07 Reprendre le pouvoir sur notre monnaie

Sandy, écoutez plutôt VGE : c’est limpide, ça parait évident et c’est un énorme mensonge. :wink:
Plus sérieusement, lisez plutôt AJH, il a l’habitude et il est (bien) plus facile à comprendre.

"La possibilité du prêt direct de la Banque de France au Trésor public a généré partout où il fut appliqué une situation d’inflation monétaire permanente. Vous […] semblez penser qu’une dette du Trésor public envers la Banque de France ne serait pas décomptée comme faisant partie de la dette de l’administration publique.

« En réalité, il y a dans ce domaine des règles bien connues qui définissent le montant des avances et prêts de l’institut d’émission en faveur du Trésor public, avances et prêts qui ont évidemment vocation à être remboursés et qui figurent de ce fait dans le montant de la dette publique. Ce que vous supposez consiste à dire qu’on aurait pu remplacer un endettement visible et structuré par une simple émission monétaire. Mais ce serait ouvrir les bras au retour à l’inflation des années 1950. »

Il y a plusieurs choses à comprendre. Dites moi si j’ai bien tout compris =)

D’abord effectivement il y a risque d’inflation si la valeur de la monnaie diminue, et cette valeur correspond à un rapport entre la masse monétaire et la richesse que cette monnaie est censée représenter.

Le système monétaire qui a été mis en place ( principalement inspiré des théories monétaristes néo libérales de Milton Friedman ) n’est pas forcément le seul et l’unique système qui serait efficace pour contrôler la masse monétaire et ainsi l’inflation issue de la création monétaire
C’est partant du constat que ce système engendrait pour les états et pour les peuples différents problèmes ( dette publique / soumission des peuples / gouvernements aux financiers ) que ce système est remis en cause.

Ce qui est proposé sur ce site Jacques est une alternative qui nous permettrait à la fois d’obtenir les mêmes résultats au niveau de l’inflation, et qui en plus nous permettrait de réduire la dette publique et de retrouver notre souveraineté vis à vis des financiers.

Aujourd’hui il faut comprendre dans quelle idéologie on se trouve, l’UE pense concurrencer les pays émergents en gelant les salaires, en luttant contre l’inflation monétaire grâce au système monétaire et en mettant de la concurrence à tous les niveaux pour faire baisser les prix. Voilà ce qui a réellement changé entre les années 50 et aujourd’hui.

Le but ne serait pas de donner comme dans les années 50 un pouvoir illimité au gouvernement en matière de création monétaire mais un pouvoir limité aux seules dépenses d’investissement.
On sait que durant ces années les différents gouvernements en ont abusé en dévaluant exprès leur monnaie pour réduire artificiellement leur dette ( d’où inflation ), ceci leur serait maintenant interdit.
Cela dit il convient de constater qu’à l’époque ce n’était pas un très gros problème ( sauf pour les riches et les rentiers ) vu que les salaires étaient augmentés en conséquence ( apogée des luttes syndicales ).

Donc limiter ce pouvoir aux seules dépenses d’investissement, c’est s’assurer qu’à chaque augmentation de masse monétaire serait associée une création de valeur, ainsi peu ( ou pas ? ) de risques d’inflation.

Ainsi vous voyez que la réponse de VGE est inapropriée.
D’abord parcequ’il place le débat sur un souci de transparence comptable ce qui est abusif.
Ensuite par ce qu’il tient toute cette problématique sous silence.

Inflation

Merci à NingúnOtro et à Sam pour ces deux commentaires convergents qui ont contribué à m’éclaircir les idées. J’y reviendrai.

Je suppose qu’AJH est d’accord ? JR

Jacques Roman

Très rapidement, je fignolerai une réponse à VGE plus tard.
L’argument de l’inflation est spécieux, jugez-en ( en % d’inflation, année par année…)
16,2 1951
11,9 1952
-1,7 1953
0,4 1954
1 1955
4,2 1956
3 1957
15,1 1958
6,2 1959
3,6 1960
3,3 1961
4,8 1962
4,8 1963
3,4 1964
2,5 1965
2,7 1966
2,7 1967
4,5 1968
6,5 1969
5,2 1970
5,7 1971
6,2 1972
9,2 1973
13,7 1974
11,8 1975
9,6 1976
9,4 1977
9,1 1978
10,8 1979
13,6 1980
13,4 1981
11,8 1982
9,6 1983
7,4 1984
5,8 1985
2,7 1986
3,2 1987
2,7 1988
3,6 1989
3,4 1990
3,2 1991
2,4 1992
2,1 1993
1,7 1994
1,7 1995
2 1996
1,2 1997
0,7 1998
0,5 1999
1,7 2000
1,7 2001

Tiens, tiens, c’est en 73 que redémarre l’inflation
Laissez moi penser que VGE, même si on l’imagine de bonne foi, s’est totalement planté ; son « système » n’a pas supprimé l’inflation, en plus que d’appauvrir collectivement les français !
Ceci dit, totalement d"accord avec l’explication précédente de NingunOtro : [bgcolor=#FFFF99]l’inflation, c’est la mort pour le rentier[/bgcolor] (on ne parle pas ici d’inflation des prix des actifs, mais d’inflation des prix de la consommation…)

EDIT; je rajoute que je suis également d’accord et avec Sam et avec Sandy… (mais j’y reviendrai)

EDIT2: Pour faire vite, je suis parti des coefficients de transformation de la monnaie d’une année sur l’autre… ces coefficients d’inflations annuelles sont à vérifier

[Édit d’Étienne (29/7-15h) : pour la lisibilité immédiate des chiffres ci-dessus, je reporte ici le message d’AJH affiché sur une autre page :]

[url=http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=3901#p3901]Message n°3901 (28 juillet, AJH)[/url]

Bon, j’ai refait mes calculs… voici le graphique

et les données que vous pouvez télécharger sur http://www.societal.org/docs/inflation 1950-2001.xls

Je retranscris l’échange complet

Le samedi 19 juillet 2008, 16:39 par A-J Holbecq Monsieur le Président

Si j’avais trouvé une adresse courriel directe, j’aurais pu éviter de passer par ce blog. J’espère que votre équipe vous transmettra la question qui suit, et que vous pourrez me répondre direcement.

Le 3 janvier 1973, sous la présidence de Georges Pompidou, alors que vous étiez Ministre de Finances, est entrée en application une réforme importante des statuts de la Banque de France, dans lequel nous trouvons ce très court article 25 ; « le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France », autrement dit fut bloqué à ce moment toute possibilité de crédit de la Banque de France au Trésor, et ici se trouve l’origine de la dette des administrations publiques dans notre pays laquelle atteint maintenant plus de 1200 milliards (au seul sens de Maastricht), et nous ponctionne collectivement de plus de 40 milliards d’intérêts par an, payés aux « déjà plus riches ».

J’aimerais que vous m’expliquiez, sans langue de bois, quel fut, à l’époque, la justification de ce changement de cap qui nous ligote sous la coupe des banques privées.

Avec ma considération la plus distinguée

[i]Par Valéry Giscard d'Estaing le vendredi 25 juillet 2008, 14:26 - Réponses aux bloggeurs

@ A-J Holbecq : Réforme des statuts de la Banque de France

La réforme des statuts de la Banque de France, adoptée sous le mandat de Georges Pompidou et lorsque j’étais Ministre des Finances, est une réforme moderne qui a transposé en France la pratique en vigueur dans tous les grands pays : il s’agissait à l’époque de constituer un véritable marché des titres à court, moyen et long terme, qu’il soit émis par une entité privée ou publique.

La possibilité du prêt direct de la Banque de France au Trésor public a généré partout où il fut appliqué une situation d’inflation monétaire permanente. Votre remarque sur l’endettement public est inexacte et révélatrice : vous semblez penser qu’une dette du Trésor public envers la Banque de France ne serait pas décomptée comme faisant partie de la dette de l’administration publique. En réalité, il y a dans ce domaine des règles bien connues qui définissent le montant des avances et prêts de l’institut d’émission en faveur du Trésor public, avances et prêts qui ont évidemment vocation à être remboursés et qui figurent de ce fait dans le montant de la dette publique. Ce que vous supposez consiste à dire qu’on aurait pu remplacer un endettement visible et structuré par une simple émission monétaire. Mais ce serait ouvrir les bras au retour à l’inflation des années 1950.[/i]

[b]Ma réponse, pour le moment...[/b]

Merci pour votre réponse, mais je ne suis évidemment pas du tout d’accord avec vos arguments. Il a bien fallu de l’émission monétaire (par le « crédit » des banques privées (augmentation de M1 sur une pente de 10% annuelle, sans inflation), pour que les prêteurs puissent prêter à l’Etat français. La grosse différence avec un prêt direct de la Banque Centrale aux collectivités, est simplement que dans ce dernier cas les intérêts seraient revenus à la Banque Centrale (et donc, in fine, à la collectivité).

J’ai calculé (mon dernier livre " La dette pubique, une affaire rentable") qu’entre 1980 et 2006, c’est plus de 1100 milliards d’euros (valeur 2006) d’INTERETS que nous avons payés aux déjà plus riches…

Je trouve que votre décision de 1973 a été une trahison - voulue ou non - envers les français… pas tous, il est vrai.

A AJH,

en découvrant ton message, où tu indiques la courbe historique de l’inflation de 1951 à 2001, j’ai eu trois réactions :

  • p… c’est long… : je te propose que demander à Étienne de la passer en graphique, il saura l’insérer dans ton message. Tu es d’accord ?

  • c’est tellement parlant que ça mérite de s’étaler… Cela dit, un graphique attirerait aussi bien le regard de ceux qui parcourent cette page.

  • ce serait encore bien plus percutant si tu indiquais une source.

A AJH,

en découvrant ton message, où tu indiques la courbe historique de l’inflation de 1951 à 2001, j’ai eu trois réactions :

  • p… c’est long… : je te propose que demander à Étienne de la passer en graphique, il saura l’insérer dans ton message. Tu es d’accord ?

  • c’est tellement parlant que ça mérite de s’étaler… Cela dit, un graphique attirerait aussi bien le regard de ceux qui parcourent cette page.

  • ce serait encore bien plus percutant si tu indiquais une source.


Salut SAM

Voir mon « edit 2 » ci dessus…
La source c’est Résultats de la recherche | Insee (il faut x100 avant 61) et j’ai fait le calcul d’inflation année par année

Je ferai un graphique, mais je n’ai pas le temps maintenant … si tu veux le faire ;)… faut d’abord aussi que je vérifie les chiffres

Quand on voit la courbe, il apparait que VGE fut le plus mauvais.

Que le mur de l’argent épargne un exécutif de droite alors qu’il serre la vis à la gauche, ce n’est pas une première.

Il apparait une autre tendance remarquable : une baisse régulière de l’inflation, amorcée dans les premières années Mitterrand et soutenue ensuite.

Ce qui ne fait pas pour autant honneur à Mitterrand, au contraire. Car cette rigueur comptable en cache une bien plus palpable.

Puisque le facteur que VGE agite n’est pas le problème, il faut donc chercher du côté d’autres leviers. Cette seule mesure légale (de 1973) ne ferme pas l’équation néolibérale, évidemment. Les autres convergent, avec elle, pour « euthanasier » méticuleusement les syndicats, suivant la directive de Von Hayeck, ou encore lisent « à l’envers » la courbe de Philips, selon l’approche « Friedman ». Celle qui consiste à dire qu’il faut choisir entre le chômage et les salaires… si on fixe certains paramètres. Le tout était de transformer des choix politiques en données d’entrées fixes, et si possible immuables. Ainsi, comme dit Friedman, le problème n’est pas que les hypothèses soient justes [mais de faire qu’elles le deviennent].

Ceux qui gagnent leur pain de mois en mois n’ont pas de problème avec l’inflation… sauf que ces mêmes rentiers s’organisent pour ne pas nous actualiser nos salaires correctement. (NingunOtro, message n°3885)

L’un des premiers bouleversements, ensuite, me parait être la suppression de l’indexation des salaires sur l’inflation, peu après leur prise de pouvoir, par les traîtres « socialistes ».

Ce qui a dû passer assez en douceur, puisque l’inflation baissait, et puisque les autres barreaux de la cage enfermant les syndicats n’étaient pas encore en place. Au contraire, je gagerais que ça a dû renforcer un temps le pouvoir des syndicats, et que cela a permis d’entretenir l’euphorie des vrais socialistes le temps d’ajouter encore quelques barreaux à la cage.

Mais avec la libre circulation intégrale des capitaux et des biens et la dérèglementation financière, notamment en 1986, le piège était déjà refermé sur les syndicats. Restait encore à ajouter, dans la « constitution », la bride du plafonnement du déficit.

1973, c’est l’année du premier choc pétrolier.

Et 1975/1976, c’est le second choc pétrolier.

Le taux d’inflation a monté brutalement en 1973, mais en toute honnêteté je ne crois pas que VGE en soit responsable.

Même situation en 2008 - une fois encore : un choc pétrolier. JR

Bon, j’ai refait mes calculs… voici le graphique

et les données que vous pouvez télécharger sur http://www.societal.org/docs/inflation 1950-2001.xls

1973, c'est l'année du premier choc pétrolier.

Et 19756/1976, c’est le second choc pétrolier.

Le taux d’inflation a monté brutalement en 1973, mais en toute honnêteté je ne crois pas que VGE en soit responsable.

Même situationen 2008 - une fois encore : un choc pétrolier. JR


Bonjour Jacques

Citation W.P.: Les 16 et 17 octobre 1973, pendant la guerre du Kippour, les pays arabes membres de l’OPEP, alors réunis au Koweït, annoncent un embargo sur les livraisons de pétrole contre les États « qui soutiennent Israël ».

Alors je veux bien admettre l’incidence sur l’inflation 1974, mais pour 73, c’est plus difficile pour moi (n’oublions pas que la mise en application de la modif des statuts BdF est de janvier 1973)

Quand au second choc , le prix du pétrole était élevé, mais l’inflation a diminué

Mais si les effet sur l’inflation après 1973 peuvent êtres discutables, on voit sur le graphique du post précédent que « l’excuse » de VGE ( inflation des années 1950) ne tiens pas réellement ( à part pour 1958) , et que de toute façon le reproche principal que je fais (les intérêts reviennent au privé) ne sont pas pris en compte dans sa réponse…

A Jacques,

La courbe, sur la période durant laquelle VGE était, il se trouve, le Président, montre qu’il y a eu une forte création monétaire au regard de nos capacités de production et d’échanges. Effet du choc pétrolier ou pas. Et même si on peut considérer que la création de monnaie excédentaire a été une tentative d’amortir le choc. Il est possible que je me trompe sur ce point, je suis loin d’avoir les connaissances techniques pour l’affirmer.

Mais il se trouve que le problème discuté n’était pas là. Prenez garde, je vous ai dit que le propos de VGE se résumait à un « t’as vu l’avion », et effectivement la discussion menace de partir sur l’épouvantail qu’il a agité.

Deux choses sont sûres, c'est que depuis 1973 : - ce ne sont pas des hommes politiques, pas même le Président de la république, mais une agence indépendante qui a dirigé la politique monétaire - quel que soit le volume de monnaie créée, 0.00% a été donnée ou même prêtée aux pouvoirs publics.
On peut être impuissant face à un choc pétrolier. Quoique les négociations internationales servent à quelque chose, et que les rapports de force internationaux sont rarement étrangers avec la politique de chacune des nations concernées — dans ce cas, on sait l'importance du rôle du Président de la République, en France. Mais quand on est le Président, il suffit presque de claquer des doigts pour (re)prendre le contrôle de la création monétaire.

Le Président, en 1974, n’était pas — plus — concerné par les décisions relatives à la création monétaire ou même à la politique monétaire au sens large. Et pour cause. Cela n’enlève pas, au contraire, la responsabilité de la personne de VGE, ex ministre des finances et désormais Président. Double responsabilité, puisqu’il aurait pu sans grande difficulté, vu la constitution, revenir sur cette réforme aberrante dont il assume ouvertement la responsabilité. Quitte à utiliser le référendum… ce qui aurait appris beaucoup aux Français. Non, plus sérieusement, je crois qu’il avait depuis longtemps déjà accepté une cage, l’enfermant lui et les autres.

Je voulais donc dire non pas que VGE fut mauvais gestionnaire en tant que Président, mais qu’il fut mauvais parce qu’il a grandement contribué à réduire le politique, y compris le Président de la République (qu’il fut juste après) au rang de gestionnaire. Et sur ce point, il est entièrement responsable parce qu’il a persisté dans son choix. Ou bien parce qu’en 1973, il savait obéir déjà à une machine qui n’a pas de marche arrière. La vie de conjuré est faite de choix… un temps ; après on n’en revient pas.

Dans mon message précédent, pour le reste, je parlais des raisons qui ont pu faire chuter l’inflation après le « règne » de VGE. Mais mon problème n’est pas l’inflation, je le disais au départ. Je disais, en somme, que [bgcolor=#FFFF99]ce sont les « socialistes » qui nous ont offert la plupart des barreaux de la cage néolibérale.[/bgcolor] Désormais, tandis que la création monétaire battait son plein, on voyait un tas de choses que la courbe ne dit pas, ou même, dont elle laisserait penser le contraire : l’État s’endettait, les salaires stagnaient en valeur nominale, la croissance avec, et les financiers voyaient une énorme inflation… de la valeur de leurs actifs financiers. Mais tout ça, ce ne sont que des chiffres.

Chocs pétroliers

Merci à AJH et à Sam pour ces nouveaux commentaires.

En ce qui concerne le deuxième choc pétrolier, il remonte à 1979, et non à 1975/1976 (contrairement à ce que j’avais écrit dans mon précédent message).

Voici ce que dit Wikipedia au sujet des deux premiers chocs pétroliers (le troisième étant l’actuel) :

- [b]Premier choc pétrolier[/b] : [i]Le 17 octobre 1973, les représentants des pays arabes pétroliers, mis à part l'Iran, réunis à Koweït, décident une réduction mensuelle de 5% de la production pétrolière jusqu'à évacuation des territoires occupés et reconnaissance des droits des Palestiniens. Le 20 octobre, Fayçal décide un embargo total sur les livraisons destinées aux États-Unis, puis aux Pays-Bas. Le prix du baril sur le marché libre passe de 3$ à 18$ en quelques semaines. Fin décembre, les pays de l'OPEP réunifient le prix du baril à 11,65$. Entre le mois d'octobre 1973 et le mois de janvier 1974, le prix du baril du brut de référence qu'est l'Arabe léger, est quadruplé, passant de 2,32$ à 9,00$. Dans ce prix, l'« État producteur » prélève, en 1973, 2,09 USD/baril et 8,7 USD/baril en janvier 1974 soit plus de 4 fois plus.[/i]
  • [i]Le deuxième choc pétrolier s’est produit en 1979. Sous les effets conjugués de la révolution iranienne et de la guerre Iran-Irak, le prix du pétrole est multiplié par 2,7 entre la mi-1978 et 1981.

Le 8 septembre 1978 ont lieu à Téhéran des émeutes très violemment réprimées, qui sont connues sous le nom de Vendredi noir. C’est le début de la période active de la révolution iranienne, qui s’achèvera par la fuite du Shah le 16 janvier 1979, et c’est donc aussi le début du deuxième choc pétrolier. Le 22 septembre 1980 commence la guerre Iran-Irak. Le prix du baril de pétrole atteint 39 dollars soit, en tenant compte de l’inflation, l’équivalent de 92,50 dollars de septembre 2005. À cette époque, l’arrêt des exportations iraniennes provoque presque instantanément l’annonce de nouvelles hausses de prix officiels, tout d’abord modérées. Avec tous ces bouleversements, les circuits de commercialisation du pétrole sont complètement désorganisés à l’échelle mondiale.

Dans ce nouveau contexte :

  • les Japonais sont privés d’une part appréciable de leurs sources d’approvisionnement traditionnelles ;

  • après deux années de relative abondance et de quasi stabilité de prix, le niveau des stocks est tombé partout très bas (donc y compris les stocks de réserve).

Une psychose s’empare des pays consommateurs du monde entier et chacun tente à « tout prix » de reconstituer ses stocks. Certains gouvernements contingentent les consommations et d’autres, comme les États-Unis, allouent des subventions aux importations tandis que les « traders » profitent de la situation pour jouer la hausse sur les marchés « spot », ceci malgré l’augmentation de la production saoudienne et la reprise partielle des exportations de bruts iraniens.

À Rotterdam, les prix des produits finis flambent, passant entre fin octobre 1978 et fin juin 1979 de :

200 à 400 $/tm pour le supercarburant ;
130 à 380 $/tm pour le gazole ;
70 à 140 $/tm pour le fuel ordinaire.

Le prix « spot » des bruts suit une ascension encore plus erratique et désordonnée. En effet le prix de l’Arabe Léger qui est de moins de 13 $/bbl (bbl = baril en abrégé) en septembre 1978 atteint 35 $/bbl en mai 1979 et culminera à plus de 40 $/bbl à l’automne de la même année.

Devant cet affolement des prix « spot » sur tous les marchés du monde entier, les prix « officiels » s’emballent à leur tour. C’est devenu une « spirale ascendante » de hausses de prix sans fin. Les hausses des « prix spot » qui, en principe sont « réversibles » entraînent des hausses qui sont « irréversibles » celles-là, des « prix officiels », à partir desquels se développent de nouvelles hausses de « prix spot » et ainsi de suite.

C’est ainsi que le « prix officiel » de l’Arabe Léger se retrouvera, après toutes ces péripéties, à 26 $/bbl au début de l’année 1980 et à 32 $/bbl après l’ouverture des hostilités entre l’Iran et l’Irak le 1er novembre de la même année.

La tension du marché et le bouleversement des habitudes ne se traduisent pas seulement par une hausse considérable du prix des bruts, mais détruisent aussi la « hiérarchie normale » dans l’échelle de prix basée sur la qualité intrinsèque de chacun des bruts.

Sous la pression des pays producteurs les plus intransigeants, il y a eu un étirement anormal dans l’échelle de prix des bruts, non plus selon leurs qualités mais selon leurs origines. Après la réunion de l’OPEP à Bali en décembre 1980, l’écart entre le prix officiel de l’Arabe Léger (brut de référence, en anglais on dit marker crude) et celui du « Mélange Saharien » passe à 8 $/bbl soit 5 à 6 fois son niveau de Décembre 1978 (1,40 $/bbl).

Avec les pays producteurs les plus gourmands, il faut ajouter aussi que ceux-ci exigent, de plus, un certain nombre de « primes » diverses qui peuvent représenter jusqu’à 3 $/bbl à additionner au prix officiel.

Dans ce contexte, l’échelle de prix n’a plus aucun sens économique et n’a donc aucun rapport avec celle des valorisations véritables basée sur la qualité. Il en résulte que les résultats des sociétés de raffinage dépendent largement de leurs sources d’approvisionnement.

Devant cette cherté, les pays consommateurs cherchent tout d’abord des économies d’énergie et ensuite d’autres sources d’énergie, ce qui entraîne un ralentissement très marqué de la consommation de l’or noir. Ce ralentissement de la consommation de la part des pays industrialisés à partir de 1980 devait fatalement entraîner un retournement de la conjoncture pétrolière, qui est devenue très nette à partir du printemps 1981.

Ce retournement met en lumière le caractère anormal de la « nouvelle échelle de prix » établie après la conférence de l’OPEP à Bali. Le déclin de la consommation mondiale affectait prioritairement les bruts les plus chers, c’est-à-dire les bruts venant des pays producteurs les plus intransigeants et les plus gourmands. C’est ainsi que les « primes diverses » instituées par ces pays commencent à disparaître.

En juin 1981, les producteurs de la mer du Nord abaissaient leurs prix de 3 $/bbl. Puis l’échec successif de deux conférences tenues à Genève, par les pays de l’OPEP, en mai puis en août 1981, pour tenter de revenir à une « échelle réunifiée » de prix n’empêchait pas certains pays comme le Mexique et le Nigeria, de procéder à leur tour, à des baisses de prix significatives afin de réaligner leurs prix sur le brut de référence qu’est l’Arabe Léger.

Finalement, à la suite de deux nouvelles réunions, l’une à Genève fin octobre 1981, et l’autre début décembre de la même année à Abu Dhabi, les pays de l’OPEP, procédaient, malgré la réticence de certains, à la remise en ordre attendue, de l’échelle de prix normale. Centrée sur le nouveau prix de référence de 34 $/bbl de l’Arabe Léger, la nouvelle grille de différentiels de prix entre ce brut et des autres bruts se resserrent et se contractent de manière très sensible […].

Ces nouveaux différentiels de prix mettaient définitivement un terme à la distorsion considérable et erratique imposée par les pays intransigeants et gourmands. C’est ainsi que se terminent les avantages de certaines sources d’approvisionnements aux détriments d’autres sources.

Aujourd’hui, avec du recul, on voit que cette crise pétrolière a des conséquences considérables, non seulement pour les pays industrialisés, mais aussi pour les pays en voie de développement qui n’ont pas de ressources énergétiques propres. On constate en effet :

  • pour les pays industrialisés, un renchérissement du coût de l’énergie qui les oblige à investir prématurément dans certaines énergies de substitution ; une mise en veilleuse des investissements hautement rentables dans d’autres branches de l’industrie ; une politique plus ou moins déflationniste et protectionniste, chacun pour son compte, afin de limiter et contrebalancer le déséquilibre de leurs balances de paiements ;

  • pour les pays en voie de développement : aux handicaps naturels qui sont déjà très difficiles de les franchir, s’ajoute l’absence de ressource énergétique bon marché.

Tous ces faits entraînent une « désoptimisation globale » de l’économie au niveau mondial pour de longues années et la freinent bien au-delà de ce qu’aurait, en toute hypothèse, exigé une gestion prévoyante des ressources énergétiques de la planète.

On observe également un autre phénomène dû à la nouvelle répartition des revenus entre les pays producteurs et les pays consommateurs. Avec cette nouvelle répartition, les pays producteurs bénéficient d’une rente de situation, où leurs exportations génèrent des recettes considérables. Cette manne financière est en partie injectée dans leur économie locale sous forme d’investissements ou redistribuées plus ou moins à leurs ressortissants. Mais une grande part de ces capitaux nouvellement acquis est mal utilisée. Pour un pays comme l’Arabie saoudite par exemple, les recettes sont telles que les responsables « haut placés » peuvent investir et acheter en Occident des pans entiers de l’industrie du tourisme, de la finance et l’industrie lourde.[/i]


Ces citations sont un peu longues, mais j’aimerais bien savoir si elles sont de nature à modifier les précédents commentaires d’AJH et de Sam sur VGE et l’inflation. En particulier, d’après le graphique donné par AJH, les deux montées de l’inflation au cours de la période 1973-1979 semblent bien correspondre aux deux chocs pétroliers.

Il me semble que la politique monétaire est inséparable de l’économie mondialisée, et que l’économie (inflation comprise) était déjà mondialisée en 1973-1979. Mais je ne suis pas sûr des conclusions à en tirer quant au rôle de la banque centrale et à la question de prêts directs de la banque centrale à l’État, même si je crois que ce serait effectivement (à supposer que ce soit possible dans les circonstances présentes, mondiales et européennes) l’un des principaux moyens de reprendre le contrôle sur la monnaie.

Comme vous le voyez, mes idées sur la question sont loin d’être claires, mais je suis convaincu de son importance. JR

Mais Jacques, comme le dit Sam le problème n’est pas dans l’inflation puisque la monnaie nécessaire à la couverture des déficits publics a de toute façon été émise. Mais avec intérêts à payer par la collectivité à des détenteurs privés, au lieu de « sans intérêts » … c’est aussi simple que cela.

AJH, pardon, mais je parlais de l’inflation en rapport avec l’échange qui a eu lieu sur le site de VGE.

Quand même, il me semble que l’inflation touche à notre sujet (« reprendre le pouvoir sur la monnaie ») dans la mesure où l’inflation peut forcer l’État (= la collectivité) à s’accorder des crédits en émettant de la monnaie ou bien en empruntant auprès du secteur privé sur le marché domestique ou à l’étranger.

Ou bien est-ce que je déraille (tout à fait possible), et quel est le sujet exactement ? JR

Y a t il eu un ralentissement économique suite à ces chocs pétroliers ?

Voici mes 2 réponses à VGE
http://vge-europe.eu/index.php?post/2008/07/25/Reponse-de-VGE#comments

  1. Le samedi 26 juillet 2008, 12:44 par A-J Holbecq
Merci pour votre réponse, mais je ne suis évidemment pas du tout d'accord avec vos arguments. Il a bien fallu de l'émission monétaire par le "crédit" des banques privées (augmentation de M1 sur une pente de 10% annuelle, sans inflation), pour que les prêteurs puissent prêter à l'Etat français. La grosse différence avec un prêt direct de la Banque Centrale aux collectivités, est simplement que dans ce dernier cas les intérêts seraient revenus à la Banque Centrale (et donc, in fine, à la collectivité).

J’ai calculé (mon dernier livre " La dette pubique, une affaire rentable") qu’entre 1980 et 2006, c’est plus de 1100 milliards d’euros (valeur 2006) d’INTERETS que nous avons payés aux déjà plus riches…

Je trouve que votre décision de 1973 a été une trahison - voulue ou non - envers les français… pas tous, il est vrai.


et

  1. Le mardi 29 juillet 2008, 07:54 par A-J Holbecq
Monsieur le Président,

Reprenons en détail votre réponse

Vous me prêtez des propos que je n’ai pas tenus en écrivant « vous semblez penser qu’une dette du Trésor public envers la Banque de France ne serait pas décomptée comme faisant partie de la dette de l’administration publique. »

Mon propos ne porte pas sur le capital, mais sur les intérêts et je n’ai pas pensé qu’une dette du Trésor public envers la Banque de France ne serait pas – nécessairement - décomptée comme faisant partie de la dette de l’administration publique… . mais c’est aussi, lorsque nécessaire, un moyen comme un autre d’émission monétaire au fur et à mesure des besoins induits par la croissance.

Vous écrivez également : « : il s’agissait à l’époque de constituer un véritable marché des titres à court, moyen et long terme, «
J’ai effectivement bien compris cette position. Au lieu de faire financer les besoins des collectivités publiques (l cas échéant en faisant la différence entre besoins financiers de fonctionnement et besoins d’investissements) par une augmentation de la fiscalité ou un prêt de la Banque Centrale, on s’adresse au privé et la collectivité paye donc des intérêts à ces prêteurs. Et tant pis si le payement par l’Etat des intérêts, s’il avait été au bénéfice de la Banque Centrale, aurait permis de bénéficier in fine de prêts sans intérêt : comme je le disais dans la réponse précédente, c’est plus de 1100 milliards d’euros en 25 ans que la collectivité aurait économisé si ces intérêts lui avaient été restitués.

Vous me répondez d’autre part « Ce que vous supposez consiste à dire qu’on aurait pu remplacer un endettement visible et structuré par une simple émission monétaire. »

Que le prêt au Trésor Public soit direct par la Banque Centrale ou non, car issu de crédits (demande de monnaie ) par les banques commerciales, il y a bien une émission monétaire équivalente correspondante à l’origine.

On aurait pu (plus précisément, « vous auriez pu »), pour économiser le payement d’intérêts, remplacer un « endettement visible et structuré » auprès des détenteurs de capitaux, par un « endettement visible et structuré » auprès de la banque de France, quitte à encadrer les règles d’émission, par exemple au seuls besoins de financement des investissements, en conservant le financement du fonctionnement de l’Etat et des collectivités (y compris, si on veut, les amortissements) par les recettes fiscales.

Vous auriez pu aussi, lorsque vous avez pris les habits de Président, faire modifier cet article 25 de la loi du 3 janvier 1973 que vous aviez signée et qui interdisait au Trésor public d’être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France. Un calcul simple montre bien que, sans le poids des intérêts sur la dette publique, les soldes des budgets seraient restés positifs pendant toute la période 1980-2005, sauf pour les années 1992 à 1996 et 2002 à 2005, au lieu d’être négatifs.

Quand à l’inflation des années 50, je déduis des données de « déflation par l’indice général des prix à la consommation » de l’INSEE que :

  • l’inflation entre 1950 et 1959 à suivi annuellement les taux suivants 9,4 / 16,4 / 12,3 / -1,7 / 0,0 / 0,9 / 4,5 / 2,8 / 15,1 / 6,9
  • l’inflation entre 1960 et 1972 à suivi annuellement les taux suivants, très « raisonnables » 3,2 / 3,3 / 4,8 / 4,8 / 3,4 / 2,5 / 2,7 / 2,7 / 4,5 / 6,4 / 5,2 / 5,7 / 6,2 /

Je remarque également qu’à partir de 1973, ces taux augmentent rapidement (près de 14% en 1974) et restent au dessus de 8% jusqu’en 1984 … oh, je sais, la «première crise pétrolière… » … Je ne crois donc pas que votre justification « Mais ce serait ouvrir les bras au retour à l’inflation des années 1950 » soit la bonne.

Avec mes salutatons distinguées

Pas sûr que vous ayez une réponse :wink:

C’est déjà bien qu’il publie sur son blog les questions qu’on lui pose sans les trafiquer. C’est loyal.

VGE est-il plus honnête que je ne le pensais ?

Ben, vous vous rappelez déjà son honnêteté concernant le traité de Lisbonne.