95 Bulletins trimestriels de la démocratie

Bonjour à tous,

De plus en plus d’internautes résistants pensent qu’[bgcolor=#FFFF99]il est important de ne pas cantonner nos actions à internet, mais d’aller également au contact des gens dans la « vie réelle », et surtout d’aller au contact de personnes qui ne viendront pas spontanément vers nous.[/bgcolor]

Je réfléchis à un mode opératoire depuis plusieurs mois. Je vous présente ce que j’ai imaginé : l’écriture et la distribution de bulletins trimestriels de la démocratie.

  • Les bulletins seraient écrits sur papier.

  • Ils seraient distribués régulièrement. Je propose un rythme trimestriel, mais cela peut être un autre. L’important est la régularité.

  • Le format et la présentation seraient stables d’un bulletin à l’autre.

  • Concernant le nombre de pages, j’hésite entre un nombre constant, afin de conforter l’image de stabilité à ceux qui le liront et un nombre variable, plus conforme à l’esprit de Karl Krauss. Celui-ci faisait varier la longueur de ses publications en fonction de la masse variable d’informations qu’il avait à transmettre.

  • Le contenu serait pédagogique. Ce seraient des textes à l’image de ceux que peut écrire Etienne Chouard ou à l’image de ses conférences. Ils porteraient d’une part sur des questions de fond (nature de la démocratie, démocratie athénienne, article 123, etc.) et d’autre part sur des questions d’actualité, notamment en présentant les décisions politiques récentes qui sont un déni de la volonté populaire. Chaque bulletin aurait une bibliographie. Ce serait des renvois vers des livres, des articles et des URL. Le livre est à mon sens très important pour l’image de sérieux qu’il véhicule.

  • Le contenu pourrait être écrit sur internet dans un esprit wiki.

  • Dans chaque bulletin figurerait un moyen de contacter la ou les personnes qui l’ont distribué pour contribuer au développement d’une équipe locale.

  • Concernant la forme donnée, on éviterait d’être trop emphatique et militant pour en rester à une stricte présentation des faits. Cette façon de faire est un gage de sérieux. Nous nous adresserions à l’intelligence des gens, pas seulement à leurs affects. Ça aussi, c’est une révolution. Le pathos sera de toute façon impliqué par le logos.

  • Concernant la distribution des bulletins, j’ai pensé à 2 modes opératoires, mais je suis ouvert à d’autres.

Le premier : la distribution directe dans les boîtes aux lettres.
Avantages :

  • Toucher un grand nombre de personnes qui n’auraient pas été touchées par d’autres moyens.
  • Le coût de la distribution est nul.

Inconvénients :

  • Certaines boîtes sont difficilement accessibles. Certains ne recevront pas le bulletin. D’autres le recevront de façon irrégulière.
  • La distribution demande beaucoup de temps et une dépense physique importante.

Le second : la distribution via une enveloppe timbrée nominative.
Avantages :
Le destinataire se sent plus concerné car le courrier lui est précisément adressé.

Inconvénients :
-Le coût en enveloppes et timbres.

  • Le temps consacré.

Ces 2 techniques pourraient être panachées.
Par défaut, la première méthode serait utilisée. Dans chaque bulletin serait proposé aux destinataires de figurer sur une liste pour recevoir régulièrement le bulletin par courrier postal. Cela leur garantirait de le recevoir et cela leur permettrait d’être informés avant les autres. L’usage du courrier postal serait ainsi réservé à des personnes intéressées.

- Où distribuer ?
Je distingue 2 approches possibles :

  1. Chaque personne ayant la volonté de participer à ce projet, distribue près de chez elle.
  2. On essaye de concentrer nos forces sur certaines zones.
    Avantages :

[bgcolor=#FFFF99]- On informe plus en profondeur une population donnée. Les gens peuvent ensuite communiquer et s’associer dans la ‹ vie réelle ›.[/bgcolor] Dans le premier cas, ils peuvent être trop dispersés pour s’associer. C’est notre cas aujourd’hui.

[bgcolor=#FFFF99]- Une information importante d’une petite population peut permettre d’aboutir à avoir un élu dans cette population qui défend le projet de démocratie.[/bgcolor] Je sais bien que l’idée d’avoir un élu est contraire à la démocratie. Mais pour l’instant, le monde étant ce qu’il est, un élu pourrait tout de même être un porte-parole intéressant en attendant mieux. Si cet objectif est partagé (et je comprends que certains puissent vouloir s’y opposer), il faudrait chercher les zones les plus pertinentes pour essayer d’informer la population en profondeur. Supposons que l’on recherche un député. il faudrait viser des zones qui répondent aux critères suivants :

  • Circonscription avec peu d’électeurs.
  • Nombre important de distributeurs de bulletins dans la circonscription.
  • Si on estime que les circonscriptions plutôt à gauche auront plus tendance à accrocher au message, viser des circonscriptions plutôt à gauche.

Une fois ces circonscriptions plus prometteuses déterminées, les personnes en dehors pourraient aider ceux qui sont dedans de 2 façons : en allant sur place pour distribuer s’ils ne sont pas trop loin et en aidant financièrement.

Si cette question de la possibilité d’obtenir un élu crée trop de désaccords, je suis tout à fait disposé à l’abandonner. Ce n’est pas un élément central de la démarche. Cela peut juste constituer une conséquence périphérique.

Bien entendu, ce projet est un premier jet, et chacun peut le faire évoluer. Je suis donc à l’écoute de vos suggestions. J’aimerais également entrer en contact avec les personnes prêtes à le faire vivre. N’hésitez donc pas à vous manifester sur ce fil et à me contacter.

Cyril

Salut et bienvenue.
Ne serait il pas plus pertinent de tester des forums locaux interactifs?
La caracteristique locale de ces forums peut, je pense, amener à réfléchir sur nos institutions. D’abord parce que ces réflexions seraient misent en corrélation avec des thématiques locales, environnementales, infrastructurelles, fiscales, macro économiques et macro historiques beaucoup plus sensibilisantes que des discussions trop généralistes. Ensuite le principe de l’interactivité nous sort de notre condition de spectateurs. Les questions de coût et de légèreté de ces infrastructures sont aussi à prendre en compte.

Comme disait Paul Feyerabend (sur un autre sujet) « Tout est bon ».
[bgcolor=#FFFF99]Si vous éditez une feuille de chou en vingt exemplaires et que vous la distribuez dans votre rue, très bien. Si vous la mettez en ligne en prévenant sur quelques fora, très bien. Si ça incite d’autres à la distribuer chez les commerçants de leur marché local, très bien. Si ça amène des rédacteurs à vous contacter, tant mieux. Si ça nourrit des réflexions locales ou globales, tant mieux. Si ça fait naître des feuilles de chou concurrentes, tant mieux aussi. Et si ça foire, très bien aussi, vous aurez appris quelque chose et vos lecteurs auront appris quelque chose aussi.
N’attendez pas qu’on vous suive pour démarrer : lisez l’histoire du colibri et lancez vous.[/bgcolor]

Bonjour Cyril et bienvenue :slight_smile:

Merci pour ce riche message ! Qu’est-ce que ça pétille, sur ce forum :slight_smile:

On peut créer une [bgcolor=#FFFF99]« Wiki-Revue de la Démocratie Vraie, revue qui paraît quand elle est prête » :)[/bgcolor], c’est une très bonne idée.

(Quel était ce journal, déjà, qui paraissait quand il était prêt ?.. Je ne me souviens plus. Le Plan B, peut-être ?)

Étienne.

« N’attendez pas qu’on vous suive pour démarrer : lisez l’histoire du colibri et lancez vous. » >>>

Dans la foulée de la campagne « tous candidats », en vue d’un « programme citoyen », Colibri lance des « forums ouverts » . Les citoyens peuvent les impulser.

Oui, c’est ça ! [bgcolor=#FFFF99]« La Hulotte, le journal le plus lu dans les terriers »[/bgcolor] : http://www.lahulotte.fr/

Merci Lanredec :slight_smile:

Je vous remercie pour vos réponses et pour la bienvenue.

Je comprends ce que vous dites. Hélas, à la différence de Guillaume d’Orange, j’ai besoin d’espérer pour entreprendre et de réussir pour persévérer. Et à la place du colibri, je n’aurais pas suffisamment d’espoir. Question de personnalité.

Je connais sans doute moins le sujet que vous. Pour commencer, j’aurais besoin de quelques textes courts (insérables dans ledit bulletin) et fondateurs pour expliquer de façon limpide :

  1. que nous ne sommes pas en démocratie ;
  2. que la démocratie est possible et avantageuse pour le peuple.

Auriez-vous de tels textes à me proposer ?

Merci,

Cyril

Si personne ne trouve ça dans ses cartons, écrivons-le.

[bgcolor=#FFFF99]Le challenge du limpide compact est intéressant et pas évident.[/bgcolor]

Cyril,

Les formules rédigées par Paul pour le site de synthèse qu’il a imaginé [bgcolor=#FFFF99]http://www.le-message.org/[/bgcolor] sont souvent percutantes, je trouve.

Étienne.

Merci Etienne de m’indiquer cette piste. Malheureusement, cela ne correspond pas vraiment à ce que je recherche pour 3 raisons.

  1. Je pense qu’il faut d’abord présenter le concept de démocratie (son idéalité platonicienne). Ceci doit permettre de déduire que nous ne vivons pas en démocratie. C’est vraiment le fondement qu’il faut avoir solidement posé pour développer le reste. J’ai participé à quelques café-philo où les intervenants pensaient être en démocratie. Cela m’a d’ailleurs beaucoup surpris. Je me suis opposé à leur conception. Je l’ai sans doute fait dans des termes inadéquats car cela n’a pas ébranlé d’un iota leurs croyances. Pire : j’ai bien senti que je passais à leurs yeux pour un hurluberlu aux idées fantasques. Et c’était des personnes participant à un débat censé être philosophique ! Alors imaginez le tout-venant… La question de la constituante ne peut être abordée utilement que lorsque les interlocuteurs ont bien saisi ce qu’est une démocratie et que nous ne sommes pas en démocratie, puis dans un deuxième temps que c’est un objectif possible et avantageux (sans doute via une présentation de la démocratie athénienne), et dans un troisième temps que la constituante est un élément clé de l’instauration d’une démocratie.

  2. Je suis en désaccord avec trop de points avancés dans ce texte.

  3. Si une personne reçoit un bulletin dans sa boîte aux lettres, quel crédit a priori va-t-elle y accorder ? Sans doute pas énorme. Elle y verra de prime abord une pub ou un discours militant excessif de plus. Il est donc important que celui qui l’aura dans les mains le considère rapidement comme digne d’intérêt. Ce sera déjà en partie le cas s’il est pertinent (au sens de Sperber et Wilson). C’est le logos de la rhétorique. Mais il obtiendra encore plus de poids s’il est de surcroit écrit par des signatures illustres (Platon, Montesquieu, Chouard, etc.) ou même moins illustres mais renvoyant à des écrits sur papier (qui inspirent plus confiance que les écrits du web). C’est l’ethos de la rhétorique. Cela m’amène à une autre question. Je sais Etienne que vous vous êtes beaucoup documenté et j’ai cru comprendre que vous souhaiteriez que les autres fassent de même. Le site est bien touffu et je n’ai pas trouvé de bibliographie générale. Pouvez-vous m’indiquer où je pourrais en trouver une ? J’ignore si vous l’avez fait, mais j’ajoute que dans un souci pédagogique, il est intéressant de faire 2 choses : indiquer rapidement le sujet et l’intérêt de chaque référence et souligner à l’intérieur de la bibliographie les ouvrages les plus importants, voire les classer du plus important au moins important. Comme cela on sait lequel lire si on veut n’en lire qu’un ou lesquels lire si on veut en lire X. Lorsqu’on aborde un nouveau sujet, on perd souvent un temps fou à lire des textes mineurs.

Cordialement,

Cyril

Permettez moi de ne pas vous suivre sur le point 1 (le 2 c’est votre droit, le 3 je suis à très peu près d’accord).

La constitution doit être révisée ou réécrite non pas pour des raisons idéologiques (la démocratie c’est ça, la démocratie c’est bien, la constitution n’est pas démocratique, pour être démocratique elle devrait être comme ça, toutes affirmations qui peuvent être supportées par des arguments très forts … et réfutés par d’autres arguments peut être moins forts mais peut être plus convaincants) mais pour des raisons simplement pragmatiques (les institutions de la Ve fonctionnent mal, ce n’est pas aux détenteurs du pouvoir d’écrire les règles du pouvoir, … vous noterez que cette deuxième remarque s’applique aussi bien à la différence entre monarchie et tyrannie, aristocratie et oligarchie, démocratie et ochlocratie - pour reprendre la typologie de Polybe http://etienne.chouard.free.fr/forum/viewtopic.php?pid=12868#p12868)

Effectivement lanredec, nous ne partons pas des mêmes fondements.

Votre point de départ, ou le coeur de votre pensée et de votre démarche semble être la modification de la constitution suite à des constats factuels les institutions de la Vème fonctionnent mal (je dirais plutôt qu’elles sont inadaptées au bien du plus grand nombre, mais qu’elles fonctionnent excellemment bien par rapport à ce que j’estime être le but pour lequel elles ont été conçues) et une prise de position plus philosophique ce n’est pas aux détenteurs du pouvoir d’écrire les règles du pouvoir.

Face à la prémisse les institutions de la Vème république fonctionnent mal, on pourra facilement vous rétorquer que certains hommes politiques sont prêt à vous écrire une sixième république. Votez donc pour eux. A ce moment, vous dégainerez sans doute votre affirmation « Ce n’est pas aux détenteurs du pouvoir d’écrire les règles du pouvoir ». Mais alors, en quoi se distingue-t-elle de ce que vous appelez des « raisons idéologiques » et dont vous dites qu’elles ne peuvent constituer une raison à la révision ou la réécriture de la constitution (remarque sémantique au passage : je pense qu’il serait plus adéquat de parler d’écriture que de révision ou de réécriture)?

Cette affirmation a selon moi le même caractère d’abstraction que celles que vous récusez.

J’estime que la politique est une question qui a des fondements philosophiques et des retombées pratiques. Souvent, lorsque je vois un problème humain, je cherche le vice de forme philosophique. Si la cause originelle n’est pas éliminée, on ne fait que modifier superficiellement les manifestations du problème. Ne pas prendre suffisamment de recul et en rester au niveau pratique condamne bien des fois à passer d’un piège à un autre. On cherche à changer le phénotype sans changer le génotype, changer les conclusions d’un problèmes sans en modifier les prémisses, trouver un espace de liberté dans sa prison, etc. L’exemple évident est le passage de la droite à la gauche ou réciproquement, présenté par les mass média et les partis comme un facteur de changement. Méditez le problème des 9 points : http://maths.creteil.iufm.fr/Premier_degre/maier.htm.

Mais lorsque vous dites ce n’est pas aux détenteurs du pouvoir d’écrire les règles du pouvoir, vous allez dans la direction que j’estime être la bonne. Vous posez des fondements philosophiques, c’est-à-dire a priori. Je pense que si l’on étudie le concept de démocratie avec un esprit philosophique on en déduit un certain nombre de principes féconds d’un point de vue pratique dont celui que vous exposez est un exemple.

A l’inverse vous aurez du mal à asseoir votre principe a posteriori. Vous aurez beau dire que les institution de la Vème fonctionnent mal et que c’est parce que ce sont les hommes de pouvoir qui en ont écrit les règles, on pourra toujours vous rétorquer : Oui, elles fonctionnent mal, mais ce n’est pas du au fait que ce sont les hommes de pouvoir qui les ont écrit. C’est dû à telle autre raison. Votez pour moi et je vais vous arranger tout ça.

Cyril

[bgcolor=#FFFF99]Mais pourquoi tenez vous tant à ce qu’il y est des hommes de pouvoir ? Démocratie directe, mandats impératifs, fédération, les solutions existent pour se passer de la caste des hommes de pouvoir.[/bgcolor]
Et le tirage au sort aussi.

chic ! Comme ça on est deux à être intrigués par le syndrome du canari :wink:

Votre point de départ, ou le coeur de votre pensée et de votre démarche semble être la modification de la constitution suite à des constats factuels
Non non, la constitution n'est pas au coeur de ma pensée. :) Pour moi une constitution est un pis aller.
De grand cœur, j’accepte la devise : « Le gouvernement le meilleur est celui qui gouverne le moins » et j’aimerais la voir suivie de manière plus rapide et plus systématique. Poussée à fond, elle se ramène à ceci auquel je crois également : « que [b]le gouvernement le meilleur est celui qui ne gouverne pas du tout[/b] » [b]et lorsque les hommes y seront préparés, ce sera le genre de gouvernement qu’ils auront[/b]. Tout gouvernement n’est au mieux qu’une « utilité » mais la plupart des gouvernements, d’habitude, et tous les gouvernements, parfois, ne se montrent guère utiles. Les nombreuses objections - et elles sont de taille - qu’on avance contre une armée permanente méritent de prévaloir ; on peut aussi finalement les alléguer contre un gouvernement permanent.

Anarchiste ?

Cyril,

Biblio (je suis très en retard : il y manque des centaines de livres essentiels) : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/documents.php

Attention à Platon : c’était un ennemi juré de la démocratie => Donc, pas vraiment la meilleure référence pour définir positivement la démocratie (et dans l’intérêt du peuple).

[bgcolor=#FFFF99]Démocratie = régime politique dans lequel le peuple écrit et vote lui-même les lois auxquelles il se soumet.[/bgcolor] Démos cratos : le vrai pouvoir au vrai peuple.
Ça va, comme définition, simple et forte ?
Demo cratos <> différent de <> Aristos cratos ou Élus cratos :slight_smile:

Par ailleurs, Platon était idéaliste, certes, et il revendiquait donc (logiquement) la confiance due aux sages (aux philosophes), mais pas du tout les démocrates qui, eux, étaient réalistes, pragmatiques (matérialistes, d’une certaine façon) : prenant ACTE de l’imperfection généralisée des êtres humains, ils basaient leurs institutions sur la DÉFIANCE et les CONTRÔLES, pour INCITER les acteurs à la VERTU souhaitée. Concrètement. Réellement.

Enfin, vous cherchez des phrases synthétiques sans les trouver : peut-être pourriez-vous les formuler vous-même ?

Amicalement.
Étienne.

Merci pour les références. J’ai de quoi m’occuper en attendant la suite.

Je suis d’accord pour Platon. Je n’aurais pas dû le citer. Pour les deux autres noms, c’est bon ?

Amicalement,

Cyril

Pardonnez-moi : quels deux autres noms ?

Démos à Athènes : subdivision de la tribu.:stuck_out_tongue: