Et pourquoi ne pas imaginer de lister les grands thèmes qui concernent le pays et les hommes, indépendamment et bien au-delà des échéances électorales classiques? Exemples: quelle énergie voulons-nous privilégier pour les 20/30années à venir (nucléaire? énergies renouvelables, lesquelles?), la politique agricole, la gestion des risques, l’éducation, la justice, etc… On pourrait imaginer de grands débats citoyens éclairés par des gens compétents (chercheurs, sociologues, hommes de lettres et d’étique) qui aboutiraient à des référendums populaires qui engageraient les hommes politiques successifs au pouvoir, au-delà de leurs positions de partis. Ce serait démocratique, pédagogique, éviterait les aléas du système de balancier qui fait osciller le pouvoir une fois à gauche, une fois à droite, sans jamais prendre le temps d’aborder les problèmes de fond, car les avancées dont les résultats ne sont pas visibles avant la fin du mandat n’intéressent personne. Il est des sujets qui demandent un travail de longue haleine et une cohérence dans le temps, qui touchent à l’éthique, sont constitutifs de la culture d’une nation, de son histoire. Pourquoi sommes nous de la « vieille Europe », pourquoi notre voix est-elle de moins en moins considérée dans le monde? Parce que nous sommes gérés par le circonstanciel, le superficiel, l’émotionnel. Parce que les économistes ont chassés les intellectuels de l’entourage du pouvoir. Parce que le progrès technologique a supplanté le sens et l’éthique. Aujourd’hui l’individualisme a chassé la solidarité et la coopération, aménageant une sortie de scène à la démocratie.
Une des causes-racines de l’état dépressif est l’absence de mise en perspective; c’est ce qui arrive aux Français actuellement. C’est ainsi que je crois qu’inscrire quelques lignes d’avenir pour notre pays serait fédérateur sur un plan identitaire pour les 60 millions d’individus que nous sommes, et offrirait un prolongement à une histoire féconde qui semble depuis quelques temps nous échapper.
Pierre