Entreprises et pouvoirs publics
Bonjour Jacques
Vous n’avez jamais assimilé les entreprises à des pouvoirs publics au sens constitutionnel ; à l’inverse, je souhaitais dire que vous avez systématiquement tenu à marquer la distinction. Je corrigerai ma phrase.
Pour la suite, je comprends que je dois préciser où je voulais en venir. Par « 3e § », vous désignez le tiret n°3, ou l’ensemble ?
Il s’agissait de dire qu’on peut envisager l’idée de Francis, sinon sa formule exacte, comme une bonne proposition, si on prend en compte successivement plusieurs questions : le statut des monopoles publics au sens constitutionnel ; l’article 9 P-1946 ; le fait que les oligopoles privés sont, à la limite, assimilables à des monopoles privés ; la définition des oligopoles et la résolution de ce problème (généralement admis comme étant un problème) ; l’article 8 P-1946 sur le droit des travailleurs à la cogestion de leur entreprise.
Je reviens sur mon 3e tiret. L’idée sous-jascente est que les oligopoles privés sont, à la limite, assimilables à des monopoles privés, donc doivent être nationalisés (sinon éradiqués).
Les « grosses entreprises » dont parle Francis pourraient sans doute se définir comme étant des oligopoles privés. Au delà du fait que le capitalisme d’État laisse se faire et encourage de tels phénomènes depuis longtemps, leur existence semble être indéfendable pour divers courants philosophico-politique ou politico-économique, et les gens s’entendent généralement pour en combattre l’existence : elles nuisent au vertus de la concurrence, laquelle nécessite un grand nombre d’entreprises ; cette concurrence déloyale implique un pouvoir politique, dans ses causes comme dans ses effets, en termes de concentrations de pouvoirs de décisions ayant une portée générale, mais également en monopolisant la production, la distribution, ou la capacité de destruction, de biens vitaux pour tous les individus… Bref, c’est antilibéral aux sens « faible » et « fort » (cf. message n°2575), au sens économique ou politique du concept. (Les américains, ont, je crois, un amendement de leur constitution concernant la surveillance et l’interdiction des oligopoles.) Du strict point de vue du libéralisme économique, vous avez là une situation ou, de manière flagrante, les libertés et privilèges immenses des uns nuisent aux libertés ou aux droits des autres, les premiers devant nécessairement leur position aux pouvoirs publics. Maintenant, il n’y a pas de différence nette si on considère la question des monopoles économiques publics, sauf justement le fait qu’on a en principe rendu leur contrôle au politique (donc, en théorie, au peuple, dans notre belle démocratie…)
S’agissant du statut des monopoles publics au sens constitutionnel.
Si une entreprise est nationalisée : certains, comme vous sans doute, la distinguerons d’un « pouvoir public au sens constitutionnel » ; il n’en demeure pas moins, déjà, qu’elle reste soumise à l’article 8 P-1946, qui n’exclut pas l’idée que ses dirigeants soient élus par l’ensemble de ses fonctionnaires (et non pas élus par le peuple - l’article 9 en fait la « propriété de la collectivité », mais l’article 8 confie sa gestion à l’ensemble de ses salariés) ; d’autres, comme moi, y verront un pouvoir public, d’une part car elle est dédiée à la mise en oeuvre d’un service public, et que ses décisions administratives ont souvent une portée politique assez directe, d’autre part parce que, comme entreprise, son statut économique particulier (ses « privilèges », en un sens) méritent en retour des garanties publiques particulières, notamment en matière de contrôle démocratique de ses pouvoirs politiques, par le biais du contrôle de ses dirigeants. Maintenant, ces fonctionnaires doivent être considérés en partie comme des professionnels, et la simple élection par le peuple dans son entier ne me parait pas trop répondre à ce besoin légitime de contrôle et de mise en place de contre pouvoirs politiques. Je préfère a priori combiner le principe de la reconnaissance des pairs dans les métiers concernés, s’agissant du processus électif, et d’autres mécanismes de contrôle et de décision sur les politiques de l’entreprise, qui eux, soient ouverts à tous les citoyens.
Je suis désolé de n’être ni plus clair ni plus rigoureux : pour le moment, je n’ai pas assez de temps à consacrer à cette réfexion qui me parait être extrêment importante, et tout à fait à sa place dans ce volet.