturel » de s’intéresser à « la chose publique », cela « ne va pas de soi », il y a besoin d’animateurs, de coordinateurs, de « militants » afin en effet d’aller vers un « minimum de passion nécessaire à des prises de conscience »…

Cela fonctionne mal, tout-à-fait d’accord, car comme pour le réglage d’un appareil quel qu’il soit, la « bande passante » est étroite: soit la fameuse « passion » devient aveuglante, et c’est absurde, soit au contraire le « bruit de fond des appareils » finit par « fatiguer le citoyen »…

Loin de moi l’idée qu’il s’agirait seulement d’une « mise au point technique »: je vous vends mon parti, (au moment « marketting » des élections)…si problème, appelez-nous, on « règlera tout çà à l’intérieur »…(en adhérants souverains).

On rencontre la question fondamentale d’une « Constitution écrite par et pour des citoyens ».

Dire que « la forme parti est à dépasser » ne suffit pas, car la métamorphose éventuelle ne relève pas que de « l’organisme interne de la bestiole à métamorphoser »( du monstre chenille à transformer en papillon grâcieux…).

Si cette « métamorphose » est possible et souhaitable, il faut regarder en quoi, et pour quoi: quelle fonction réellement « utile aux citoyens » peut-on attendre d’un quelconque « organisme politique »?

C’est le problème des citoyens eux-même: dans la nature, ce sont autant les fleurs en attente de « pollenisation » que les chenilles entrain de leur bouffer les feuilles, qui sont « demandeurs » du papillon!

Une république « moderne » devrait aboutir à la phase où « le printemps n’attend plus »: il doit s’établir une « complicité institutionnelle » avec la rencontre des collectifs et des individus pour que ces collectifs ne se développent qu’en servant l’émancipation générale:

Actuellement les partis reflètent la forme "chenille " de l’ensemble de la société: "on " en a marre de se faire manger les feuilles! vivement « le temps des cerise »!:stuck_out_tongue: