"ils prétendent, et réussissent"? Pas du tout, bernardo. Imagine-toi 10.000 personnes différentes devant 10.000 points de penalty différents... est-ce que le fait qu'il n'y ait pas 10.000 façons différentes de donner un coup de pieds au ballon pour essayer d'être efficace en faisant un but fait que tous ceux qui s'en prennent d'une façon même similairement effective... "ont prétendus ensemble quoi-que-ce-soit, et réussi leur coup"?
L'exemple n'est pas recevable car il n'est pas applicable à la société politique dans laquelle nous vivons. Mais il permet une réflexion constructive que je te propose.
Dans ton exemple, tu supposes que la seule variable stratégique est individuelle pour chaque tireur, qui a l’entière latitude sur la façon d’exécuter son tir, de s’y prendre de la façon de son choix, incluant les méthodes non règlementaires puisque tromper et escroquer est, non seulement permis mais gagnant.
Difficile d’essayer d’utiliser des simplifications pour se faire comprendre
. Peut-être si je dé-simplifie un peu? C’est vrai que marquer un but depuis le point de penalty ne représente guère la complexité du cas réel. Le réel serait plutôt: Tant pis, petit mec, te voila sur cette grande planète… à toi de te débrouiller pour survivre. Si t’es pas con, t’essaies de tenir compte du fait qu’il y à 7 milliards minus un (toi) d’autres qui essaient de faire la même chose… et que les choix des uns affectent le degré de liberté des choix des autres. De même, ta situation actuelle et une grande partie de ce qui sera possible dans ton futur… est conditionné par ce qu’ont fait beaucoup d’autres qui ont eu l’occasion de penser et agir avant toi.
Dans ce qu’ils ont fait… on trouve des échantillons de tout, des pires bêtises individuelles au plus grandes follies collectives, des choix uniques et jamais répétés, et des stratégies qui ont été reprises par tous ceux qui n’avaient pas les moyens de s’en inventer d’autres plus performantes. Il y à un mélange fou, et parfois c’est difficile de faire la différence entre un collectif soudé qui se cherche la meilleure stratégie comme tel, et un certain nombre d’individus qui ne se connaissent pas au point de vouloir s’entraider mais qui chacun pour soi choisit la même stratégie parce-que ils n’en trouvent pas de meilleure. En plus, la meilleure stratégie… est constamment révisé car elle doit donner la réponse la plus optimale à la situation dynamique qui résulte du choix continu de tout et chacun face à la combinaison de circonstances qu’on crée entre tous en additionnant les effets cumulés de tous nos choix.
Un exemple clair de cela est « l’invention » de la Titrisation (http://fr.wikipedia.org/wiki/Titrisation) suivi tout près (bien sur, la logique es toujours suivie jusqu’au bout) de la crise des Subprimes (http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_des_subprimes). Ce n’est pas toujours qu’on est capable de voir aussi clair que tout le monde doit s’adapter ipso facto aux conséquences des idées qui surgissent, toutes aussi potentiellement disruptives que celles deux. On nage encore en plein dans la merde qui toucha les ventilateurs du système financier.
Ce n'est le cas que dans un régime anarchique pur, (et régime anarchique idéal, en ce sens qu'il représente le triomphe indépassable à la fois de la politique et de la morale), au sens où la seule force cohésive de la communauté, (présupposée puisqu'elle est nécessaire pour que le jeu puisse être organisé) réside dans l'exercice raisonné du libre-arbitre de chacun. Mais dans un tel système, l'idée même d'arnaque ne peut pas exister, puisque tout ce qui est individuel est permis.
Mais ce libre arbitre ne peut s’exercer qui si chacun donne, consciemment et individuellement son accord aux règles communes du jeu de pénalty, (caractéristiques du ballon, distance tireur/but, dimensions du but par exemple), règles qui prennent ainsi un caractère universel.
« l’exercice raisonné du libre-arbitre de chacun »… la clef se trouve bel et bien dans le « raisonné ». Le libre arbitre de chacun poursuit un but primordial… survivre. C’est dans l’observation du contexte (auquel nous donnons forme entre tous) et du raisonnement développé que nous pouvons établir des règles communes qui optimisent le survivre pour tout le monde. Et la, j’ai des doutes sur ton emploi du terme « anarchique »… quand tout ce qui est individuel est permis… n’est pas de l’anarchie, mais de l’anomie (en anarchie, ce qui n’est pas raisonné, et donc raisonnable, est « autocensuré »
, ne surgit pas et ne pose donc pas de problème). Et donc en effet, en anarchie, tout ce qui est raisonnable est permis
, et l’idée de l’arnaque ne se pose même pas.
Mais comme tu le remarques toi-même, la situation réelle est différente, puisque tu admets nécessaire d'avoir à déjouer des arnaques. Celles-ci ne pouvant être individuelles, comme montré, résultent forcément d'ententes, et portent forcément sur des tricheries sur les règles communes, qui d'universelles (ou extérieures) dans ta société anarchique idéale, deviennent particulières, circonstancielles ou historiques (à ton choix) dans la réalité.
Ouais, on ne vit pas précisément dans un monde anarchiste parfait... encore ;) . Les arnaqueurs et les arnaques existent, et leurs effets se sont accumulés d'une façon très imbriquée... pas facile de défaire les nœuds dans ce spaghetti "al dente" qu'est notre réalité, sans casser l'ensemble. Par contre, je ne te suis pas quand tu dis qu'elles ne peuvent être individuelles. Bien sur qu'elles peuvent l'être. Il y à des arnaques à petite échelle, des recyclages personnels d'idées d'arnaque, des prises de bénéfices personnels sur le dos d'arnaques maintenues par d'autres, etc. Quand une personne termine par comprendre la dynamique d'une arnaque dont bénéficient des autres, elle à toujours quelques choix... dénoncer l'arnaque et éventuellement cesser les bénéfices illégitimes pour tous, exploiter une instance personnelle de l'arnaque, s'imposer comme membre au groupe qui l'exploite,... chacune de ces options est pesée dans une balance de couts et de bénéfices vis-à-vis du but principal... survivre. Bien sur, avec le temps, quelques arnaques sont devenues des institutions desquelles participent tout un tas de gens, mais elles restent individuelles dans le sens ou chacun défends sa petite position dans la hiérarchie qui s'organise des que participer comporte des avantages qu'on n'aurait pas en restant dehors, et qu'on ne participe que tant qu'il y à du profit personnel... sans jamais se sacrifier pour qui que ce soit.
Or, quand je prétends que les règles économiques capitalistes sont pour moi l'arnaque fondamentale, qui sépare l'élite tricheuse des "fourmis" qui voit un but grand ouvert devant son tireur, à la multitude de ceux qu'elle a transformés en "cigales", pour lesquels le point de pénalty s'est fortement éloigné des buts, il s'agit d'un FAIT que tu peux contester, mais en aucune façon une logique préconçue comme tu la qualifies.
Il te manque encore une couche de profondeur, tout comme à Étienne... les règles économiques capitalistes, en tant qu'instruments pensés par l'homme... montrent des SYMPTÔMES, tout comme les constitutions politiques qui elles aussi montrent l'effet de symptômes.
Les symptômes tant de l’un comme de l’autre, et d’encore plus de terrains définissables… ont bien UNE cause commune… la complexité des stratagèmes que peut développer le raisonnement humain pour se justifier une stratégie de survie. C’est notre cerveau, et l’usage que nous en faisons, … qui nous complique la vie sur Terre, et, sauf les catastrophes naturels… rien d’autre.
Il n’y à nullement une logique « préconçue », ce n’est pas cela que je dis… ce que je dis est que pour n’importe quelle combinaison de circonstances donnée (le cumul de tous les choix faits, tant individuels comme collectifs) la logique rationnelle peut envisager des stratégies optimales pour essayer d’atteindre un but donné. Le but le plus donné étant de se garantir la survie.
Puis, comme tout le monde n’est pas tout aussi conscient… il y en à qui se font trainer sur le tableau d’échecs sans même savoir quelles sont les potentialités de mouvement de la pièce qu’ils représentent, et d’autres qui essaient de manipuler les autres 31 pièces sur le tableau en anticipant tous les mouvements jusqu’à la fin de la partie. En faisant jouer trois reines dans leur champs si la situation le leur permet.
En tout cas, merci pour l'exemple, il m'a permis d'imager ma position. ;)
Bon, je viens de compliquer un peu l'exercice ;) .