Le président de la République selon la constitution de 1958
AJH (10282), vous écrivez :
[i]Quels sont les avantages d’un régime présidentiel tel que nous le connaissons par rapport à un régime parlementaire (Wikipédia = Le régime parlementaire est le système constitutionnel caractérisé par l’équilibre entre les pouvoirs du gouvernement (ou cabinet) et du Parlement. Le cabinet est politiquement et collectivement responsable devant le Parlement; en contrepartie, le cabinet peut recourir au droit de dissolution.)
Je me pose la question d’une part de l’intérêt d’un Président V république élu au suffrage universel, par rapport à un Président type IV (élu par le Congrès) dont la fonction ne serait pas de gouverner ni même d’orienter la politique, mais seulement de représenter la Nation
On voit actuellement les « dégâts » du suffrage universel dans une élection à 2 tours où le premier tour n’est plus de faire son propre choix mais de devoir faire un « calcul » du « vote utile ».
Ne vaudrait-il pas mieux aussi, si l’on doit rester dans un système d’élection présidentielle au suffrage universel d’envisage une élection à un seul tour ?[/i]
Notez qu’à ces questions il a déjà été plus ou moins rèpondu sur le fil 24 (« La constitution de 1958 : critiques et suggestions » – http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?id=103).
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La constitution de 1958 retient la mécanique parlement-gouvernement vous décrivez : le gouvernement est politiquement et collectivement responsable devant le parlement et celui-ci peut dissoudre le parlement.
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À cette mécanique parlementaire, qui aboutit trop facilement au « régime exclusif des partis » qu’on a vu fonctionner en majesté sous la IVème République notament, la constitution de 1958 ajoute un mécanisme original : celui du double exécutif.
L’originalité et la réussite de ce système tienne à la présence d’un double pouvoir exécutif : l’exécutif gouvernemental (le gouvernement) et l’exécutif arbitral (le « président de la République », « qui assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État »).
Contrairement à ce que vous semblez croire, le président de la République n’erst pas chargé de gouverner, ni même d’orienter la politique. Je sais que l’actuel président de la République est persuadé comme vous du contraire, mais, pardonnez-moi de le dire, vous vous trompez tous les deux. C’est ainsi qu’il ne peut pas « démissionner » le premier ministre’ (il faut que le premier ministre présente sa démission), dissoudre l’assemblée nationale (le premier ministre doit lui en faire la proposition), ni soumettre une question au référendum (il faut que le gouvernement, les assemblées ou un cinquièe des parlementaires le lui proposent).
Les cohabitations font très bien apparaître cette réalité constitutionnelle, même si elle est masquée quand le président et le gouvernement sont du même bord politique.
- Le système a cet avantage considérable que les deux exécutifs se contrebalancent, se surveillent et se modèrent. La démocratie y gagne, d’autant plus que le peuple intervient directement dans deux élections au sommet de l’État (présidentielles, législatives).
Quand les deux élections interviennent à des dates différentes (ce qui reste possible bien qu’ait remplacé le septennant présidentiel par le quinquennat dans l’espoir d’éviter les cohabitations), le peuple peut se faire entendre assez souvent et régulièrement. La possibilité de cohabitation contribue à tenir les gouvernements en éveil.
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Si ce système avait été en vigueur en juillet 1940, peut-étre qu’on aurait évité le lamentable abandon de pouvoirs consentis par le parlement à Philippe Pétain.
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L’élection à un tour serait une calamité car elle priverait les électeurs du temps de réflexion. L’élection présidentielle à deux tours donne ce temps de réflexion, absolument nécessaire à la salubrité au débat démocratique, mais je ne serais pas pour ma part hostile à une élection présidentielle à trois tours (premier tour : on vote sur tous les candidats ; deuxième tour : on vote sur les cinq ou les trois les mieux placés au premier tour ; troisième tour : sur les deux les mieux placés au deuxième tour).
En définitive, je vois peu de choses à modifier dans ce système. Il faudrait expliciter dans la constitution que dès son élection le président devrait cesser d’appartenir à un quelconque parti ou groupement ; il faudrait y inscrire que le président ne gouverne pas (puisqu’il y a encore beaucoup de gens en France pour en douter), et peut-être clarifier les fonctions et les procédures du conseil des ministres. Surtout, il faudrait renforcer les pouvoirs du parlement (ordre du jour, convocation des ministres, et autres).JR