11 Langue commune de l'Union Européenne

Langue commune de l’Union européenne

Cette question donne lieu à un échange assez fourni sur le site de l’Union européenne.

En conséquence, je vais incessamment ouvrir sur le site cipunce (www.cipunce.net) un grand sondage sur la question suivante :

« En supposant que ce soit possible en pratique, seriez-vous d’accord pour remplacer l’anglais, dans son rôle actuel de quasi-langue universelle, par une vraie langue-pont universelle qui serait utilisée dans les organisations internationales (à l’UE notamment) et, progressivement, dans les relations entre États ? »

Je vous le signale à tout hasard. Je suis curieux de voir s’il y aura des réponses (enfin, beaucoup : parce qu’il y aura au moins la mienne de toute façon).

D’avance, merci de me dire votre avis sur la question de sondage (je peux encore changer). JR

Langue-pont normalisée pour l’UE

La question suivante est maintenant posée sur le site CIPUNCE dans le cadre d’un sondage permanent :

En supposant que ce soit possible en pratique, souhaiteriez-vous qu’une langue-pont commune normalisée remplace l’anglais dans son rôle actuel de langue de communication dominante des organes de l’UE ?

Pour répondre, aller sous

http://www.cipunce.net/debat/viewtopic.php?p=258#258

Le sondage est ouvert à tous les Européens : toutefois, il faut s’inscrire sur le site CIPUNCE pour y participer (sans quoi il serait difficile de contrôler la fiabilité des réponses - quant aux réponses répétées notamment).

J’insiste : le sondage ne porte pas sur ce qu’on devrait faire ou qu’on pourrait faire, mais sur ce qu’on aimerait pouvoir faire. Il s’agit de permettre aux sympathisants d’une langue-pont commune de se compter. On avisera ensuite.JR

[color=purple]Jacques,

Je viens d’aller jeter un rapide coup d’œil à cette page de votre site. Pas encore beaucoup de réponses, semble-t-il. Et quand on lit certains des arguments avancés dans les messages, qui réduisent l’anglais à un simple outil de domination impérialiste, il y a de quoi bondir ! Que d’amalgames, qui n’aident personne à y voir clair…

Il est vrai que le sujet est délicat, voire sensible. Et je ne sais d’ailleurs pas si je peux (ou devrais être autorisé à) émettre un avis (qualifié, c’est-à-dire suffisamment objectif et impartial) sur la question étant donné que je suis justement… traducteur anglais-français. Le français est ma langue maternelle, je l’apprécie énormément pour la littérature, mais j’aime également l’anglais pour sa souplesse, sa simplicité et ses qualités littéraires (je suis diplômé en lettres et civilisation anglo-américaines). Je risquerai tout de même quelques remarques…

  1. Pour moi, qui baigne dans cette langue depuis la 6e, soit depuis plus de 30 ans, l’anglais est une langue incomparablement plus simple et plus souple que le français.

  2. Si l’on considère que l’anglais est tout de même connu (même s’il est mal maîtrisé) par une grande partie de la population européenne, l’effort à fournir pour le maîtriser correctement ne serait-il pas moindre que celui requis par l’apprentissage d’une langue entièrement nouvelle, telle que l’Espéranto (c’est une question, car je n’en connais pas le moindre mot), même si cette langue est quelque peu normalisée et simplifiée ?

  3. L’anglais étant tout de même une langue parlée par un pourcentage élevé de la population mondiale, et pas seulement dans les pays fondamentalement anglophones, le maintien de son utilisation présenterait pour les européens l’avantage supplémentaire de pouvoir communiquer plus facilement à l’étranger. Avantage que n’offre pas l’Espéranto.

En outre, pour projeter le paragraphe ci-dessus dans l’avenir, il me semble que la question que vous posez est strictement européenne. Je veux dire par là que si les européens apprennent l’anglais, ils pourront davantage communiquer car le reste du monde continuera à l’apprendre aussi (commerce oblige), alors que si l’Europe adopte l’Espéranto, je ne vois pas les autres pays s’y mettre également. L’adoption d’une langue de ce type risque donc d’avoir pour elle un effet marginalisant.

  1. Utiliser une langue telle que l’Espéranto au lieu de l’anglais introduirait effectivement une plus grande « neutralité culturelle » dans les relations internationales.

  2. Une telle langue normalisée et simplifiée aurait-elle la même nécessaire richesse que les langues existantes ? Le moins que l’on puisse dire c’est que l’Esperanto, introduit en 1887, n’a pas réalisé en 120 ans une percée à la hauteur de ses promesses affichées…

Candide[/color]

Anglais/espéranto

Bonjour Candide (votre 853),

Une précision d’abord : je suis angliciste par formation universitaire et en vertu d’une pratique professionnelle de 32 ans, durant lesquels l’anglais a été avec le français ma langue de travail journalière (au parlé et à l’écrit) dans une grande organisation internationale. J’ai pour l’anglais l’admiration qu’il mérite.

Peut-être avez-vous raté, lors de ce rapide passage sur la CIPUNCE, l’analyse détaillée intitulée "Pour une langue commune auxiliaire universelle (<http://www.cipunce.net/debat/viewtopic.php?t=8 >) ? Elle répond par avance à votre message et je vous y renvoie donc.

J’appelle votre attention sur les réalités suivantes, qui me paraissent incontournables :

  1. Aucune langue « naturelle » n’a vocation à devenir la langue-pont universelle, c’est-à-dire la langue de référence effective qui évitera, dans une structure internationale telle que l’UE, d’avoir à traduire et interpréter dans toutes les langues et dans tous les sens .

  2. L’anglais y a moins vocation que toute autre, parce que (hormis l’aspect technique, qui n’est pas en sa faveur) cette langue approche de l’hégémonie et fait donc l’objet d’oppositions politiques irréductibles (tout le monde n’étant pas Mister Seillère). Tant que l’anglais voudra s’imposer comme langue-pont dans une organisation internationale, il faudra recourir à l’interprétation et à la traduction dans toutes les langues et dans tous les sens, avec des résultats médiocres et très coûteux.

  3. Cela étant, il faut passer à autre chose. Cette autre chose, j’en suis maintenant convaincu, c’est l’espéranto : en effet, au cours des débats auxquels j’ai participé sur divers sites seule cette langue artificielle s’est manifestée, d’où il faut conclure que c’est la seule à avoir une existence effective.

Soyez réaliste : plus vite nous passerons à une vraie langue-pont (ce que l’anglais ne sera jamais), mieux tout le monde s’en portera. La situation actuelle est tout simplement inacceptable.

J’en profite pour signaler que la CIPUNCE Rév. 11 (à paraître dans un mois environ) apportera en ce qui concerne les dispositions linguistiques et le rôle correspondant du Sénat à base régionale des nouveautés radicales, inspirées notamment par les interventions sur le forum de l’Union européenne (http://europa.eu.int/comm/coreservices/forum/index.cfm?forum=debateeurope&fuseaction=contribution.home&debate_id=72&selected_id=0&lang=fr).

Je vous préviendrai ici de la sortie de la Rév. 11. JR

Deux sondages nouveaux sondages de la CIPUNCE sur la question des langues

  1. Souhaitez-vous que l’espéranto devienne la langue-pont des institutions de l’Union européenne ?

  2. Souhaitez-vous que les langues régionales (catalan, basque, etc.) deviennent langues officielles de l’Union ?

Pour répondre à ces deux sondages, reportez-vous au forum

http://www.cipunce.net/debat/viewforum.php?f=61

Merci d’avance ! JR

[color=purple]Bonjour Jacques,

Merci de cette précision biographique, qui me permet de saluer en vous un quasi confrère…[/color] :slight_smile:

"Peut-être avez-vous raté, lors de ce rapide passage sur la CIPUNCE, l’analyse détaillée intitulée « Pour une langue commune auxiliaire universelle (http://www.cipunce.net/debat/viewtopic.php?t=8) ? Elle répond par avance à votre message et je vous y renvoie donc. »

Merci. Je viens d’en prendre connaissance et elle répond effectivement à certaines de mes interrogations, mais pas à d’autres. Je pense notamment aux avantages que je cite dans mes points 3 et 4, mais il est vrai que leur portée dépasse le cadre de l’utilisation d’une langue commune à des fins essentiellement techniques (communications officielles).

« 1) Aucune langue « naturelle » n’a vocation à devenir la langue-pont universelle (…) »

« 2) L’anglais y a moins vocation que toute autre, parce que (hormis l’aspect technique, qui n’est pas en sa faveur) cette langue approche de l’hégémonie et fait donc l’objet d’oppositions politiques irréductibles »

Je suis d’accord avec vous sur ces points.

« 3) Cela étant, il faut passer à autre chose. Cette autre chose, j’en suis maintenant convaincu, c’est l’espéranto : en effet, au cours des débats auxquels j’ai participé sur divers sites seule cette langue artificielle s’est manifestée, d’où il faut conclure que c’est la seule à avoir une existence effective. »

En effet, et il me semble aussi qu’elle constitue le candidat le plus sérieux.

« Soyez réaliste : plus vite nous passerons à une vraie langue-pont (ce que l’anglais ne sera jamais), mieux tout le monde s’en portera. La situation actuelle est tout simplement inacceptable. »

[color=purple]J’espère que vous n’avez pas vu dans mes arguments une opposition à ce projet, car il n’y en avait point. Réaliste, je le suis donc, mais alors que vous présentez la chose sous l’aspect « technique » (avantages pour la communication officielle, etc.), je l’envisageais dans sa mise en œuvre pratique et son aspect culturel, d’où les doutes que j’ai émis, et que je conserve donc, pour certains.

Ne vous méprenez pas, je ne soutiens pas davantage l’anglais qu’une autre langue naturelle. Je me plaçais simplement d’un point de vue pratique et culturel, ce qui impose de prendre en compte le facteur humain, lequel est essentiel en la matière et se traduit par beaucoup de réticences, d’inertie, voire de résistance. Le réalisme doit également s’exercer à ce niveau-là, et il me souffle les doutes dont je vous ai fait part…

Quoi qu’il en soit, mes vœux vous accompagnent, et j’espère que nous aurons l’occasion de reparler de tout cela…

Bien cordialement,

Candide[/color]

On a envie d’apprendre les langues étrangères car elles nous apportent des mondes multiples et riches à foison.

Pour avancer, il faut avoir envie… Si vous voulez stopper net votre « Europe », continuez à inventer un enfer ! :frowning:

Derrière chaque langue « naturelle », il y a un imaginaire, une culture, une Histoire, et une revendication exceptionnellement vivante, c’est l’articulation du passé avec nos projections dans l’avenir.

Aucune langue préfabriquée ne permettra à un peuple européen d’émerger: je préfère me battre contre le sabordage de l’anglais par son usage « international » et demander que l’on enseigne partout le goût de la diversité , qu’elle soit biologique, culturelle, idéologique, plutôt que de laisser croire que le secret de « la communion entre les humains » est une technique de communication artificielle.

Un animal de compagnie a assez d’intelligence pour saisir ce que son inaptitude linguistique semblait à priori lui interdire d’entendre.

Je suis pour une écologie, voire un « naturisme » du langage: il faut enseigner la musique, et une grande diversité de langues aux tous petits, afin qu’ils découvrent que sans la volonté de comprendre autrui aucune langue ne sert à rien.

Il faut enseigner aux tous petits la logique de la logique de l’amour: alors nous aurons "un peuple européen qui se parlera ses langues , chacun maîtrisant parfaitement l’expression de la sienne, et améliorant sans cesse l’interprétation de celle d’autrui.

Cela se produit dés à présent: il suffit d’avoir appris 3 langues à l’école , outre sa langue maternelle, pour être apte à suivre une discussion sérieuse qui suit les règles du discours « appaisé » ( pas trop rapide), entre plusieurs européens de nationalités différentes, et pour y participer en employant posément sa propre langue maternelle.

Je pense que l’on ferme les chances de rassemblement en prétendant imposer une « monnaie unique » linguistique. ( Mais si votre enthousiasme espérantiste pouvait se propager, bien entendu, je m’y mettrais, car il est en effet souhaitable de cultiver « la volonté de comprendre autrui »!):cool:

J’ADORE L’ANGLAIS… MAIS NON, NON ET NON !

J’adore l’anglais.
Le chant de l’anglais d’Oxford me fait trembler, et je me complais à écouter marmonner certains accents américains.
J’adore la littérature anglaise et américaine. Je me suis paluché deux fois Wuthering Heights (Les Hauts de Hurlevent) d’Émilie Brontë « mon amour », je suis fan invétéré de John Irving, et j’ai même eu ce luxe de lire trois fois chaque volume de Harry Potter… dans la langue de l’auteur (ce qui est bien plus agréable et moins cucu).
En première, en guise de devoir, au lieu des listes de nouvelles de science-fiction, j’ai analysé un poème de John Keats. Pour la première fois, je devenais une sorte de … fayot. Je le jure. En classe de terminale, j’étais devenu si appliqué à avoir un bon accent (et cela me venait alors assez spontanément) dans ce pays de… « brutes » en la matière, qu’un des élèves m’a jeté une pièce de 5 centimes… (moi qui avais collectionné les heures de colles et les remarques sur mon insolence, je fus la risée de la classe, montré en véritable fayot, lorsque la prof mit dehors - qu’y pouvais-je ? - celui qui m’avait fait l’aumône)
L’anglais est une langue divine pour la poésie et la chanson, même si elle n’a pas la moitié de la puissance du français pour les jeux de rimes.

Bref, [b]j’adore cette langue…

… mais NON NON et NON ![/b]

Extrait du texte "[u][i]Quelle Europe construire ?[/i][/u]" édité par ATTAC :

La souveraineté du peuple est - on l’a vu - indissociable de la construction d’une culture politique et d’un espace public communs. Le problème des langues, c’est-à-dire des vecteurs, des outils de cette construction est donc essentiel. De plus chaque langue exprime des concepts qui lui sont propres et véhicule une vision du monde particulière. Il en est ainsi des concepts de laïcité et de service public, que la langue française exprime particulièrement bien, mais que beaucoup d’autres langues peinent à traduire par de longues périphrases, de la common law britannique, sorte de droit oral peu compréhensible pour un non anglophone, ou dans un autre domaine du business plan, sorte de planification pour une entreprise que le français utilise tel quel, sans que le sens en soit clair. Il est donc hors de question d’imposer aux citoyens européens telle ou telle culture nationale, et tout particulièrement quand cette culture n’est pas européenne mais essentiellement américaine, ce qui est le cas de l’anglo-américain.

La souveraineté populaire et la construction d’un espace public exigent donc que les langues qui en sont le vecteur permettent à chacun de s’exprimer et d’être compris, sans lui imposer par ce biais des concepts qui lui sont étrangers. La situation actuelle, qui se traduit peu à peu par la prééminence de l’anglo-américain, n’est donc pas acceptable.

Limiter le nombre de langues officielles à l’allemand, à l’anglo-américain et au français ne changerait guère la donne, mais éliminerait à terme la plupart des langues européennes. Plusieurs solutions non exclusives sont envisageables :

  • Aller vers un anglais véhiculaire et déculturé, mais est-ce possible ?

  • Enseigner à tous les Européens trois ou quatre langues européennes, afin que la plupart les parlent couramment, comme c’est la cas par exemple dans nombre de pays africains.

  • Promouvoir l’intercompréhension au sein de chaque famille de langues, par exemple au sein des langues romanes, au sein des langues slaves ou au sein des langues anglo-saxonnes, ce qui pourrait être une solution à court et moyen terme.

  • L’espéranto pourrait, voire devrait, jouer le rôle de langue commune auprès des générations à venir. C’est une langue artificielle, tout comme l’hébreu qui s’est néanmoins imposé en Israël. En tant que telle, elle ne menace aucune langue maternelle ; elle est facile à apprendre.

Pour cela, il faut qu’une volonté politique soit activée afin d’institutionnaliser ces vecteurs d’échanges directs et d’identité commune entre les citoyennes et citoyens d’Europe.

À Candide, en référence à votre message n°853 :

  • je vois qu’il y a ici des amoureux de l’anglais… JR aussi est angliciste… Bien que sans doute infiniment plus habile(s) que moi à manier cette langue, vous n’êtes pas « disqualifié(s) » pour ce débat… à mes yeux du moins.

« 1) Pour moi, qui baigne dans cette langue depuis la 6e, soit depuis plus de 30 ans, l’anglais est une langue incomparablement plus simple et plus souple que le français. »

Très bien, on va pouvoir continuer à l’apprendre, sans doute en deuxième langue (parmi les langues autres que maternelle). Et l’apprendre en plus de deux ou trois autres langues ne sera pas si difficile.

« 2) Si l’on considère que l’anglais est tout de même connu (même s’il est mal maîtrisé) par une grande partie de la population européenne, l’effort à fournir pour le maîtriser correctement ne serait-il pas moindre que celui requis par l’apprentissage d’une langue entièrement nouvelle, telle que l’Espéranto (c’est une question, car je n’en connais pas le moindre mot), même si cette langue est quelque peu normalisée et simplifiée ? »

A ce que j’ai compris, l’espéranto est facile à apprendre.

Mais je crois que la facilité est un peu hors sujet. Disons qu’il y a, à côté, des arguments bien plus importants, qui portent sur « l’intégrité culturelle », je dirais. Des questions lourdes de sens…

« 3) L’anglais étant tout de même une langue parlée par un pourcentage élevé de la population mondiale, et pas seulement dans les pays fondamentalement anglophones, le maintien de son utilisation présenterait pour les européens l’avantage supplémentaire de pouvoir communiquer plus facilement à l’étranger. Avantage que n’offre pas l’Espéranto. »

On apprendra toujours l’anglais. Et sans aucun doute plus encore.

Pour en finir avec l’argument de la facilité, songeons qu’il faut compter sur l’aisance d’apprentissage des enfants en bas âge. Voilà un élément de programme qui tient…
Si dans une ou deux générations, l’espéranto est appris dès l’enfance, en parallèle de la langue nationale (et, pour certains mêmes, de la langue régionale), c’est un problème qui se résoudra assez simplement. Dans quelques générations, les enfants seront habitués à apprendre plusieurs langues tôt et bien pour la grande majorité d’entre eux.

« […] si les européens apprennent l’anglais, ils pourront davantage communiquer car le reste du monde continuera à l’apprendre aussi (commerce oblige), alors que si l’Europe adopte l’Espéranto, je ne vois pas les autres pays s’y mettre également. L’adoption d’une langue de ce type risque donc d’avoir pour elle un effet marginalisant. »

Une question, puisque vous parlez de commerce, et de l’avenir (sujets déterminants…) : vous avez idée de la difficulté qu’il y a à apprendre le chinois ?

C’est la langue la plus difficile au monde, malgré la grammaire très aisée * mais si l’on tient compte du fait qu’il faut « chanter » les accents (non réservés à l’interrogation ou aux modulations « scéniques » du propos, mais formant partie de la syllabe, et déterminant le sens des mots) et surtout, obstacle terrible, que l’apprentissage de la langue écrite relève quasiment du par cœur, le chinois n’ayant pas d’alphabet, juste des clefs (en très grand nombre) . Autrefois, les enfants des nobles apprenaient par cœur un vieux livre, qu’on leur contait – un peu comme dans Fahrenheit 451… - puis à l’âge d’apprendre à lire, on leur confiait le livre… ; aujourd’hui, les élèves consacrent la moitié du temps de l’école primaire à apprendre à lire et écrire…

Pensez-vous d’ailleurs que les chinois vont abandonner leur langue écrite, au profit d’un alphabet ?
(le pinyin, langage phonétique, est déjà employé en partie, mais je crois que c’est pour des raisons plutôt techniques.)
Les japonais l’ont fait en partie. Est-ce à l’époque où ils ont commencé à commercer avec les Etas-unis (depuis le milieu du XIXe siècle, je crois) ?

Songeons que c’est une question d’importance. Pour eux comme pour nous (par exemple, le traitement de texte chinois, je crois que c’est objectivement un désavantage.) Mais qu’il y a là des arguments incompréhensibles pour un occidental non familiarisé avec cette langue *. Je n’ai suivi, pour ma part, que deux petites années peu intensives. L’équivalent de quelques mois d’anglais…

  • Le fait que la grammaire chinoise soit aisée est aussi une conséquence du caratère « petit nègre » de cette langue. Pardon pour le terme, mais il s’agit de dire simplement que les racines ne sont pas tirées du latin ou du grec, mais du chinois lui-même. Pour l’anecdote (et exemple), « épouse » s’écrit « femme » + « balai » (…) ; « avion », « char » + « voler » ; « train », « char » + « feu » ; « vélo », « char » + "rouler + « autonome » ; …
    Que se passerait-il si vous passez en langue écrite basée sur un alphabet ? Il faudrait demander aux japonais…

« 4) Utiliser une langue telle que l’Espéranto au lieu de l’anglais introduirait effectivement une plus grande « neutralité culturelle » dans les relations internationales. »

La question est aussi (et surtout) de savoir si " l’avantage supplémentaire de pouvoir communiquer plus facilement à l’étranger" ne se traduira pas bientôt par « l’avantage de penser comme des américains »…

« 5) Une telle langue normalisée et simplifiée aurait-elle la même nécessaire richesse que les langues existantes ? Le moins que l’on puisse dire c’est que l’Esperanto, introduit en 1887, n’a pas réalisé en 120 ans une percée à la hauteur de ses promesses affichées… »

Je ne connais pas ce sujet. Mais y a-t-il eu volonté politique ? Concernant la richesse de la langue, on peut imaginer que sur la durée, chaque peuple employant à la fois l’espéranto et sa langue nationale, va vite créer ses néologysmes. Et que ceux-ci s’échangeront en partie à travers l’Europe, … alimentant les échanges culturels.

On aura même un argot anglais / espéranto, qu’on pourra exploiter à loisir…

Espéranto/anglais

Je suis heureux de me retrouver exactement sur la même longueur d’onde que Sam17 sur ce point.

Deux erreurs majeures extrêmement communes en ce qui concerne l’anglais :

  1. Qu’il est facile. Non, il est relativement facile au départ (parce que la technique de l’anglais consiste à aligner des mots sans désinences (contrairement au germanique) et sans mots-outils (contrairement aux langues latines) : à cet égard il est beaucoup plus proche du chinois que du français.

Pour la même raison, il est relativement difficile à interpréter à l’arrivée . Souvent, on se demande ce que l’anglais, même écrit correctement, a voulu dire… et les traducteurs français en savent quelque chose !

Exemple fameux entre tous, qui vaut d’être rappelé parce qu’il nous touche directement. La résolution 242 du Conseil de sécurité en date du 27 novembre 1967demande, en français, le « retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit »; en anglais « the withdrawal of Israeli armed forces from territories occupied in the recent conflict ».

A ce jour, il y a ceux qui soutiennent, en invoquant l’absence d’article défini ou indéfini dans le texte anglais, que la résolution ne demande pas le retrait de tous les territoires mais de quelques-uns seulement. Logiquement, ils ont tort; grammaticalement, ils peuvent avoir raison comme ils peuvent avoir tort ; la grammaire ne permet pas de trancher.

Notez d’ailleurs qu’on pourrait aussi interpréter tout aussi duellement l’expression « the withdrawal of Israeli armed forces » : toutes les forces, ou seulement quelques-unes ? La grammaire française a ses ambigüités, mais elle marche beaucoup plus souvent avec la logique.

Si le chinois est l’empereur de l’ambigüité, l’anglais en est le roi. Cette ambigüité suffit à le disqualifier en tant que véritable langue-pont universelle opérant pleinement dans l’intérêt de la compréhension et donc de la paix internationales.

Quant aux extraordinaires difficultés de sa prononciation et à l’écart considérable existant dans cette langue entre le son et sa transcription, je ne crois pas avoir à convaincre grand-monde.

  1. Qu’il est répandu. Entendons-nous, l’anglais vraiment répandu représente environ la valeur de deux heures d’apprentissage systématique de la langue suivi par l’usage répété, au fil des ans, de formules standard en contexte international : ex. : « Good morning » « Hello », « How are you », « Where do you go », « I would like a room », avec adjonction de 100 à 200 mots en moyenne au terme de la vie. C’est cet emploi aussi rudimentaire que généralisé qui souvent fait passer l’anglais pour la langue universelle.

En trois heures de pratique de l’espéranto, je suis convaincu qu’on acquerra suffisamment de bases claires et fermes pour aller, à investissement égal, bien au-delà de l’anglais « international », et d’ailleurs, de toutes les autres langues « naturelles ».

Je répète que j’admire l’anglais. Par exemple, c’est une langue beaucoup plus facilement poétique que le français (à cause de son flou grammatical, justement). Mais reconnaissons qu’à vouloir en faire la langue-pont de l’Europe ou du monde nous nous exposons à dépenser des sommes colossales pour des résultats très éloignés du niveau souhaitable et possible.

De toute façon, l’idée de l’anglais langue universelle est utopique puisqu’elle n’est pas politiquement acceptable.

Le fait demeure qu’ en attendant d’avoir pris la bonne décision sur la langue-pont, nous dépensons déjà, sans justification autre que celle de contrecarrer l’anglais, des sommes considérables.

Une décision volontariste s’impose, comme lorsque la Révolution française a mis en place le système métrique. JR

À Sam et Jacques,

Une question, puisque vous parlez de commerce, et de l’avenir (sujets déterminants…) : vous avez idée de la difficulté qu’il y a à apprendre le chinois ? …

C’est la langue la plus difficile au monde, malgré la grammaire très aisée * mais si l’on tient compte du fait qu’il faut « chanter » les accents (non réservés à l’interrogation ou aux modulations « scéniques » du propos, mais formant partie de la syllabe, et déterminant le sens des mots) et surtout, obstacle terrible, que l’apprentissage de la langue écrite relève quasiment du par cœur, le chinois n’ayant pas d’alphabet, juste des clefs (en très grand nombre).

J’ai eu le plaisir de suivre un module d’initiation au chinois (dans une université américaine) et j’ai effectivement pu me rendre compte très exactement des difficultés décrites par Sam…

Pour la même raison, il est relativement difficile à interpréter à l’arrivée . Souvent, on se demande ce que l’anglais, même écrit correctement, a voulu dire… et les traducteurs français en savent quelque chose !

Mon Dieu, oui ! D’ailleurs, pas plus tard qu’hier… Oh, don’t get me started on that! :wink:

Si le chinois est l’empereur de l’ambigüité, l’anglais en est le roi. Cette ambigüité suffit à le disqualifier en tant que véritable langue-pont universelle opérant pleinement dans l’intérêt de la compréhension et donc de la paix internationales.

En trois heures de pratique de l’espéranto, je suis convaincu qu’on acquerra suffisamment de bases claires et fermes pour aller, à investissement égal, bien au-delà de l’anglais « international », et d’ailleurs, de toutes les autres langues « naturelles ».

De toute façon, l’idée de l’anglais langue universelle est utopique puisqu’elle n’est pas politiquement acceptable.

[color=purple]Je voudrais le souligner encore, le but de mon message initial n’était pas de favoriser l’anglais, que je ne soutiens pas plus que je ne soutiens une autre langue naturelle ; nous sommes donc d’accord en ce qui concerne ses désavantages.

Mais dans ce cas, pour contrer l’expansion continue de l’anglais (qui prend la forme d’une pollution, voire d’un rouleau compresseur, pour un grand nombre de langues), il convient de prendre très rapidement des mesures du genre de celles préconisées dans le texte d’ATTAC. Je crains que vouloir imposer l’Esperanto au niveau international sans vouloir l’imposer également au niveau national (dans les écoles) ne soit pas suffisant, ce qu’exprimaient les doutes exposés dans mon message initial.[/color]

Une décision volontariste s’impose, comme lorsque la Révolution française a mis en place le système métrique.

Certes, mais… aïe ! Malheureux choix d’exemple, Jacques, qui, je l’espère, ne sera pas de mauvais augure pour la future langue commune… Ça fait maintenant plus de 200 ans que nous l’utilisons, mais Américains et Britanniques y sont restés totalement hermétiques et farouchement accrochés à leur système… Tout au plus note-t-on maintenant un « double affichage », mais pas de raz-de-marée métrique outre-Manche et outre-Atlantique…

Anglais/espéranto : rép. à Candide

Mieux vaut dans 200 ans que jamais ! Et puis, je suis sûr que ça irait beaucoup plus vite ! JR

:lol: Il FAUT que ça aille beaucoup plus vite ! Je pense que cela nous aiderait à contenir l’expansion de l’ultra-libéralisme, en limitant l’expansion de la langue qui le véhicule le mieux…

ESPERANTO, de quoi relancer l’amour du service public…

À Candide :

« Je crains que vouloir imposer l’Esperanto au niveau international sans vouloir l’imposer également au niveau national (dans les écoles) ne soit pas suffisant, ce qu’exprimaient les doutes exposés dans mon message initial. »

Il me paraît bien évident que si dès lors que (si) la décision est prise par les peuples européens d’adopter l’espéranto comme langue commune (véhiculaire, en plus de leur langue nationale) l’enseignement gratuit de l’espéranto doit être mis en place sans tarder :

  • en priorité dans les écoles. Dès la maternelle (cette langue devant devenir langue « maternelle -bis » pour les générations qui viennent) et par exemple sous forme de cours priorisés pour les parents d’enfant scolarisés, en priorité aux parents des plus petits (quitte à dégager du temps sur leur temps de travail, et à dédommager l’employeur…) ; puis rapidement en primaire, au collège, …

  • pour les adultes non concernés en 1, ça pourrait se faire plus lentement. Je dirais que ça dépend en premier lieu du délai de mise en place des premières chaînes publiques européennes…

  • pour les retraités : est-ce indispensable de l’imposer ? S’ils ont des raisons, comme par exemple du fait de l’entretien de relations rapprochées avec leurs petits enfants, et que cela leur tient à coeur, on peut imaginer qu’il suffit de faire la demande, les cours étant gratuits. On peut même imaginer que certains de ces fiers contributeurs au bénévolat associatif souhaitent enseigner l’espéranto…

Voilà même une manière louable et symboliquement riche d’arrondir ses fins de mois (et de créer des emplois publics)… Dites donc, quelle belle dynamique anti - néo libérale ça nous ferait ! …

Un enseignement qui devrait être financé au niveau européen, une bonne occasion d’augmenter le budget… et de (ré)apprendre à Bruxelles à aimer les servives publics… et à choyer la culture…
… ouah, ça c’est de l’investissement en développement durable :lol:

Dispositions relatives aux langues (projet CIPUNCE)

(Ce message fera plus de 30 lignes.)

Voici, à la date de ce jour, le texte retenu dans l’avant-projet CIPUNCE de constitution de l’Union européenne - <www.cipunce.net> (Rév. 11, à paraître bientôt) :

[i]"Les langues de l’Union

"Article [89]: Promotion des langues de l’Union. L’Union voit dans la diversité du patrimoine linguistique de ses pays membres une richesse essentielle.

"Article [90]: Langues officielles de l’Union

"1. Les langues officielles de l’Union sont les langues officielles des États membres et les autres langues de l’Union désignées telles par le Sénat.

"2. S’agissant des langues officielles de l’Union désignées par le Sénat, chaque région contribue au budget linguistique de l’Union à proportion des dépenses de mise en place et de fonctionnement correspondantes.

« 3. L’Union assure la complète et effective égalité d’utilisation des langues officielles dans tous ses organes et services, en fonction des besoins exprimés par chacun d’entre eux. » [/i]

Les objections principales faites jusqu’à présent à l’octroi du statut de langue officielle de l’Union à des langues autres que les langues officielles des Etats membres tiennent aux coûts et au risque de « désagrégation linguistique » des Etats membres (voir forums CIPUNCE).

A quoi je répondrai ceci :

  1. Coût : Dans l’avant-projet CIPUNCE tel qu’il se présente à ce jour, c’est le Sénat de l’Union (formé sur une base régionale) qui accorderait le statut de langue officielle aux langues autres que les langues officielles des Etats.

D’autre part, c’est l’Assemblée de l’Union qui voterait le budget des langues.

Il est de simple équité que les régions intéressées financent les frais de mise en place et de fonctionnement d’une nouvelle langue officielle, de même que les Etats financent les dépenses de leurs langues officielles dans le cadre de l’Union.

  1. En ce qui concerne le risque de désagrégation linguistique, mis à par le rôle nocif que joue actuellement l’anglais (pour des raisons extérieures à l’Union) par rapport à toutes les autres langues naturelles sans exception à cause de sa position de simili-langue universelle, il suffit de se référer à la situation actuelle pour voir que la crainte de « désagrégation linguistique » est infondée : l’allemand, le néerlandais, l’espagnol et l’Italien sont depuis fort longtemps langues officielles de l’Union (c’est-à-dire langues des institutions de l’Union), et le français n’en est nullement menacé.

Si l’on traduisait un document de l’UE en basque, cela ne nuirait pas plus aux intérêts linguistiques de l’Etat espagnol ou de l’Etat français que lorsqu’on traduit le même document en grec ou en portugais. Au contraire, l’Etat espagnol et l’Etat français ont intérêt, me semble-t-il, à ce que des langues parlées sur leur territoire soient présentes à l’Union.

  1. Sur le plan économique, c’est le remplacement de l’anglais par l’esperanto qui permettrait de réaliser les économies essentielles, et cela de très loin, en éliminant les innombrables obligations de traduction résultant de la persistance d’une langue naturelle à vouloir jouer le rôle de simili-langue commune.

L’absorption de langues officielles nouvelles ne poserait dans ces conditions aucune difficulté majeure.

  1. La principale raison de laisser les langues nationales non officielles devenir des langues officielles de l’Union, c’est qu’on ferait plaisir aux populations concernées en satisfaisant à leurs aspirations légitimes.

Comme on vient de le voir, on peut faire en sorte qu’il n’en résulte aucune obligation supplémentaire pour les Etats membres.

Une telle solution serait à la fois généreuse et réaliste. Elle renverrait toutes les langues naturelles, nationales et autres, à leur sphère naturelle d’activité, dans l’égalité et dans le respect de toutes les autres langues. Les utilisateurs des langues concernées ne s’en sentiraient que plus européens. JR

[b]ESPERANTO, de quoi relancer l'amour du service public...[/b]

Il me paraît bien évident que si dès lors que (si) la décision est prise par les peuples européens d’adopter l’espéranto comme langue commune (véhiculaire, en plus de leur langue nationale) l’enseignement gratuit de l’espéranto doit être mis en place sans tarder :

  • en priorité dans les écoles. Dès la maternelle (cette langue devant devenir langue « maternelle -bis » pour les générations qui viennent) et par exemple sous forme de cours priorisés pour les parents d’enfant scolarisés, en priorité aux parents des plus petits (quitte à dégager du temps sur leur temps de travail, et à dédommager l’employeur…) ; puis rapidement en primaire, au collège, …

Bonjour
Je lis ce fil pour la première fois… j’approuve totalement et je pense qu’une Constitution Européenne doit constitutionnaliser l’obligation pour les membres, dans un délai raisonnable, de mettre en place les moyens d’enseigner l’esperanto dès la maternelle.(il faudrait « formuler » l’article correspondant)

Je propose:
1 - La langue officielle de communication de l’Union sera l’esperanto à compter d’un délai de 5 ans à partir de l’application de la présente Constitution, les langues utilisées actuellement gardant leurs fonction pendant ce délai
2 - Les autres langues officielles de l’Union sont les langues officielles des États membres et les autres langues régionales de l’Union, désignées telles par le Sénat.

A+
AJH

.
[i]"Les langues de l’Union

"Article [89]: Promotion des langues de l’Union. L’Union voit dans la diversité du patrimoine linguistique de ses pays membres une richesse essentielle.

"Article [90]: Langues officielles de l’Union [/i]

[color=purple]L’esperanto est loin de faire l’unanimité, notamment au sein des traducteurs travaillant dans les instances européennes, comme en témoigne le lien suivant :

http://fr.groups.yahoo.com/group/linguarum-democratia/messages/535?xm=1&m=e

(rechercher « esperanto » et l’avis de la modératrice du forum, Mme Anna Maria Campogrande)

Ce forum devrait d’ailleurs vous intéresser. Pour les derniers messages :

http://fr.groups.yahoo.com/group/linguarum-democratia/messages

Cordialement.[/color]

Langue universelle/espéranto

Candide (2053).

Bien sûr que l’espéranto (ou pour mieux dire la « langue universelle », l’espéranto étant jusqu’à présent son principal représentant) ne fait pas l’unanimité - surtout parmi les traducteurs et interprètes, dont il modifierait fondamentalement la mission et les habitudes : et cela même si l’Unesco a fait autrefois des recommandations en faveur de cette langue.

Mais il faut voir la réalité incontournable : tant qu’une langue « naturelle » (le français autrefois, l’anglais aujourd’hui, le chinois peut-être dans l’avenir) s’obstinera à vouloir jouer le rôle de langue internationale dominante dans les institutions internationales, les autres langues naturelles exigeront, ne serait-ce que pour de simples raisons politiques (par souci d’égalité), d’être systématiquement traduites et interprétées. La langue touche trop à l’intimité de la vie humaine pour qu’il en soit autrement.

Une conséquence en est que le budget linguistique annuel de l’UE (édition, traduction, interprétation) est, si mes renseignements sont bons, d’un milliard d’euros au moins. Dans un système où l’UE se contenterait d’éditer, de traduire et d’interpréter en espéranto les textes et interventions émanant des Etats membres tandis que ceux-ci éditeraient, traduiraient et interprèteraient dans leur langue nationale les textes et interventions émanant des organismes de l’UE qui les concernent ou les intéressent, les dépenses seraient beaucoup moindres.

Sans compter : a) que la qualité des textes serait améliorée radicalement - puisque chacun pourrait effectivement travailler au départ dans sa langue maternelle (ce qui n’est pas le cas actuellement comme on le sait : environ 80 % des textes sont écrits au départ dans un « globish » très approximatif), et b) qu’une fois la langue universelle maîtrisée par les institutionnels, la nécessité de l’édition, de la traduction et de l’interprétation à partir des langues naturelles diminuerait radicalement (toujours dans le contexte des organisations internationales, s’entend).

Attention en effet à une confusion parfois volontairement entretenue : il n’est pas question ici de faire de la langue universelle la langue des peuples de l’Union, celle qu’on parlera chez son boulanger, mais la langue-pont des institutions de l’Union (ou de l’ONU, etc.).

Sans doute, à longue échéance, l’espéranto finira par être plus ou moins connu de tout le monde : mais son avantage principal est que dès le départ on disposerait avec lui d’une vraie langue étalon bien plus précise et commode que toute langue naturelle (surtout que l’anglais !) pour traduire dans toutes les autres langues sans exception et à partir d’elles (y compris les langues européennes autres que les langues officielles de Etats : basque, breton, catalan, &). La communication dans toutes les langues - notamment la traduction assistée par ordinateur - en serait grandement facilitée.

Trois questions (auxquelles les adversaires de la langue universelle ne répondent généralement pas) :

  1. Pense-t-on qu’une ou plusieurs langues naturelles (allemand, anglais, chinois, français) puissent être un jour acceptées comme langues de communication consensuelles à l’exclusion des autres langues naturelles ?

  2. Sinon, est-on prêt à dépenser indéfiniment année après année des milliards d’euros pour faire semblant (car le système actuel est très peu efficace à cet égard) de maintenir le principe de l’égalité des langues naturelles ?

  3. Si la réponse à 1) et 2) est négative et si l’on ne veut pas remplacer la langue internationale dominante du moment par une langue véritablement universelle (ce qui est tout autre chose qu’une langue internationale ou qu’une lingua franca), que propose-t-on ?

Pour plus de détails, je me permets de renvoyer aux échanges qui ont eu lieu sur la CIPUNCE :

http://www.cipunce.net/debat/viewforum.php?f=30

J’irai voir les sites signalés par Candide et réagirai plus tard. JR

JR : vous nous dites que sur un budget « fédéral » déjà minime, l’UE en dépense beaucoup pour les traductions. Autrement dit, le budget « utile » est encore plus faible, comparé aux Etats-unis, par exemple…
Mais si ce sont les Etats qui se chargent du gros des traductions, au global, le coût diffère-t-il ?

Si la langue des institutions européennes devient une langue véhiculaire, cela pose peut-être une question importante : ne faudra-t-il pas instaurer une obligation de traduction faite aux Etats (de leur langue vers l’espéranto - ou la langue véhiculaire choisie), sur les textes émis à l’intérieur, dans certains domaines ?