A allainguillou.
j’apprécie ET votre position (notamment le message posé sur le débat sur le volet « après 29 mai ») ET celle de Jaques Roman. J’ai même quelque prétension à jouer le trait d’union…
Votre attachement à parler de la distorsion entre l’exercice politique exprimé au niveau national et l’économie mondialisée, à souligner la destruction inéluctable du lien social qui s’en suit, et dans la foulée, la menace sur la paix et les libertés… cette conception me renforce dans l’idée que j’ai ouvert un débat nécessaire ici.
Un défit sans doute difficile à relever, mais je crois que nous avons largement de quoi nous entendre.
Ne sommes nous pas d’accord pour dire que la guerre économique nous ramène vers la guerre tout court ?
Et au sein même du « monde libre », et même de l’Europe, à terme, si le politique ne rattrappe pas l’économie.
Globalement, l’UE ne pose pas de problème supplémentaire pour ce qui est de traiter cet affreux problème de la mondialisation anarchique. Bien au contraire.
- Puisque, Europe ou pas, c’est la conception de l’Etat de droit et du rôle du politique qu’il s’agit de reconcevoir en partie, face à cette « distorsion de la mondialisation ».
- Puisque l’ultra libéralisme est essentiellement le fait de l’impuissance politique face à la sphère économique.
- Puisque la seule voie pour retrouver du lien social dans toutes les nations, y compris donc la notre, passe par une refondation du domaine de l’Etat de droit, par de vrais moyens CONSTITUTIONNELS, ambitieux, devant aboutir (en termes de politiques encouragées) sur la promotion et la mise en place d’un commerce équitable généralisé… il faudra compter sur le poids économique et diplomatique de l’ « Etat » donnant le bon exemple pour que la chose face école, contraigne et incite les responsables des pays, tandis qu’elle donnera envie aux peuples.
- Puisque la pérénité de l’union diplomatique européenne, qui nous vaut la paix, passe nécessairement par une union politique. Depuis que la mondialisation économique divise de plus belle individus, nations…
Tout cela va dans l’idée qu’il faut une vraie Europe politique, d’une vraie constitution européenne, et à terme, les vraies bases pour un lien social en Europe, mais également pour le maintient de la diversité, et le renforcement du lien social dans les EM, et même la vraie assise structurelle qui lancera une harmonisation des protections sociales par le haut entre nations, seul moyen de lutter contre l’explosion des inégalités au sein même des nations.
Au dela du fait que je suis européen de coeur, fan de S. Sweig et de R. Gary, ce n’est pas tant que je déborde d’ambition, c’est que nous n’avons pas le choix.
Et que par ailleurs, tous ces éléments de politique et économie intérieure et extérieure sont liés. Vous nous rappelez très bien, vous même, que le capitalisme primaire mène à la guerre (je suppose qu’il n’y a pas de frontière, chez vous aussi, entre impérialisme, nationalisme, domination entre nations et domination dans les nations, inégalités économiques et inégalités tout court, capitalisme primitif et ancien régime, mépris des libertés…) Ca a été le cas de tous temps, bien sûr, sauf qu’avant, on pouvait encore « se permettre » des guerres, de l’impérialisme, de la pollution…
Avec la mondialisation, nous n’avons plus le choix, et le plus tôt sera le mieux. Ce pourquoi je me suis acharné en priorité à convaincre J. Roman (et qui veut) que non seulement il est possible, mais même qu’il FAUT insérer dans la constitution toutes les dispositions nécessaires pour en finir avec l’impuissance politique généralisée face à la loi économique par défaut, l’ultra libéralisme.
La meilleure preuve de cette urgence est que l’idéologie dominante, dangereusement « réaliste-pragmatique », a écrasée TOUTES les autres, y compris le modèle libéral, que le discours politique est devenu réellement schizophrène, creux, paradoxal, aliénant, semant la peur et la division, et que le management moderne a infesté toute la politique… avec une rationalité économique qui a réponse à tout. Sur cette base, le retour du fascisme et/ou la guerre, çà risque d’arriver chez nous… en moins de 10 ans.
Et si la guerre nous revient d’ailleurs, même du « monde arabe », nous savons bien qui porte le choc des civilisations. Ce choc, il existe dans les nations, aussi vrai que çà sent à plein nez le retour de l’ancien régime… finance et ordre moral.
Pour parler de « chez nous », MM. Lagardère, Dassaut, Berlusconi,… ont pour eux tous les éléments (finance, pouvoir et/ou amitiés politiques, convictions morales, ambition, armes, moyens de presse)
Quand je m’attache à causer des inégalités économiques qui explosent, vous mettez plus l’accent sur la paix…
Se serait le comble si nous arrivions à ne pas être en accord… jusque parce que les approches sont un peu différentes, pour ne pas dire complémentaires.
Nous savons bien que notre premier défi, ici, va porter sur la communication interne.
Mais je suis très encouragé, quand je vois le matériau, et les nombreux points communs.
Proposez donc des idées pour aider à refonder ce lien social dans la mondialisation… je vais pour ma part m’appliquer à lancer un débat, et poser un certain nombre de points.
Dégager des dispositions constitutionnelles est difficle :
- cela suppose de ne pas imposer de politique économique, cela passe nécessairement par une lecture de l’activité économique… et ne rien poser, à l’heure actuelle, c’est comme imposer (condamner les politiques à appliquer) une politique ultra libérale…
- il faut penser « idéologie », discours politique, pour déduire « structures », pouvoirs économiques et vecteurs
- les entreprises ne peuvent être traités comme des organes de l’Etat, et pourtant tout ce qu’elles mettent en jeu se rapporte à du droit, et à du contrôle démocratique : capital, travail, syndicalisme, information financière, publicité, biens de consommation, pollution,…
- il faut tenir compte du fait que la constitution pose ce qui peut ou non être régi par la loi, et partir des doits fondementaux…
Voyons déjà ce qui peut être séparé. Je dirais justement qu’il faut considérer les choses largement INDEPENDAMMENT DE LA FORME DE L’EUROPE POLITIQUE.
Puisque la politique, dont l’autorité légitime repose sur la capacité à créer du lien social et à donner sens, se conçoit encore essentiellement dans la nation, souveraine, ne s’agit-il pas de poser que l’activité économique, dans le discours politique, doit être [u]LISIBLE à l’échelle de la nation [/u]?
Et même si à terme, l’Europe était amenée à devenir Etat-nation, cela ne change rien à cette considération.
C’est déjà une chance que de pouvoir penser à ces dispositions constitutionnelles sans tout recouper avec cet autre aspect sensible qu’est la forme juridique de l’Europe
Slts.