93 RÔLE DES ARMES dans la démocratie (acquisition, possession, utilisation)

J’avoue avoir été ramené ici par Loup Espiègle, pour avoir témoigné sur un autre site en faveur de la possession des armes à feu par le peuple.

Je rappelle que possession n’est pas port, et qu’un principe général comme celui-ci peut trouver des centaines d’interprétations différentes. Par exemple, moi je suis pour garder un contrôle relativement strict sur les armes courtes et de poing, mais d’autoriser beaucoup plus largement l’acquisition des armes longues, surtout celles à répétition manuelle (types Winchester, fusils et carabines de chasse, fusils réglementaires désuets, etc). Ce ne sont pas des armes de voyous, mais de chasseur et de résistant. La capacité (en nombre de cartouche) relativement faible, la lenteur du tir, mais la précision et la puissance les destinent par nature à la guérilla. Mais ce n’est qu’une idée personnelle, et une démonstration que le principe général n’implique pas nécessairement que demain votre voisin aura dans son jardin une mitrailleuse braquée sur vos fenêtres.

Mais pour autant, je ne suis pas dupe. En « ramollissant » la législation sur les armes, il est quasiment certain que l’on verra augmenter le nombre de morts et les blessures graves. D’un autre coté, si les voitures et les camions étaient interdits, ce serait chaque année des milliers de morts de moins. Mais on estime que l’utilité de la voiture prime sur les risques que son usage implique. On a fait ce choix de limiter les risques en fixant des limites de vitesse, de puissance, en instaurant le permis de conduire, etc… On peut concevoir de la même manière de cesser de se laisser tétaniser de peur à l’idée que les armes puissent se répandre, et poser la question en terme d’utilité et de droits, en admettant que la mort d’innocents (ou même de moins innocents mais ne méritant pas tant) fasse partie de ce « calcul ». On autorise même la vente libre de cigarette et l’alcool, alors que les avantages qu’ils ont comparé aux inconvénients sur la santé et la sécurité sont absolument dérisoires.

Omettons que le pouvoir a tout intérêt à ce que nous soyons désarmés, et analysons les raisons légitimes pour vouloir que la possession d’arme soit l’exception plutôt que la règle. La seule, vraiment puissante et légitime, que je vois, c’est celle du risque de violence, la crainte des moyens dont disposerait la folie. Et je suis très loin de la balayer d’un revers de la main. C’est puissant, c’est fort, car faire baisser la violence, vouloir de l’ordre et de la protection, est la raison pour laquelle nous sommes en société. On peut donc dire: « Autoriser les armes, c’est un pas en arrière, c’est revenir vers la violence et le danger. », et ce n’est pas faux. Mais examinons la chose plus en détail, car nous parlons là de généralités. La violence n’est pas une statistique, un chiffre dont la baisse ou l’augmentation fait qu’on vit plus ou moins bien. La violence est un fait, un acte, c’est la violation concrète de nos droits (généralement à la vie et à la santé, à la possession, et à la liberté de pensé et d’expression), et elle est commise par des individus.

Or ces individus n’apparaissent pas pour commettre le crime, puis s’évanouissent en fumée sans explication. Ils naissent, vivent et meurent comme nous, dans la même société, même si ce n’est pas forcément dans les mêmes pans de celle-ci. Et si l’on cesse de les essentialiser par le crime qu’ils commettent, ou qu’on craint qu’ils commettent, ce sont eux aussi des citoyens. Mais laissons de coté le criminel actuel, celui dont le crime est prouvé, et qui est entre les mains de la justice, qu’on suppose juste dans la société qu’on espère. Il s’agit de comprendre que la psychose, c’est de suspecter quelqu’un, parce qu’il a une arme, qu’il va nous agresser avec. Donc ceux-là même qui craignent qu’une société de la méfiance et de la paranoïa ne naisse, sont ceux qui n’osent pas avouer que la seule raison qu’ils voient à ne pas avoir peur de son voisin, c’est parce qu’il n’est pas armé. C’est à dire qu’on est dans une situation de méfiance, mais tempérée par la connaissance de la relative impuissance de l’autre.

Une société de confiance, ce n’est pas une société où l’on suspecte son voisin d’avoir l’intention mais pas les moyens, mais au contraire où on postule que le voisin n’a pas même l’intention de nous nuire, et donc peu importe les moyens de nous nuire dont il dispose, puisqu’il ne s’en servira pas. C’est là encore un principe général, et comme dit le proverbe, la confiance n’exclut pas le contrôle. Et du reste, même l’homme le plus aimable et tempéré du monde peut un jour péter un câble et se mettre à faire un carton dans son quartier. Mais si cette crainte doit faire qu’on supprime le droit à chacun, ce sont les voleurs de pouvoir qui ont gagné, car ils n’ont plus qu’à exciter les peurs pour justifier qu’on leur donne sans cesse plus de pouvoir, d’autorité, de légitimité.

Celà dit, on ne peut se mettre à penser ainsi (penser de manière positive et confiante) qu’en changeant radicalement la forme de la société, en la rendant plus humaine et moins administrative, plus locale et moins centraliste, plus souple au niveau du droit, etc. Vaste débat. Un de ces jours, il faut absolument que je poste quelque chose sur le bannissement, et la généralisation qu’on pourrait faire du concept dans le cadre d’une réflexion sur une société plus juste et plus efficace, qui permettrait notamment de retirer exceptionnellement le droit à une personne notoirement violente d’acquérir des armes, et ce malgré l’absence de crime ou même de délit, sur le jugement de ses pairs et voisins (droit du contrôle sur son environnement de vie). Mais c’est là une autre question, et je pense avoir assez bien exposé mes arguments quand à la légitimité de la détention d’arme, en tant que principe général.

Holy cow Batman ! :stuck_out_tongue:

Tu viens de présenter le problème sous un angle vraiment différent. Merci d’être venu donner ton point de vue !

Je viens de retrouver une citation chère à un ami pro-armes :

[i]An armed society is a polite society. Manners are good when one may have to back up his acts with his life.[/i] [b]Robert A. Heinlein[/b]
Je m'en vais poursuivre la réflexion...

Que penses-tu du système suisse où les citoyens passent tous à l’armée et ramènent chez eux leur fusil d’assaut ?

J’ai beaucoup entendu parlé de ce fameux système suisse, mais c’était des informations parcellaires, et parfois d’une validité douteuse. Je n’ai donc pas la matière pour en penser quoi que ce soit.

Citations tirées du discours de Robespierre (définitivement brillant) pointé par Etienne :

... Au lieu de condamner ainsi la plus grande partie des citoyens à une espèce d’esclavage, il faudrait au contraire écarter les obstacles qui pourraient les éloigner des fonctions publiques. Payez ceux qui les remplissent ; indemnisez ceux que l’intérêt public appelle aux assemblées ; équipez, armez les citoyens-soldats. [b]Pour établir la liberté, ce n’est pas même assez que les citoyens aient la faculté oisive de s’occuper de la chose publique, il faut encore qu’ils puissent l’exercer en effet[/b]. ... il est permis de croire que la plus extravagante & la plus chimérique des entreprises serait celle d’attaquer un empire immense, peuplé de citoyens armés pour défendre leurs foyers, leurs femmes, leurs enfants & leur liberté ... Je crois devoir observer qu’une partie du plan que je viens de soumettre à l’assemblée nationale est déterminée par l’existence du système des troupes de ligne qu’elle a conservé. Utile, nécessaire aussi longtemps que ce système subsistera, il doit subir de grand changement dès que ce système aura disparu. Or, j’ose croire qu’il disparaîtra ; j’ose même prédire que les gardes nationales ne seront pas plutôt organisées, la constitution solidement affermie, que tout le monde sentira combien [b]il est absurde qu’une nation qui veut être juste, qui s’interdit toute agression & toute conquête, & qui peut à chaque instant armer cinq millions de bras pour repousser de criminelles attaques, croie à la nécessité d’entretenir perpétuellement une autre armée, dont le moindre inconvénient serait d’être inutile & dispendieuse[/b]. ... Si j’avais voulu, sous le nom de police & d’ordre public, livrer la liberté des citoyens à toutes les vexations du despotisme ( en supposant que je fusse le génie le plus inventif de ce genre ), voici comment je m’y serais pris : j’aurais confier ces fonctions civiles à un corps militaire ; & en donnant le choix de l’appeler maréchaussée ou gendarmerie nationale, j’aurais formellement statué qu’il continuerait à faire partie de l’armée, qu’il serait soumis au même régime ; j’aurais statué, que pour être admis parmi les cavaliers, il faudrait au moins avoir fait un congé dans un régiment. ... Je propose le décret suivant : [b]L’assemblée nationale reconnaît :

I. Que tout homme a le droit d’être armé pour sa défense personnelle & pour celle de ses semblables.

II. Que tout citoyen a un droit égal & une égale obligation de défendre sa patrie. [/b]

Elle déclare donc que les gardes nationales qu’elle va organiser ne peuvent être que la nation armée pour défendre, au besoin, ses droits, sa liberté & sa sûreté.

En conséquence, elle décrète ce qui suit :

I. Tout citoyen, âgé de dix-huit ans, pourra se faire inscrire en cette qualité dans le registre de la commune où il est domicilié.

II. Aussi long-temps que la nation entretiendra des troupes de lignes, aucune partie des gardes nationales ne pourra être commandée par les chefs ni par les officiers de ces troupes.

III. Les troupes de ligne resteront destinées à combattre les ennemis du dehors ; elles ne pourront jamais être employées contre les citoyens.

IV. Les gardes nationales seront employées, soit pour défendre la liberté attaquée, soit pour rétablir la tranquillité publique troublée audedans.

V. Elles ne pourront agir qu’à la réquisition du corps législatif ou des officiers civils nommés par le peuple.

VI. Les officiers des gardes nationales seront élus par les citoyens, à la majorité des suffrages.

VII. La durée de leurs fonctions n’excèdera pas six mois.

VIII. Ils ne pourront être réélus qu’après un intervalle de six mois.

IX. Il n’y aura point de commandant-général de district ; mais les commandants des sections qui formeront le district, en exerceront les fonctions à tour de rôle.

X. Il en sera de même pour les réunions de dé-partement dans le cas où elles auraient lieu ; ceux qui feront les fonctions de commandant de district, commanderont le département à tour de rôle.

XI. Les officiers des gardes nationales ne porteront aucune marque distinctive hors de l’exercice de leurs fonctions.

XII. Les gardes nationales seront armées aux dépens de l’état.

XIII. Les gardes nationales qui s’éloigneront de trois lieues de leurs foyers, ou qui emploieront plusieurs journées au service de l’état, seront indemnisées par le trésor national.

XIV. Les gardes nationales s’exerceront à certains jours de dimanche & de fêtes qui seront indiqués par chaque commune.

XV. Elles se rassembleront tous les ans le 14 juillet dans chaque district pour célébrer, par des fêtes patriotiques, l’heureuse époque de la révolution.

XVI. Elles porteront sur leur poitrine ces mots gravés : LE PEUPLE FRANÇAIS, & audessous : LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ. Les mêmes mots seront inscrits sur leurs drapeaux, qui porteront les trois couleurs de la nation.

XVII. La maréchaussée sera supprimée ; il sera établi dans chaque chef-lieu de district, une compagnie de gardes nationales soldée qui, en remplira les fonctions, suivant des lois qui seront faites sur la police, & dans laquelle les cavaliers de la maréchaussée existants seront incorporés.


Il avait bien vu les manipulations des comités sensés mettre en place les gardes nationales, qui les voulaient comme outil du pouvoir plutôt qu’outil de liberté.

Je continue à réfléchir…

L’Armée suisse.

Merci à Gottfried pour son analyse et à Loup pour son « Dont bring a knife to a gunfight ».

Je vois quatre cas possibles d’utilisation d’armes par un citoyen :
-L’autodéfense : dans ce cas le gentil (celui qui ne sait pas quand, où, par qui il va être agressé) a toujours un handicap rédhibitoire sur le méchant (celui qui sait qu’il va agresser et qui sait qui il va agresser), et j’ai bien l’impression que ce handicap augmente plutôt que de diminuer si on généralise l’usage d’armes d’autodéfense (le méchant qui sait que le gentil va tirer a tout intérêt à tirer d’abord et réfléchir ensuite).
-la guerre asymétrique : en Libye les attaquants étaient hors de portée même des Stingers ; en Afghanistan les armes à feu ne servent qu’à se donner une posture, les seules armes efficaces sont les IED … « Dont bring a gun to a drone fight ».
-la guerre symétrique : j’aimerais bien avoir un scénario dans lequel la France se retrouverait dans cette situation, avec la Wehrmacht ou l’APL dans les rues de nos villes et de nos villages.
-l’insurrection générale : en France l’État a les moyens de se ramener au deuxième cas.

Je ne parle pas de l’insurrection d’une poignée de partisans que rien ne permet objectivement de distinguer du crime organisé (n’oublions pas que les mafias se maintiennent parce qu’elle fournissent des services que l’État n’arrive pas ou plus à fournir : emploi, justice, police, enlèvement des déchets, … et que la justice de l’État ne s’y intéresse souvent que parce que leur justice n’a pas aboli la peine de mort).

-L'autodéfense : dans ce cas le gentil (celui qui ne sait pas quand, où, par qui il va être agressé) a toujours un handicap rédhibitoire sur le méchant (celui qui sait qu'il va agresser et qui sait qui il va agresser), et j'ai bien l'impression que ce handicap augmente plutôt que de diminuer si on généralise l'usage d'armes d'autodéfense (le méchant qui sait que le gentil va tirer a tout intérêt à tirer d'abord et réfléchir ensuite).
S'il tire d'abord et s'il réfléchit ensuite, il risque aussi de se retrouver en prison plus facilement, voir même dans le cimetière si les policiers s'adaptent à des criminels plus violents. Et puis si on amène la démocratie à jouer un plus grand rôle dans ce pays il y aurait peut-être moins de délinquants. J'ai parlé de l'auto-défense dans le message de tête mais ce qui m'intéresse plus c'est la défense collective de la démocratie (oups on n'est pas encore en démocratie).
-la guerre asymétrique : en Libye les attaquants étaient hors de portée même des Stingers ; en Afghanistan les armes à feu ne servent qu'à se donner une posture, les seules armes efficaces sont les IED ... "[i][b]Dont bring a gun to a drone fight[/b][/i]".
C'est sûr que des Predator en face de fantassins, c'est sacrément asymétrique. Mais ce n'est pas perdu !

En pesant le pour et le contre je préfère qu’on arme et qu’on entraîne tous les citoyens plutôt que de les laisser à poil face au destin.

S'il tire d'abord et s'il réfléchit ensuite, il risque aussi de se retrouver en prison plus facilement, voir même dans le cimetière si les policiers s'adaptent à des criminels plus violents.
Du fond de sa tombe le "gentil" sera bien content d'avoir contribué à diminuer le nombre de "méchants" en liberté ... ou d'avoir contribué à former la police à mieux faire la différence entre un gentil et un méchant.
Et puis si on amène la démocratie à jouer un plus grand rôle dans ce pays il y aurait peut-être moins de délinquants.
Et donc moins besoin d'autodéfense ;)
En pesant le pour et le contre je préfère qu'on arme et qu'on entraîne tous les citoyens plutôt que de les laisser à poil face au destin.
C'est quelque chose avec lequel je pourrais vivre : la Norvège est probablement un des pays où le nombre d'armes à feu par habitant est le plus élevé, et c'est aussi quasiment mon pays préféré. Mais comme je l'ai déjà mentionné au #2 je ne pense pas que ça relève de la constitution.

La démocratie, c’est le pouvoir au peuple, ou le peuple au pouvoir, c’est la même idée.

Or si le citoyen n’est pas armé, il n’a pas le pouvoir, car l’intégrité du pouvoir politique n’est garantie que par le potentiel de la force physique.

La constitution, si elle se veut démocratique, doit donc garantir l’accès aux armes pour les citoyens et établir la défense collective.

Le fait que seuls les forces de l’ordre puissent porter des armes rend caduque la devise Liberté, Egalité, Fraternité. Pourquoi les forces de l’ordre auraient-elles droit de se protéger et pas leurs concitoyens ? Je sais bien que c’est dans le cadre de leur activité professionnelle, qu’ils ont plus de probabilité d’avoir à s’en servir, mais les victimes ont une probabilité de 100% de s’en servir !!!
La vérité c’est que l’Etat tel que nous le connaissons est une mafia catégorie « poids lourds » qui ne veut pas que le pékin moyen puisse lui retirer une de ses prérogatives les plus chères, à savoir la « violence légitime ».

Une des définitions du pouvoir étant la suivante : Autorité, puissance que détient une personne, moyens d’action de quelqu’un sur quelqu’un ou sur quelque chose.

Le pouvoir née du potentiel de coercition, et sans armes la coercition on se la met dans les trous de nez.

Vous me faites peur quand même.
Nous n’avons aucunement intérêt à ce que des armes circulent librement si ce n’est à multiplier les meurtres gratuits et les drames.
Par contre, rien n’empêche de faire en sorte que les citoyens soient formés militairement, et qu’ils disposent de la force armée.

Vous comprenez bien la différence j’espère entre le fait de donner des armes à des individus ( ce qui est dangereux et ne peut apporter que des malheurs ), et le fait d’entretenir collectivement une armée composée de citoyens et contrôlée par les citoyens.

L’erreur que nous faisons c’est d’entretenir une armée exclusivement composée de professionnels totalement séparés du reste de la population et donc formant un corps distinct.

Il faut se replacer dans un contexte où le peuple a le pouvoir politique grâce à la nouvelle constitution et donc de nombreuses sources de tensions familiales et d’inégalités sociales pourraient disparaître suite à l’adoption de politiques enrayant la misère et la violence donc on n’assisterait pas forcément à un carnage.

Des drames, il y en a TOUS les jours, on appelle ça des faits divers. Parfois certains sont mis en avant pour faire du sensationnel mais ça reste une constante. Si le peuple retrouve son pouvoir politique, je suis persuadé que les conditions favorisant ces drames disparaîtront peu à peu.
En Suisse, je ne pense pas mentir en disant qu’il y a moins de meurtres par arme à feu qu’il n’y a de suicides par arme à feu. Les gens qui se suicident auraient peut-être trouvé un autre moyen s’ils étaient dépourvus d’armes à feu, la pendaison est un grand classique par exemple. Une amie suisse de mon père a eu deux garçons, et ils se sont suicidés, pas avec une arme à feu.

Pointer du doigt les suicides ou les meurtres pour limiter les armes à feu, c’est justement la technique des affreux, surtout ceux de gauche.

Le problème ce n’est pas les armes, il faut chercher la cause des causes, pourquoi la personne se suicide ou va buter un concitoyen ?

Si quelqu’un veut se suicider libre à lui, c’est la liberté. On peut toujours l’en dissuader si on connait ses tendances suicidaires mais de là à restreindre l’accès aux armes à feu c’est de l’abus.

Pour ce qui est des meurtres, l’accès aux armes n’est pas le problème, c’est la volonté de tuer son prochain qui pose problème. Le gars qui veut buter sa femme, il faut savoir pourquoi il veut le faire. Le criminel n’a pas forcément été criminel toute sa vie, si on recherche la cause des causes, on verrait peut-être que la misère et la violence ont pour origine l’usure qui parasite les forces vives de la nation et qui enclenche une série de causes à effets qui mène au meurtre.

Je ne dis pas forcément que l’accès aux armes doit être totalement libre, ce ne serait pas très adapté à notre contexte social actuel. Pourtant je tiens à ce qu’il y ait dans la constitution la garantie de l’accès aux armes pour des questions de liberté, d’égalité et de légitimité du pouvoir politique citoyen.

Si vous êtes déséquilibré(e) mentalement ou que vous avez des antécédents judiciaires, vous n’aurez pas accès aux armes et vous ne serez pas invité à participer à la défense collective où l’on acquiert des armes de guerre. Il doit y avoir des limites, comme c’est le cas aujourd’hui.

Il faut bien voir un truc : la limitation de l’accès aux armes n’emmerde que le citoyen en règle, les délinquants se contrefoutent de la loi et ont accès sans soucis à du matériel pour faire du tort à leurs concitoyens.

La télévision fait penser à tort que lorsqu’on a une arme on l’utilise, forcément il y a beaucoup de bang-bang dans les films et les séries, sinon personne ne les regarderait ! En vérité la simple vue d’une arme peut mettre à fin à une situation d’agression. On sous-estime le pouvoir dissuasif des armes à feu et on se focalise sur leur effet balistique !

c'est la volonté de tuer son prochain qui pose problème
volonté qui trouve une limite quand on n'a pas d'arme entre les mains, ce qui laisse un temps précieux qui peut permettre à la pulsion meurtrière de s'estomper et à la raison de reprendre le contrôle volonté qui est extrêmement facilitée quand on a une arme qui peut tuer à distance

une arme c’est aussi un moyen de puissance et de domination, surtout les armes à feu
combien de conflits verbaux qui dégénèreraient si chacun avait une arme à feu ?

nan vraiment je ne suis pas dutout d’accord

Il faut bien voir un truc : la limitation de l'accès aux armes n'emmerde que le citoyen en règle, les délinquants se contrefoutent de la loi et ont accès sans soucis à du matériel pour faire du tort à leurs concitoyens.
C'est vrai de l'intégralité du corpus législatif. Soyez logique et demandez l'abrogation de toutes les lois.

@Sandy

Et combien de conflits générés ou dégénérés par la faute de l’alcool? Et combien de drames lorsque l’individu émmeché prend en plus le volant? Ne serait-il pas alors sage d’interdire l’alcool, qui ne sert absolument à rien, et la voiture, qui a fait environ 4000 morts en 2011, et a été la cause de plus de 28.000 hospitalisations? Ce à quoi on est forcé de constaté qu’on ne peut pas interdire l’alcool a cause des conséquences pires encore qu’aurait la contrebande, et qu’on ne peut évidement pas interdire les voitures à cause de leur utilité. Mais pour les armes, qui sont sans danger tant qu’il n’y a pas quelqu’un de dangereux qui les tiens, mais qui malgré cela terrorisent et paralysent la raison de nombreuses personnes, forcément, c’est la dangerosité qui prime sur les autres considérations, dont la première est tout de même la liberté, la seconde l’utilité (le pouvoir réel de coercition sur les forces étatiques, comme dit Loup Espiègle, la protection contre la criminalité, et la régulation des espèces sauvages), et la troisième le plaisir/la récréation.

Par contre, le fait qu’il y ait une armée composée de professionnels ne me pose aucun problème, au contraire. Parce que contrairement au rôle de police, qui n’implique pas forcément une violence extrême, et qui regarde le quotidien du citoyen, le militaire armé, le « personnel combattant » comme on dit de nos jours, et bien qu’on le veuille on non, il doit être capable de tuer régulièrement. Et ce n’est pas une tâche qui doit tourner, ce n’est pas une expérience que chacun doit vivre. C’est quelque chose d’extrêmement traumatisant, surtout de nos jours où on n’est vraiment plus habitué à cotoyer la mort, et ce n’est un honneur ou un devoir que dans la vision d’une certaine propagande nationaliste aveugle à la réalité. Le volume de témoignages qui a suivi le retour piteux des soldats américains du Vietnam atteste plutôt que faire la guerre, c’est une sacrifice pour une société.

Evidement, de nos jours la guerre a l’air propre, presque gentille, car on remplace autant que possible l’infanterie par des moyens high-tech de destruction sans contact, souvent contre des « ennemis » qui ne font pas le poids. C’est frapper un nourisson avec une batte de baseball. C’est seulement au prix de cette lâcheté qu’on évite les morts (dans notre camps, hein! les autres, c’est pas considéré à la même valeur d’humanité) et des retours massifs de soldats devenus complètement associaux, sinon schizophrènes et incontrôlables. C’est pourquoi cette tâche de faire la guerre ne peux revenir qu’à certaines personnes, afin d’éviter de « souilller » toute la population, et ces personnes doivent avoir un mental particulier, capable de gérer l’horreur de la guerre.

Mais dans le cas d’une guerre sur le territoire où l’armée serait dépassée ou battue (et en espérant que nos ennemis n’aient pas pour nous l’estime que nous avons eux pour les autres ces dernières années dans les guerres qu’on a fait), ou qu’elle deviendrait un instrument d’oppression contre la population, il faut que le peuple soit armé et entrainé. Je le répète, on est pas forcé d’autoriser les fusils d’assaut et les pistolets mitrailleurs, les fusils à répétition manuelle règlementaires et les fusils et carabines de chasse peuvent suffirent amplement à mener une résistance citoyenne efficace, surtout s’ils se doublent de piégage terroriste (IEDs). S’il y a un réel besoin d’armement plus performant, on peut le prendre sur l’ennemi mort. Mais en temps de paix et de calme, ce sont des armes qui ne menacent pas beaucoup la sécurité publique, à cause de leur capacité en munition toujours assez limitée, de la lenteur de rechargement, et de l’econmbrement de l’arme qui ne peut pas être facilement dissimulée.

A partir du moment où tu choisis d’être un pays qui renonce aux agressions et aux conquêtes, tu as donc juste besoin de gens qui veulent défendre leur pays ou leurs alliés, n’importe quelle personne est capable de patriotisme.

Le danger d’une armée de professionnels, c’est qu’ils forment un corps distinct du reste du peuple, et il ne faut pas s’étonner s’ils se mettent à tirer sur le peuple dans ces conditions. Une armée de professionnels peut permettre à une dictature de se défendre contre le peuple et de le soumettre.

Avec une armée composée de citoyens ce n’est pas possible.

Si une armée composée de professionnels est nuisible, et qu’une armée composée de citoyens, mobilisée seulement en temps de guerre, est tout aussi efficace, autant abolir l’armée, une sorte de garde nationale étant alors bien suffisante. Les dépots d’armes légères et de petits matériels seraient dispersés un peu partout (l’idéal étant donc que dans chaque foyer il y ait une arme), et les gros métériels et installations conséquentes seraient dispatchés par nature entre les villes (les navires dans deux ou trois ports, l’aviation d’attaque dans une ou deux villes, de soutiens et de logistique dans deux ou trois autres, l’armement nucléaires dans une ou deux villes, les blindés dans quatre ou cinq autres, etc). Ainsi, les seuls moyens encore possédés par l’Etat seraient l’Etat-Major et quelques autres structures, et la charge de l’entretien des installations et matériels.

Efficace à quoi ?

Tu comprends que le principe de l’entretien d’une armée c’est surtout de dissuader quiconque de nous attaquer, plus notre armée est nombreuse, plus elle est puissante, moins on nous fera chier.
Si on s’allie c’est pour les mêmes raisons.
Si on forme des grands pays plutôt que des cités états c’est encore une fois pour les mêmes raisons.
On veut la liberté la sûreté et la paix …

Des conscrits seront évidemment moins efficaces que des professionnels pour faire la guerre, mais justement le truc c’est d’avoir le moins possible à faire la guerre.
Un pays qui a toute sa population formée à se défendre sera toujours bien plus dissuasif qu’un pays où l’armée est professionnelle.
Et même pire on est obligé de considérer cette armée de professionnels comme corruptible, ils peuvent très bien se retourner contre notre peuple et s’allier à nos ennemis.
C’est quand même un risque qu’on ne peut pas négliger surtout si on se place dans le cadre d’une révolution démocratique et où les possédants seront dos au mur et prêts à tout pour défendre leur domination et leurs privilèges.

Une armée de professionnels peut être défaite rapidement et alors le peuple se retrouve totalement démuni, sans aucun savoir faire pour se défendre. Une armée du peuple n’est JAMAIS défaite. Si elle perd le contrôle du territoire, elle entrera en résistance contre les envahisseurs et son savoir faire la rendra redoutable même dispersée, même dans la clandestinité.

Faisons comme les Suisses, ça mettra tout le monde d’accord : armée de milice avec un coeur de professionels (pilotes de chasse, commandos etc) et les citoyens qui font le service militaire et qui possèdent leur équipement de milicien à la maison ; armes de chasse en vente libre et le reste avec permis (armes de poing etc).

Dissuasion
Quand deux personnes armées sont face à face on est dans la situation du dilemme du prisonnier donc pas dans une situation de dissuasion : si vous brandissez votre flingue pour faire peur à l’autre il va tirer et la dissuasion aura échoué, si vous tirez sans sommation personne n’a eu l’occasion d’être dissuadé.

Pour un pays comme la France qui n’a rien à offrir que des infrastructures et des entreprises qui seraient annihilées par un conflit armé, la seule raison pour laquelle personne ne l’attaque c’est que personne n’a rien à gagner à l’attaquer. Son armée n’est qu’accessoire et facultative là dedans.

En 1914, hors les prétextes diplomatiques, la raison de la déclaration de guerre de l’Allemagne était essentiellement la puissance militaire française : on était exactement dans la situation du 1er alinéa (si vous tirez le premier vous avez une - petite - chance de vous en sortir, sinon vous êtes mort).

En 1939, non seulement l’armée française n’a dissuadé personne mais elle n’a servi à rien et si l’Armée Rouge n’avait pas écrasé la Wehrmacht la Résistance n’aurait servi à rien.

Aucun autre conflit où la France s’est embourbée depuis un siècle ne méritait qu’elle le fasse. Aucune autre menace depuis un siècle n’a objectivement justifié de dissuader qui que ce soit.

Aujourd’hui les ennemis de la France ne peuvent pas être dissuadés par des flingues. Ils peuvent prendre le pouvoir sans un seul coup de feu. Et ils ne se gênent pas pour le faire avec l’aide des médias, la bénédiction de la majorité des politiciens et l’indifférence absolue de l’armée.

Un pays qui n’a rien à offrir ? Pas si sûr ! La France représente moins de 1% de la population mondiale et elle produit plus de 5% du blé mondial et près de 2% du maïs mondial, dont on exporte la moitié. 2ème exportateur mondial de blé meunier derrière les USA.
Certes, l’agriculture conventionnelle est une impasse mais à court terme cela pourrait attiser les convoitises d’un envahisseur.

Pour ce qui est de la dissuasion, ton image n’est pas adaptée, car la confrontation entre deux armées ne peut se résumer à un duel. Une armée ne va pas tirer la première et décimer toute l’armée adverse d’un coup.

Pour la seconde guerre mondiale, se référer aux travaux d’Annie Lacroix-Riz.

Il faut bien voir que si renouveau démocratique il y a, il se peut que les affreux foutent le bazar et poussent les autres pays européens voir l’ONU à débarquer…

Un pays qui n'a rien à offrir ? Pas si sûr ! La France représente moins de 1% de la population mondiale et elle produit plus de 5% du blé mondial et près de 2% du maïs mondial, dont on exporte la moitié. 2ème exportateur mondial de blé meunier derrière les USA.
Après la seconde guerre mondiale la France est restée longtemps sans pouvoir produire assez de blé pour se nourrir (ceux qui ont connu cette époque se souviennent encore du pain - si on peut dire - à base de farine de maïs importée des États Unis parce qu'un fonctionnaire avait confondu corn et wheat). C'est bien ce que j'écrivais : un conflit armé détruirait ce que la France peut offrir à un envahisseur alors qu'il est si facile de prendre le contrôle économique et politique d'un pays accro au laissez-fairisme mondialiste.
Pour ce qui est de la dissuasion, ton image n'est pas adaptée, car la confrontation entre deux armées ne peut se résumer à un duel. Une armée ne va pas tirer la première et décimer toute l'armée adverse d'un coup.
Je suppose que vous voulez dire détruire : décimer signifie supprimer 10%. Dans le cas de la dissuasion nucléaire, il s'agit bien de ça : tu me griffes je te tue. Si vous voulez appeler dissuasion le principe "tu me griffes je te baffe", libre à vous mais je ne vois pas ce que ça dissuade.
Pour la seconde guerre mondiale, se référer aux travaux d'Annie Lacroix-Riz.
Pouvez vous être plus précis ? Elle a découvert que l'armée française a dissuadé l'Allemagne d'envahir la France ? Ou que la Résistance a repoussé la Wehrmacht au delà du Rhin ?
Il faut bien voir que si renouveau démocratique il y a, il se peut que les affreux foutent le bazar et poussent les autres pays européens voir l'ONU à débarquer...
Comme en Libye ? Comme au Nicaragua ? Oui, bien sûr. Et les fusils leur ont servi à quelque chose à part détruire leur pays ?