La place et le rôle des scientifiques dans une démocratie

Tout est dit dans le titre.

Quelle place, et quel est le rôle à jouer pour les scientifiques de tout bord, au sein d’une démocratie directe?

Faut-il faire une séparation comme la religion? Leurs donner un pouvoir de décision? Leurs laisser la libre réflexion et délimiter leurs recherches? Ou est-ce à nous de leurs donner une direction de recherche?

Quelles lois seraient appropriées à leur métier?

Albert Jacquard : « Je suis devenu un surhomme grâce aux autres »

Miroir. Avec « Dans ma jeunesse » (Stock), le généticien s’interroge, à partir d’une blessure secrète jamais révélée, sur ce qui fait un homme.


« Dans ma jeunesse » d’Albert Jacquard (éditions Stock).

Le Point : On croyait connaître Albert Jacquard, le généticien, le feu follet médiatique, le militant permanent engagé sur tous les fronts. Voilà qu’on découvre dans ce livre un autre homme marqué au fer rouge par une blessure d’enfance. Quel est le véritable ADN d’Albert Jacquard ?

Albert Jacquard : Mon enfance s’est arrêtée à 9 ans à Lyon. C’était un 31 décembre, il faisait froid, il pleuvait, il y avait sans doute du verglas. Mon père conduisait. Les roues de la voiture se sont coincées dans un des rails du tramway. Et le tram est arrivé. Un choc de fin du monde. Mon plus jeune frère, 5 ans, a été tué sur le coup. Mes grands-parents paternels sont morts le lendemain. Moi, j’ai survécu. Je suis passé entre les mains des chirurgiens, qui ont fait ce qu’ils ont pu avec mon visage. Les miroirs du monde sont devenus mes ennemis intimes. Dans ma famille, on ne faisait pas de photos, je n’ai découvert que récemment à quoi je ressemblais avant l’accident. Ma belle-fille a retrouvé trois photos de moi, d’avant. Quand je me suis vu, cela ne m’a rien fait…

Vous écrivez : « Celui que vous voyez, ce n’est pas moi. Albert Jacquard, vu de l’intérieur, il ne ressemble vraiment pas à ça »…

Pendant trente-cinq ans, j’ai opposé aux autres un « masque de fer ». Je n’ai pensé qu’à moi. Je ne me suis occupé que de moi. « Moi » remplissait l’univers. Parce que je ne me reconnaissais pas dans le regard des autres. J’ai mis du temps à le comprendre, mais la seule chose qui compte, c’est la rencontre avec les hommes. Ce sont les rencontres qui vous construisent et vous donnent de l’énergie. Quand vous vous privez de l’autre, vous commencez un peu à vous suicider. Je suis devenu un surhomme grâce aux autres. Le surhomme n’est pas un super-héros mais un être multiple. Pour devenir un surhomme, on ne peut pas compter sur Dieu, mais sur les autres. Après avoir été un autre malgré moi, je suis devenu plus que moi-même grâce aux autres. Je ne suis pas seulement un assemblage d’organes, de cellules, de molécules, d’atomes ; ce qui me « fait » aussi, c’est l’ensemble des liens que j’ai pu tisser. Il faut renoncer au concept de « personne unitaire ». Ce que la science et la vie nous apprennent, c’est que « je » est une multitude. Les hommes dépendent les uns des autres pour former la communauté humaine, comme les molécules pour fabriquer un corps.

Repoussé par le regard des autres, vous êtes donc allé dans les livres chercher vos premières rencontres ?

Ma famille vivait à Soissons. Mon souvenir de cette ville, ce n’est pas la cathédrale, mais l’odeur d’encaustique de la bibliothèque. J’y courais dès que j’avais cinq minutes. C’était mon point d’ancrage pour ne pas couler. J’avais là le monde entier à mes pieds. Je pouvais tout apprendre, je voulais tout savoir. Sur la Russie, notamment. Pourquoi la Russie ? À cause de ma rencontre avec Dostoïevski. Avec lui, j’avais le sentiment d’approcher quelqu’un qui me parlait personnellement. Cette vie d’après l’accident avait pour moi le goût du rabiot. Cette ration inespérée que l’on reçoit en plus à la caserne.

Vous racontez qu’à 9 ans vous êtes « reparti de zéro ».

Je suis né une seconde fois. Naître, c’est sortir du ventre de sa mère, la deuxième naissance, c’est accéder à la lucidité. L’accident m’a révélé la finitude. L’irréversibilité de la mort. Le temps va toujours dans la même direction, tout ce qui a eu lieu a eu lieu définitivement. Le cerveau que l’on reçoit à la naissance contient 100 milliards de neurones. Puis les connexions se mettent en place au rythme de 2 millions par seconde. Mais la construction de ce cerveau est aléatoire. Il suffit d’un coup de pied ou d’un sourire pour bifurquer vers autre chose, et c’est irréversible. Celui que je suis devenu, nul n’en a jamais tracé les plans. Tout le monde se fiche qu’Albert Jacquard ait existé, mais c’est un événement irréparable. Aussi irréparable que l’accident. Ce rail de tramway qui sortait du bitume, il s’en est fallu de quelques centimètres pour que l’accident n’arrive pas. Mais ce qui s’est passé ensuite a été irréparable : ma famille décimée, le ravaudage maladroit de mon visage… Mon énergie vient de là. Du sentiment qu’un jour tout sera fini et de cette passion à ne pas subir le temps. C’est la grande différence entre les animaux et nous. Eux ont conscience du temps, ils s’ennuient éventuellement, mais ils sont incapables de savoir que demain existera. La chance de l’homme, c’est qu’il peut penser : « Je serai peut-être mort demain. »

Cette fascination pour le temps qui passe, qui dégrade, qui arrête, vous pousse vers la biologie, puis la génétique…

Ce que j’admire dans la vie, c’est sa robustesse, cette capacité à combattre le pouvoir destructeur du temps. La découverte la plus extraordinaire pour moi remonte à plus de cinquante ans. C’est celle de l’ADN. Qu’est-ce que la vie ? Dans le dictionnaire, c’est le propre des êtres qui sont nés et qui ne sont pas déjà morts, ça tourne en rond. L’ADN a changé la définition de la vie. Cette molécule a un pouvoir extraordinaire : celui de se reproduire en faisant une copie d’elle-même. Elle contient toutes les informations génétiques d’un individu. À partir de cette découverte, la vie est devenue synonyme de reproduction. Quant à savoir où va l’humanité… Ce que je sais, c’est que l’homme est localement et provisoirement présent. Le processus de la connaissance scientifique ne fait jamais appel à une croyance.

Justement, vous accusez le catholicisme d’avoir fait de vous un menteur ?

Après l’accident, mes parents se sont recroquevillés sur la religion ; moi, j’ai eu la révélation de la finitude, et la finitude était incompatible avec l’idée de religion. Mes parents étaient catholiques de la même façon évidente qu’ils étaient de droite. Moi, j’ai beaucoup fait semblant : semblant de croire, semblant de prier. La religion triche. Quand un théologien vous explique par exemple que Dieu est unique, qu’il est « Un ». Cette unicité divine est le fondement des religions monothéistes. Pourquoi « Un » ? Pourquoi pas 25 ? « Un » est un point d’arrêt entre l’absence de Dieu et la prolifération des dieux. Et d’abord pourquoi compter Dieu ? Le plus drôle au final, c’est qu’associer le concept de Dieu au nombre « Un » conduit au… vide. En mathématiques, « un » est le nombre cardinal de l’ensemble des ensembles vides. En clair, la religion ramène à l’absence de Dieu.

Pourtant, Jésus-Christ, ce révolutionnaire non violent, avait tout pour vous plaire ?

Je l’ai approché par l’intermédiaire d’un jésuite, mais je n’ai pas eu de contact personnel, l’homme est resté lointain. Il n’y a pas eu de symbiose, comme avec Dostoïevski. Son programme de vie exposé dans le Sermon sur la montagne - « Aimez vos ennemis… » - est parfaitement contradictoire avec ce qui est à la base de notre société occidentale : la compétition ! Notre monde est empoisonné par la performance.

Vous dénoncez le culte de la performance et vous avez fait Polytechnique, qui en est l’un des symboles !

En fait, je voulais faire Normale, parce que c’était plus difficile que Polytechnique, mais j’ai été recalé en mathématiques. J’étais un élève brillant, parce que je voulais attraper le regard des autres, les séduire, avec la certitude que ce serait un échec neuf fois sur dix. À Polytechnique, il ne s’agissait pas de faire bien, mais de faire mieux que les autres. J’ai même défilé sur les Champs-Élysées avec un bicorne et une épée ! J’avais 20 ans et je ne me posais pas beaucoup de questions.

Pourquoi dites-vous : « J’étais dans le camp des salauds : ceux qui laissent faire et finalement attendent que toutes les choses s’arrangent » ?

Pendant la guerre, ma famille était dans le déni. « Juif », je ne savais même pas ce que signifiait ce mot. À la maison, je ne l’avais jamais entendu prononcer. Je crois pouvoir dire que nous avons oublié la guerre. Comme beaucoup, nous avons fait le dos rond en attendant que ça passe. J’avais 20 ans, j’aurais pu m’engager dans la Résistance. Je n’y ai pas songé un instant. Recroquevillé sur mon histoire personnelle, j’ai vécu la Libération comme un événement extérieur. Jusqu’en octobre 1961, j’ai été un passager de l’histoire. Et puis, un matin, j’ai ouvert le journal et découvert que, juste en bas de chez moi, la police avait jeté dans la Seine des manifestants algériens. Je n’avais rien vu, rien entendu.

Aujourd’hui, on pourrait presque vous reprocher d’être « sur-engagé ». Est-ce une façon de compenser ?

Probablement. C’est un rattrapage. Je suis passé de l’indifférence au monde à l’engagement. J’essaie désormais d’être dans le camp de ceux qui réagissent. Ce n’est pas de la « fraternité », mais de la « solidarité ». La fraternité est subie, la solidarité est désirée. J’essaie de remplir avec les autres le temps qui me reste. Agir permet aussi de se connaître. J’ai mis du temps à chercher qui j’étais. Avec l’âge, je commence à m’en approcher. Comme disent les enfants, « je brûle ».

Propos recueillis par Christophe Labbé et Olivia Recasens

« Dans ma jeunesse » (Stock, 112 p., 10 euros). À lire également : « Exigez ! Un désarmement nucléaire total », avec Stéphane Hessel et l’Observatoire des armements (Stock, 72 p., 5 euros).

Il y a un problème de corruption et de manipulation au niveau scientifique.

Pour ma part il faudrait repenser l’école en premier lieu, afin d’élever les futures scientifiques à se préserver de certains vices. Ce serait pas mal une refonte complète de l’école, tout comme nous travaillons pour une autre politique. Qui ne s’est jamais ennuyé à l’école? Il y a donc des choses à faire et à remodeler afin que la majorité des élèves ne voient plus leur scolarité comme une contrainte.

Il serait bon de penser, si le système éducatif est réformé et qu’il fonctionne, à la création d’une encyclopédie qui regrouperait toutes les connaissances humaines connues (scientifiques, littéraires, politiques…) jusqu’à ce jour. Ce serait des bibliothécaires, ou des libraires qui pourraient s’occuper de rédiger, et aux scientifiques de déposer leurs hypothèses et leurs théories. Les différents avis sur un sujet serait inscrit et mis à jour dans le cas d’une théorie avéré et prouver. Ceci dans un but de conservation des connaissances, dans le cas ou la Terre ou/et la race humaine serait confronté à un grand stress (météorite qui frapperait la Terre, épidémie planétaire, bouleversement climatique…) l’ensemble des connaissances pourraient être retrouvé et comprise, ceci limiterait et réduirait la période de régressement des humains.

Qu’en pensez-vous?
Serait-ce un projet trop ambitieux?
Aurions-nous les capacités pour les réaliser?

La place et le rôle des scientifiques dans une démocratie : celle de n’importe quel citoyen. Là où certaines catégories de citoyens sont considérés « meilleurs » que les autres pour quoi que ce soit, ça s’appelle une aristocratie.

Un exemple parmi d’autres : le comité d’éthique. Les scientifiques ne devraient pas avoir 15 places statutairement réservées pour orienter les recommandations. Il devraient être appelés comme témoins en tant que de besoin pour dire la vérité toute la vérité et rien que la vérité sur ce qu’on sait et ce qu’on ne sait pas.

Oui, et devrait, à mon sens, devoir et pouvoir acceptées des idées nouvelles de tout bord et de n’importe qui.

J’irai même plus loin en proposant d’organiser des assemblées d’éthique et de distribuer les tâches à des volontaires, cependant il faudrait peut-être réserver des places pour certains spécialistes qui aurait un rôle d’arbitre afin de ne pas entrer dans le farfelu, mais ce n’est pas sûr que ca soit nécessaire.

Autre exemple : pourquoi faudrait il que le CNRS soit un organisme sous tutelle ?

Pour éclairer la réponse il est utile de savoir depuis quand (1939) et pourquoi il a été mis sous tutelle : pour préparer la guerre et orienter la recherche dans ce sens.

Encore un autre exemple, tragique celui là, qui a abouti à la condamnation de six sismologues pour les morts de l’Aquila : les membres de la Commission nationale pour la prévision et la prévention des risques majeurs, du fait du mélange des genres, c’est à dire de l’absence de séparation entre le rôle des scientifiques et celui des politiques, c’est à dire de l’absence de séparation de la Science et de l’État, ont été jugés coupables de la mort des 297 victimes du tremblement de terre.

Officiellement, la raison de la mise sous tutelle est : « coordonner l’activité des laboratoires en vue de tirer un rendement plus élevé de la recherche scientifique ».
Mais je serai plutôt de vôtre avis Lanredec concernant les raisons.

Cependant, je ne crois pas que le problème viennent réellement de la mise sous tutelle de l’État, mais plutôt à son monopole de crédibilité suscité dans la tête des gens, comme étant une source de valeurs sûr et de vérité établie. Aucun n’organisme, privé ou même public, n’est en mesure et ni en capacité de rivaliser avec l’imposant mastodonte qu’est le CRNS.

En faite, ce n’est pas tant qu’il y est des bâtiments scientifiques sous tutelle de l’État qui est un problème, mais plutôt la crédibilité qu’on leur donne aux dépends des autres…

Concernant l’Aquila, je n’ai pas vu que les condamnations sont issues de vos arguments, officiellement les six sismologues ont été condamnés pour avoir minimisé les risques du tremblement de terre. Mais je crois comprendre ou vous voulez en finir. Afin d’éviter une panique générale le gouvernement aurait demandé de minimiser les risques annoncées: ce qui est fort probable, mais non pas à cause d’une absence de séparation, mais plutôt à cause d’un piège qui menace les scientifiques concernés qui risquent un arrêt de financement ainsi qu’un risque de licenciement du scientifique rebelle.

A quoi ressemblerait un État séparé de la science?
Quelles seraient les impactes sur nos vies quotidiennes en cas de séparations?

Évidemment ce n’est pas ce qu’on a reproché aux scientifiques de l’Aquila : c’est ce qu’on leur demandait, utiliser leur compétence et leur prestige pour dire la Vérité Vraie et en convaincre la population. C’est à dire exactement le rôle de l’Église avant la séparation de l’Église et de l’État. Ce qu’on leur a reproché c’est d’avoir été désinvoltes dans la recherche de la Vérité. On aurait plutôt dû reprocher aux politiques de ne pas savoir que la Vérité n’existe pas alors que la fonction du politique c’est justement de pallier cette inexistence.

Comme le père Joseph (l’Éminence Grise) aurait été plus efficace pour faire un monde meilleur (ce qui était apparemment son but) en restant un mystique priant Dieu dans une cellule monacale qu’en utilisant son prestige pour assurer les basses œuvres diplomatiques de Richelieu, les scientifiques de l’Aquila auraient été plus efficaces pour la sécurité de la population en restant des chercheurs dans leur domaine qu’en utilisant leur prestige pour assurer les basses œuvres politiques de Berlusconi.

A quoi aurait ressemblé la séparation de la Science et de l’État dans ce cas ? La commission aurait été constituée de béotiens comme vous et moi (ou comme votre député et mon conseiller général, là n’est pas la question, ou plutôt nous la discutons déjà dans d’autres fils). Ce n’est pas la Science qui aurait dit à la population « dormez tranquilles » ou « buvez un coup et détendez vous » (sic). Ce sont des scientifiques qui auraient dit à la commission « la probabilité d’un séisme majeur est faible » et « Giuliani qui dit le contraire n’est pas très bon, en fait il n’est pas vraiment scientifique ». La commission aurait entendu, au même titre que les 6 condamnés, Giuliani, les pompiers, la police, peut être un sourcier, un expert en bâtiments, etc. Ils se seraient fait leur idée, non pas sur le risque d’un événement naturel mais sur le risque d’une catastrophe humanitaire. Ils auraient peut être aussi conclu qu’il valait mieux ne pas évacuer, mais conscients de leur incompétence ils auraient laissé le ministre de l’intérieur (ou les assemblées populaires, ce n’est pas le sujet de ce fil) prendre la décision. Décision politique et non scientifique, j’insiste. Et de toute façons, consciente de l’incompétence des membres de la commission, la population aurait pris leurs recommandations avec une pincée de sel.

La place et le rôle des scientifiques dans une démocratie : celle de n'importe quel citoyen. Là où certaines catégories de citoyens sont considérés "meilleurs" que les autres pour quoi que ce soit, ça s'appelle une aristocratie.
Les "vrais" scientifiques constituent certes, une aristocratie, mais celle-ci est complètement différente de l'"aristocratie scientifique agissante" actuelle, ou plutôt ceux qui définissent cette aristocratie agissante des "experts", ceux dont le principal souci est d'empêcher l'ensemble de la vraie aristocratie scientifique de faire connaître ses travaux et ses résultats auprès du public, travaux qui seraient de nature à remettre en cause la doxa "scientifique".

Sur l’économie bien sûr, mais aussi sur le prétendu réchauffement climatique que les derniers développements mettent bien à mal, sur le 11 septembre 2001 où les lois de propagation électromagnétiques régissant le fonctionnement des téléphones portables, et les principes de conservation de l’énergie (entre autres) ne s’appliquaient plus aux USA, et où le nombre de scientifiques engagés dans la recherche de la vérité dépasse de loin le nombre d’experts manipulés qui ont justifié la thèse officielle, sans que rien ne transpire dans les médias officiels.

Comme l’observe justement Lanredec, pour qu’une aristocratie devienne agissante, il faut que ses éléments puissent « être considérés » comme les meilleurs.

Là est la clé du problème. Dans les époques antérieures cette considération était basée la communauté scientifique elle-même, sur la confrontation des résultats qu’entretenait cette communauté sur les travaux en cours. Cela n’allait pas sans affrontement, mais au moins déterminait une « aristocratie du résultat » à défaut que de définir une « aristocratie du mérite ».

On fera observer que qu’une population puisse définir des résultats (des lois scientifiques) qui fassent consensus, il faut que ces lois aient résisté aux objections de l’ensemble de la communauté, le rôle des scientifiques étant de traquer toutes les objections jusqu’à n’en laisser subsister aucune.

C’est donc là la condition du bon fonctionnement de la science: TOUS les opposants doivent être entendus et réfutés avant décision. Et pour cela il faut que tous puissent être entendus.

C’est pareil pour la démocratie. Tous doivent être entendus, y compris et surtout sociologiquement. Ce qui suppose, en système représentatif, le tirage au sort.

Le problème de la science est le même de celui de la démocratie, il nécessite la même solution.

La commission aurait entendu, au même titre que les 6 condamnés, Giuliani, les pompiers, la police, peut être un sourcier, un expert en bâtiments, etc. Ils se seraient fait leur idée, non pas sur le risque d'un événement naturel mais sur le risque d'une catastrophe humanitaire. Ils auraient peut être aussi conclu qu'il valait mieux ne pas évacuer, mais conscients de leur incompétence ils auraient laissé le ministre de l'intérieur (ou les assemblées populaires, ce n'est pas le sujet de ce fil) prendre la décision. Décision politique et non scientifique, j'insiste. Et de toute façons, consciente de l'incompétence des membres de la commission, la population aurait pris leurs recommandations avec une pincée de sel.
C'est donc là la condition du bon fonctionnement de la science: TOUS les opposants doivent être entendus et réfutés avant décision. Et pour cela il faut que tous puissent être entendus.

C’est pareil pour la démocratie. Tous doivent être entendus, y compris et surtout sociologiquement. Ce qui suppose, en système représentatif, le tirage au sort.

Le problème de la science est le même de celui de la démocratie, il nécessite la même solution.


Oui, je suis entièrement d’accord. Et c’est bien là ou je voulais en venir.
Ce n’est pas tellement la communauté scientifique qui est mise en cause, car comme dans la politique (même si c’est moins évident chez cette dernière), il existe des humains vertueux qui travaille pour l’intérêt générale, cependant le pouvoir de l’argent, le financement de certaines institutions scientifiques de renoms sont privilégiés contrairement à d’autres sur un principe de réputation.

Par exemple l’archéologie, et plus précisément l’égyptologie. Tout le monde connait l’impressionnante pyramide de Gizeh, prouesse d’architecture aussi bien que par son physique que par ses propriétés. Pourquoi seul le CNRS est le seul habilité, financé, et écouté pour ce qui concerne les conclusions de construction ou d’utilisation des pyramides? Et pourquoi refuse t-il toutes autres hypothèses extérieur la concernant? Pourquoi le CNRS et les égyptologues refusent toutes aides de la part d’autres scientifiques (ingénieur en mécanique, géologue, astronome…)? Si ce n’est pour conserver son influence sur les autres institutions et permettre à l’État de se construire une légitimité scientifique en ne finançant et en n’écoutant que le CNRS, au risque d’entretenir un mythe controversé sur 90% des points?

Je veux casser ce monopole d’influence, il faut que les idées se rejoignent et se confrontent afin d’ouvrir des pistes de recherches concernant un sujet. Et je suis assez d’accord, il n’y a pas que ceux qui ont eux des formations scientifiques qui peuvent découvrir des choses.

De toute façon, tout ce qui se constitue en système finit par avoir des effets néfastes. Il est clair qu’il vaut mieux éviter de transformer la science en corporation. Il vaut mieux favoriser le pluralisme et les échanges d’idées.

De toute façon, tout ce qui se constitue en système finit par avoir des effets néfastes. Il est clair qu'il vaut mieux éviter de transformer la science en corporation. Il vaut mieux favoriser le pluralisme et les échanges d'idées.
Tout à fait d'accord avec vous, Sandy.

Un seul doute m’effleure…

Etes-vous donc prêt à inclure dans ce TOUT, le SYSTEME des PARTIS POLITIQUES, qui a transformé la politique en système corporatif

De toute façon, tout ce qui se constitue en système finit par avoir des effets néfastes. Il est clair qu'il vaut mieux éviter de transformer la science en corporation. Il vaut mieux favoriser le pluralisme et les échanges d'idées.
Tout à fait d'accord avec vous, Sandy.

Un seul doute m’effleure…

Etes-vous donc prêt à inclure dans ce TOUT, le SYSTEME des PARTIS POLITIQUES, qui a transformé la politique en système corporatif


Un parti politique c’est juste une association de citoyens.

Tout le monde peut créer un parti politique, et les partis servent justement à défendre des idées dans le débat public.

Cela n’a rien avoir.

Le système dont vous parlez ce sont les institutions. Par exemple, le rôle joué par les médias, le contrôle que certains exercent sur l’accès à l’information et sur l’accès aux médias de masse, empêchant le pluralisme et l’échange des idées.
Ou alors c’est par exemple le mode de financement des partis politiques, sur un mode capitaliste, qui favorise le conservatisme.
Deux choses parfaitement dissociables de l’association des citoyens en parti politiques en elle-même.
Liste non exhaustive évidemment.

Je me disais aussi…

Faire avancer la connaissance est une mission de service public, et ça l’est doublement quand ces connaissances peuvent avoir des applications pratiques servant le bien commun. Il paraît donc naturel qu’il y ait financement public (voté démocratiquement). Mais ensuite, il faut bien une institution pour recevoir cet argent dans un premier temps, puis après le dispatcher. Personnellement, je m’oppose à l’idée que tous les citoyens puissent choisir précisément à quel chercheur ou équipe ira l’argent, car comprendre la méthode scientifique n’est pas à la portée de tout le monde, mais souvent l’actualité, la proximité d’opinion, etc, troublent le jugement. Le simple fait que ce soit l’argent des citoyens, on ne pourrait empêché qu’il y ait une préférence pour les recherches susceptibles d’aboutir à des résultats « concrets », et que les recherches plus abstraites soient laissés de côté, perçues comme peu utiles, un gâchis d’argent. Par contre, il est tout à fait légitime que de grande orientations puissent être données, et qu’on vérifie que ces désirs aient été respectés.

Il faut donc bien à un moment une institution composée majoritairement de scientifiques, comprenant parfaitement la méthode scientifique, qui s’occupe de répartir cet argent public, et à son tour contrôle qu’il ait été utilisé à ce pour quoi il a été octroyé. Je ne dis pas que ce doit être le CNRS, qui est avant tout un gros fromage et un bon moyen de cooptation entre copains éventuellement au mépris du mérite réel, mais cette institution doit exister. Les scientifiques pourraient tirer au sort parmi eux les « administrateurs » de cette institution, mais il me paraîtrait plus sain qu’ils soient élus, car alors que les petites compétitions d’égo prennent place entre chercheurs d’une même discipline, la compétence et l’impartialité du jugement, participant intrinsèquement de la méthode scientifique, peuvent être reconnus a delà des disciplines. Mais il faudrait probablement imaginer un test auquel les scientifiques devraient se soumettre, et qui serait ensuite publié pour que chacun en prenne connaissance, et qui consisterait en la présentation d’une corpus d’études/articles/thèses, consensuelles ou controversées, principalement dans des disciplines étrangères à celle du testé, et il aurait pour devoir d’examiner la qualité de la méthode pour faire une analyse critique des études, proposer un consensus, des orientations de recherche et un modèle de financement. Se basant là dessus, chaque scientifique pourrait connaître la manière de travailler d’un collègue face à des connaissances nouvelles qu’il ne maîtrise pas, sa rigueur intellectuelle, son impartialité, et son bon sens pratique.

Une agence de moyens, un peu comme la Caisse nationale de la recherche scientifique, plus un institut de contrôle, un peu comme l’Académie des sciences ?

Faire avancer la connaissance est une mission de service public, et ça l'est doublement quand ces connaissances peuvent avoir des applications pratiques servant le bien commun. Il paraît donc naturel qu'il y ait financement public (voté démocratiquement). Mais ensuite, il faut bien une institution pour recevoir cet argent dans un premier temps, puis après le dispatcher. Personnellement, je m'oppose à l'idée que tous les citoyens puissent choisir précisément à quel chercheur ou équipe ira l'argent, car comprendre la méthode scientifique n'est pas à la portée de tout le monde, mais souvent l'actualité, la proximité d'opinion, etc, troublent le jugement. Le simple fait que ce soit l'argent des citoyens, on ne pourrait empêché qu'il y ait une préférence pour les recherches susceptibles d'aboutir à des résultats "concrets", et que les recherches plus abstraites soient laissés de côté, perçues comme peu utiles, un gâchis d'argent. Par contre, il est tout à fait légitime que de grande orientations puissent être données, et qu'on vérifie que ces désirs aient été respectés.

Il faut donc bien à un moment une institution composée majoritairement de scientifiques, comprenant parfaitement la méthode scientifique, qui s’occupe de répartir cet argent public, et à son tour contrôle qu’il ait été utilisé à ce pour quoi il a été octroyé. Je ne dis pas que ce doit être le CNRS, qui est avant tout un gros fromage et un bon moyen de cooptation entre copains éventuellement au mépris du mérite réel, mais cette institution doit exister. Les scientifiques pourraient tirer au sort parmi eux les « administrateurs » de cette institution, mais il me paraîtrait plus sain qu’ils soient élus, car alors que les petites compétitions d’égo prennent place entre chercheurs d’une même discipline, la compétence et l’impartialité du jugement, participant intrinsèquement de la méthode scientifique, peuvent être reconnus a delà des disciplines. Mais il faudrait probablement imaginer un test auquel les scientifiques devraient se soumettre, et qui serait ensuite publié pour que chacun en prenne connaissance, et qui consisterait en la présentation d’une corpus d’études/articles/thèses, consensuelles ou controversées, principalement dans des disciplines étrangères à celle du testé, et il aurait pour devoir d’examiner la qualité de la méthode pour faire une analyse critique des études, proposer un consensus, des orientations de recherche et un modèle de financement. Se basant là dessus, chaque scientifique pourrait connaître la manière de travailler d’un collègue face à des connaissances nouvelles qu’il ne maîtrise pas, sa rigueur intellectuelle, son impartialité, et son bon sens pratique.


Tout ce que je comprends pour ma part, ne connaissant pas bien le sujet, c’est que nous avons besoin de plusieurs choses :

  1. De pouvoir intensifier les recherches dans un domaine en fonction des besoins.
  2. Que la recherche soit protégée d’attitudes conservatrices ou d’intérêts autres que l’intérêt général.
  3. Que la recherche théorique soit protégée de la volonté d’obtenir le plus vite possible des applications pratiques.
  4. Que la recherche théorique et pratique puissent coopérer au mieux.
  5. Que l’on favorise la coopération et les échanges plutôt que la compétition et l’individualisme.
  6. Que l’ensemble de la recherche soit soumise à des règles d’éthique et que ces règles soient respectées.
  7. Que les innovations et les connaissances soient partagées et non pas marchandisées.

Peut-être penserez vous à d’autres principes.

Mais voilà, il faudrait que la recherche satisfasse à la fois tous ces principes je pense, il faut donc réfléchir à une meilleure organisation, car l’organisation actuelle est loin d’y parvenir au contraire.

Ben moi quand on sera en démocratie je crois bien que je voterai non pour toutes dotations à des organismes de scientifiques. En agriculture ils on fait que des conneries depuis des décennies. Je dis pas que des Vilmorins ou des Andrieux furent inutiles, j’aime leurs travaux, mais toute la bande de vendus qui nous on pondu les pesticides, les OGM et tutti ils auraient mieux fait de chier au lit.
J’ajoute qu’il y a toute une « science » populaire , fruit de siècles d’expérimentations, qui disparaît sans émouvoir grand monde. Bon il reste quand même quelques passionnés qui font de la création varietale à titre privé et bénévole.

On commence à s’éloigner sérieusement du sujet Constitution, là. Mais comme pas mal de ce qui s’est dit plus haut donne un peu l’impression (fausse j’en suis sûr) de venir de victimes de la propagande scientiste (i.e. : la Science c’est le Progrès, et le Progrès c’est Bien®) je vais continuer à troller.

Comme dit Ellul le progrès c’est l’autre nom du capitalisme, et sa seule et unique fonction c’est le profit de quelques uns. Pas le bien-être, pas le bonheur, pas le bien commun, juste le profit.

La théorie selon laquelle toute découverte scientifique et toute invention technique a un côté face (bon) et un côté pile (mauvais) est probablement la théorie la mieux vérifiée de toute l’histoire de la science. En fait il n’existe aucune observation qui la contredise. En plus c’est une des théories scientifiques les plus anciennement acceptées puisque les Grecs en avaient fait une divinité : Némésis intervient chaque fois qu’il y a hubris (tuez le renard qui a mangé une poule, et les milliers de mulots dont il se nourrit détruiront votre récolte).

Il n’y a donc aucune vertu à faire progresser la science, ou la technique. Toute amélioration qu’elle peut apporter est (au moins) compensée par une péjoration.

Par contre il peut, dans certains cas, y avoir une nécessité à ne pas rester trop en arrière du reste de l’humanité. Ce que les intellectuels de la révolution de Meiji avaient traduit par « La vision du monde des occidentaux est fausse mais nous devons l’adopter pour qu’elle ne nous détruise pas ». Si le Japon statique et fermé de l’ère Edo n’était pas devenu progressiste et ouvert (au sens thermodynamique), il aurait subi la colonisation des puissances occidentales progressistes et ouvertes (au sens thermodynamique = prenant leurs ressources à l’extérieur). En choisissant la compétition sur leur terrain, l’expansionnisme japonais de Meiji a mis l’Orient à feu et à sang… Il y avait peut être un moyen terme.

C’est ce moyen terme que le contrôle démocratique de la science doit rechercher. Mais, pour paraphraser Clémenceau, c’est une chose trop importante pour qu’on la confie à des scientifiques … ou à l’État.

Je crois qu’il ne faut pas se résigner à tout est bon ou mauvais, cela n’avancera à rien dans les faits.

Certes, des abus, des dérives, et de la félonie sont déjà bien souvent ressortie des découvertes scientifiques. Mais cela ne vient pas de l’impureté, ou d’une instabilité des sciences, mais plutôt à une façon de les découvrir et les utiliser.

Si nous nous penchons un peu plus sur les causes de ces abus, on peut constater que les dérives de la science ont augmenté avec le temps qui passe: Alors que les découvertes de l’antiquité (les mathématiques, l’astronomie, l’architecture…) sont, pour l’extrême majorité, encore valable de nos jours et pris comme référence. Les recherches et les mises en applications des grandes découvertes de la renaissance et du moyen-âge (l’alchimie, la mécanique, le sanitaire…) sont pour beaucoup mise à mal de nos jours et inutilisés. Il y a également de grande chance que beaucoup de nos découvertes actuelles deviendront hérétique pour des générations futures.

Pourquoi des abus, et une absence de contrôle des effets d’une technologie est-elle de vigueur? Je pense, pour ma part, qu’il y a deux fortes raisons :

  • La première serait notre impatience et notre orgueil, nous voulons (et je parle de la masse sociétale) des objets toujours plus grands, plus beaux, plus de choix, de fonctionnalités, qui doit nous « améliorer » le quotidien. Et une fois acquis, plus jamais nous imaginons de nous en séparer, nous devenons esclaves (inconscient) de la technologie à laquelle nous avons accepté de dépendre.

-La seconde, qui dépend fortement de la première, serait la rentabilité pharaonique que produit ces objets crée. Il y a une telle demande de nouvelles technologie que le prix n’est plus un barrage à l’acquisition, de plus, afin de satisfaire une demande de plus en plus pressante, les risques en tout genres ne sont plus évalués ni testés, ce qui accentue les dangers sans que nous sachions à quel niveau, ni à quel ampleur, à un tel point que les financements pour de nouvelles technologies ne cessent de croitre sans se préoccuper de quelconques dangers (de la fabrication à l’utilisation).

Cependant, interdire ou brider fortement la recherche et la science ne serviraient qu’à amplifier les dérives, tout comme c’est le cas aujourd’hui avec tous les produits sous prohibitions, ou dans une autre mesure, les dérives politiques. Ainsi l’humain chercheras toujours à mieux comprendre ce qui l’entour. C’est pour ces raisons que je suis persuadé qu’il faut définir sur le plan constitutionnel, les limites ainsi que les paramètres des productions scientifiques. En instaurant des contrôles, que se soit sur le plan de la conception mais aussi sur la consommation. En limitant les corruptions, par plafond des financements privés (non pas sur le nombre de financeur, mais par la somme qu’un financeur peut investir), et par rotations des charges (pour les cadres scientifiques). Et par d’autres idées qui nous viendront par la suite j’en suis persuadés.

Ce qu’il faut préserver, c’est dans un premier temps le libre imaginaire, et non plus se focaliser sur un texte décrit comme « la vérité ». Que les hypothèses se confrontent, même si une hypothèse doit se mesurer à une théorie, et ainsi casser les dogmes. Ne plus soumettre la compétition sur les chercheurs et la recherche.

En bref, il faut qu’ont arrivent à pondre un texte qui ne pourra plus laisser faire Monsanto, Sony, Apple, Coca-Cola… ce qu’ils veulent avec notre consommation et nos vies sans être inquiété ou pire encouragé.