RENDEZ-VOUS A ISTANBUL
« Un autre monde est possible! » [bgcolor=#FF66FF]Dix ans déjà[/bgcolor] que ce slogan, alors novateur, a commencé à rassembler militants de gauche et acteurs sociaux des cinq continents. Depuis la chute du Mur de Berlin, le capitalisme se voulait triomphant et éternel. Le rassemblement gigantesque contre la Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à Seattle (USA), en novembre [bgcolor=#9999FF]200[/bgcolor]9, donna le signal de la contre-offensive progressiste à l’échelle de la planète. Dans la foulée, naquit l’idée d’un « forum social mondial » (FSM) comme réplique populaire au « forum économique mondial » de Davos – ce rendez-vous annuel informel des ténors du capital. Le Parti des Travailleurs du Brésil, le « parti de Lula », proposa de tenir ce nouveau lieu d’échanges alternatifs à Porto Alegre. Il proposa, dans le même temps, au groupe de la Gauche unitaire européenne (GUE-NGL) au Parlement européen de constituer en commun un « Forum parlementaire international » au sein du FSM. Ce qui fut fait. Magnifique expérience alliant le sérieux des débats de fond à la chaleur humaine de la solidarité internationale.
Au fil des ans, ce processus se diversifia, notamment en se régionalisant une année sur deux. Ainsi, pour la sixième fois, se tient (du 1er au 4 juillet 2010) un « Forum social européen », cette fois symboliquement, à Istanbul, en Turquie, pour signifier qu’aux yeux des progressistes, ce pays a toute sa place en Europe – non seulement lors de l’euro de foot…, mais aussi pour l’organisation de la vie sociale et politique du continent! Une fois encore, quelque 10 000 voix vont se faire entendre contre l’Europe du capital: " pour une Europe sociale »; « Quel type de démocratie? Promotion des droits civils et politiques »; « Contre l’Europe forteresse »; « L’égalité contre les discriminations. … L’alternative féministe … « Sauvons la planète »… La paix contre la guerre, et notamment le rejet de l’occupation des territoires palestiniens… « la jeunesse : le droit à l’éducation, au travail et à un avenir »; « L’Europe et le monde: coopération et développement » etc…
Naturellement, ce type de forum a une limite: il n’ouvre pas par lui-même de débouché politique. C’est sans doute parce qu’une partie des progressistes qui se sont investis dans les premiers rassemblements de ce type espéraient en voir éclore quasi-spontanément cet « autre monde » dont la nécessité est si vivement ressentie qu’il en a résulté une forme de déception ou de lassitude qui s’est traduite par un affaiblissement du mouvement altermondialiste. C’est que, pour transformer la société, dépasser le capitalisme, changer le monde, rien ne permet de faire l’économie d’un combat politique, en liaison avec les luttes sociales, organisé dans la durée, à l’échelle de chaque pays et en coopération étroite avec le plus de partenaires possibles d’autres pays, notamment au niveau d’une région structurée comme l’Union européenne. Forums sociaux et combat politique sont complémentaires et doivent s’articuler.
Aussi est-il [bgcolor=#FFFF99]heureux qu’à côté des mouvements sociaux et des réseaux progressistes – des partis politiques comme le PCF soient présents à Istanbul et y débattent des « réponses politiques à la crise du système [/bgcolor]»…
« Un spectre hante l’Europe » écrivaient les auteurs du « Manifeste du parti communiste » dès 1847….Ce que l’on a voulu conjurer par dessus tout avec « les traités européens » finira bien un jour par devoir se nommer
« PEUPLE ». Pas celui dont on viole la souveraineté dans chaque « nation » dont la Constitution codifie sa domination par une « élite nationale », mais bien celui qui partout, tout le temps, échappe à la normalisation et au contrôle, surgit là où le « système » ne l’attend plus, alors que lui seul sera porteur des « réponses politiques à sa crise ».