14 Proposition pour une instruction civique et politique obligatoire

je m’explique:

Je pense que la politique concerne tout le monde.

Or tout le monde ne se sent pas concerné par la politique, ou s’en désintéresse à cause d’un déficit de compréhension.

Pour remédier à ce déficit, je pense qu’il faudrait accorder une place plus importante à l’éducation civique, et aussi l’étendre à une « éducation politique ».

Il faut une éducation civique dès la primaire, afin que les élèves, futurs électeurs, comprennent les institutions dans lesquelles ils vivent (locale, régionale, nationale et supra nationale).

Une fois que ces institutions sont parfaitement connues et comprises, les élèves doivent disposer d’un espace de réflexion et de discussion favorisant leur éveil citoyen. C’est-à-dire que, disons à partir de la sixième, il faudrait instituer un « temps de discussion politique » (il ne doit pas s’agir d’un cours) entre les élèves, sur un sujet d’actualité proposé par un professeur, ou par des élèves. Le professeur ne doit pas intervenir dans les débats, mais seulement « modérer » les discours.

Ce débat permanent (au minimum deux heures par semaine) doit permettre aux futurs électeurs d’arriver à l’âge du vote déjà « formés » en politique.

Cordialement,
Gaspard

Enseignement du droit

Gaspard, je suis tout à fait d’accord avec vous.

Sans vouloir prêcher pour ma paroisse, j’ajouterais que dès la classe de sixième il faudrait enseigner le droit à tous - pas seulement le droit public, mais aussi le droit privé (ce que c’est qu’un contrat, que le mariage, que le divorce. &&&), les droits de l’homme, etc…

En classe terminale, d’ailleurs, le droit s’intègrera très bien à l’enseignement de la philosophie, dont il pourra constituer une partie majeure en fonction des orientations des enseignants et des enseignés. JR

Gaspard et Jacques,

Concevoir un enseignement civique et politique dans l’enceinte de l’école relève d’une intention louable. On peut imaginer, dans le même ordre d’idée, une démarche d’enseignement des faits rattachés aux religions, ou encore aux courants philosophiques et humanistes enseignés eux-aussi dans les écoles. Tout est souhaitable, mais tout est-il faisable ? Je reviens à l’idée d’enseignement civique et politique.

Double constat : 1) ce qui peut aboutir à un atelier éducatif tout à fait passionant au niveau d’un enseignant qui propose effectivement d’aborder le thème du civisme et de la politique, peut être dans sa traduction institutionnelle complètement innadaptée (les profs d’histoire face à « l’amnésie institutionnelle de l’éducation nationale » vis-à-vis de la réalité de la guerre d’Algérie, par exemple). 2) Il faudrait intégrer dans la fromation des enseignants et des maîtres le cadre d’élaboration et les outils d’animation permettant d’éveiller effectivement les consciences sans tomber dans les affres d’un discours partisant de la part de l’enseignant, ni d’un affrontement stérile autour de lieux communs véhiculés par le discours dominant des médias (élèves et enseignent concernés).

Pour conclure : l’education civique et le champ politique me semblent relever de deux natures différentes. Pour le premier, c’est l’apprentissage de la collectivité et de ses valeurs (démocratie, débat, représentativité, confrontation, tolérence, intérêt général, respect des minorité, etc.) et cet enseignement pourraît être beaucoup plus efficace s’il était intégré à la pratique des contenus existants ou de certains ateliers transversaux (en tant qu’intervenant dans les écoles sur un parcours de lectures des images je l’applique systématiquement).
Mais l’éducation politique me semble relever du champ du hors-scolaire. Il revient aux réseaux des acteurs de l’éducation populaire de réaliser ce travail avec leur éthique propre et leur histoire militante (incarnant des valeurs qui sont souvent plus larges et universelles que celles prônées par les institutions politiques (partis, syndicats, mouvements, etc.).

Excusez-moi d’avoir manqué de concision, mais le sujet m’intéresse et me concerne à plus d’un titre.

Pascal

Sur le sujet de l’éducation civique, une idée, comme ça.
Pour faire prendre conscience à tous les citoyens de leur citoyenneté, je suis personnellement partisan d’un service civique.
[bgcolor=#FFFF99]Si tout un chacun, quelle que soit sa fonction dans la société, se doit de donner une semaine ou deux par an à la collectivité, la conscience civique sera renforcée.[/bgcolor]
C’est le service national qui a eu ce rôle pendant très longtemps. Le grand Jacques l’a abrogé…
Personnellement, si les caractères hiérarchiques, militaires et sexistes du service national me choquaient,je pense que le principe de la contribution obligatoire de chacun à la société est une nécessité du ciment social et citoyen.
Je suis donc partisan de définir des secteurs d’activité (comme la gestion des déchets, le travail à la chaine, la défense aussi, bien que sujette à la possibilité d’objection de conscience pour ceux qui refusent de porter les armes, et autres idées de travail pénible et nécessaire au bon fonctionnement de la société), pour les soustraire à la concurrence et les administrer collectivement.
Chacun donnant à partir d’un age défini (18 ans par exemple, mais on peut en discuter) une ou deux semaine de son temps chaque année.
Sans hiérarchie prédéfinie, les postes étant tournant d’une année sur l’autre.
[bgcolor=#FFFF99]L’exemption n’étant pas possible (même parmi les dirigeants, politiques ou du secteur privé).[/bgcolor]

Ca reste une idée à définir plus clairement, mais sans une mesure radicale de cet ordre, les notions d’égalité et de fraternité disparaissent, et la conscience citoyenne avec (du moins, c’est mon avis).

Saxo, oui au service civique obligatoire, mais en une fois (sauf situation exceptionnelle), à la sortie de scolarité obligatoire, et suffisamment long (de 3 mois Î un an). Il me paraît impossible ou en tout cas très mal avisé d’imposer à des adultes une colonie de vacances de 15 jours par an… Il y a autre chose faire. JR

Salut Jacques, et merci pour ta réponse.
Si je propose un service civique d’une (à deux) semaine par an, c’est pour entretenir la citoyenneté.
J’ai fait mon service il y a quinze ans, il ne m’en reste rien si ce n’est le souvenir d’une expérience ethnologique intéressante. Et aujourd’hui, je peux me dédouaner facilement. J’ai donné, maintenant, je m’occupe de moi.
Je ne considère pas que donner une semaine de son temps par an à la collectivité soit à considérer comme partir en colonie de vacances. Et si tel est le cas, tant mieux. Ce serait mieux vécu que si c’était considéré comme une charge, un devoir rébarbatif.
Que ce soit difficile à organiser, déstabilisant pour les familles, sûrement. L’idée mérite des aménagements.

Nous vivons dans un monde où la peur de l’autre prédomine sur la confiance à priori, ou les communications se font de plus en plus à distance (regarde l’échange que nous avons tout de suite, je préfère e loin échanger autour d’un verre que derrière un clavier). Qui plus est, il existe des groupes sociaux qui n’échangent qu’entre eux. On peut presque parler de castes (le seizième arrondissement de Paris, les familles issues de l’immigration vivant dans des ghettos en sont des exemples).
Pour moi, il faut obliger à la mixité sociale, la plupart d’entre nous ne le font pas naturellement, par peur, par flemme ou par confort (comme tu le dis, on a d’autres choses à faire). Le faire une fois dans sa vie sur une période relativement courte (3 mois à un an, pour moi c’est court à l’échelle d’une vie) serait mieux que rien, mais à mon sens pas suffisant. La piqure de rappel annuelle ne serait pas de trop. Jusqu’à une certain age, à définir, toutefois.

Le plus gros souci de cette idée, à mon avis, n’est pas tant de savoir s’il faut faire un service civique en une fois ou étalé sur plusieurs années, mais de soustraire des secteurs économiques à la concurrence.
Il est clair qu’étant donné les règles qui nous sont imposées (malgré nos votes) aujourd’hui, une telle mesure serait rejetée par Bruxelles (pour entrave à la concurrence).

Oui au service civique pour le principe républicain…
Ensuite, c’est un vaste débat pour définir où quand et comment il répondrait vraiment à ce principe…il faudrait peut-être l’associer à l’idée de « l’année sabatique », faire la liste des associations d’intérêt public et services publics pouvant offrir un « espace-temps de la gratuité » au service de la « fraternité républicaine ».

Pour ce qui est du service militaire, on peut regretter qu’aujourd’hui nous soyons capables de nous « laver les mains » tandis que « nous » envoyons des militaires « professionnels » faire des besognes qui moralement nous engagent qu’on le veuille ou non…Et aussi que nous acceptions l’existence de « citoyens » dont le métier est « chair à canon », ce qui pour une jeunesse défavorisée n’est pas un véritable « choix », dans la mesure où ce « métier » est dans un contexte de chomage et de crise présenté à cette jeunesse « individualiste » comme la seule façon de répondre à l’aspiration nitchéenne de l’individu en conflit avec son médiocre destin annoncé:« deviens ce que tu es » (une brute « épanouie »?). La misère promise à un certain prolétariat n’est pas faite que pour disposer d’une « armée industrielle de réserve », elle est faite pour disposer de chair à canon, sinon, le marché des armes finira dans la même bonde de lavabo (je fais référence à « nos » débats sur la monnaie…)que les autres « marchés »…:frowning:

Salut à toi, Saxo.

Le meilleur moyen d’organiser la mixité sociale, c’est de favoriser la vie en commun, à tous les âges.

À ce point de vue, le baron Haussman a fait bien davantage pour la mixité (du moins à Paris) que tous les services militaires ou civiques : par son urbanisme qui faisait loger dans le même immeuble des gens de « classes » différentes, lesquels se rencontraient tous les jours dans les escaliers et dans la rue, et parfois au bistrot du coin, il a rendu Paris convivial pendant presque cent ans. Nous voyons aujourd’hui les résultats du système inverse, avec les barres d’immeubles des banlieues.

Je crois qu’il y a mieux à faire, quand on a 40 ans, que de s’abstraire 15 jours par an du milieu familial et professionnel pour se livrer à des activités forcément superficielles et peu rentables. Par contre, quand on a 18 ans, quelques semaines ou quelques mois au service de la collectivité, c’est salutaire. J’ai fait « mon » service militaire à 27 ans : j’en ai retiré beaucoup moins que si je l’avais fait 9 ans plus tôt : alors, à 30 ou à 40… JR

Salut à toi, Saxo.

Le meilleur moyen d’organiser la mixité sociale, c’est de favoriser la vie en commun, à tous les âges.

À ce point de vue, le baron Haussman a fait bien davantage pour la mixité (du moins à Paris) que tous les services militaires ou civiques : par son urbanisme qui faisait loger dans le même immeuble des gens de « classes » différentes, lesquels se rencontraient tous les jours dans les escaliers et dans la rue, et parfois au bistrot du coin, il a rendu Paris convivial pendant presque cent ans. Nous voyons aujourd’hui les résultats du système inverse, avec les barres d’immeubles des banlieues.

Je crois qu’il y a mieux à faire, quand on a 40 ans, que de s’abstraire 15 jours par an du milieu familial et professionnel pour se livrer à des activités forcément superficielles et peu rentables. Par contre, quand on a 18 ans, quelques semaines ou quelques mois au service de la collectivité, c’est salutaire. J’ai fait « mon » service militaire à 27 ans : j’en ai retiré beaucoup moins que si je l’avais fait 9 ans plus tôt : alors, à 30 ou à 40… JR


Mmmm,
Merci Jacques,
Je ne t’ai pas répondu tout de suite, parce que je pense que beaucoup d’éléments de réponse sont dans mon dernier post.
Ceci dit.
Pour ce qui est de Haussman, le « du moins à Paris » s’impose. Lorsque tu vis dans un village, tu peux comprendre que l’idée de voir pousser des immeubles pour mixer la population peut te sembler « impertinent » . :wink: . Qui plus est, en 2010, il faut trouver des solutions, et malheureusement, le baron est décédé.
Maintenant, la situation est telle aujourd’hui que si on n’agit pas d’une manière radicale, ben on est mal barrés.
Petit résumé de la situation (pourquoi est elle « telle », selon moi).

  • Formation de Guetthos dans les cités en périphérie des grandes villes, et d’autres d’une autre nature dans les beaux quartiers.

  • Réforme de la carte scolaire. A ce niveau, même les enseignants qui devraient défendre l’idée de la mixité sociale à l’école, cherchent à placer leurs enfants dans les écoles les mieux cotées, quitte à les inscrire dans le privé. Sur l’école pour tous, il y aurait d’autres choses à dire… elle a été d’abord un acte militant, fin 19e et début 20e, puis un ascenseur social jusque dans les années 70. Aujourd’hui elle est vécue par les élèves comme une contrainte… Alors qu’elle devrait être vécue comme une chance… (je ne livrerais pas mon analyse tout de suite, j’en aurais pour trop longtemps, mais cette dévalorisation de l’école est très révélatrice, je trouve, de l’individualisation de la société et de la perte de ses repères civiques)

  • impôt: Les actifs cherchent les niches fiscales et autres moyens d’échapper à l’impôt qui, pourtant, est le premier instrument de répartition et finalement de participation à la collectivité.

  • suppression du service militaire (remplacé par trois jours d’instructions civique, autrement dit, par rien).

La liste de l’état de dégradation de la citoyenneté est trop longue pour que je sois exhaustif.

Sur l’age,
J’ai moi aussi fait mon service sur le tard. Tel qu’il était (service militaire et sexiste), il ne m’a pas apporté grand chose. Contrairement à toi, je doute qu’il m’ait plus apporté à 18 ans qu’à 25.
Pour le côté « superficiel et peu rentable ». La rentabilité n’entre pas en ligne de compte (du moins telle qu’on la calcule aujourd’hui), et on a le droit de réfléchir à des services à la collectivité qui ne soient pas superficiels…
Je persiste à penser que, me retrouver avec Le petit Nicolas, un dealer de banlieue, une coiffeuse, le concierge d’un immeuble parisien, Miss France, Serge Dassault, le paysan du coin et n’importe qui d’autre à ramasser les ordures une semaine par an dans un système ou la hiérarchie n’est pas respectée, ça ferait du bien à tout le monde.
Aussi bien en termes de mixité sociale que de mixité inter-générationnelle…
L’apprentissage du respect des autres n’est pas à réserver qu’aux jeunes… Les vieux cons, ça existe aussi ; ) .
Bref, je comprend ton point de vue, mais je n’y souscris pas. Pour moi, donner un peu de son temps lorsqu’on est jeune à la société est nécessaire, mais loin d’être suffisant (du moins aujourd’hui, parce que y’a du boulot pour redonner du sens aux mots égalité et fraternité).
Mais la discussion est ouverte… Mon point de vue n’est que mon point de vue.
bien à toi
Saxo