Bonjour,
Avec AJH et d’autres, nous poursuivons depuis quelques années des réflexions sur l’économie, la monnaie, etc. J’en arrive aujourd’hui à proposer ce qui suit, qui pourrait être selon moi un point de départ pour démêler l’écheveau.
Je sais que cette intervention pourrait se placer à la suite du fil n°7 « Reprendre le pouvoir sur notre monnaie », mais comme il est inactif depuis plusieurs mois, j’ai craint que ma proposition (que je crois importante, pardonnez mon manque de modestie) ne passe inaperçue. Je retranscris ici le texte de la proposition initiale, posté sur le forum sociétal (http://forum.societal.org/viewtopic.php?t=457):
Bonjour,
Comme je l’exposai ici: http://forum.societal.org/viewtopic.php?t=450, la démocratie ne peut exister si l’État n’est pas soumis au respect des principes fondamentaux qui doivent l’encadrer et définir les limites de ses actions.
Or, aujourd’hui, des principes économiques et financiers président à toutes nos décisions politiques. Nous ne sommes plus gouvernés que par rapport à des contraintes budgétaires (trou de la sécu, déficit public), les débats nationaux ne tournent qu’autour du partage de la richesse financière (réforme des régimes de retraite, franchise médicale). Les orientations prises dans tous les cas sont dictées soi-disant par le « bon sens de père de famille » prôné par nos élus.
Toutefois, en coulisse, se sont bien des banquiers, des financiers, des actionnaires de multinationales, qui indiquent la voie. Un véritable clergé, zélote acharné du Dogme du libéralisme économique, envahit les couloirs des Assemblées et des représentations, influence par réseau et copinage les commissions, mandate des experts sans indépendance, prive les gouvernements de marge de manoeuvre par endettement, etc.
Cette situation ressemble fort, à mon sens, à celle que subissait autrefois l’État français de la part de l’Église catholique, qui s’érigeait en arbitre de la vie publique. Toute décision, toute loi proposée devaient recevoir son assentiment. Elle n’hésitait pas même à initier certaines politiques qui lui étaient favorables, orientant de fait l’Etat sur la voie de la bonne pensée religieuse.
Cet état de fait n’a cessé qu’après que fût votée la loi de séparation de l’Église et de l’État (9 décembre 1905) ; après quoi il fut enfin possible d’envisager des avancées sociales qui, sans elle, n’auraient jamais été possibles, même si il a fallu attendre que l’opinion change elle aussi (travail puis droit de vote des femme, planning familial, IVG, etc).
Aujourd’hui, le « pourrissement » de nos politiques par les influences de la Finance Privée rendent impossibles certaines évolutions pourtant cruciales, comme le revenu citoyen, la libération de la monnaie de l’intérêt, l’auto-financement à taux zéro des infrastructures de l’Etat (dans l’intérêt général et selon le strict respect de droits fondamentaux), etc.
Je conclus donc logiquement qu'une des plus urgentes actions démocratiques à mener est de voter [bgcolor=#FFFF99][b]une loi de séparation de la Finance Privée et de l'État[/b][/bgcolor], au terme de laquelle l'État ne pourrait en aucun cas être financé par des fonds privés, ni recevoir de la part de groupes financiers et industriels aucun conseil ou critique.Cette loi instaurerait par ailleurs comme seul bailleur de fond de l’État une Banque d’État, contrôlée par le Parlement, et dont les orientations seraient prises en toute indépendance de l’exécutif, et en toute indépendance de la Finance Privée (autrement dit, la Banque d’État financerait l’État pour ses besoins structurels, en comblement des besoins actuels et en prévision des besoins futurs de la population, ce qui n’empêcherait pas la Finance Privée d’exister par ailleurs, sur le secteur concurrentiel).
Le remboursement des découverts accordés à l’État par la Banque d’État se ferait selon un échéancier établi par consensus entre la classe politique et la direction de la Banque, échéancier entériné par un vote au Parlement (équivalent de notre actuelle « loi de finance »), grâce à l’impôt.
Je crois vraiment que ce cheval de bataille est un de ceux qui fera la différence dans les décennies à venir, avec celui sellé par Étienne Chouard (« Ce n’est pas aux hommes de pouvoir d’écrire les règles du pouvoir »).
À nous désormais d’enfourcher nos montures…
Sociétalement,
Citoyen Le Fèvre
Cette loi, qui pourrait d’ailleurs être constitutionnalisée, serait un plus certain, car elle aurait l’avantage, une fois pour toute, de mettre chacun à sa place. Sur le fil n°7, les intervenants constatent et se désolent de ce que le flou le plus total existe actuellement en la matière. Ce flou permet tout et n’importe quoi, y compris le pire, dans tous les domaines de la gouvernance.
Le fric a pourri notre vie politique, sans qu’il soit possible de retracer les réseaux et nébuleuses, sans qu’il soit possible de comprendre les influences des diverses composantes économiques ou politiques, sans qu’il soit possible de déterminer les responsabilités et prérogatives de chacun. L’argent, tout le monde en a besoin pour son propre compte, et tout le monde ferme les yeux sur son origine tant et aussi longtemps qu’il arrive à point nommé.
Brieuc