Ghislain (votre 175)
Merci pour votre explication.
Vous êtes arrivé en milieu de parcours et vous en avez retiré une certaine impression, ce qui est assez naturel.
Retournez aux sources (2005-2006) et vous verrez qu’à l’origine nous nous sommes réunis ici pour critiquer un projet de constitution européenne non démocratique ; après quoi, nous avons évolué vers la démocratisation des institutions (européennes et nationales).
La question de la dette et celle du tirage au sort se sont greffées sur ce débat institutionnel. Ce sont des questions importantes et il est bon de les traiter, mais il ne faudrait pas conclure que nous sommes ici pour nous occuper uniquement de ces deux sujets.
[b]Ce qui devrait nous réunir ici est la volonté de démocratiser les institutions existantes sans perdre de vue que cet objectif peut englober toute sorte de propositions mais sans se braquer sur une ou deux d’entre elles.
Je profite de notre échange pour faire deux remarques :
- Par un remarquable renversement du point de vue initial de notre site, nous en sommes venus (certains d’entre nous du moins, mais sans grandes objections de la part des autres) à prôner la fin de l’Eurozone, voire le départ de l’Union européenne[/b].
Une enquête interactive « Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? » réalisée par Harris pour « Marianne » du 9 au 13 août 2012 à partir d’un échantillon de 1 569 individus représentatifs de la population française àgée de 18 ans et plus montre que, sur les 43 moyens d’être plus heureux mentionnés par les répondants, la « sortie de l’euro et le retour au franc » figurent en… quarante-troisième position. Par contre, la « certitude que la France reste dans la zone euro » figure en trentième position. La sortie de l’UE n’est pas mentionnée.
Voilà qui met en perspective certaines propositions à mon avis extrémistes présentées sur notre site à ce sujet. Je ne dis pas, naturellement, que les répondants ont forcément raison.
- Vous écrivez :
"[i]Un livre de lois qui serait compréhensible […] dans le sens ou la langue française est riche et très bien construite, ou chaque texte de loi peut trouver un synonyme littéraire compréhensible de tous, sans passer par des mots de juriste compliqués et remplis de sous-entendus[/i]".
Je ne suis pas toujours favorablement impressionné par l’évolution du style juridique français depuis quelques décennies – surtout pas par la multiplication des textes de loi techniques et plus ou moins vaseux. Dans la constitution actuelle, on trouve même une erreur de ponctuation (« La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum ») prêtant– avec un peu de mauvaise foi – à une interprétation erronée.
Cela dit, le style juridique français actuel reste digne dans l’ensemble, surtout au niveau des grandes institutions, des réformes révolutionnaires de 1789, qui avaient justement pour but de rendre le droit accessible à tous.
Vous confondez ce style et l’usage que certains en font, par incompétemce ou par perfidie, et vous semblez croire qu’un langage compréhensible par tout le monde, comme vous dites, ne permettrait pas les sous-entendus : en quoi vous vous trompez.
Si les livres de loi français vous paraissent compliqués, allez donc voir les textes de loi et de traité rédigés par les Anglosaxons, qui n’ont pas bénéficié, eux, de 1789. (Mais bien sûr comparaison n’et pas raison.)
L’idée ne vous viendrait sans doute pas de demander qu’on mette les mathématiques en langage ordinaire : vous auriez raison, parce que le langage mathématique est parfaitement adapté à son objet. Même chose pour le droit, langage correspondant à une technique tout comme les mathématiques.
Essayez de mettre en « langage ordinaire » l’adage juridique « En fait de meubles, possession vaut titre », et voyons ce que ça donne.
Tout ce qu’on peut demander au langage juridique, comme au langage mathématique, c’est d’être précis, clair et homogène. Ce que vous prenez pour de la complication inutile du language est en fait la complication (inutile ou non) de la matière.
En tout cas, votre proposition d’ordinarisation de la langue juridique serait certainement appuyée par beaucoup d’avocats : si elle passait, ce serait la garantie qu’ils ne manqueraient jamais de travail… JR