Salut à toi, Saxo.
Le meilleur moyen d’organiser la mixité sociale, c’est de favoriser la vie en commun, à tous les âges.
À ce point de vue, le baron Haussman a fait bien davantage pour la mixité (du moins à Paris) que tous les services militaires ou civiques : par son urbanisme qui faisait loger dans le même immeuble des gens de « classes » différentes, lesquels se rencontraient tous les jours dans les escaliers et dans la rue, et parfois au bistrot du coin, il a rendu Paris convivial pendant presque cent ans. Nous voyons aujourd’hui les résultats du système inverse, avec les barres d’immeubles des banlieues.
Je crois qu’il y a mieux à faire, quand on a 40 ans, que de s’abstraire 15 jours par an du milieu familial et professionnel pour se livrer à des activités forcément superficielles et peu rentables. Par contre, quand on a 18 ans, quelques semaines ou quelques mois au service de la collectivité, c’est salutaire. J’ai fait « mon » service militaire à 27 ans : j’en ai retiré beaucoup moins que si je l’avais fait 9 ans plus tôt : alors, à 30 ou à 40… JR
Mmmm,
Merci Jacques,
Je ne t’ai pas répondu tout de suite, parce que je pense que beaucoup d’éléments de réponse sont dans mon dernier post.
Ceci dit.
Pour ce qui est de Haussman, le « du moins à Paris » s’impose. Lorsque tu vis dans un village, tu peux comprendre que l’idée de voir pousser des immeubles pour mixer la population peut te sembler « impertinent » .
. Qui plus est, en 2010, il faut trouver des solutions, et malheureusement, le baron est décédé.
Maintenant, la situation est telle aujourd’hui que si on n’agit pas d’une manière radicale, ben on est mal barrés.
Petit résumé de la situation (pourquoi est elle « telle », selon moi).
-
Formation de Guetthos dans les cités en périphérie des grandes villes, et d’autres d’une autre nature dans les beaux quartiers.
-
Réforme de la carte scolaire. A ce niveau, même les enseignants qui devraient défendre l’idée de la mixité sociale à l’école, cherchent à placer leurs enfants dans les écoles les mieux cotées, quitte à les inscrire dans le privé. Sur l’école pour tous, il y aurait d’autres choses à dire… elle a été d’abord un acte militant, fin 19e et début 20e, puis un ascenseur social jusque dans les années 70. Aujourd’hui elle est vécue par les élèves comme une contrainte… Alors qu’elle devrait être vécue comme une chance… (je ne livrerais pas mon analyse tout de suite, j’en aurais pour trop longtemps, mais cette dévalorisation de l’école est très révélatrice, je trouve, de l’individualisation de la société et de la perte de ses repères civiques)
-
impôt: Les actifs cherchent les niches fiscales et autres moyens d’échapper à l’impôt qui, pourtant, est le premier instrument de répartition et finalement de participation à la collectivité.
-
suppression du service militaire (remplacé par trois jours d’instructions civique, autrement dit, par rien).
La liste de l’état de dégradation de la citoyenneté est trop longue pour que je sois exhaustif.
Sur l’age,
J’ai moi aussi fait mon service sur le tard. Tel qu’il était (service militaire et sexiste), il ne m’a pas apporté grand chose. Contrairement à toi, je doute qu’il m’ait plus apporté à 18 ans qu’à 25.
Pour le côté « superficiel et peu rentable ». La rentabilité n’entre pas en ligne de compte (du moins telle qu’on la calcule aujourd’hui), et on a le droit de réfléchir à des services à la collectivité qui ne soient pas superficiels…
Je persiste à penser que, me retrouver avec Le petit Nicolas, un dealer de banlieue, une coiffeuse, le concierge d’un immeuble parisien, Miss France, Serge Dassault, le paysan du coin et n’importe qui d’autre à ramasser les ordures une semaine par an dans un système ou la hiérarchie n’est pas respectée, ça ferait du bien à tout le monde.
Aussi bien en termes de mixité sociale que de mixité inter-générationnelle…
L’apprentissage du respect des autres n’est pas à réserver qu’aux jeunes… Les vieux cons, ça existe aussi ; ) .
Bref, je comprend ton point de vue, mais je n’y souscris pas. Pour moi, donner un peu de son temps lorsqu’on est jeune à la société est nécessaire, mais loin d’être suffisant (du moins aujourd’hui, parce que y’a du boulot pour redonner du sens aux mots égalité et fraternité).
Mais la discussion est ouverte… Mon point de vue n’est que mon point de vue.
bien à toi
Saxo