Bonjour,
D’abord, merci et bravo pour organiser des ateliers de ce type.
Je me pose simplement la question : est-ce véritablement nécessaire de les nommer?
En ce qui me concerne, j’essaie au maximum de m’en abstenir, partant de la réflexion que je ne suis qu’une fourmi éloignée des arcanes du pouvoir et que je ne peux m’avancer sur rien de ce qu’il s’y produit concrètement. En sommes je sais que je ne sais rien, la pente est donc glissante et la contestation possible.
Il me semble que pour convaincre du bien-fondé de la réappropriation de la constitution par le peuple, il est nécessaire de pointer du doigt le fait que - indépendamment de savoir qui nous oppresse – nous savons tout de même dire que nous ne sommes pas associés à la prise de décision politique. Dès lors, il convient d’interroger cet état de fait : est-ce une bonne chose d’être apathique politiquement?
Il y a il me semble trois sous-questions intermédiaires à se poser pour résoudre à la question dans son ensemble:
- Qu’est-ce que la politique? quelles formes de pouvoir procure-t-elle à ses détenteurs?
- L’écriture des règles : est-ce une forme de pouvoir importante?
- est-ce donc une bonne chose de ne pas écrire les règles directement?
Au sein du projet Ecclésia (création d’un Etat-Nation sans frontières élaboré directement par ses citoyens), nous avons construit un argumentaire incluant des réponses aux 3 questions ci-dessus. Celui-ci est disponible sur notre canal Telegram si cela vous intéresse.
Je souhaite aussi réagir à votre post initial car la question m’a titillé (et je n’en ai pris connaissance qu’aujourd’hui). J’ai posé une question à mon épouse qui est institutrice pour savoir quelles sont les techniques pédagogiques qui visent à impliquer des enfants dans des apprentissages. Je retiens quatre choses:
- Le sujet qui fait l’objet d’un apprentissage doit être le plus concret possible pour l’apprenant, il doit percevoir sa répercussion directe sur sa vie, son environnement
- Il faut que l’objet de l’apprentissage soit idéalement voulu/provoqué par l’apprenant
- il faut que l’objet de l’apprentissage soit dans sa zone proximale de développement (ne pas enseigner tout de suite les équations du 3e degré à quelqu’un qui ne sait pas compter)
- Il faut associer le maximum de composants ludiques à son format d’apprentissage (jeux, quiz, challenge, récompense,…)
Il y a là une riche matière pour imaginer toute sortes de formes d’ateliers avec des personnes qui n’ont que très peu entendu parler des travaux d’initiatives citoyennes telles que le plan C.
Je tente ceci (certainement perfectible) :
Organiser un atelier « Quelle est l’origine de nos problèmes sociaux? »
Réunir 4 à 5 personnes maximum autour d’une table
Prévoir 10 min d’introduction (ex: partage des réflexions du plan C autour de la constitution et pourquoi elle est perçue par cette organisation comme la cause des causes)
Prévoir 20-30 min en binôme : chaque binôme fait face à deux paperboards, un pour chaque membre du binôme. Sur celui-ci ils écrivent 1. leurs problèmes du quotidien qu’ils se sentent à l’aise de partager en public 2. les problèmes collectifs qui ont un impact direct sur leur quotidien et 3. Les causes profondes/racines de ces problèmes de leur point de vue
Prévoir 30-40 min de débrief avec l’animateur : l’objectif de cette séquence est de restituer les travaux. L’animateur y occupe un rôle important, il doit challenger les participants sur l’identification des causes profondes des problèmes exposés. Idéalement, la réflexion mène à conclure à la nécessaire réappropriation des mécanismes d’écritures des règles par les citoyens.
Un exemple pour que cela soit plus concret :
- mon problème dans ma vie quotidienne : Mon puit est à sec, je n’ai plus d’eau chez moi. Je voudrais construire un système de récupération d’eau de pluie mais je n’en ai pas le temps.
- Les problèmes collectifs qui impactent ma vie quotidienne : La société ne nous offre pas suffisamment de temps pour nous occuper de problèmes personnels (ex: beaucoup d’heures passées au travail)
- Les causes profondes/racines: Les règles fixant la durée du travail ne sont pas à la main directe des citoyens
Encore une fois, c’est une proposition améliorable, en format « premier jet ». Toutefois il me semble qu’elle a le mérite d’utiliser 3 des 4 techniques d’apprentissage évoquées plus haut.
Je vais continuer à travailler sur ce format d’atelier et tenter de le mettre en oeuvre prochainement. Je ne manquerais pas de partager du contenu ici si cela peut vous intéresser.
Bon week end.
Gautier de l’Ecclesia.