Salut à tous !
Je partage avec vous quelques faits scientifiques ainsi que l’analyse que j’ai pu en faire. Les citations que vous pourrez trouver dans le développement sont des transcriptions d’interviews que j’ai réalisé car j’en trouvais le contenu très inspirant. Tout ceci a bien entendu pour but de favoriser la discussion et de parvenir à cerner d’avantage nos contemporains et le système dans lequel nous vivons.
Je m’intéresse beaucoup, de manière profane, à la science et surtout à tout ce qui concerne le cerveau. Voici tout d’abord deux courts extraits d’interviews. L’une d’Allan Snyder (directeur du Centre du cerveau à l’université de Sydney) et l’autre de John Bargh (expert mondial de l’effet d’amorçage). Je vous explique ensuite ou je veux en venir, mais vous le comprendrez surement en lisant :
Allan snyder :
« Notre cerveau peut falsifier l'information qui vient se projeter sur notre rétine. Autrement dit, nous pouvons annuler la réalité qui nous entoure pour lui donner la forme qui convienne à ce que nous croyons. C'est très puissant! Les décisions que nous prenons ne sont pas guidées par des pensées conscientes. Et surtout pas les décisions importantes, comme par exemple le choix d'un partenaire. On dresse une liste de pour et de contre. La liste des contre est très longue et malgré ça, on décide de se lancer dans une relation avec telle ou telle personne. Voilà pourquoi je prétends que nous sommes gouverné par notre inconscient.»[b]John Bargh:[/b]
L'influence de notre inconscient s'exerce pratiquement sur tout. Les études le confirment : la tendance n'est pas « on pensait que toute ces choses étaient inconscientes mais maintenant on découvre qu'elles sont conscientes », non! C'est même tout le contraire. Plus on avance dans nos recherches, plus la part du conscient diminue. La part du moi conscient dans notre tête rétrécie de plus en plus. Notre cerveau primaire n'a pas été jeté aux orties avec l'avènement de la conscience chez les êtres humains. La conscience est venue pour ainsi dire se greffer dessus. Et elle a dû apprendre à fonctionner avec notre inconscient. C'est dans la nature de l'évolution de procéder par étape. Le nouveau cerveau n'est pas arrivé tout d'un coup. L'ancien est toujours là et même s'il paraît archaïque, il a encore beaucoup d'influence. »Je trouve tout cela fascinant, et ce n’est pas fini. Le libre arbitre n’existe pas réellement, nous fonctionnons selon une sorte de tyrannie de l’inconscient sur le conscient. On entend beaucoup parler actuellement d’élévation des consciences et d’une certaine manière, Siddhârta Gautama (Bouddha) avait commencé a exploré l’inconscient il y a 2500 ans environ. Je me demande donc, par rapport à ce que disent ces deux scientifiques et à mon humble bagage de culture spirituel, si l’évolution de l’être humain ne va pas vers une diminution de l’inconscient au profit du conscient. Si par la méditation, la réflexion et la recherche de notre vraie nature, nous n’allons pas tout simplement vers une exploration de l’inconnue que nous connaissons déjà sans le savoir. Cela implique plusieurs choses :
D’abord il n’est absolument pas possible de convaincre qui que ce soit par la conversation et donc par les arguments car nous nous adressons toujours à la conscience d’une personne (c’est ce dont traite en gros le film « Inception »). Quand quelqu’un change d’attitude et donc d’orientation d’esprit, par exemple lorsque tout a coup cette personne se rend compte de la situation actuelle et qu’elle décide d’agir alors qu’auparavant elle en était (in)consciente aussi mais sans jamais le réaliser pleinement, ce n’est pas parce que quelqu’un ou quelque chose l’a convaincu, mais parce que son inconscient, forgé par son expérience et des informations dont elle n’a même plus le souvenir l’a décidé à sa place.
Ensuite, les décisions que nous prenons ne sont pas le fruit de notre libre arbitre, mais encore une fois le résultat de quelque chose au fond de nous dont nous ne maitrisons pas les rouages. C’est peut-être de cela dont Bouddha parlait quand il disait que Dieu est en chacun de nous. Et c’est peut-être aussi cela qui nous fait personnifier une entité divine qui ne serait que l’expression de cette chose que nous avons à l’intérieur. Un inconscient tout puissant dirigeant le conscient soumis sans le savoir… En ce sens, notre évolution nous amène à gagner du terrain sur l’inconscient, individuellement mais aussi collectivement.
Enfin, et justement, il y a un certain fil conducteur entre nous - c’est-à-dire le fil conducteur qui laisse l’inconscient diriger le conscient - et la société que nous acceptons (ou pas) et vivons (pas le choix). Je vais, avant de développer, continuer dans les citations :
Alan Snyder ajoute :
« La conscience est une sorte de clap de fin qui se manifeste lorsque tout est déjà joué. Un tour de passe-passe diplomatique de notre cerveau pour nous faire croire que l'on a encore notre mot à dire. »J’ai envie de modifier deux petits mots :
« La démocratie actuelle est une sorte de clap de fin qui se manifeste lorsque tout est déjà joué. Un tour de passe-passe diplomatique de notre système pour nous faire croire que l’on a encore notre mot à dire. »
Pour moi, ça marche. Je continue avec John Dylan Haynes(professeur et chercheur) :
« Nous avons découvert que l'activité cérébrale montre quel choix la personne va faire 7 à 10 secondes avant la décision consciente. Il semblerait donc que notre cerveau programme à l'avance la décision et qu'au moment où soi-même on a le sentiment de décider, les jeux sont déjà fait. »Lorsqu’on y réfléchit, nous sommes - de nature - soumis à une force incontrôlable qui n’a aucun mal à nous contrôler. Donc ce n’est peut-être pas notre société qui nous asservit, mais nous-même, de par notre nature. J’ajouterais à cela un petit détail déjà cité d’Alan Snyder :
« On dresse une liste de pour et de contre. La liste des contre est très longue et malgré ça, on décide de se lancer dans une relation avec telle ou telle personne. »Une sorte de système binaire, un fonctionnement informatique. Du true et du false, des 0 et des 1. Des lois et des libertés. La liste des lois est très longue et malgré cela on décide de les contourner…
Pourtant, je me suis toujours dit que ce qui caractérisait l’être humain, c’était cette capacité a justement faire preuve de subtilité et à ne pas sombrer dans le manichéisme. Cette recherche de l’équilibre et ce rejet des extrêmes. Mais cela ne va pas à l’encontre de ce que nous sommes dans le fond. Des transgresseurs. Parce que la conscience est la première transgression, celle qui nous permet de réfléchir avant d’agir et donc, en s’inventant une raison de le faire, de transgresser la toute-puissance de l’inconscient.
L’inconscience se résume au fond à une volonté de ne pas transgresser les règles, ou du moins de ne pas les discuter ou les changer. L’individu conscient sait se maitriser et refuse les réactions inconscientes. Il refuse aussi de se soumettre, dans le macrocosme, à des lois qui ne lui correspondent pas ou plus.
Je vais appuyer le dernier paragraphe par la suite de l’élocution d’Allan Snyder, jugez plutôt :
« La créativité est un acte de rébellion. Il faut être subversif pour briser les règles et aller contre les conventions n'est-ce pas? Déjà par définition, quand tout le monde accepte ce que vous faites alors vous n'êtes pas un précurseur. Vous vous contentez de reproduire ce que vous faites. Moi, si tout le monde était d'accord avec mes travaux scientifiques, je me sentirais à côté de la plaque. Je ferais mieux d'aller à la plage plutôt qu'au labo. C'est fascinant non? On augmente la créativité non pas en stimulant certaines parties du cerveau, mais en les débranchant. Je pense que dans 20 ans, qu'il soit pharmaceutique, électromagnétique ou d'une autre nature encore, nous disposeront d'un mécanisme artificiel qui nous permettra de voir le monde d'un œil neuf. Et ce sera merveilleux. Sur tous les plans. Pas seulement pour le progrès scientifique ou pour écrire des poèmes, mais pour se défaire des préjugés de toute sorte. Imaginez un peu : on pourrait voir chaque personne telle qu'elle est vraiment. »Je trouve effectivement cela fascinant. Nous avons en nous tout ce qui fait notre société et en même temps une partie que nous laissons plus ou moins s’exprimer qui aspire au changement. Le passage de l’inconscient au conscient ou encore, le passage du pouvoir centralisé au pouvoir général. C’est cette lutte qui nous permet d’évoluer. Au-delà de tout cela, il est important de noter que dans notre existence comme dans notre société, nous avons besoin d’automatisme, de régler des problèmes de façon binaire sinon nous ne serions plus en mesure de laisser libre court à notre subtilité. Si nous avions constamment besoin de penser les gestes que nous faisons sans nous en rendre compte, nous ne serions plus capables de prendre du temps pour nous instruire et réfléchir. De la même manière, nous ne pourrions plus vivre en société et évoluer s’il n’y avait plus de lois, et de pouvoir pour les faire appliquer. Le but étant de trouver l’équilibre parfait.
Cependant, il y a un autre facteur à prendre en considération, facteur qui caractérise lui aussi l’être humain. Les outils, la technologie et sa finalité actuelle, l’automatisation. Comme si nous tentions de nous substituer au grand inconscient collectif, à la noosphère (théorie selon laquelle les idées graviteraient au-dessus de nos tête, dans une gigantesque bulle planétaire, à laquelle nos cerveaux se connectent pour y puiser des ressources) Il est d’ailleurs à noter, et je ne sais plus où j’ai lu cela donc je ne peux pas appuyer mes dires par une citation, désolé, il est d’ailleurs à noter disais-je que notre cerveau fonctionne par raccourcis et que ceux-ci façonnent notre intelligence. Si nous partons tous avec le même nombre de neurones, ce sont les synapses, c’est-à-dire les connections neuronales qui fabriquent les relations entre les différentes informations que nous recevons. Quand nous apprenons quelque chose, notre cerveau fabrique du raccourci pour alléger la mémoire. Et au plus il y a de raccourcis entre plusieurs informations complémentaires, plus nous sommes en mesure de les comprendre et de les assimiler.
Toutes ces informations m’amènent à penser que l’humain façonne le macrocosme par rapport à son microcosme. Notre société représente notre manière de vivre. Et si de plus en plus de personnes s’éveillent, c’est peut-être aussi parce que le « cerveau global » est en train d’évoluer en parallèle de l’évolution des cerveaux individuels. J’en conclu ceci : c’est notre histoire qui nous a amené à nos prises de consciences et ces multitudes d’idées qui fleurissent un peu partout, ces citoyens qui décident de s’impliquer plus que jamais dans l’avenir de l’espèce, et la multiplication des amateurismes politiques traduisent une évolution imminente. Personnellement, je trouve cela très encourageant !
Mais nous pouvons pousser encore plus loin le raisonnement :
Walter Myschell (psychologue, spécialiste des théories de la personnalité et de la psychologie sociale) utilise pour ses expériences le test du marshmallow. Il s’agit de montrer deux assiettes à un enfant. L’une contenant un seul marshmallow et l’autre en contenant deux. On demande à l’enfant laquelle des assiettes il préfère et bien entendu, c’est celle contenant le plus de sucrerie que l’enfant choisi. On propose ensuite a l’enfant un choix : l’adulte qui lui propose le choix va partir pour un temps indéterminé en laissant l’assiette contenant un seul marshmallow devant l’enfant. Ce dernier peut le manger s’il le souhaite. Il dispose également d’une clochette qu’il peut utiliser à tout moment pour faire revenir l’adulte. Mais s’il utilise ce pouvoir, il n’aura droit qu’à une seule sucrerie. S’il patiente jusqu’au retour de l’adulte, il aura droit à l’assiette contenant deux marshmallow. Voici les conclusions que Walter Myschell nous livre à propos de ces expériences :
« Nous avons une conception erronée de la volonté, qui est une attitude stoïque ou l'on sert les dents pour aller jusqu'au bout de notre projet. En fait, c'est la meilleure façon de le faire échouer parce que c'est au-delà de nos forces. La solution est d'appréhender l'environnement et de le transformer. La seule chose à faire, c'est de changer sa perception et de focaliser son attention sur autre chose. »Intéressant… Appréhender l’environnement et le transformer. Donc laisser couler notre volonté dans l’inconscient. Changer sa perception, c’est-à-dire ne plus considérer la solution au problème comme une finalité, afin de l’intégrer différemment à notre réalité. Considérer le problème comme étant l’élément d’un tout afin de ne pas se focaliser dessus pour ne pas aller au-delà de nos forces.
A grande échelle, cela consiste à ne pas s’épuiser sur les épiphénomènes (psychoses !) mais les intégrer à un tout qui constituera une finalité plus facile à appréhender. Les enfants ayant passé le test ont été suivi régulièrement tout au long de leur vie : ceux qui ont eu la patience d’attendre sont parvenus à construire une vie professionnelle et familiale épanouie. Quant à ceux qui se sont précipités sur la clochette, ils parvenaient difficilement à trouver l’équilibre nécessaire à leur épanouissement. Se focaliser sur un seul problème est donc contreproductif car cela consiste à lutter contre notre inconscient de front au lieu d’y intégrer la solution. Toute la subtilité est là.
Bon, comme dirait V, « ce velouté de verbiage vire vraiment au verbeux » donc je vais m’arrêter là en vous livrant tout de même d’autres extraits tout aussi intéressants. Pour ceux que cela intéresse, vous trouverez tous ces gens dans un documentaire d’Arte : Le cerveau et ses automatismes, le pouvoir de l’inconscient que vous pourrez voir sur youtube.
Au plaisir de lire vos avis sur tout ça.
Alex Todorov (Psychologue spécialisé dans les cognitions sociales) :
Nous avons besoin de moins de 100 milliseconde pour nous faire une opinion sur un visage que nous n'avons jamais vu auparavant. Est-il fiable, compétent, etc... Ces jugements ne sont pas forcément exact, mais ils sont l'avantage de se façonner très vite. La première impression se façonne tellement vite que la raison n'a pas le temps d'influencer la réaction. Même si vous n'avez pas l'intention de formuler un jugement, votre cerveau classe le visage dans telle ou telle catégorie spécifique. Ce processus se fait automatiquement. Dans une étude, nous avons montré que l'apparence physique des candidats à une élection permet de prédire le résultat des suffrages à 70%. Et ce, sur un simple coup d'œil sur une photo. Les personnes qui participaient à cette étude ignoraient qu'il s'agissait d'hommes politiques. Elles ne connaissaient pas ces visages.[b]Stephen Macnick [/b]:
Dans nos têtes, les illusions sont la règle et non l'exception[b]Antonio Rangel[/b](institut californien de technologie, chercheur en économie neuronale) :
Nous avons fait des études scientifiques très poussées pour savoir à quelle vitesse notre cerveau arrivait à prendre des décisions complexes. La réponse est : 230 millisecondes. Donc incroyablement vite. Avant même que vous ne commenciez à réfléchir à quelque chose de façon consciente, votre inconscient a déjà décidé ce qui est bon ou mauvais pour vous.[b]Gherard Roth[/b] (professeur de philosophie) :
C'est vexant de penser qu'au bout du compte, nous sommes des marionnettes de notre inconscient. Et quand nous changeons notre manière d'agir ou de penser, c'est uniquement parce que notre inconscient à décidé que nous devions penser ou agir différemment. Même ces pensées là nous sont imposées par notre inconscient.