Comment grandir ensemble politiquement?

Bonjour,

Quelle(s) approche (s) pédagogique peut nous amener à la démocratique, et à grandir politiquement ?
Comment utiliser notre intelligence collective pour transformer nos sociétés ?

Par où commencer ?

Exemple de mise en situation : nous sommes réunies entre amis à une dizaine.

Quel type d’atelier serait le plus efficace pour nous motiver et nous faire progresser ?

Travailler sur une constitution National, ou local, ou encore un simple travail démocratique sur le petit groupe ?

En vous remerciant par avance de vos pistes de réflexions.

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Bonjour, sans réponse je vais donc tenter des pistes.

J’ai eu le plaisir d’expérimenter pour la première fois un atelier constituant.
Une quinzaine de personnes, présentes pour un stage de langue des signes, en extérieur, autour d’une table, avec papiers et crayons.
Nous commençons à 22h et je défini arbitrairement que nous devrons terminer à 23:30.

  • présentation de 10min
    -exemple de mise en situation de rédaction d’article avec deux autres participants et moi même 10min
    -distributions des sujets, du matériel, organisation des groupes de 3-4 personnes 5min
  • écriture des groupes 15min
  • restitution entre 7et 15min par groupe
  • conclusion 5 min

Globalement les participants ont semblés apprécier l’atelier. Toutefois ils m’ont fait part assez unanimement de leur sentiment de ne pas être légitime pour faire cet exercices.

Pour ma part c’était plus une difficulté à nommer ceux contre qui nous nous indignons, nommer le ‹  › ils ‹  ›? Qui sont ce fameux ''ils ‹  › ? Les hommes politiques, patrons des grosses multinationales, dirigeants religieux, ultra riches,…?

La difficulté de nommer ces groupes qui nous privent volontairement de notre pouvoir politique, nous réduit à un discours incomplet voir parfois confus, et nous disperse dans nos réflexions.

La notion des 1% les plus riches me plaît bien mais elle reste tout de même abstraite dans l’esprit collectif.

La notion de cartel est plutôt efficace. Celle-ci fait rapidement appel dans l’imaginaire de chacun à la sémantique des organisations mafieuse.

Auriez vous d’autres pistes de synonymes percutant qui pourraient appuyer notre vocabulaire dans les ateliers ?

Des pistes d’organisations différentes de l’atelier constituant ?

Bonjour,

D’abord, merci et bravo pour organiser des ateliers de ce type. :pray:

Je me pose simplement la question : est-ce véritablement nécessaire de les nommer?
En ce qui me concerne, j’essaie au maximum de m’en abstenir, partant de la réflexion que je ne suis qu’une fourmi éloignée des arcanes du pouvoir et que je ne peux m’avancer sur rien de ce qu’il s’y produit concrètement. En sommes je sais que je ne sais rien, la pente est donc glissante et la contestation possible.

Il me semble que pour convaincre du bien-fondé de la réappropriation de la constitution par le peuple, il est nécessaire de pointer du doigt le fait que - indépendamment de savoir qui nous oppresse – nous savons tout de même dire que nous ne sommes pas associés à la prise de décision politique. Dès lors, il convient d’interroger cet état de fait : est-ce une bonne chose d’être apathique politiquement?

Il y a il me semble trois sous-questions intermédiaires à se poser pour résoudre à la question dans son ensemble:

  • Qu’est-ce que la politique? quelles formes de pouvoir procure-t-elle à ses détenteurs?
  • L’écriture des règles : est-ce une forme de pouvoir importante?
  • est-ce donc une bonne chose de ne pas écrire les règles directement?

Au sein du projet Ecclésia (création d’un Etat-Nation sans frontières élaboré directement par ses citoyens), nous avons construit un argumentaire incluant des réponses aux 3 questions ci-dessus. Celui-ci est disponible sur notre canal Telegram si cela vous intéresse.

Je souhaite aussi réagir à votre post initial car la question m’a titillé (et je n’en ai pris connaissance qu’aujourd’hui). J’ai posé une question à mon épouse qui est institutrice pour savoir quelles sont les techniques pédagogiques qui visent à impliquer des enfants dans des apprentissages. Je retiens quatre choses:

  • Le sujet qui fait l’objet d’un apprentissage doit être le plus concret possible pour l’apprenant, il doit percevoir sa répercussion directe sur sa vie, son environnement
  • Il faut que l’objet de l’apprentissage soit idéalement voulu/provoqué par l’apprenant
  • il faut que l’objet de l’apprentissage soit dans sa zone proximale de développement (ne pas enseigner tout de suite les équations du 3e degré à quelqu’un qui ne sait pas compter)
  • Il faut associer le maximum de composants ludiques à son format d’apprentissage (jeux, quiz, challenge, récompense,…)

Il y a là une riche matière pour imaginer toute sortes de formes d’ateliers avec des personnes qui n’ont que très peu entendu parler des travaux d’initiatives citoyennes telles que le plan C.
Je tente ceci (certainement perfectible) :

Organiser un atelier « Quelle est l’origine de nos problèmes sociaux? »
Réunir 4 à 5 personnes maximum autour d’une table
Prévoir 10 min d’introduction (ex: partage des réflexions du plan C autour de la constitution et pourquoi elle est perçue par cette organisation comme la cause des causes)
Prévoir 20-30 min en binôme : chaque binôme fait face à deux paperboards, un pour chaque membre du binôme. Sur celui-ci ils écrivent 1. leurs problèmes du quotidien qu’ils se sentent à l’aise de partager en public 2. les problèmes collectifs qui ont un impact direct sur leur quotidien et 3. Les causes profondes/racines de ces problèmes de leur point de vue
Prévoir 30-40 min de débrief avec l’animateur : l’objectif de cette séquence est de restituer les travaux. L’animateur y occupe un rôle important, il doit challenger les participants sur l’identification des causes profondes des problèmes exposés. Idéalement, la réflexion mène à conclure à la nécessaire réappropriation des mécanismes d’écritures des règles par les citoyens.

Un exemple pour que cela soit plus concret :

  1. mon problème dans ma vie quotidienne : Mon puit est à sec, je n’ai plus d’eau chez moi. Je voudrais construire un système de récupération d’eau de pluie mais je n’en ai pas le temps.
  2. Les problèmes collectifs qui impactent ma vie quotidienne : La société ne nous offre pas suffisamment de temps pour nous occuper de problèmes personnels (ex: beaucoup d’heures passées au travail)
  3. Les causes profondes/racines: Les règles fixant la durée du travail ne sont pas à la main directe des citoyens

Encore une fois, c’est une proposition améliorable, en format « premier jet ». Toutefois il me semble qu’elle a le mérite d’utiliser 3 des 4 techniques d’apprentissage évoquées plus haut.

Je vais continuer à travailler sur ce format d’atelier et tenter de le mettre en oeuvre prochainement. Je ne manquerais pas de partager du contenu ici si cela peut vous intéresser.

Bon week end.
Gautier de l’Ecclesia.

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@Ecclesia mille mercis :grinning:

J’espérais une voix d’échange tel que vous pour progresser.
J’aime bien votre pédagogique pour rassembler, c’est une approche nécessaire pour séduire vers la pratique de cette exercice d’atelier.

Concernant le fameux ‹ ‹ ils › › , je postulais tout comme vous qu’il n’était pas important de le nommer ou de le définir, il me semblait plus important de se concentrer sur les solutions à apporter.
C’est lors de l’atelier qu’il m’a semblé pertinent de nommer précisément contre quels oppresseurs nous devions nous défendre.
C’était même nécessaire afin de réunir et d’éviter tout malentendu et devives car chacun appose sont imaginaires sur ils (les reptiliens, les sectes, les religieux, des groupes ethniques,…). Les débats prenait une tournure de Babylone a très stérile.

Encore merci de ton message, je me remets à préparer un autre atelier avec tes éléments :sunglasses: